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* Archives Nationales (France, Paris), Minutier central, Minutes et répertoires du notaire Étienne Leroy (Etude VI), MC VI 468 : Contrat de mariage ente Dominique Jobart et Marie Dehault (19 janvier 1644).
 
* Archives Nationales (France, Paris), Minutier central, Minutes et répertoires du notaire Étienne Leroy (Etude VI), MC VI 468 : Contrat de mariage ente Dominique Jobart et Marie Dehault (19 janvier 1644).
  
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==Choix bibliographique==
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* Lionnois, Jean-Jacques Bouvier dit, ''Histoire des villes vieilles et neuves de Nancy depuis leur fondation jusqu’en 1788'', Nancy, Haener père, 1811, t.3, p.81-88.
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* Piront, Julie, «Religieuses et religieux architectes, concepteurs et bâtisseurs des monastères féminins à l’époque moderne», dans ''Bâtir pour Dieu : l’oeuvre des religieux et religieuses architectes (XVIIe-XVIIIe siècles)'', dir. Julie Piront et Adriana Sénard-Kiernan, Lyon, LARHRA, coll. ''Chrétiens et société''. Mémoires et documents, à paraître.
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* Tassin, Raphaël, «Giovan Betto (1642-1722) et les architectes italiens en Lorraine (fin XVIIe-début XVIIIe siècle)», thèse de doctorat en histoire de l’art, École Pratique des Hautes Études, 2014, vol.1, p.198-208.
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==Jugements==
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* «Marthe [...] née avec toutes les graces qui relevent un[e] fille, fit paroistre de bon heur, par son indiference pour tous ces avantage, et par son tendre penchant pour Dieu qu’elle estoit pour le cloitre et non pas pour le monde.» («Abrégé des vertus ...», voir ''supra'' Principales sources, fol.98v).
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* «Elle fut receue [au premier Carmel de Nancy] avec agrement, et le jour que son contrac fut areté le feu prit au monastere, comme pour presager que cette jeune neophite en renouvelleroit un jour tout l’edifice.» («Abrégé des vertus ...», voir ''supra'' Principales sources, fol.99r).
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* «Tant de dons et de merite dans une personne si jeune firent desirer à la communauté de la posseder dans les principeaux emploix de la maison, elle y fut discrette, souprieure, maitresse des novices puis superieure à l’age de trante trois ans.» («Abrégé des vertus ...», voir ''supra'' Principales sources, fol.99v).
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* «Elle écrivoit parfaitement bien et dans son adresse à toutes choses, elle excella particulièrement dans l’art de faire des fleurs artificielles, mais son beau génie se fit sur tout à mirer dans les desseins qu’elle fit pour les batimens de nostre monastère, de quatre plants tournés de diférentes manières, les architectes eurent lieu de faire un bon choix, et en en admirant la justesse et la beauté, ils avancèrent qu’il faloit avoir des grâces infuses pour réussir aussi parfaitement dans un art, sans en avoir apris les principes.» («Abrégé des vertus ...», voir ''supra'' Principales sources, fol.100v).
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* «Infatigable dans le travail qu’elle eust à soutenir pendans les années que durèrent les ouvrages, on ne pouvoit comprendre qu’une personne de sa délicatesse pu suffire aux forces dont elle avoit besoin pour subvenir à tant d’ouvriers à qui elle avoit à répondre et à satisfaire, ce qu’elle faisoit dans une paix d’ange, et en les y maintenant tous. Au reste, elle les édifia si fort par toutes ses manières honestes, douces, charitables, et de défférence qu’il n’y en avoit pas un qui n’en parlat avec admiration, elle les scavoit si bien avoir que tous ce faisoit un plaisir de ce qu’ils voyoient luy en faire, et s’empressoit à l’envie à luy marquer leur respects et leur devoument. » («Abrégé des vertus ...», voir ''supra'' Principales sources, fol. 100v).
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* «L’eloignement extreme qu’elle voit des seculiers et de toutes les choses du monde luy rendoit cette obligation de converser insportable, elle auroit souhaitté qu’il n’y eust ny grilles ny parloir, ny aucun endroit par où ils nous pussent aborder, et dans ces sentimens si ignes d’une vraye carmelite, elle trouva les moyens de nous maintenir en cloture autant qu’il se pouvoit pendant les années de nos batimens, à la faveur de certains petis retranchemens et separations de planches, qui nous maintinrent dans la regularité de tous nos exercices, et dans une retraitte et un silance qui edifia infiniment le publicque.» («Abrégé des vertus ...», voir supra Principales sources, fol.101r).
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* «Il fallut donc se résoudre à bâtir. Le sieur Bétaut, architecte de S. A. R. se trouvait alors sans engagement. M. André, fort attaché aux religieuses, promit de les seconder de tout son pouvoir. La mère Madeleine Thérèse de Saint-Joseph monta plusieurs plans qu’elle avoit faits elle-même, parmi lesquels on en choisit un auquel on ne trouva rien à changer. On l’envoyer néanmoins à Paris pour l’examiner, et il fut approuvé. On commença aussitôt à démolir pour faire les fondations d’une partie de l’édifice avant l’hiver.» (Lionnois, voir ''supra'' Choix bibliographique, p.82).
  
  
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Version actuelle en date du 4 juin 2019 à 18:37

Marthe Jobart
Dénomination(s) Soeur Madeleine Thérèse de Saint-Joseph
Biographie
Date de naissance 3 janvier 1645
Date de décès 17 mars 1717
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice de Julie Piront, 2019

Née à Paris le 3 janvier 1645, Marthe Jobart est l’aînée des trois enfants de Dominique Jobart, conseiller du duc de Lorraine puis « agent des affaires » de Mazarin, et de Marie Dehault, femme de chambre de Marguerite de Lorraine, mariés à Paris le 19 janvier 1644. Au décès de Dominique, sa veuve rentre en Lorraine avec ses enfants en bas-âge et veille à leur éducation. Dès l’âge de douze ans, Marthe formule le souhait de devenir religieuse dans un monastère voué à la Vierge. Orientée par son confesseur, carme déchaux resté anonyme, elle entre en janvier 1662 au premier Carmel thérésien de Nancy, fondé en 1618, et y fait profession le 31 mai 1663 sous le nom de Madeleine Thérèse de Saint-Joseph.
Durant les années qui suivent, la religieuse participe aux deux déménagements de sa communauté. Logées dès les premières heures dans une maison que leur ont cédée les carmes déchaux, les carmélites n’y ont fait que des aménagements sommaires : leurs revenus, comme ceux de bien d’autres communautés religieuses, ont été éprouvés par la guerre de Trente Ans. En 1666, leur cadre de vie est en mauvais état et elles obtiennent du duc de Lorraine, Charles IV, de pouvoir édifier un nouveau monastère sur les anciens fossés qui séparaient la ville neuve de la vieille ville. Elles s’y installent en 1668, mais doivent l’abandonner dès 1673 sur ordre de Louis XIV qui, s’étant emparé de la Lorraine (1670), fait rétablir l’enceinte fortifiée. La communauté réintègre sa première maison rue des Quatre Eglises et y accomplit des travaux ponctuels.
Selon sa notice nécrologique, le zèle, les talents et les qualités intellectuelles de Madeleine Thérèse de Saint-Joseph attirent l’attention de la communauté qui lui confie, à partir de 1675 et de manière presque ininterrompue jusqu’à sa mort, une charge au sein du comité restreint qui assure son gouvernement. D’abord sous-prieure, elle est élue prieure en 1681, fonction qu’elle occupe à nouveau en 1687, 1699, 1705 et 1714, en alternance avec celle de discrète (conseillère). Cultivée, Madeleine Thérèse s’adonne alors à l’écriture et se fait historienne, dressant le récit des principaux événements survenus, peut-être sous la forme d’une chronique, et compilant des biographies des religieuses. Créative et dotée d’un sens artistique, elle se distingue dans la production de fleurs artificielles, confectionnées à partir de tissus gaufrés et destinées à la décoration des autels. À l’aube de la cinquantaine, la religieuse s’attèle à des travaux d’ampleur : la reconstruction intégrale de son monastère, fragilisé lors de la destruction des fortifications en 1698 à la suite du traité de Ryswick.
Elle conçoit dès 1698 – elle est alors seconde discrète – quatre plans différents soumis à deux professionnels du bâti : Christophe André, intendant des bâtiments du duc de Lorraine et ami de la communauté, et Giovan Betto (1642-1722), architecte italien bien connu des carmes déchaux en Lorraine qui construira le second Carmel de Nancy (1714-1718). Ils retiennent un projet « sans rien y changer », transmis à Paris, probablement au siège provincial de l’ordre, où ils reçoivent approbation. Élue prieure en décembre 1699 puis première discrète en 1702, Madeleine Thérèse de Saint-Joseph ne ménage pas sa peine pour assurer le suivi du chantier du monastère, débuté le 23 septembre, puis de l’église, inauguré le 25 septembre 1701 et achevé le 15 novembre 1704.
De ce complexe architectural, seules subsistent deux ailes très remaniées, identifiées grâce aux plans conservés du rez-de-chaussée et du premier étage, vraisemblablement contemporains du chantier. Non signés, ils ne peuvent être attribués avec certitude à la supérieure architecte, mais témoignent – par le cloisonnement des espaces et leur articulation – d’une maîtrise évidente des besoins de cette communauté soumise à une clôture stricte. L’église, décrite en 1811, empruntait aux formes et au vocabulaire architecturaux de son temps, insufflés sans doute par Betto. Elle était précédée d’une façade ordonnancée, surmontée d’un fronton triangulaire. A l’intérieur, la travée centrale de la nef était dilatée par un dôme soutenu par deux murs incurvés où se logeaient dans des niches les statues de saint Joseph et de Thérèse d’Avila.
Madeleine Thérèse de Saint-Joseph Jobart rejoint désormais le groupe des carmélites architectes qui, aux côtés de nombreux carmes, ont laissé leur empreinte dans la pierre.

Oeuvres

  • s.d. : fleurs artificielles en tissus (non conservées).
  • s.d. : recueil (chronique ?) des principaux événements survenus dans le premier monastère de Nancy (non conservé).
  • s.d. : abrégé de la vie des fondatrices et de quelques religieuses du premier monastère de Nancy (non conservé, peut-être copié dans BnF, fr. 23.478, fol. 122-167).
  • 1699-1704 : Premier monastère des carmélites déchaussées, rue des Quatre Eglises et rue des Ponts à Nancy (conception de quatre plans puis surveillance du chantier de construction).

Principales sources

  • Bibliothèque nationale de France (France, Paris), département des manuscrits, fr. 23.479, fol. 98-104 : «Abrégé des vertus de la révérende mère Madeleine Thérèse de Saint-Joseph et de la sœur Jeanne Thérèse de Saint-Gabriel, carmélites de Nancy», XVIIIe siècle.
  • Bibliothèque nationale de France (France, Paris), département des manuscrits, fr. 23.478, fol. 1-4 : «Catalogue des noms des religieuses carmélites décédées et viventes du monastère de Nostre Dame du Mont carmel, premier de Nancy et de Lorraine fondé en 1618», suivi de copies de liste des professions, des élections et des défuntes, jusqu’aux années 1710 ; fol. 122-167 : Eloges abrégées des religieuses décédées dans le premier couvent des carmélites de Nancy (1618-1704), XVIIIe siècle.
  • Archives départementales de Meurthe-et-Moselle (France, Nancy), Carmélites déchaussées de Nancy (premier monastère dit des grandes carmélites), H 2503 : recto «Livre, ou second registre des élections de nos reverendes meres prieures, souprieures, et des autres principales officières du monastere, selon les constitutions de nostre sainte Mere Therese» ; verso «Livre, ou nouveau registre des actes capitulaires de la reception et profession des nocices, selon l’ordre de l’Eglise, et de nostre ste religion, par ordre de nostre Rd Père françois Marie de Ste Thérèse, provincial de nostre province, ce 12 du mois d’aoust 1723», ms, XVIIIe siècle.
  • Archives départementales de Meurthe-et-Moselle (France, Nancy), Carmélites déchaussées de Nancy (premier monastère dit des grandes carmélites), H 2502 : Plans du rez-de-chaussée, du premier étage et du jardin du premier Carmel de Nancy et élévation d’un retable architecturé, fin XVIIe-début XVIIIe siècle.
  • Archives Nationales (France, Paris), Minutier central, Minutes et répertoires du notaire Étienne Leroy (Etude VI), MC VI 468 : Contrat de mariage ente Dominique Jobart et Marie Dehault (19 janvier 1644).

Choix bibliographique

  • Lionnois, Jean-Jacques Bouvier dit, Histoire des villes vieilles et neuves de Nancy depuis leur fondation jusqu’en 1788, Nancy, Haener père, 1811, t.3, p.81-88.
  • Piront, Julie, «Religieuses et religieux architectes, concepteurs et bâtisseurs des monastères féminins à l’époque moderne», dans Bâtir pour Dieu : l’oeuvre des religieux et religieuses architectes (XVIIe-XVIIIe siècles), dir. Julie Piront et Adriana Sénard-Kiernan, Lyon, LARHRA, coll. Chrétiens et société. Mémoires et documents, à paraître.
  • Tassin, Raphaël, «Giovan Betto (1642-1722) et les architectes italiens en Lorraine (fin XVIIe-début XVIIIe siècle)», thèse de doctorat en histoire de l’art, École Pratique des Hautes Études, 2014, vol.1, p.198-208.

Jugements

  • «Marthe [...] née avec toutes les graces qui relevent un[e] fille, fit paroistre de bon heur, par son indiference pour tous ces avantage, et par son tendre penchant pour Dieu qu’elle estoit pour le cloitre et non pas pour le monde.» («Abrégé des vertus ...», voir supra Principales sources, fol.98v).
  • «Elle fut receue [au premier Carmel de Nancy] avec agrement, et le jour que son contrac fut areté le feu prit au monastere, comme pour presager que cette jeune neophite en renouvelleroit un jour tout l’edifice.» («Abrégé des vertus ...», voir supra Principales sources, fol.99r).
  • «Tant de dons et de merite dans une personne si jeune firent desirer à la communauté de la posseder dans les principeaux emploix de la maison, elle y fut discrette, souprieure, maitresse des novices puis superieure à l’age de trante trois ans.» («Abrégé des vertus ...», voir supra Principales sources, fol.99v).
  • «Elle écrivoit parfaitement bien et dans son adresse à toutes choses, elle excella particulièrement dans l’art de faire des fleurs artificielles, mais son beau génie se fit sur tout à mirer dans les desseins qu’elle fit pour les batimens de nostre monastère, de quatre plants tournés de diférentes manières, les architectes eurent lieu de faire un bon choix, et en en admirant la justesse et la beauté, ils avancèrent qu’il faloit avoir des grâces infuses pour réussir aussi parfaitement dans un art, sans en avoir apris les principes.» («Abrégé des vertus ...», voir supra Principales sources, fol.100v).
  • «Infatigable dans le travail qu’elle eust à soutenir pendans les années que durèrent les ouvrages, on ne pouvoit comprendre qu’une personne de sa délicatesse pu suffire aux forces dont elle avoit besoin pour subvenir à tant d’ouvriers à qui elle avoit à répondre et à satisfaire, ce qu’elle faisoit dans une paix d’ange, et en les y maintenant tous. Au reste, elle les édifia si fort par toutes ses manières honestes, douces, charitables, et de défférence qu’il n’y en avoit pas un qui n’en parlat avec admiration, elle les scavoit si bien avoir que tous ce faisoit un plaisir de ce qu’ils voyoient luy en faire, et s’empressoit à l’envie à luy marquer leur respects et leur devoument. » («Abrégé des vertus ...», voir supra Principales sources, fol. 100v).
  • «L’eloignement extreme qu’elle voit des seculiers et de toutes les choses du monde luy rendoit cette obligation de converser insportable, elle auroit souhaitté qu’il n’y eust ny grilles ny parloir, ny aucun endroit par où ils nous pussent aborder, et dans ces sentimens si ignes d’une vraye carmelite, elle trouva les moyens de nous maintenir en cloture autant qu’il se pouvoit pendant les années de nos batimens, à la faveur de certains petis retranchemens et separations de planches, qui nous maintinrent dans la regularité de tous nos exercices, et dans une retraitte et un silance qui edifia infiniment le publicque.» («Abrégé des vertus ...», voir supra Principales sources, fol.101r).
  • «Il fallut donc se résoudre à bâtir. Le sieur Bétaut, architecte de S. A. R. se trouvait alors sans engagement. M. André, fort attaché aux religieuses, promit de les seconder de tout son pouvoir. La mère Madeleine Thérèse de Saint-Joseph monta plusieurs plans qu’elle avoit faits elle-même, parmi lesquels on en choisit un auquel on ne trouva rien à changer. On l’envoyer néanmoins à Paris pour l’examiner, et il fut approuvé. On commença aussitôt à démolir pour faire les fondations d’une partie de l’édifice avant l’hiver.» (Lionnois, voir supra Choix bibliographique, p.82).
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