Rosalba Carriera : Différence entre versions

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Rosalba Carriera est née à Venise et baptisée le 17 octobre 1685. Son père Andrea est fonctionnaire et sa mère Alba de Anzolo Foresti brodeuse. En conformité avec la tradition maternelle, Rosalba ainsi que ses soeurs, Angela et Giovanna, débutent leur carrière dans l’artisanat avant de devenir toutes trois artistes. Fait rare si l’on tient compte de leur milieu social, les trois jeunes filles reçoivent une bonne éducation: en témoigne leur connaissance de la poésie, de la musique, de l’antiquité et de plusieurs langues modernes. Rosalba aurait étudié sous la houlette du miniaturiste vénitien Giuseppe Diamantini. Il est cependant plus probable que le miniaturiste français, Jean Stève, vivant alors à Venise, ait été son mentor. Bien qu’ayant débuté sa carrière de peintre-miniaturiste dans les années 1690, ses premières oeuvres datent de 1700. Innovatrice en matière de technique picturale, elle introduit la détrempe sur l’ivoire afin de créer de petits portraits miniatures clairs et luminescents. Expérimentant aussi les pastels du début du XVIIIe siècle, elle produit des oeuvres d’une rare virtuosité.
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L e fulgurant succès de Rosalba est international. Dès 1705, elle est la première femme à être admise en qualité de membre à part entière (et non simplement honoraire) à l’Academie de San Lucia à Rome. Dès 1720, elle devient membre de l’Académie Clementina de Bologne. Elle est alors soutenue par des admirateurs enthousiastes: son protecteur Christian Cole, secrétaire du Premier duc de Manchester, des diplomates italiens vivant dans le nord de l’Europe (tel Giorgio Maria Rapparini, secrétaire de l’Électeur de Düsseldorf) et des artistes contemporains vénitiens (Sebastiano Ricci et Gian Antonio Oellegrini, beau-frère de Rosalba). À partir de 1705, des rois et des Électeurs du Nord de l’Europe, ainsi que des voyageurs anglais lors de leur Grand Tour, lui passent de nombreuses commandes. Ses miniatures et ses pastels incluent des portraits, des allégories (telles les saisons), des déesses de l’antiquité classique et de magnifiques sujets féminins ornés d’une variété d’attributs (oiseaux, fruits, instruments musicaux). S’adaptant aux attentes diverses de ses mécènes, elle manie deux types de portraits, respectant d’une part les strictes règles qu’impose l’étiquette de la cour et d’autre part imprégnant d’un charme sensuel ses portraits de muses à demi nues.
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C ontrairement à beaucoup d’autres artistes femmes également célibataires, Rosalba voyage avec sa soeur Giovianna et Pellegrini, à travers l’Europe, ce qui lui permet de progresser professionnellement. Son séjour à Paris (1720-21) est le moment phare de sa carrière, grâce à des mécènes français rencontrés à Venise, dont le collectionneur Pierre Crozat. Durant son année à Paris, Rosalba parfait ses connaissances et ses techniques en étudiant d’importantes collections d’art mais aussi grâce à ses rencontres avec des artistes comme Watteau, Coypel et Largillière. Parmi ses mécènes figure le jeune Louis XV. La renommée de Rosalba lui vaut l’entrée à l’Académie Royale où elle présente le pastel Nymphe à la cour d’Apollo (envoyé de Venise en 1722), objet d’éloges dans Le Mercure de France. Durant son séjour, son style se relâche, s’imprégnant de cette rêverie et de ces touches badines, légères et aériennes, qui sont propres à Watteau.
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C ontinuant de vivre à Venise, Rosalba entreprend cependant deux autres voyages afin d’augmenter le cercle de ses protecteurs et d’approfondir son éducation artistique. Tout d’abord à Modène en 1723: elle y fait le portrait des trois filles du Duc Rinaldo d’Este, en âge de se marier, et y découvre des oeuvres de Corrège et des Carraci. Ensuite en 1730, accompagnée des Pellegrini, elle va à Vienne où elle fait des portraits, entre autres, de l’Impératrice Amalia et du poète Pietro Metastasio. Elle y visite aussi les collections de la cour impériale. Rosalba peint quasiment jusqu’à la fin de sa vie, qui sera cependant perturbée par plusieurs opérations oculaires ainsi que par la mort de ses parents et de ses soeurs.
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L ’influence de Rosalba a été antérieure à sa mort, survenue en 1757. L’engouement parisien pour les pastels au milieu du XVIIIe siècle a coïncidé avec son séjour dans cette ville: son style unique a inspiré les artistes Quentin de la Tour, Liotard et Perroneau. Dans son sillage, d’autres femmes, professionnelles et amatrices (dont Felicita Sartori, son apprentie), ont adopté le pastel. Le déclin du genre à la fin du XVIIIe siècle a conduit la critique à taxer d’efféminée l’oeuvre de Rosalba et d’autres pastellistes; mais sa réputation n’en a jamais été entièrement ternie. Le tournant du XXe siècle, marqué par une vision nostalgique de l’âge rococo, a vu un regain d’intérêt pour Rosalba. Dans les années 80, Bernadina Sani a compilé, avec grand soin, ses oeuvres et des documents biographiques inédits. Depuis, de nouvelles études se penchent sur le contexte multiculturel dans lequel cette artiste célibataire a réussi à mener de front sa carrière.
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(traduction [[Séverine Genieys-Kirk]])
  
 
== Oeuvres ==
 
== Oeuvres ==

Version du 11 novembre 2010 à 15:27

Rosalba Carriera
Biographie
Date de naissance 1685
Date de décès 1757
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Jean Mariette (1851-1853)


Notice de Auteur, Date

Rosalba Carriera est née à Venise et baptisée le 17 octobre 1685. Son père Andrea est fonctionnaire et sa mère Alba de Anzolo Foresti brodeuse. En conformité avec la tradition maternelle, Rosalba ainsi que ses soeurs, Angela et Giovanna, débutent leur carrière dans l’artisanat avant de devenir toutes trois artistes. Fait rare si l’on tient compte de leur milieu social, les trois jeunes filles reçoivent une bonne éducation: en témoigne leur connaissance de la poésie, de la musique, de l’antiquité et de plusieurs langues modernes. Rosalba aurait étudié sous la houlette du miniaturiste vénitien Giuseppe Diamantini. Il est cependant plus probable que le miniaturiste français, Jean Stève, vivant alors à Venise, ait été son mentor. Bien qu’ayant débuté sa carrière de peintre-miniaturiste dans les années 1690, ses premières oeuvres datent de 1700. Innovatrice en matière de technique picturale, elle introduit la détrempe sur l’ivoire afin de créer de petits portraits miniatures clairs et luminescents. Expérimentant aussi les pastels du début du XVIIIe siècle, elle produit des oeuvres d’une rare virtuosité. L e fulgurant succès de Rosalba est international. Dès 1705, elle est la première femme à être admise en qualité de membre à part entière (et non simplement honoraire) à l’Academie de San Lucia à Rome. Dès 1720, elle devient membre de l’Académie Clementina de Bologne. Elle est alors soutenue par des admirateurs enthousiastes: son protecteur Christian Cole, secrétaire du Premier duc de Manchester, des diplomates italiens vivant dans le nord de l’Europe (tel Giorgio Maria Rapparini, secrétaire de l’Électeur de Düsseldorf) et des artistes contemporains vénitiens (Sebastiano Ricci et Gian Antonio Oellegrini, beau-frère de Rosalba). À partir de 1705, des rois et des Électeurs du Nord de l’Europe, ainsi que des voyageurs anglais lors de leur Grand Tour, lui passent de nombreuses commandes. Ses miniatures et ses pastels incluent des portraits, des allégories (telles les saisons), des déesses de l’antiquité classique et de magnifiques sujets féminins ornés d’une variété d’attributs (oiseaux, fruits, instruments musicaux). S’adaptant aux attentes diverses de ses mécènes, elle manie deux types de portraits, respectant d’une part les strictes règles qu’impose l’étiquette de la cour et d’autre part imprégnant d’un charme sensuel ses portraits de muses à demi nues. C ontrairement à beaucoup d’autres artistes femmes également célibataires, Rosalba voyage avec sa soeur Giovianna et Pellegrini, à travers l’Europe, ce qui lui permet de progresser professionnellement. Son séjour à Paris (1720-21) est le moment phare de sa carrière, grâce à des mécènes français rencontrés à Venise, dont le collectionneur Pierre Crozat. Durant son année à Paris, Rosalba parfait ses connaissances et ses techniques en étudiant d’importantes collections d’art mais aussi grâce à ses rencontres avec des artistes comme Watteau, Coypel et Largillière. Parmi ses mécènes figure le jeune Louis XV. La renommée de Rosalba lui vaut l’entrée à l’Académie Royale où elle présente le pastel Nymphe à la cour d’Apollo (envoyé de Venise en 1722), objet d’éloges dans Le Mercure de France. Durant son séjour, son style se relâche, s’imprégnant de cette rêverie et de ces touches badines, légères et aériennes, qui sont propres à Watteau. C ontinuant de vivre à Venise, Rosalba entreprend cependant deux autres voyages afin d’augmenter le cercle de ses protecteurs et d’approfondir son éducation artistique. Tout d’abord à Modène en 1723: elle y fait le portrait des trois filles du Duc Rinaldo d’Este, en âge de se marier, et y découvre des oeuvres de Corrège et des Carraci. Ensuite en 1730, accompagnée des Pellegrini, elle va à Vienne où elle fait des portraits, entre autres, de l’Impératrice Amalia et du poète Pietro Metastasio. Elle y visite aussi les collections de la cour impériale. Rosalba peint quasiment jusqu’à la fin de sa vie, qui sera cependant perturbée par plusieurs opérations oculaires ainsi que par la mort de ses parents et de ses soeurs. L ’influence de Rosalba a été antérieure à sa mort, survenue en 1757. L’engouement parisien pour les pastels au milieu du XVIIIe siècle a coïncidé avec son séjour dans cette ville: son style unique a inspiré les artistes Quentin de la Tour, Liotard et Perroneau. Dans son sillage, d’autres femmes, professionnelles et amatrices (dont Felicita Sartori, son apprentie), ont adopté le pastel. Le déclin du genre à la fin du XVIIIe siècle a conduit la critique à taxer d’efféminée l’oeuvre de Rosalba et d’autres pastellistes; mais sa réputation n’en a jamais été entièrement ternie. Le tournant du XXe siècle, marqué par une vision nostalgique de l’âge rococo, a vu un regain d’intérêt pour Rosalba. Dans les années 80, Bernadina Sani a compilé, avec grand soin, ses oeuvres et des documents biographiques inédits. Depuis, de nouvelles études se penchent sur le contexte multiculturel dans lequel cette artiste célibataire a réussi à mener de front sa carrière.

(traduction Séverine Genieys-Kirk)

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