Marie de la Troche de Savonnières : Différence entre versions

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* CHEYROU, Christine, ''Les Ursulines de Québec. Espaces et mémoires'', Montréal, Fides, 2015, ill.
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* Cheyrou, Christine, ''Les Ursulines de Québec. Espaces et mémoires'', Montréal, Fides, 2015, ill.
* DESLANDRES, Dominique, ''Croire et faire croire. Les missions françaises au XVIIe siècle (1600-1650)'', Paris, Fayard, 2003.
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* Deslandres, Dominique, ''Croire et faire croire. Les missions françaises au XVIIe siècle (1600-1650)'', Paris, Fayard, 2003.
* GREGOIRE, Vincent, « La mainmise des jésuites sur la Nouvelle-France de 1632 à 1658 : l’établissement d’un régime théocratique ? », SE 17. Portail du 17e siècle/ Portal for 17th century studies [https://earlymodernfrance.org/node13]
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* Grégoire, Vincent, « La mainmise des jésuites sur la Nouvelle-France de 1632 à 1658 : l’établissement d’un régime théocratique ? », SE 17. Portail du 17e siècle/ Portal for 17th century studies [https://earlymodernfrance.org/node13]
* OUELLET, Réal (dir.), ''Rhétorique et conquête missionnaire : le jésuite Paul Lejeune'', Québec, septentrion, 1993.
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* Ouellet, Réal (dir.), ''Rhétorique et conquête missionnaire : le jésuite Paul Lejeune'', Québec, septentrion, 1993.
* OURY, Guy (dom), ''Marie de l’Incarnation (1599-1672)'', Québec et Sablé-sur-Sarthe, Presses de l’Université Laval et Abbaye de Solesmes, 1973, 2 vol.
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* Oury, Guy (dom), ''Marie de l’Incarnation (1599-1672)'', Québec et Sablé-sur-Sarthe, Presses de l’Université Laval et Abbaye de Solesmes, 1973, 2 vol.
  
  

Version du 23 mars 2021 à 15:08

Marie de la Troche de Savonnières
Dénomination(s) Soeu Marie de Saint-Bernard, puis de Saint-Joseph
Marie-Joseph ou la "sainte fille" (pour les Amérindiens de Québec)
Biographie
Date de naissance 7 septembre 1616
Date de décès 4 avril 1652
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Nicole Pellegrin, 2020

Marie de La Troche est née en 1616 dans une famille angevine, noble et catholique. Le père, Simon de Savonnières, seigneur de La Troche et de Saint-Germain, s’est battu dans les armées d’Henri IV et Louis XIII et deux de ses parentes (une sœur et une tante) sont fontevristes. Il se marie avant 1610 avec Jeanne Raoul, fille d’un conseiller au parlement de Bretagne et parente du premier évêque de La Rochelle. Leur foyer compte cinq enfants : un fils qui épouse, en 1641, Marie Goddes de Varennes, une des amies intimes de madame de Sévigné («la Trochanire») et quatre filles, dont les trois aînées se font religieuses. La première (1612-1678) entre au Calvaire d’Angers où elle est remarquée par le père Joseph. Les deux autres deviennent ursulines à Tours : Renée (1620-1688) vers 1635, précédée dans cet ordre contemplatif voué à l’instruction des filles par Marie.
Celle-ci, d’abord « enseignée » par sa mère, est mise en pension à 9 ans dans ce couvent. Elle y tombe malade, mais y fait vite retour comme postulante, puis novice, en dépit de son très jeune âge : elle a 12 ou 13 ans quand elle prend le voile, malgré les réticences de ses parents, et elle est âgée d’à peine 16 ans lorsqu’elle prononce ses vœux sous le nom de sœur Marie de Saint-Bernard. Bouleversée par le passage à Tours en 1637 de la mère Jeanne des Anges, prieure ursuline de Loudun dont la chemise a été miraculeusement ointe par « saint Joseph », la jeune religieuse déclare celui-ci « son père et son protecteur spécial ». Elle change d’ailleurs son nom de religion en celui de Marie de Saint-Joseph quand, suite à un vœu, elle obtient de partir pour le Canada, ce Canaan des terres froides.
Lectrice de «la vie de François-Xavier» et des «relations de ce qui se passait dans la Nouvelle-France» que rédigent annuellement des missionnaires jésuites, elle rêve –au propre et au figuré– de se «sacrifier pour le salut des filles sauvages», à l’instar de sa consœur tourangelle et future biographe, Marie Guyart dite de l’Incarnation. Elle embarque finalement avec celle-ci et deux religieuses hospitalières, pour un voyage océanique périlleux de trois mois vers la ville de Québec. Dès le lendemain de leur arrivée le premier août 1639, elle se met à apprendre les langues huronne et algonquine pour mieux instruire religieusement des habitants qui sont alors, autochtones comme Français, sans cesse menacés par les Iroquois et les difficultés issues d’une colonisation de type théocratique. L’inconfort relatif d’une vie de pionnière menée en clôture est redoublé par des épreuves intérieures nombreuses, nourries de visions extatiques et de souffrances corporelles ardemment désirées et soigneusement consignées. Les unes et les autres sont exacerbées par la maladie qui fait mourir la moniale, âgée de 36 ans, le 4 avril 1652. Son inhumation, précédée et suivie de faits jugés miraculeux, est d’une « solennité tout extraordinaire » et, quand son corps, devenu une onctueuse « pâte blanche », est transféré dans un nouveau cimetière en 1662, il répand une «odeur de bénédiction».
L’autobiographie spirituelle – rédigée par l’Ursuline sur ordre de ses supérieurs – a disparu lors de l’incendie de 1650 qui détruisit entièrement son monastère. De sa trajectoire, quelques témoins d’exception (dont Marie de l’Incarnation et un père jésuite, un temps son directeur de conscience à Québec, Paul Le Jeune) ont cependant su narrer, post mortem et sur un mode édifiant, les aspects les plus saillants : vertus natives, milieu familial aimant, élans mystiques, attachement – parfois conflictuel – à une supérieure dont elle fut la « fille » et « l’assistante » pendant plus de vingt ans avant d’en devenir finalement la patiente dans l’infirmerie du couvent nouvellement réédifié. Dans sa longue lettre nécrologique, d’ailleurs plus proche du mémoire que du panégyrique mortuaire, Marie de l’Incarnation a surtout souligné des qualités communes à toutes les « bonnes religieuses » françaises de ce temps (respect de la Règle, don d’oraison, amour de la douleur, humilité, pauvreté, mépris du monde, belle humeur, obéissance, pureté, modestie, patience), tout en restituant - sur un mode mineur - et le contexte héroïque d’une vocation transocéanique hors normes, et la ténacité qui l’a rendue possible.
Redécouverte lors de la réédition des très riches correspondances qui ont promu, dès le XVIIe siècle, le versant féminin et religieux de la conquête française du Canada, Marie de La Troche fait désormais partie des héroïnes les plus célèbres des débuts de «la Belle Province».

Oeuvres

  • une autobiographie spirituelle disparue
  • des lettres, elles aussi perdues, mentionnées ici ou là en 1677 par dom Claude Martin, le fils de Marie de l’Incarnation dans la biographie de sa mère

Principales sources

  • Marie de l'Incarnation (Marie Guyart), « Lettres » [récit de la vie et des vertus de la Mère Marie de Saint-Joseph, née La Troche de Saint-Germain, 1652], in Dom Albert Jamet éd., Ecrits spirituels et historiques, publiés par dom Claude Martin, Paris Desclée-de-Brouwer et Québec, Action Sociale, 1939, t. IV, p. 343-417.
  • Le Jeune,Paul (Père), « De la vie et de la mort de la Mère Marie de Saint-Joseph, décédée au séminaire des Ursulines de Québec », in Relations de Nouvelle France, t. , chapitre X, p. (1652).
  • [Martin, Claude, dom], La Vie de la vénérable Mère Marie de l’Incarnation première supérieure des Ursulines de la Nouvelle France. Tirée de ses Lettres & de ses Ecrits, Paris, Louis Billaine, 1677.

Choix bibliographique

  • Cheyrou, Christine, Les Ursulines de Québec. Espaces et mémoires, Montréal, Fides, 2015, ill.
  • Deslandres, Dominique, Croire et faire croire. Les missions françaises au XVIIe siècle (1600-1650), Paris, Fayard, 2003.
  • Grégoire, Vincent, « La mainmise des jésuites sur la Nouvelle-France de 1632 à 1658 : l’établissement d’un régime théocratique ? », SE 17. Portail du 17e siècle/ Portal for 17th century studies [1]
  • Ouellet, Réal (dir.), Rhétorique et conquête missionnaire : le jésuite Paul Lejeune, Québec, septentrion, 1993.
  • Oury, Guy (dom), Marie de l’Incarnation (1599-1672), Québec et Sablé-sur-Sarthe, Presses de l’Université Laval et Abbaye de Solesmes, 1973, 2 vol.




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