Philippe de Gueldre : Différence entre versions

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Philippe de Gueldre et son frère Charles naissent le 22 novembre 1467 de Catherine de Bourbon (belle-sœur de Charles le Téméraire) et d’Adolphe d’Egmont (petit-neveu de Philippe le Bon), duc de Gueldre. Les deux enfants reçoivent d’ailleurs leurs prénoms en référence aux deux ducs de Bourgogne. La jeune Philippe, élevée par l’épouse du Téméraire, Marguerite d’York, constitue très vite un enjeu pour le contrôle de la Gueldre (aujourd’hui située aux Pays-Bas), suscitant les demandes en mariage de la part de la maison de Clèves (dont les terres la jouxtent). Le traité d’Arras vient rebattre les cartes matrimoniales : Charles demeure à la cour de Bourgogne alors que sa sœur Philippe rejoint la cour de France, réclamée par les Beaujeu (dont elle est la nièce). [[Anne de France]] y parfait son éducation et l’implique dans ses visées matrimoniales. Afin de briser toute ligue entre les grands féodaux, Philippe épouse le duc de Lorraine René II le 1er septembre 1485 à Orléans. Ce dernier se trouve alors sans enfants et se prête volontiers aux termes de l’échange.<br/>
 
Philippe de Gueldre et son frère Charles naissent le 22 novembre 1467 de Catherine de Bourbon (belle-sœur de Charles le Téméraire) et d’Adolphe d’Egmont (petit-neveu de Philippe le Bon), duc de Gueldre. Les deux enfants reçoivent d’ailleurs leurs prénoms en référence aux deux ducs de Bourgogne. La jeune Philippe, élevée par l’épouse du Téméraire, Marguerite d’York, constitue très vite un enjeu pour le contrôle de la Gueldre (aujourd’hui située aux Pays-Bas), suscitant les demandes en mariage de la part de la maison de Clèves (dont les terres la jouxtent). Le traité d’Arras vient rebattre les cartes matrimoniales : Charles demeure à la cour de Bourgogne alors que sa sœur Philippe rejoint la cour de France, réclamée par les Beaujeu (dont elle est la nièce). [[Anne de France]] y parfait son éducation et l’implique dans ses visées matrimoniales. Afin de briser toute ligue entre les grands féodaux, Philippe épouse le duc de Lorraine René II le 1er septembre 1485 à Orléans. Ce dernier se trouve alors sans enfants et se prête volontiers aux termes de l’échange.<br/>
Duchesse de Lorraine et de Bar, Philippe de Gueldre participe à la continuité dynastique, à la vie de cour et à la construction de l’État lorrain. Douze maternités scandent sa vie dans une cour se déplaçant entre Lorraine et Barrois. La duchesse ne dédaigne pas non plus de visiter les couvents, où elle réside souvent lors de ses grossesses. Le choix des prénoms de ses enfants souligne la spiritualité exigeante, d’inspiration franciscaine, du couple ducal. Forte de sa capacité à assurer l’avenir de la dynastie (cinq enfants survivent), Philippe exerce un rôle actif dans le gouvernement de l’État lorrain lors des absences du duc. En matière diplomatique, Philippe remplit des missions de pacification : elle se rend à Metz pour sceller la paix retrouvée avec la cité impériale (1494), rencontre Louis XII et Anne de Bretagne à Lyon (1501). Cette dernière lui remet alors l’insigne de la cordelière (insigne d’un ordre chevaleresque créé par Anne de Bretagne en référence à François d’Assise et à la corde à nœuds de son ordre) : les deux femmes partagent un rapport semblable au pouvoir et à la spiritualité. Elles figurent ainsi parmi les principales actrices du marché des reliques sacrées autour de 1500.<br/>
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Duchesse de Lorraine et de Bar, Philippe de Gueldre participe à la continuité dynastique, à la vie de cour et à la construction de l’État lorrain. Douze maternités scandent sa vie dans une cour se déplaçant entre Lorraine et Barrois. La duchesse ne dédaigne pas non plus de visiter les couvents, où elle réside souvent lors de ses grossesses. Le choix des prénoms de ses enfants souligne la spiritualité exigeante, d’inspiration franciscaine, du couple ducal. Forte de sa capacité à assurer l’avenir de la dynastie (cinq enfants survivent), Philippe exerce un rôle actif dans le gouvernement de l’État lorrain lors des absences du duc. En matière diplomatique, Philippe remplit des missions de pacification : elle se rend à Metz pour sceller la paix retrouvée avec la cité impériale (1494), rencontre Louis XII et [[Anne de Bretagne]] à Lyon (1501). Cette dernière lui remet alors l’insigne de la cordelière (insigne d’un ordre chevaleresque créé par [[Anne de Bretagne]] en référence à François d’Assise et à la corde à nœuds de son ordre) : les deux femmes partagent un rapport semblable au pouvoir et à la spiritualité. Elles figurent ainsi parmi les principales actrices du marché des reliques sacrées autour de 1500.<br/>
 
La mort de René II, le 10 décembre 1508, laisse entrevoir à Philippe de Gueldre la possibilité d’exercer le pouvoir en Lorraine. Mais les États de ce duché la contraignent à se retirer au profit de son fils Antoine. Et si ce dernier lui confère la lieutenance de ses États lors de ses absences, ses relations avec sa mère sont compliquées, et une transaction s’avère nécessaire (1516).<br/>
 
La mort de René II, le 10 décembre 1508, laisse entrevoir à Philippe de Gueldre la possibilité d’exercer le pouvoir en Lorraine. Mais les États de ce duché la contraignent à se retirer au profit de son fils Antoine. Et si ce dernier lui confère la lieutenance de ses États lors de ses absences, ses relations avec sa mère sont compliquées, et une transaction s’avère nécessaire (1516).<br/>
Dès lors, et à l’instar de sa belle-sœur Marguerite de Lorraine, Philippe prépare sa retraite. Elle entre au monastère des clarisses colettines de Pont-à-Mousson en 1519 et y fait sa profession l’année suivante. Elle refuse le titre d’abbesse mais déploie un patronage protégeant le couvent puis l’ensemble des Clarisses face à la diffusion des idées luthériennes. La mystique affective qu’elle pratique trouve là un espace privilégié d’expression (elle aurait eu une vision de la bataille de Pavie le 25 février 1525) à un moment où les princes lorrains se représentent comme des guerriers de Dieu. Sœur Philippe y prend toute sa part, à travers le mécénat et une influence allant jusqu’à Rome, en raison de ses relations privilégiées avec les généraux franciscains successifs. Cette situation lui permet d’exercer un pouvoir qui lui avait été refusé à la cour de Lorraine, recevant tous les hôtes importants de passage, et même Charles Quint en 1544.<br/>
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Dès lors, et à l’instar de sa belle-sœur Marguerite de Lorraine, Philippe prépare sa retraite. Elle entre au monastère des clarisses colettines de Pont-à-Mousson en 1519 et y fait sa profession l’année suivante. Elle refuse le titre d’abbesse mais déploie un patronage protégeant le couvent puis l’ensemble des clarisses face à la diffusion des idées luthériennes. La mystique affective qu’elle pratique trouve là un espace privilégié d’expression (elle aurait eu une vision de la bataille de Pavie le 25 février 1525) à un moment où les princes lorrains se représentent comme des guerriers de Dieu. Sœur Philippe y prend toute sa part, à travers le mécénat et une influence allant jusqu’à Rome, en raison de ses relations privilégiées avec les généraux franciscains successifs. Cette situation lui permet d’exercer un pouvoir qui lui avait été refusé à la cour de Lorraine, recevant tous les hôtes importants de passage, et même Charles Quint en 1544.<br/>
 
Sa santé se dégrade au début de la décennie 1540. Elle meurt le 28 février 1547. Ses funérailles fastueuses ont lieu en présence des régents de Lorraine, qui passent commande à Ligier Richier d’un monument funéraire achevé en 1548 (aujourd’hui visible au musée Lorrain).
 
Sa santé se dégrade au début de la décennie 1540. Elle meurt le 28 février 1547. Ses funérailles fastueuses ont lieu en présence des régents de Lorraine, qui passent commande à Ligier Richier d’un monument funéraire achevé en 1548 (aujourd’hui visible au musée Lorrain).
 
Entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIIe siècle, les discours sur Philippe de Gueldre façonnent l’image d’une véritable sainte régionale. Plusieurs biographies spirituelles sont publiées, moins pour célébrer la maison princière que pour exalter la catholicité du duché. Figure populaire et non plus dynastique, Philippe de Gueldre intègre le panthéon des saints lorrains, même si son souvenir tend à s’effacer après la réunion de la Lorraine à la France en 1737. Ailleurs, son souvenir demeure surtout cultivé dans les milieux franciscains, où elle est portée au nombre des bienheureuses.
 
Entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIIe siècle, les discours sur Philippe de Gueldre façonnent l’image d’une véritable sainte régionale. Plusieurs biographies spirituelles sont publiées, moins pour célébrer la maison princière que pour exalter la catholicité du duché. Figure populaire et non plus dynastique, Philippe de Gueldre intègre le panthéon des saints lorrains, même si son souvenir tend à s’effacer après la réunion de la Lorraine à la France en 1737. Ailleurs, son souvenir demeure surtout cultivé dans les milieux franciscains, où elle est portée au nombre des bienheureuses.
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== Principales sources ==
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* ''La vie de saincte et vertueuse princesse madame Philippe de Gueldres, jadis royne de Sicile, qui apres la mort de son mari se rendit religieuse au convent de S. Clere du Pont-A-Mousson recueillie par les plus anciennes religieuses du dict convent'', Verdun, Martin Marchant, 1585.
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* Mérigot, Christophe, ''La vie de la Serenissime Philippe de Gueldres, royne de Hierusalem et de Sicile, Duchesse de Lorraine, Bar, Gueldres, etc. Et depuis Pauvre Religieuse au couvent de Saincte Claire au Pont-à-Mousson'', Pont-à-Mousson, Jean Appier Hanzelet & Jean Bernard, 1627.
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* Guinet, Nicolas, ''La Vie de la vénérable servante de Dieu, Madame Philippe de Gueldres, de glorieuse mémoire, jadis Royne de Sicile, Duchesse de Lorraine et de Bar, etc. qui après la mort du feu Roy de Sicile son mary, se rendit Religieuse au Convent de Ste Claire du Pont-à-Mousson. Recueillie fidelement par les plus anciennes Religieuses dudit Couvent, lesquelles ont vécu et conversé bien long-temps avec elle. Edition troisième.'' [Suivi de] ''Addition à la Vie de la vénérable servante de Dieu sœur Philippes de Gueldres autrefois Reine de Sicile, Duchesse de Lorraine et de Bar, depuis Religieuses de Sainte-Claire dans le Monastère du Pont-à-Mousson'', Pont-à-Mousson, Claude Cardinet & F. Maret, 1691.
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* Rolland, Aubert, ''La vie de la bienheureuse Philippe de Gueldres, Reine de Sicile, Duchesse de Lorraine, de Bar et de Gueldres. Depuis Religieuse au Monastère de Sainte Claire du Pont-à-Mousson'', Toul, Claude Vincent, 1736.
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== Choix bibliographique ==
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* Bertrand-Didelon, Geneviève, « Philippe de Gueldre, princesse et moniale », ''Études Franciscaines'', vol.51, n°290-293, 1939, p.5-22 ; p.133-164 ; p.267-286 ; p.379-414.
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* Jacotey, Marie Louise, ''Philippe de Gueldre, princesse à la cour, souveraine, épouse et mère puis religieuse 1464-1547'', Langres, Dominique Guéniot éditeur, 2004.
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* Martin, Philippe, « Philippe de Gueldre : duchesse et clarisse à Pont-à-Mousson », ''Pont-à-Mousson. Essor et fastes d’une ville (XIIe-XXe siècles). 4e Journées d’études Meurthe-et-Mosellanes, tenues à Pont-à-Mousson les 10 et 11 octobre 2009'', dir. Cédric Andriot, Fabienne Henryot et Philippe Masson, Nancy, Gérard Louis éditeur, 2010, p.75-91.
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* Tranié, Ghislain, ''Philippe de Gueldre (1467-1547), « royne de Sicile » et « povre ver de terre »'', Paris, Garnier Classiques, sous presse.
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== Choix iconographique ==
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* 1506 : Maître de Philippe de Gueldre, ''La cour de Lorraine face à la cour céleste'' (manuscrit enluminé ; 37 x 25 cm), Lyon, Bibliothèque municipale (Ms 5125, fol.3), frontispice de la Vita Christi de Ludolphe le Chartreux -- Olivier Christin (dir.), ''Un nouveau monde. Naissance de la Lorraine moderne'', Paris, Somogy éditions d’art/Musée lorrain, 2013, Cat.201, p.31.
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* 1530 (vers) : Anonyme, ''Portrait de Philippe de Gueldre en clarisse'' (huile sur cuivre, bois sculpté pour le cadre ; 40,4 x 19,3 cm), Nancy, Musée lorrain (Inv. D.III.920) -- Olivier Christin (dir.), ''Un nouveau monde. Naissance de la Lorraine moderne'', Paris, Somogy éditions d’art/Musée lorrain, 2013, Cat.207, p.143.
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* Seconde moitié du XVIe siècle : École lorraine, ''Portrait de Philippe de Gueldre'' (huile sur bois ; 44,8 x 34,4 cm), Nancy, Musée lorrain (Inv. D.2005.0.12) -- Olivier Christin (dir.), ''Un nouveau monde. Naissance de la Lorraine moderne'', Paris, Somogy éditions d’art/Musée lorrain, 2013, Cat.206, p.142.
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* 1548 : Ligier Richier, ''Gisant de Philippe de Gueldre reine de Sicile et duchesse de Lorraine'' (calcaire oolithique clair, calcaire gris bleuté de Belgique, calcaire gris dur à gros griffés ; gisant : 49 x 232 x 31,5 cm ; orante : 49 x 53 x 27), Nancy, Musée lorrain (Inv. D.2006.0.1080) [https://www.musee-lorrain.nancy.fr/fr/collections/les-oeuvres-majeures/gisant-de-philippe-de-gueldre-73]
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== Jugements ==
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* « Le roy de France, Françoy premier de ce nom, luy pourtoit grants honneur et reverance. […] Quant elle mourut et qu’il en fut advertit, il dict : “Tout le bon heur de mon royaulme s’an est allé puisque j’ay perdu ma bonne cousine”. » (Claudon Mauljean, ''Vie de Philippe de Gueldre'', Bibliothèque nationale de France, Fr.14521, f.24-24v°)
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* « Vous estes, disent-elles, aprés Dieu tout notre refuge et espoir trés Venerable et Reverende moult aimable Mere, notre veritable Iudith, notre Souveraine Maitresse en la dilection incomprehensible de notre doux Epous Iesus. Elles se nomment ses indignes servitresses, et humbles sujettes. Elles la congratulent de ses vertus éminentes disant qu’elle est l’étoile matutinale apparüe tres vertueuse, Dame unique soubz la valeur et splendeur de laquelle prennent vigueur et authorité, voire les choses de petite estime. Elles disent, qu’il est besoin à cette heure pour l’honneur de Dieu, de montrer ce grand zele qu’elle a eu en leur Ste Religion de laquelle elle est, et que par son audace vertueuse, elle montre son cœur viril et magnanime. […] Elles remercient cette Reverende et notable Mere à genoux et mains jointes des cordiales et tres devotes lettres qu’il luy a plu de son humilité, du bon vouloir et demonstration, qui est une grande joye et consolation en leurs pauvres esprits, car, disent-elles, Nous reconnoissons bien que votre belle ame est toute plaine d’ardente charité, et amour de Dieu, et de grand zele de garder, et observer leur Saint Estat, et les aider à le faire à toutes les bonnes et louables coutumes de leurs bonnes Meres du temps passé, Qu’elle est leur Seconde Mere Ste Colete, et que pour telle elles la tiennent, voyant qu’elle est en tel vouloir, et desir plû tot elire la mort et tous les tourmens et persecutions que l’on luy pouroit faire, comme on a fait à elle Ste Colete étant en ce monde, que de consentir à ces prejudiciables innovations […]. Elles l’appellent la source de leurs biens et honneurs, et fontaine de consolation des pauvres desolees, qu’il a été impossible de lire à la Communauté ses saintes et benignes Lettres sans grosse effusion de larmes, connoissant son S. et seraphique zele et la magnitude de l’amour du doux Iesus envers elles et tout l’Ordre, elles se mettent en main de sa Ste Tutele, elles la considerent comme Mardochée faisoit Esther, le Seigneur l’ayant mise en l’hôtel de la Ste Religion comme chef et Maitresse de sa famille, et pour cela elüe Reine et donné Souveraine puissance à ce qu’elle delivre son peuple. D’autres disent encore qu’elles estoient noyées et submergées en l’abisme des tres ameres angoisses et inestimables douleurs, et que par ses lettres elles ont reçu une extreme consolation par cette claire et nouvelle lumiere survenüe, qu’elle est leur seul refuge et vraye mediatrice. » (Nicolas Guinet, ''La Vie de la vénérable servante de Dieu, Madame Philippe de Gueldres, de glorieuse mémoire, jadis Royne de Sicile, Duchesse de Lorraine et de Bar, etc. qui après la mort du feu Roy de Sicile son mary, se rendit Religieuse au Convent de Ste Claire du Pont-à-Mousson. Recueillie fidelement par les plus anciennes Religieuses dudit Couvent, lesquelles ont vécu et conversé bien long-temps avec elle. Edition troisième.'' [Suivi de] ''Addition à la Vie de la vénérable servante de Dieu sœur Philippes de Gueldres autrefois Reine de Sicile, Duchesse de Lorraine et de Bar, depuis Religieuses de Sainte-Claire dans le Monastère du Pont-à-Mousson'', Pont-à-Mousson, Claude Cardinet & F. Maret, 1691, p.59-62)
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* « Philippe de Gueldre est une figure attachante, qui ne peut manquer d’attirer tous ceux qui ont le culte des gloires du passé. Elle est une gloire lorraine. Entrée par son mariage avec René II dans cette illustre Maison qui régna durant sept siècles à Nancy, elle fut la tige féconde d’une lignée de princes lorrains, fameux dans l’histoire. Elle est une gloire française. Par sa mère qui était Bourbon et Valois, la fille des ducs de Gueldre était aussi la descendante des rois de France Saint Louis et Jean le Bon. Le royaume des lys fut pour elle une seconde patrie au service de laquelle elle perdit deux de ses fils. Elle est une gloire franciscaine. Ayant quitté les grandeurs du monde pour embrasser la règle austère des Clarisses, elle apporta providentiellement à la Réforme colettine, avec la puissance de son exemple, l’efficacité de sa protection, au point d’être appelée par ses sœurs une “deuxième Colette”. Elle est enfin une gloire catholique. Par l’héroïsme de ses vertus comme par ses bienfaits célestes, elle a mérité d’être après sa mort l’objet de la vénération et de la dévotion populaires. » (Jean-François Henry, ''Philippe de Gueldre, Reine-Duchesse et Pauvre Dame'', Briey, 1947).
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* « Pauvre duchesse, reine imbue de pouvoir, régente autoritaire, sainte en proie à des crises mystiques ou simple femme torturée par des crises de coliques hépatiques ? Extatique ou hystérique ? Sa vie n’a pas été bien drôle. […] Pauvre duchesse, sa vie n’a pas été heureuse. Sa grande piété l’a-t-elle aidé à supporter toutes ces misères ? Philippe a vécu la vie ordinaire d’une femme de son temps avec son lot de peines, de souffrances physiques et morales. Une exceptionnelle longévité prouve que son statut de duchesse l’a relativement protégée des épidémies, des famines… Ses ambitions n’ont pas été satisfaites et ses misères physiques ont dû être un long calvaire auquel la médecine du temps ne pouvait apporter qu’un bien piètre soulagement. » (Jacqueline Carolus-Curien, ''Pauvres duchesses. L’envers du décor à la cour de Lorraine'', Metz, Éditions Serpenoise, 2007, p.70-73).
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* « A more lasting influence on his [Claude de Guise] life was his mother, Philippa of Guelders, who had been born in Brabant in 1462. Claude was her favourite son, possibly because her eldest, Antoine, had been born before the death of her husband’s repudiated and barren first wife. Although rumours that Antoine was a bastard caused some tension between the two eldest brothers, it did not lead to an open rift and in 1530 a transaction was signed […]. For the next eleven years after the death of her husband, Philippa, with the assistance of Nicolas le Clerc, doctor of theology at the Sorbonne, took care of her children and their affairs, and then in 1519 she shocked them by announcing that she was retiring to the convent of Sainte-Claire at Pont-à-Mousson. She became a byword for saintliness. Although, in consideration of her status, the Pope had dispensed her from the novitiate and life of austerity, she insisted on completing her year of probation as the humblest novice, sleeping in the common dormitory, going barefoot, and rigidly observing every fast. Despite her reclusion, she continued to play an important part in Claude’s life. » (Stuart Carroll, ''Martyrs and Murderers. The Guise Family of the Making of Europe'', Oxford, Oxford University Press, 2009, p.24-25.
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Version actuelle en date du 25 mars 2018 à 15:42

Philippe de Gueldre
Titre(s) Duchesse de Lorraine et de Bar
Reine de Sicile
Conjoint(s) René II (1451-1508), duc de Lorraine et de Bar, comte de Vaudémont, d’Aumale, baron d’Elbeuf, de Mayenne, sire de Joinville
Dénomination(s) sœur Philippe de Gueldre, le « povre ver de terre »
Biographie
Date de naissance 9 novembre 1467
Date de décès 26 février 1547
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647)


Notice de Ghislain Tranié, 2018

Philippe de Gueldre et son frère Charles naissent le 22 novembre 1467 de Catherine de Bourbon (belle-sœur de Charles le Téméraire) et d’Adolphe d’Egmont (petit-neveu de Philippe le Bon), duc de Gueldre. Les deux enfants reçoivent d’ailleurs leurs prénoms en référence aux deux ducs de Bourgogne. La jeune Philippe, élevée par l’épouse du Téméraire, Marguerite d’York, constitue très vite un enjeu pour le contrôle de la Gueldre (aujourd’hui située aux Pays-Bas), suscitant les demandes en mariage de la part de la maison de Clèves (dont les terres la jouxtent). Le traité d’Arras vient rebattre les cartes matrimoniales : Charles demeure à la cour de Bourgogne alors que sa sœur Philippe rejoint la cour de France, réclamée par les Beaujeu (dont elle est la nièce). Anne de France y parfait son éducation et l’implique dans ses visées matrimoniales. Afin de briser toute ligue entre les grands féodaux, Philippe épouse le duc de Lorraine René II le 1er septembre 1485 à Orléans. Ce dernier se trouve alors sans enfants et se prête volontiers aux termes de l’échange.
Duchesse de Lorraine et de Bar, Philippe de Gueldre participe à la continuité dynastique, à la vie de cour et à la construction de l’État lorrain. Douze maternités scandent sa vie dans une cour se déplaçant entre Lorraine et Barrois. La duchesse ne dédaigne pas non plus de visiter les couvents, où elle réside souvent lors de ses grossesses. Le choix des prénoms de ses enfants souligne la spiritualité exigeante, d’inspiration franciscaine, du couple ducal. Forte de sa capacité à assurer l’avenir de la dynastie (cinq enfants survivent), Philippe exerce un rôle actif dans le gouvernement de l’État lorrain lors des absences du duc. En matière diplomatique, Philippe remplit des missions de pacification : elle se rend à Metz pour sceller la paix retrouvée avec la cité impériale (1494), rencontre Louis XII et Anne de Bretagne à Lyon (1501). Cette dernière lui remet alors l’insigne de la cordelière (insigne d’un ordre chevaleresque créé par Anne de Bretagne en référence à François d’Assise et à la corde à nœuds de son ordre) : les deux femmes partagent un rapport semblable au pouvoir et à la spiritualité. Elles figurent ainsi parmi les principales actrices du marché des reliques sacrées autour de 1500.
La mort de René II, le 10 décembre 1508, laisse entrevoir à Philippe de Gueldre la possibilité d’exercer le pouvoir en Lorraine. Mais les États de ce duché la contraignent à se retirer au profit de son fils Antoine. Et si ce dernier lui confère la lieutenance de ses États lors de ses absences, ses relations avec sa mère sont compliquées, et une transaction s’avère nécessaire (1516).
Dès lors, et à l’instar de sa belle-sœur Marguerite de Lorraine, Philippe prépare sa retraite. Elle entre au monastère des clarisses colettines de Pont-à-Mousson en 1519 et y fait sa profession l’année suivante. Elle refuse le titre d’abbesse mais déploie un patronage protégeant le couvent puis l’ensemble des clarisses face à la diffusion des idées luthériennes. La mystique affective qu’elle pratique trouve là un espace privilégié d’expression (elle aurait eu une vision de la bataille de Pavie le 25 février 1525) à un moment où les princes lorrains se représentent comme des guerriers de Dieu. Sœur Philippe y prend toute sa part, à travers le mécénat et une influence allant jusqu’à Rome, en raison de ses relations privilégiées avec les généraux franciscains successifs. Cette situation lui permet d’exercer un pouvoir qui lui avait été refusé à la cour de Lorraine, recevant tous les hôtes importants de passage, et même Charles Quint en 1544.
Sa santé se dégrade au début de la décennie 1540. Elle meurt le 28 février 1547. Ses funérailles fastueuses ont lieu en présence des régents de Lorraine, qui passent commande à Ligier Richier d’un monument funéraire achevé en 1548 (aujourd’hui visible au musée Lorrain). Entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIIe siècle, les discours sur Philippe de Gueldre façonnent l’image d’une véritable sainte régionale. Plusieurs biographies spirituelles sont publiées, moins pour célébrer la maison princière que pour exalter la catholicité du duché. Figure populaire et non plus dynastique, Philippe de Gueldre intègre le panthéon des saints lorrains, même si son souvenir tend à s’effacer après la réunion de la Lorraine à la France en 1737. Ailleurs, son souvenir demeure surtout cultivé dans les milieux franciscains, où elle est portée au nombre des bienheureuses.

Principales sources

  • La vie de saincte et vertueuse princesse madame Philippe de Gueldres, jadis royne de Sicile, qui apres la mort de son mari se rendit religieuse au convent de S. Clere du Pont-A-Mousson recueillie par les plus anciennes religieuses du dict convent, Verdun, Martin Marchant, 1585.
  • Mérigot, Christophe, La vie de la Serenissime Philippe de Gueldres, royne de Hierusalem et de Sicile, Duchesse de Lorraine, Bar, Gueldres, etc. Et depuis Pauvre Religieuse au couvent de Saincte Claire au Pont-à-Mousson, Pont-à-Mousson, Jean Appier Hanzelet & Jean Bernard, 1627.
  • Guinet, Nicolas, La Vie de la vénérable servante de Dieu, Madame Philippe de Gueldres, de glorieuse mémoire, jadis Royne de Sicile, Duchesse de Lorraine et de Bar, etc. qui après la mort du feu Roy de Sicile son mary, se rendit Religieuse au Convent de Ste Claire du Pont-à-Mousson. Recueillie fidelement par les plus anciennes Religieuses dudit Couvent, lesquelles ont vécu et conversé bien long-temps avec elle. Edition troisième. [Suivi de] Addition à la Vie de la vénérable servante de Dieu sœur Philippes de Gueldres autrefois Reine de Sicile, Duchesse de Lorraine et de Bar, depuis Religieuses de Sainte-Claire dans le Monastère du Pont-à-Mousson, Pont-à-Mousson, Claude Cardinet & F. Maret, 1691.
  • Rolland, Aubert, La vie de la bienheureuse Philippe de Gueldres, Reine de Sicile, Duchesse de Lorraine, de Bar et de Gueldres. Depuis Religieuse au Monastère de Sainte Claire du Pont-à-Mousson, Toul, Claude Vincent, 1736.

Choix bibliographique

  • Bertrand-Didelon, Geneviève, « Philippe de Gueldre, princesse et moniale », Études Franciscaines, vol.51, n°290-293, 1939, p.5-22 ; p.133-164 ; p.267-286 ; p.379-414.
  • Jacotey, Marie Louise, Philippe de Gueldre, princesse à la cour, souveraine, épouse et mère puis religieuse 1464-1547, Langres, Dominique Guéniot éditeur, 2004.
  • Martin, Philippe, « Philippe de Gueldre : duchesse et clarisse à Pont-à-Mousson », Pont-à-Mousson. Essor et fastes d’une ville (XIIe-XXe siècles). 4e Journées d’études Meurthe-et-Mosellanes, tenues à Pont-à-Mousson les 10 et 11 octobre 2009, dir. Cédric Andriot, Fabienne Henryot et Philippe Masson, Nancy, Gérard Louis éditeur, 2010, p.75-91.
  • Tranié, Ghislain, Philippe de Gueldre (1467-1547), « royne de Sicile » et « povre ver de terre », Paris, Garnier Classiques, sous presse.

Choix iconographique

  • 1506 : Maître de Philippe de Gueldre, La cour de Lorraine face à la cour céleste (manuscrit enluminé ; 37 x 25 cm), Lyon, Bibliothèque municipale (Ms 5125, fol.3), frontispice de la Vita Christi de Ludolphe le Chartreux -- Olivier Christin (dir.), Un nouveau monde. Naissance de la Lorraine moderne, Paris, Somogy éditions d’art/Musée lorrain, 2013, Cat.201, p.31.
  • 1530 (vers) : Anonyme, Portrait de Philippe de Gueldre en clarisse (huile sur cuivre, bois sculpté pour le cadre ; 40,4 x 19,3 cm), Nancy, Musée lorrain (Inv. D.III.920) -- Olivier Christin (dir.), Un nouveau monde. Naissance de la Lorraine moderne, Paris, Somogy éditions d’art/Musée lorrain, 2013, Cat.207, p.143.
  • Seconde moitié du XVIe siècle : École lorraine, Portrait de Philippe de Gueldre (huile sur bois ; 44,8 x 34,4 cm), Nancy, Musée lorrain (Inv. D.2005.0.12) -- Olivier Christin (dir.), Un nouveau monde. Naissance de la Lorraine moderne, Paris, Somogy éditions d’art/Musée lorrain, 2013, Cat.206, p.142.
  • 1548 : Ligier Richier, Gisant de Philippe de Gueldre reine de Sicile et duchesse de Lorraine (calcaire oolithique clair, calcaire gris bleuté de Belgique, calcaire gris dur à gros griffés ; gisant : 49 x 232 x 31,5 cm ; orante : 49 x 53 x 27), Nancy, Musée lorrain (Inv. D.2006.0.1080) [1]

Jugements

  • « Le roy de France, Françoy premier de ce nom, luy pourtoit grants honneur et reverance. […] Quant elle mourut et qu’il en fut advertit, il dict : “Tout le bon heur de mon royaulme s’an est allé puisque j’ay perdu ma bonne cousine”. » (Claudon Mauljean, Vie de Philippe de Gueldre, Bibliothèque nationale de France, Fr.14521, f.24-24v°)
  • « Vous estes, disent-elles, aprés Dieu tout notre refuge et espoir trés Venerable et Reverende moult aimable Mere, notre veritable Iudith, notre Souveraine Maitresse en la dilection incomprehensible de notre doux Epous Iesus. Elles se nomment ses indignes servitresses, et humbles sujettes. Elles la congratulent de ses vertus éminentes disant qu’elle est l’étoile matutinale apparüe tres vertueuse, Dame unique soubz la valeur et splendeur de laquelle prennent vigueur et authorité, voire les choses de petite estime. Elles disent, qu’il est besoin à cette heure pour l’honneur de Dieu, de montrer ce grand zele qu’elle a eu en leur Ste Religion de laquelle elle est, et que par son audace vertueuse, elle montre son cœur viril et magnanime. […] Elles remercient cette Reverende et notable Mere à genoux et mains jointes des cordiales et tres devotes lettres qu’il luy a plu de son humilité, du bon vouloir et demonstration, qui est une grande joye et consolation en leurs pauvres esprits, car, disent-elles, Nous reconnoissons bien que votre belle ame est toute plaine d’ardente charité, et amour de Dieu, et de grand zele de garder, et observer leur Saint Estat, et les aider à le faire à toutes les bonnes et louables coutumes de leurs bonnes Meres du temps passé, Qu’elle est leur Seconde Mere Ste Colete, et que pour telle elles la tiennent, voyant qu’elle est en tel vouloir, et desir plû tot elire la mort et tous les tourmens et persecutions que l’on luy pouroit faire, comme on a fait à elle Ste Colete étant en ce monde, que de consentir à ces prejudiciables innovations […]. Elles l’appellent la source de leurs biens et honneurs, et fontaine de consolation des pauvres desolees, qu’il a été impossible de lire à la Communauté ses saintes et benignes Lettres sans grosse effusion de larmes, connoissant son S. et seraphique zele et la magnitude de l’amour du doux Iesus envers elles et tout l’Ordre, elles se mettent en main de sa Ste Tutele, elles la considerent comme Mardochée faisoit Esther, le Seigneur l’ayant mise en l’hôtel de la Ste Religion comme chef et Maitresse de sa famille, et pour cela elüe Reine et donné Souveraine puissance à ce qu’elle delivre son peuple. D’autres disent encore qu’elles estoient noyées et submergées en l’abisme des tres ameres angoisses et inestimables douleurs, et que par ses lettres elles ont reçu une extreme consolation par cette claire et nouvelle lumiere survenüe, qu’elle est leur seul refuge et vraye mediatrice. » (Nicolas Guinet, La Vie de la vénérable servante de Dieu, Madame Philippe de Gueldres, de glorieuse mémoire, jadis Royne de Sicile, Duchesse de Lorraine et de Bar, etc. qui après la mort du feu Roy de Sicile son mary, se rendit Religieuse au Convent de Ste Claire du Pont-à-Mousson. Recueillie fidelement par les plus anciennes Religieuses dudit Couvent, lesquelles ont vécu et conversé bien long-temps avec elle. Edition troisième. [Suivi de] Addition à la Vie de la vénérable servante de Dieu sœur Philippes de Gueldres autrefois Reine de Sicile, Duchesse de Lorraine et de Bar, depuis Religieuses de Sainte-Claire dans le Monastère du Pont-à-Mousson, Pont-à-Mousson, Claude Cardinet & F. Maret, 1691, p.59-62)
  • « Philippe de Gueldre est une figure attachante, qui ne peut manquer d’attirer tous ceux qui ont le culte des gloires du passé. Elle est une gloire lorraine. Entrée par son mariage avec René II dans cette illustre Maison qui régna durant sept siècles à Nancy, elle fut la tige féconde d’une lignée de princes lorrains, fameux dans l’histoire. Elle est une gloire française. Par sa mère qui était Bourbon et Valois, la fille des ducs de Gueldre était aussi la descendante des rois de France Saint Louis et Jean le Bon. Le royaume des lys fut pour elle une seconde patrie au service de laquelle elle perdit deux de ses fils. Elle est une gloire franciscaine. Ayant quitté les grandeurs du monde pour embrasser la règle austère des Clarisses, elle apporta providentiellement à la Réforme colettine, avec la puissance de son exemple, l’efficacité de sa protection, au point d’être appelée par ses sœurs une “deuxième Colette”. Elle est enfin une gloire catholique. Par l’héroïsme de ses vertus comme par ses bienfaits célestes, elle a mérité d’être après sa mort l’objet de la vénération et de la dévotion populaires. » (Jean-François Henry, Philippe de Gueldre, Reine-Duchesse et Pauvre Dame, Briey, 1947).
  • « Pauvre duchesse, reine imbue de pouvoir, régente autoritaire, sainte en proie à des crises mystiques ou simple femme torturée par des crises de coliques hépatiques ? Extatique ou hystérique ? Sa vie n’a pas été bien drôle. […] Pauvre duchesse, sa vie n’a pas été heureuse. Sa grande piété l’a-t-elle aidé à supporter toutes ces misères ? Philippe a vécu la vie ordinaire d’une femme de son temps avec son lot de peines, de souffrances physiques et morales. Une exceptionnelle longévité prouve que son statut de duchesse l’a relativement protégée des épidémies, des famines… Ses ambitions n’ont pas été satisfaites et ses misères physiques ont dû être un long calvaire auquel la médecine du temps ne pouvait apporter qu’un bien piètre soulagement. » (Jacqueline Carolus-Curien, Pauvres duchesses. L’envers du décor à la cour de Lorraine, Metz, Éditions Serpenoise, 2007, p.70-73).
  • « A more lasting influence on his [Claude de Guise] life was his mother, Philippa of Guelders, who had been born in Brabant in 1462. Claude was her favourite son, possibly because her eldest, Antoine, had been born before the death of her husband’s repudiated and barren first wife. Although rumours that Antoine was a bastard caused some tension between the two eldest brothers, it did not lead to an open rift and in 1530 a transaction was signed […]. For the next eleven years after the death of her husband, Philippa, with the assistance of Nicolas le Clerc, doctor of theology at the Sorbonne, took care of her children and their affairs, and then in 1519 she shocked them by announcing that she was retiring to the convent of Sainte-Claire at Pont-à-Mousson. She became a byword for saintliness. Although, in consideration of her status, the Pope had dispensed her from the novitiate and life of austerity, she insisted on completing her year of probation as the humblest novice, sleeping in the common dormitory, going barefoot, and rigidly observing every fast. Despite her reclusion, she continued to play an important part in Claude’s life. » (Stuart Carroll, Martyrs and Murderers. The Guise Family of the Making of Europe, Oxford, Oxford University Press, 2009, p.24-25.
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