Nicole Bonvalot

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Nicole Bonvalot
Titre(s) Dame Perrenot de Granvelle
Conjoint(s) Nicolas Perrenot de Granvelle
Biographie
Date de naissance 1490
Date de décès 1570
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Brigitte Rochelandet, Eliane Viennot, 2009

Nicole Bonvalot est née en 1490 à Besançon, dans le Comté de Bourgogne (actuelle Franche-Comté), alors sous domination des Habsbourg d’Espagne. Elle est la fille de Jacques Bonvalot et Dame Marguerite Merceret. Issue de l’une des plus importantes familles de négociants et de gouverneurs de la ville, Nicole reçoit une solide instruction. Elle acquiert d’excellentes connaissances en matière financière et une grande culture chrétienne. En 1513, elle épouse un bourgeois d’Ornans, Nicolas Perrenot, docteur ès droit et avocat à la cour du Parlement de Dole. Le couple réside à Besançon. Par ses relations et sa fortune, Nicole favorise l’extraordinaire ascension sociale de son brillant mari. D’abord nommé conseiller auprès de Charles Quint en 1524, il devient son garde des Sceaux et son chancelier. Anoblie par l’intermédiaire de son époux, Nicole devient Dame Perrenot de Granvelle. De 1514 à 1536, elle a 15 enfants, dont onze seulement atteignent l’âge adulte. Les six premiers naissent à Besançon: Marguerite en 1516, Antoine en 1517 (mort en 1567), Etiennette en 1517, Henriette en 1519, Thomas en 1521 et Jérôme en 1524 (mort en 1554). Deux naissent en Flandre, à Maline, l’ancienne capitale des Pays Bas bourguignons: Marguerite II en 1525 et Anne 1526. En 1531, elle accouche de Charles à Bruxelles et de Frédéric en 1536 à Barcelone (mort en 1602).

Si Nicole accompagne parfois son époux en déplacement, elle reste souvent à Besançon pour gérer son propre patrimoine et le patrimoine familial. Les registres de la Chambre des Comptes de Dole attestent ses qualités de gestionnaire. Elle achète des terres, les échange, diversifie les sources de revenus par le rachat de rentes sur le sel et n’hésite pas à mener des procès contre les récalcitrants qui refusent de lui verser le cens seigneurial. Véritable femme d’affaires, elle agit avec l’entière confiance de son mari en parfaite associée. Nicole gère également les grands chantiers de constructions et restaurations d’édifices lancés par son époux dans la province. Elle surveille avec soin les travaux de leur future demeure de style renaissance italienne, aujourd’hui nommée le palais Granvelle. Le palais fini, Nicole s’y installe dès 1540 et vit au milieu de tableaux des peintres les plus célèbres du siècle, Bronzino, Bruegel, ou encore Holbein. Titien fait son portrait en 1548 (tableau disparu). Fervente catholique confrontée au développement rapide de la Réforme, mère affectée par le décès de plusieurs enfants, elle voue une dévotion particulière à la Vierge Marie. Elle orne son oratoire privé d’un triptyque peint par Barend Van Orley, représentant la Vierge Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Elle s’occupe encore de l’avenir de sa descendance et négocie des alliances matrimoniales stratégiques, avec les plus importantes dynasties comtoises. Ses fils et ses gendres sont également au service de l’Empire.

En août 1550, Nicole est à Augsbourg, importante cité du Saint-Empire romain germanique, où elle assiste à l’agonie et au décès de son époux. Elle reconduit le corps du défunt à Besançon. Après 37 ans de vie commune, elle est effondrée. Dans une lettre du 9 octobre 1550, adressée à un ambassadeur comtois, Simon Renard, Nicole est décrite comme «chargée de pleurs et de lamentations […car] la perte est trop grande». Cependant, elle s’investit à nouveau dans la gestion de son patrimoine et celui de ses enfants, avec l’aide de son fils Antoine, cardinal, diplomate et conseiller de l’Empereur (il est notamment l’un des principaux négociateurs du traité de Cateau-Cambrésis). Soucieuse de la cohésion familiale, elle devient une matriarche redoutée mais respectée car juste et généreuse. Elle meurt le 27 juillet 1570. Elle est enterrée auprès de son époux dans la chapelle des Carmes, selon leurs voeux exprimés dans des testaments réciproques rédigés dès 1545. Son tombeau est profané à la Révolution.

Bonne épouse, mère autoritaire, administratrice talentueuse, Nicole Bonvalot est longtemps restée inconnue dans l’histoire. Avant qu’une biographie la révèle au public, en 2003, elle n’est apparue que dans des ouvrages concernant son époux et son célèbre fils.

Choix bibliographique

Principales sources:
- Bibliothèque Municipale de Besançon, Recueil Boisot, manuscrit 1207, folio 320: Testament de Nicole Bonvalot, 1545,.
- Bibliothèque Municipale de Besançon, Collection Granvelle, Pièces relatives à Nicole Bonvalot (103 dossiers composés des papiers du chancelier et du cardinal).

Choix bibliographique:
- Antony, D., Nicole Bonvalot, Dame de Granvelle. Besançon, Editions du Sékoya, 2003
- Antony, D., Nicolas Perrenot de Granvelle. Besançon, Editions du Sékoya, 2006
- Jonnekin, G., Le Cardinal de Granvelle. Versailles, chez l’auteur, Imprimerie Chazelle,1989.

Jugements

- «Nous pouvons encoires espérer qu’elle nous demeurera plus long temps (parmi nous) ce que j’estime, monseigneur, estre fort nécessaire pour remédier à beaucoup de choses, qui, aultrement, seront mal en notre maison. » (Lettre de Charles à son frère Antoine, du 30 décembre 1564, Bibliothèque Municipale de Besançon, Collection Granvelle, tome 15, folio 349)
- (après le décès de son fils Charles) «mais je vous tiens si prudente et si vertueuse […] vous pouvez estre asseurée de me trouver entièrement à votre commandement.» (Lettre du duc d’Albe, don Fernando Alvarez de Tolède, à Mme de Granvelle, du 15 juillet 1567, Bibliothèque Municipale de Besançon, Collection Granvelle, tome 40, folio 52)
- «Epouser une Bonvalot, c’était la fortune, les relations aussi, l’entrée de plein pied dans la plus haute société bourgeoise du Comté.» (Lucien Febvre, Une Famille comtoise, Paris, Presse française, 1913, p.10)
- (à propos de son mari) « [Elle était la] meilleure conseillère du premier conseiller de Charles Quint» (Daniel Antony, Nicole Bonvalot…, voir supra, Choix bibl., p.7)
- «Alors une femme exceptionnelle? peut être; mais intéressante, exemplaire par ses talents, son énergie, sa passion et sa persévérance. Une femme attachante, une grande dame, c’est sûr.» (Daniel Antony, Nicole Bonvalot…, voir supra, Choix bibl., p. 313).

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