Renée de Plouer

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Renée de Plouer
Titre(s) Dame de Saffré, de Kergrois, de Vay, du Bouays, de Mauves, de Frossay, de Crossac
Conjoint(s) René d'Avaugour, seigneur de Kergrois
Biographie
Date de naissance Après 1500
Date de décès Avant 1600
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Nicole Dufournaud, 2008.

Renée de Plouer, dame de Kergrois, de Saffré, de Vay, du Bouays, de Mauves, de Frossay, de Crossac et autres terres, est une figure locale du Pays nantais de la seconde moitié du XVIe siècle. Nous ne connaissons ni sa date de naissance ni celle de son décès; le peu que nous savons provient d'une seule source: le dial de Saffré, un livre de compte de la seigneurie de Saffré (1570-1631). D'après des érudits locaux, Renée de Plouer serait la fille de Michelle de La Barre et de René de Plouer, seigneur du Bois-Rouaud. Vers 1550, elle épouse René d'Avaugour, seigneur de Kergrois, qui serait le fils de Jeanne du Cellier et de Louis d'Avaugour, descendant du dernier duc de Bretagne François II et de sa maîtresse Antoinette de Villequier. Vers les années 1570, le nombre exact des enfants vivants du couple est incertain. Le dial de Saffré mentionne les deux plus jeunes fils: Christophe et Pierre. Louis, peut-être le fils aîné, est certainement adulte au moment du siège de La Rochelle, en 1573. Enfin, le couple a au moins deux filles vivantes en 1570. La chatellenie de Saffré est connue pour être un refuge huguenot dès cette période: René d'Avaugour, converti au protestantisme, combat dans les rangs des huguenots. Nous ne savons pas si Renée de Plouer est elle-même convertie. Son mari absent, les relations entre le couple ne cessent pas et ils s'envoient des courriers pour se tenir informés des événements: ils ont recours à un «hasteur» qui circule entre Angers, Saffré, Vay et les autres domaines, pour échanger des lettres. Pendant les troubles, en l'absence des hommes partis à la guerre, la dame Renée de Plouer est entourée de sa belle soeur, Madame de la Bastardière, de sa soeur, Madame de Monterfil, de ses damoiselles, de ses serviteurs hommes et femmes, et de ses enfants. Renée de Plouer a l'entière responsabilité de leur éducation, les filles comme les garçons, aidée pour cette tâche par la communauté villageoise, la parenté et ses serviteurs. Il lui arrive fréquemment de se déplacer à cheval avec toute cette troupe. Le dial de Saffré montre Renée de Plouer sur ses terres pour visiter ses gens et remplir son rôle de «mesnagere», que l'on peut traduire par «habile gestionnaire des biens économiques (et des valeurs morales) de sa maisonnée». Un autre rôle lui revient, celui de l'hospitalité: Renée accueille les gens de passage. Nous ne connaissons pas la date de sa mort.

Les responsabilités qui incombent à Renée de Plouer relèvent de sa charge publique en tant que «seigneure», terme médiéval qui perdure au XVIe siècle. Elle est aidée d'un régisseur et d'un receveur, mais elle garde la main-mise sur tout. Elle a aussi recours à des sergents qui la secondent dans ses activités judiciaires et fiscales. Quand il est question d'argent, elle fait les comptes avec son receveur et remet en mains propres le paiement.Elle s'entoure également de métayers à qui elle livre, par exemple, des boisseaux de seigle et de blé pour ensemencer les champs d'une métairie, ou du bois pour «abiller le chemin entre ses deulx prés». C'est encore elle qui fixe le prix des céréales. Quant aux châtelains du domaine, elle fait directement les comptes avec eux. De fait, Renée de Plouer dirige elle-même les affaires du domaine dont une partie est issue de sa lignée: elle se rend régulièrement sur ses terres pour surveiller les travaux des champs, elle supervise le bon état des chemins et elle s'occupe directement des finances. Elle est une gestionnaire, une véritable entrepreneuse. Son pouvoir s'étend à la justice, charge publique qui lui échoit. Elle a toute l'autorité légitime d'une dame, amplifiée par l'absence de son mari parti à la guerre. Le Dial de Saffré, qui contient d'autres informations sur la vie quotidienne des filles de Renée de Plouer ainsi que des détails sur l'activité remarquable des femmes de cette famille, n'a jamais été ni transcrit ni imprimé; il n'a jamais fait l'objet d'une étude exhaustive. Toutefois, dans un article, en 1959, Henri de Berranger a décrit Renée de Plouer comme une «ménagère», au sens de ce mot au XXe siècle. Renée de Plouer est au contraire l'une de ces puissantes femmes dont les traces conservées pourraient être étudiées pour une meilleure connaissance des rapports de pouvoir entre les sexes à la Renaissance.


Sources

- Archives départementales de Loire-Atlantique (France, Nantes), 1 E 667, Dial de Saffré [maison d'Avaugour], 472 feuillets.

Choix bibliographique

- Berranger, Henri de, «Gentilshommes protestants au XVIe siècle. Les d'Avaugour, seigneurs de Saffré», Mémoire de la société d'histoire de Bretagne, 1959, tome 39, p.41-53.

- Dufournaud, Nicole, «Le rôle économique et social des femmes en Bretagne au XVIe siècle», thèse, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, 2007 (en ligne:http://nicole.dufournaud.net/ )

Jugements

- «Madame, en bonne ménagère, dissimule à Vay les plus précieux de ses rideaux, tapis et tapisseries» (Henri de Berranger, voir supra).

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