Renée Diveau

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Renée Diveau
Biographie
Date de naissance 19 juin 1704
Date de décès 29 avril 1778
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Lauréna Salion, 2015

Née le 19 juin 1704, Renée Diveau est baptisée le 22 juin à Mayenne (actuel département de la Mayenne), dans la paroisse Notre-Dame et en présence de ses parents Anne Morineau et René Diveau, marchand. On ne dispose d’aucun document concernant l’éducation de Renée Diveau. Cependant, elle a acquis, dès l’enfance, tous les rudiments nécessaires à la bonne gestion d’un commerce, à savoir: lire, écrire et compter.
On ne retrouve sa trace qu’en 1753 à l’âge de 49 ans au moment où elle reprend la boutique familiale de librairie tenue jusqu’alors par sa soeur Anne Diveau et dont celle-ci avait elle-même hérité en 1742 de son défunt mari, Pierre-Simon Ysambart, membre d’une dynastie d’imprimeurs-libraires du Mans. Dans cette librairie située rue du petit Pont-Neuf au Mans, rue dynamique et commerçante, Renée Diveau, dotée d’un privilège obtenu du chancelier (elle est dite « fille privilégiée »), vend principalement des ouvrages religieux et de la papeterie : livres d’heures, missels, bréviaires, etc, forment la majeure partie de son fonds (64%). Elle répond également au marché des petites écoles demandeuses d’abécédaires et de livres de grammaire. Enfin, elle sait satisfaire des demandes ponctuelles d’ouvrages différents obtenus essentiellement auprès de fournisseurs situés dans l’ouest de la France. En 1768, lors d’une enquête réalisée par le subdélégué du Mans à la demande de l’intendant de Tours, le commerce de Renée Diveau est désigné comme étant « petit » mais bénéficiant d’une très bonne réputation. Son activité semble, au regard de ses créances, avoir un rayonnement restreint et rester principalement centré sur Le Mans ou des lieux situés à une vingtaine de kilomètres de la librairie.
Renée Diveau loue à la municipalité du Mans une maison confortable rue du Petit Pont-Neuf, où elle vit en compagnie de sa domestique Marie Grouard, qu’elle désigne dans son testament comme sa légataire universelle, et de son neveu René Goualier Beaulieu, prêtre. L’inventaire après décès reflète une certaine aisance de Renée Diveau, sans qu’on puisse cependant parler d’opulence. Si le montant des livres et accessoires liés à son métier s’élève à 3321 livres (55% de la part de l’actif), le reste des biens meubles représente la somme de 1437 livres (30%) et les dettes actives, 647 livres ; son actif s’élève donc à la somme de 4819 livres, mais le passif (dettes diverses) est lourd : 1997 livres, ce qui réduit le solde à 815 livres. Restée célibataire, Renée Diveau est très attachée aux pratiques religieuses. Son testament du 25 février 1778 fait mention de sa volonté de faire célébrer dans le courant de l’année de son décès deux cent messes basses pour le repos de son âme, nombre exceptionnel sur une période aussi courte et dans un contexte où on observe une nette tendance à la diminution des messes demandées par les testateurs dans le Maine dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. À son décès le 29 avril 1778, la boutique est reprise par Charles Cherrier qui propose le même assortiment de livres que l’ancienne locataire du lieu.
Renée Diveau est une figure mineure mais essentielle dans les métiers du livre. Plusieurs traits de sa vie professionnelle sont originaux : d’une part, elle hérite de la boutique au décès de sa soeur en 1753 en tant que parente et « fille majeure », et non comme veuve de libraire, le cas le plus fréquent dans ce métier ; d’autre part, elle exerce son activité pendant 26 ans, sans s’associer à un autre libraire. Il s’agit d’un des rares cas connus de femme célibataire ayant exercé de manière durable la librairie en son propre nom. Par ailleurs, son fonds de commerce, connu grâce à un inventaire détaillé, a l’intérêt de révéler les pratiques de lecture des Manceaux à la fin du XVIIIe siècle : prédominance des livres de piété, des traités pratiques et des ouvrages scolaires, mais présence aussi de quelques romans. Plusieurs travaux récents sur l’imprimerie et la librairie mancelles au XVIIIe siècle (Jean-Pierre Épinal), sur les femmes libraires (Roméo Arbour) et sur les Sarthoises actrices de leurs temps (Sylvie Granger), ont fait émerger le rôle culturel de Renée Diveau, sinon sa personnalité. En 2015, un master de recherche de l’université du Maine a cherché à fournir un portrait plus complet de cette libraire et de son environnement.

Principales sources

  • Archives départementales de la Sarthe. Archives notariales : 4E 14/147, Inventaire après décès de Renée Diveau, 29 avril 1778 ; vente publique des meubles et effets de Renée Diveau, 12 mai 1778 (notaire François-Joseph Faribault); 4E 19/624, Testament de Renée Diveau, 25 février 1778 (notaire Michel-Guillaume Anfray); 4E 45/292, Compte sommaire aux héritiers Diveau, 21 janvier 1779 (notaire Jean-François Bigot).
  • Archives départementales de la Sarthe. Cours et juridictions : B 971, Apposition de scellés chez Renée Diveau, avril 1778.

Choix Bibliographique

  • Épinal, Jean-Pierre, «L’imprimerie et la librairie au Mans au XVIIIe siècle (1701-1789)», Mémoire de maitrise d’Histoire moderne, dir. François Dornic, Université du Maine, juin 1974.
  • Épinal, Jean-Pierre, « L’imprimerie et la librairie au Mans au XVIIIe siècle (1701-1789)», Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, IVe série, t.X, Le Mans, Monnoyer, 1975, p.143-285.
  • Granger, Sylvie, Bertin, Serge, « Renée Diveau (1704-1778) : Marchande-libraire rue du petit Pont-Neuf », dans Femmes en Sarthe actrices de leurs temps, Le Mans, Libra Diffusio, 2015, p.58-59 (1re édition 2012).
  • Salion, Lauréna, «Renée Diveau (1704-1778), Marchande-librairie rue du petit Pont-Neuf au Mans», Mémoire de Master d’Histoire moderne, dir. Sylvie Granger, Université du Maine, Le Mans, juin 2015.

Jugements

  • « Vente de livres de piété et à l’usage des petites écoles. L’étendu de son commerce est des plus petite » (Archives départementales d’Indre et Loire, Cours et juridictions, C 347 : Tableau recensant les libraires du Mans, réalisé par le subdélégué du Mans en 1768 à la demande de l’intendant de la généralité de Tours).
  • « Ysambart était un homme actif alors que Diveau, sa belle-soeur, n’était qu’une vieille fille qui vivait dans cette maison avec un prêtre de sa famille et une domestique » (Jean-Pierre Épinal, « L’imprimerie et la librairie... », voir supra, Choix bibliographique, p. 237).
  • « Une garde-robe abondante achève le portrait de cette libraire célibataire qui buvait du café et prisait le tabac » (Granger, Sylvie, Bertin, Serge, « Renée Diveau (1704-1778)... », voir supra, Choix bibliographique, p.59).
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