Marie de Vichy-Chamrond : Différence entre versions

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Issue d’une famille de vieille noblesse désargentée, Marie de Vichy-Champrond est née à Charolles le 25 septembre 1696. Elle est le troisième enfant de Gaspard II, seigneur de Champrond, comte de Vichy et d’Anne Brûlard, fille du premier Président du Parlement de Bourgogne. Eduquée au couvent réputé de la Madeleine-du-Traisnel à Paris, elle épouse son cousin Jean-Baptiste-Jacques du Deffand, marquis de La Lande (1688-1750), le 2 août 1718. Marie mène dès lors une vie mondaine active, gravitant dans l’entourage du Régent avec lequel elle entretient une liaison qui, quoique très brève, fait beaucoup de bruit. La réputation de légèreté qu’elle acquiert au cours de ces années provoque la séparation de son couple dès 1722. Après la rupture définitive d’avec son mari en1728, commence sa liaison avec le président Jean-Charles-François Hénault (1685-1770), veuf depuis peu, laquelle durera près de vingt ans. Le milieu de Marie est alors celui des festivités orchestrées par la [[Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon|duchesse du Maine]] à la cour de Sceaux, milieu dont elle s’éloignera finalement pour s’installer, en 1747, dans l’appartement du couvent des Filles orphelines de Saint-Joseph, où elle recevra l’élite sociale et culturelle de Paris jusqu’à la fin de ses jours. Elle jouit désormais d’une tout autre réputation, celle d’une femme à l’esprit vif et mordant, que lui valent notamment ses portraits et bouts-rimés qui circulent dans le monde. À partir de 1750, sa correspondance avec Voltaire, ami et complice de longue date, devient plus abondante et régulière, le philosophe quittant alors la France pour trouver refuge dans les environs de Genève. L’ennui dont Marie souffre de plus en plus la plonge dans des états de mélancolie qui ne la quitteront plus. S’ajoutent à cette «maladie de l’âme» la cécité, qui progresse d’année en année, et l’insomnie qui bouleversera son quotidien pour le reste de sa vie. En 1752, à l’occasion d’un long séjour en province, à Champrond, puis à Mâcon, où elle cherche à se guérir de cette crise, Mme du Deffand fait la connaissance de [[Julie de Lespinasse]] (1732-1776), sa nièce illégitime, qui viendra s’installer avec elle dans le quartier Saint-Germain-des-Prés en 1754 en tant que dame de compagnie. Les deux femmes cohabitent pendant dix ans, avant que, Julie, chassée par Mme du Deffand, ne lui aliène une partie de ses habitués, notamment D’Alembert (1717-1783), auquel Marie avait été très attachée. La rupture est brusque et irrémédiable. L’arrivée de l’auteur anglais Horace Walpole (1727-1803) à Paris à la fin de l’année 1764 entraînera bientôt Mme du Deffand dans une longue relation épistolaire et un amour platonique que la publication posthume de ses lettres ne révèlera au public qu’au début du XIXe siècle, soit près de trente ans après la mort de la marquise, survenue le 24 septembre 1780, veille de son quatre-vingt-quatrième anniversaire. <br/>  
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Issue d’une famille de vieille noblesse désargentée, Marie de Vichy-Champrond est née à Charolles le 25 septembre 1696. Elle est le troisième enfant de Gaspard II, seigneur de Champrond, comte de Vichy et d’Anne Brûlard, fille du premier Président du Parlement de Bourgogne. Eduquée au couvent réputé de la Madeleine-du-Traisnel à Paris, elle épouse son cousin Jean-Baptiste-Jacques du Deffand, marquis de La Lande (1688-1750), le 2 août 1718. Marie mène dès lors une vie mondaine active, gravitant dans l’entourage du Régent avec lequel elle entretient une liaison qui, quoique très brève, fait beaucoup de bruit. La réputation de légèreté qu’elle acquiert au cours de ces années provoque la séparation de son couple dès 1722. Après la rupture définitive d’avec son mari en1728, commence sa liaison avec le président Jean-Charles-François Hénault (1685-1770), veuf depuis peu, laquelle durera près de vingt ans. Le milieu de Marie est alors celui des festivités orchestrées par la [[Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon|duchesse du Maine]] à la cour de Sceaux, milieu dont elle s’éloignera finalement pour s’installer, en 1747, dans l’appartement du couvent  
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des Filles orphelines de Saint-Joseph, où elle recevra l’élite sociale et culturelle de Paris jusqu’à la fin de ses jours. Elle jouit désormais d’une tout autre réputation, celle d’une femme à l’esprit vif et mordant, que lui valent notamment ses portraits et bouts-rimés qui circulent dans le monde. À partir de 1750, sa correspondance avec Voltaire, ami et complice de longue date, devient plus abondante et régulière, le philosophe quittant alors la France pour trouver refuge dans les environs de Genève. L’ennui dont Marie souffre de plus en plus la plonge dans des états de mélancolie qui ne la quitteront plus. S’ajoutent à cette «maladie de l’âme» la cécité, qui progresse d’année en année, et l’insomnie qui bouleversera son quotidien pour le reste de sa vie. En 1752, à l’occasion d’un long séjour en province, à Champrond, puis à Mâcon, où elle cherche à se guérir de cette crise, Mme du Deffand fait la connaissance de [[Julie de Lespinasse]] (1732-1776), sa nièce illégitime, qui viendra s’installer avec elle dans le quartier Saint-Germain-des-Prés en 1754 en tant que dame de compagnie. Les deux femmes cohabitent pendant dix ans, avant que, Julie, chassée par Mme du Deffand, ne lui aliène une partie de ses habitués, notamment D’Alembert (1717-1783), auquel Marie avait été très attachée. La rupture est brusque et irrémédiable. L’arrivée de l’auteur anglais Horace Walpole (1727-1803) à Paris à la fin de l’année 1764 entraînera bientôt Mme du Deffand dans une longue relation épistolaire et un amour platonique que la publication posthume de ses lettres ne révèlera au public qu’au début du XIXe siècle, soit près de trente ans après la mort de la marquise, survenue le 24 septembre 1780, veille de son quatre-vingt-quatrième anniversaire. <br/>  
 
C’est à titre d’épistolière et de maîtresse de maison que Marie du Deffand a pris place dans l’histoire littéraire. L’anecdote de sa rupture avec [[Julie de Lespinasse]] a longtemps entretenu l’image d’une antiphilosophe que sont venues nuancer les nombreuses études et éditions de sa correspondance avec Voltaire, ainsi que les travaux consacrés aux pratiques de sociabilité des femmes des Lumières. Le mal de vivre de la marquise, ses réflexions sur la vieillesse, de même que son amour «coupable» pour Walpole, qui était beaucoup plus jeune qu’elle, ont aussi frappé de nombreux esprits, notamment celui du philosophe E. Cioran qui admirait sa façon de savoir goûter «les agréments de l’amertume». Ces aspects ont en outre nourri plusieurs études à caractère psychologique. La verve de [[Marie de Rabutin-Chantal|Mme de Sévigné]], les amours de vieillesse de [[Anne de Lenclos|Ninon de Lenclos]], le salon de Mme de Lambert ou encore le scepticisme d’[[Isabella Agneta Elisabeth van Tuyll van Serooskerken|Isabelle de Charrière]] ont entrainé maints parallèles entre ces femmes et la marquise, à laquelle on a souvent opposé, à cause de son réseau plus conservateur et aristocratique, la figure de [[Marie-Thérèse Geoffrin|Mme Geoffrin]]. Aujourd’hui, les nombreuses éditions des lettres de Marie du Deffand offrent d’elle des images contrastées que l’édition générale de sa correspondance permettra de nuancer, en nous donnant à lire toute la finesse, l’acuité, la profondeur et la complexité de l’une des plus belles plumes du XVIIIe siècle.
 
C’est à titre d’épistolière et de maîtresse de maison que Marie du Deffand a pris place dans l’histoire littéraire. L’anecdote de sa rupture avec [[Julie de Lespinasse]] a longtemps entretenu l’image d’une antiphilosophe que sont venues nuancer les nombreuses études et éditions de sa correspondance avec Voltaire, ainsi que les travaux consacrés aux pratiques de sociabilité des femmes des Lumières. Le mal de vivre de la marquise, ses réflexions sur la vieillesse, de même que son amour «coupable» pour Walpole, qui était beaucoup plus jeune qu’elle, ont aussi frappé de nombreux esprits, notamment celui du philosophe E. Cioran qui admirait sa façon de savoir goûter «les agréments de l’amertume». Ces aspects ont en outre nourri plusieurs études à caractère psychologique. La verve de [[Marie de Rabutin-Chantal|Mme de Sévigné]], les amours de vieillesse de [[Anne de Lenclos|Ninon de Lenclos]], le salon de Mme de Lambert ou encore le scepticisme d’[[Isabella Agneta Elisabeth van Tuyll van Serooskerken|Isabelle de Charrière]] ont entrainé maints parallèles entre ces femmes et la marquise, à laquelle on a souvent opposé, à cause de son réseau plus conservateur et aristocratique, la figure de [[Marie-Thérèse Geoffrin|Mme Geoffrin]]. Aujourd’hui, les nombreuses éditions des lettres de Marie du Deffand offrent d’elle des images contrastées que l’édition générale de sa correspondance permettra de nuancer, en nous donnant à lire toute la finesse, l’acuité, la profondeur et la complexité de l’une des plus belles plumes du XVIIIe siècle.
  

Version actuelle en date du 12 juillet 2019 à 13:48

Marie de Vichy-Chamrond
Titre(s) Marquise du Deffand
Conjoint(s) Jean Baptiste de la Lande, Marquis du Deffand
Dénomination(s) Madame du Deffand
Biographie
Date de naissance 25 septembre 1696
Date de décès 24 septembre 1780
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice de Mélinda Caron et Marianne Charrier-Vozel, 2015

Issue d’une famille de vieille noblesse désargentée, Marie de Vichy-Champrond est née à Charolles le 25 septembre 1696. Elle est le troisième enfant de Gaspard II, seigneur de Champrond, comte de Vichy et d’Anne Brûlard, fille du premier Président du Parlement de Bourgogne. Eduquée au couvent réputé de la Madeleine-du-Traisnel à Paris, elle épouse son cousin Jean-Baptiste-Jacques du Deffand, marquis de La Lande (1688-1750), le 2 août 1718. Marie mène dès lors une vie mondaine active, gravitant dans l’entourage du Régent avec lequel elle entretient une liaison qui, quoique très brève, fait beaucoup de bruit. La réputation de légèreté qu’elle acquiert au cours de ces années provoque la séparation de son couple dès 1722. Après la rupture définitive d’avec son mari en1728, commence sa liaison avec le président Jean-Charles-François Hénault (1685-1770), veuf depuis peu, laquelle durera près de vingt ans. Le milieu de Marie est alors celui des festivités orchestrées par la duchesse du Maine à la cour de Sceaux, milieu dont elle s’éloignera finalement pour s’installer, en 1747, dans l’appartement du couvent des Filles orphelines de Saint-Joseph, où elle recevra l’élite sociale et culturelle de Paris jusqu’à la fin de ses jours. Elle jouit désormais d’une tout autre réputation, celle d’une femme à l’esprit vif et mordant, que lui valent notamment ses portraits et bouts-rimés qui circulent dans le monde. À partir de 1750, sa correspondance avec Voltaire, ami et complice de longue date, devient plus abondante et régulière, le philosophe quittant alors la France pour trouver refuge dans les environs de Genève. L’ennui dont Marie souffre de plus en plus la plonge dans des états de mélancolie qui ne la quitteront plus. S’ajoutent à cette «maladie de l’âme» la cécité, qui progresse d’année en année, et l’insomnie qui bouleversera son quotidien pour le reste de sa vie. En 1752, à l’occasion d’un long séjour en province, à Champrond, puis à Mâcon, où elle cherche à se guérir de cette crise, Mme du Deffand fait la connaissance de Julie de Lespinasse (1732-1776), sa nièce illégitime, qui viendra s’installer avec elle dans le quartier Saint-Germain-des-Prés en 1754 en tant que dame de compagnie. Les deux femmes cohabitent pendant dix ans, avant que, Julie, chassée par Mme du Deffand, ne lui aliène une partie de ses habitués, notamment D’Alembert (1717-1783), auquel Marie avait été très attachée. La rupture est brusque et irrémédiable. L’arrivée de l’auteur anglais Horace Walpole (1727-1803) à Paris à la fin de l’année 1764 entraînera bientôt Mme du Deffand dans une longue relation épistolaire et un amour platonique que la publication posthume de ses lettres ne révèlera au public qu’au début du XIXe siècle, soit près de trente ans après la mort de la marquise, survenue le 24 septembre 1780, veille de son quatre-vingt-quatrième anniversaire.
C’est à titre d’épistolière et de maîtresse de maison que Marie du Deffand a pris place dans l’histoire littéraire. L’anecdote de sa rupture avec Julie de Lespinasse a longtemps entretenu l’image d’une antiphilosophe que sont venues nuancer les nombreuses études et éditions de sa correspondance avec Voltaire, ainsi que les travaux consacrés aux pratiques de sociabilité des femmes des Lumières. Le mal de vivre de la marquise, ses réflexions sur la vieillesse, de même que son amour «coupable» pour Walpole, qui était beaucoup plus jeune qu’elle, ont aussi frappé de nombreux esprits, notamment celui du philosophe E. Cioran qui admirait sa façon de savoir goûter «les agréments de l’amertume». Ces aspects ont en outre nourri plusieurs études à caractère psychologique. La verve de Mme de Sévigné, les amours de vieillesse de Ninon de Lenclos, le salon de Mme de Lambert ou encore le scepticisme d’Isabelle de Charrière ont entrainé maints parallèles entre ces femmes et la marquise, à laquelle on a souvent opposé, à cause de son réseau plus conservateur et aristocratique, la figure de Mme Geoffrin. Aujourd’hui, les nombreuses éditions des lettres de Marie du Deffand offrent d’elle des images contrastées que l’édition générale de sa correspondance permettra de nuancer, en nous donnant à lire toute la finesse, l’acuité, la profondeur et la complexité de l’une des plus belles plumes du XVIIIe siècle.

Oeuvres

Les lettres de Marie du Deffand ont été publiées de façon posthume. Généralement accompagnés de portraits et de pièces de circonstance, les recueils regroupent des documents rédigés à différentes époques. Aussi nous a-t-il semblé plus approprié de présenter ces éditions de façon chronologique, sans égard aux multiples dates de composition des diverses pièces qu’elles contiennent.

  • Unpublished Correspondence of Mme du Deffand with D’Alembert, Montesquieu, the president Hénault, the duchess du Maine, mesdames de Staal, de Choiseul, the marquis d’Argens, the chevalier d’Aydie, &c., éd. Mary Berry, Londres, A.K. Newman & Co, 1809, 2 vol.
  • Correspondance inédite de Mme du Deffand avec D’Alembert, Montesquieu, le président Hénault, la duchesse du Maine, mesdames de Choiseul, de Staal, le marquis d'Argens, le chevalier d'Aydie, etc. Suivie des lettres de M. de Voltaire à Mme du Deffand..., Paris, L. Collin, 1809, 2 vol.
  • Letters of the marquise du Deffand to the honourable Horace Walpole, afterwards earl of Orford, from the year 1766 to the year 1780. To which are added letters of Mme du Deffand to Voltaire, from the year 1759 to the year 1775. Published from the originals at Strawberry Hill, éd. Mary Berry, Londres, Longman/Hurst/Rees/Orme, 1810, 4 vol.
  • Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d'une notice, par le marquis de Sainte-Aulaire, Paris, Michel Lévy frères, 1859, 2 vol.
  • Lettres de la marquise du Deffand à Horace Walpole écrites dans les années 1766 à 1780, auxquelles sont jointes des lettres de Mme du Deffand à Voltaire écrites dans les années 1759 à 1775 et publiées d’après les originaux déposés à Strawberry Hill. Nouvelle édition augmentée des extraits des lettres d’Horace Walpole (revue et complétée sur l’édition originale de Londres, 1810) et précédée d’une notice sur Mme du Deffand par M. A. Thiers, Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1864.
  • Correspondance complète de la marquise du Deffand avec ses amis le président Hénault, Montesquieu, D’Alembert, Voltaire, Horace Walpole. Classée dans l'ordre chronologique et sans suppressions, augmentée des lettres inédites au chevalier de l'Isle, précédée d'une histoire de sa vie, de son salon, de ses amis, suivie de ses œuvres diverses, notes par M. de Lescure, Genève, Paris, H. Plon, 1865, 2 vol.
  • Correspondance complète de Mme du Deffand avec la duchesse de Choiseul, l'abbé Barthélemy et M. Craufurt, éd. marquis de Sainte-Aulaire, nouvelle éd. revue et considérablement augmentée, Paris, Michel Lévy frères, 1866, 3 vol.
  • Lettres de Mlle de Lespinasse, suivies de ses autres œuvres et de lettres de Mme du Deffand, de Turgot, de Bernardin de Saint-Pierre, revues sur les éditions originales, augmentées des variantes, de nombreuses notes, d'un appendice comprenant les écrits de D'Alembert, de Guibert, de Voltaire, de Frédéric II, sur Mlle de Lespinasse; d'un index, et précédées d'une notice biographique et littéraire, éd. Eugène Asse, Paris, Charpentier, 1876.
  • Mémoires de Mme de Staal (Mlle Delaunay) sur la fin du règne de Louis XIV, la cour de Sceaux, la conspiration de Cellamare et la Bastille, suivis des Lettres de Mme de Staal à Mme la marquise du Deffand et des lettres de Chaulieu à Mlle Delaunay, avec notice historique, notes et table analytique par M. de Lescure, Paris, A. Lemerre, 1877.
  • Lettres du XVIIIe siècle. Lettres choisies de Voltaire, Mme du Deffand, Diderot, Mme Roland et de divers auteurs, éd. Albert Cahen, Paris, A. Colin, 1894.
  • The Letters of Horace Walpole, fourth earl of Orford, éd. Paget Toynbee, Oxford, Clarendon Press, 1904, 12 vol.
  • «Lettres de Mme du Deffand à Maupertuis», éd. Fernand Caussy, Correspondant, 233, 1908, p.33-45.
  • Lettres à Horace Walpole, 1766-1780. Première édition complète augmentée d'environ 500 lettres inédites publiées d'après les originaux, éd. Mrs. Paget Toynbee, Londres, Methuen et Cie, 1912, 3 vol.
  • Correspondance de Montesquieu, éd. François Gébelin avec la coll. d’André Morize, Paris, Champion, 1914, 2 vol.
  • Supplement to the letters of Horace Walpole, fourth earl of Orford, chronologically arranged and edited with notes and indices by Paget Toynbee, Oxford, Clarendon Press, 1918-1925, 3 vol.
  • Lettres à Voltaire, éd. Joseph Trabucco, Paris, Bossard, 1922.
  • «Mme du Deffand and Hume», éd. Paget Toynbee, Modern Language Review, 24, 1929, p.447-451 (2 lettres à Hume).
  • Letters to and from Mme du Deffand and Julie de Lespinasse, éd. Warren Hunting Smith, New Haven/Londres, Yale University Press/Humphrey Milford/Oxford University Press, 1938.
  • Horace Walpole’s correspondence with Mme du Deffand and Wiart, dans Horace Walpole's correspondence. The Yale edition of Horace Walpole's correspondence, éd. Wilmarth Sheldon Lewis, New Haven, Yale University Press, 1939, vol.3-8
  • Voltaire’s correspondence, éd. Theodore Besterman, Genève, Institut et musée Voltaire, 1953-1965.
  • Lettres inédites de Mme du Deffand, du président Hénault et du comte de Bulkeley au baron Carl Fredrik Scheffer, 1751-1756, éd. Gunnar von Proschwitz, Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 10, 1959, p. 267-412.
  • «Lettres inédites de Mme du Deffand à sa famille», éd. Peter R. Bennett, Revue d’Histoire Littéraire de France, 68, 3-4, avril 1968, p.533-557.
  • «Un billet de Mme du Deffand à Robert Liston», éd. Michèle Servien, Dix-huitième siècle, 5, 1973, p.293-295.
  • «La marquise du Deffand», dans Choix de lettres du XVIIIe siècle, éd. Gustave Lanson, Paris, Hachette et Cie, 11e éd., 1918, p. 368-394.
  • Lettres à Horace Walpole, Voltaire et quelques autres, prés. par François Bott et Jean-Claude Renaud, Paris, Plasma, 1979.
  • «Epilogo di un’amicizia. Una lettera inedita di Mme du Deffand a Jean D’Alembert», éd. Benedetta Craveri, Studi Francesi, 29, 1, janvier-avril 1985, p.44-46.
  • Cher Voltaire. La Correspondance de Mme du Deffand avec Voltaire, éd. Isabelle et Jean-Louis Vissière, Paris, Des femmes, 1987.
  • George Augustus Selwyn (1719-1791) and France. Unpublished correspondence, éd. Rex A. Barrell, Lewiston, E. Mellen Press, 1990.
  • Lettres à Voltaire. 1759-1775, préface de Chantal Thomas, notes par M. de Lescure, Paris, Rivages, 1994.
  • À Horace Walpole, préface de Chantal Thomas, Paris, Mercure de France, 1996.
  • Lettres de Mme du Deffand, 1742-1780, préface de Chantal Thomas, Paris, Mercure de France, 2002.
  • Lettres inédites de Mme du Deffand à sa famille. 1724-1780, éd. Pierre E. Richard, revue et augmentée, Nîmes, copyright Pierre E. Richard, 2011 [Paris, Michel de Maule, 2007].
  • Correspondance croisée avec la duchesse de Choiseul et l’abbé Barthélemy, augmentée de très nombreux inédits, éd. Pierre E. Richard, Nîmes, copyright Pierre E. Richard, 2011, 2 vol.
  • D’Éros à Agapè ou La Correspondance de Mme du Deffand avec Horace Walpole, éd. Olivier Deshayes, Paris, L’Harmattan, 2011.

Choix bibliographique

  • Craveri, Benedetta, Madame du Deffand et son monde, trad. Sibylle Zavriew, Paris, Seuil, 1987 [Madame du Deffand e il suo mondo, Milano, Adelphi, 1982].
  • Doscot, Gérard, Madame du Deffand ou le monde où l'on s'ennuie, Lausanne, Rencontre, 1967.
  • Duisit, Lionel, Madame du Deffand. Épistolière, Genève, Droz, 1963.
  • Lilti Antoine, Le monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 2005.
  • Murat, Inès, Madame du Deffand, 1696-1780. La Lettre et l'esprit, Paris, Perrin, 2003.

Choix iconographique

  • 1760 : Louis Carrogis de Carmontelle, Portrait de Mme du Deffand, Epinal, Musée départemental des Vosges et Musée international de l'imagerie (Bal-68143).
  • [1768] : Louis Carrogis de Carmontelle, Madame du Deffand, portrait en frontispice gravé par Forshel d’après le portrait de Carmontelle, Paris, Bibliothèque nationale de France (N-2 DU DEFFAND) -- Lettres de la marquise du Deffand à Horace Walpole, Paris, Treuttel et Würtz, 1812, vol.1 (Arsenal, 8-BL-32118).

Jugements

  • «Du reste, elle est dure envers ceux dont elle n’a pas besoin, sans humanité, sans charité, sans compassion, n’ayant même pas l’idée de ces vertus et toujours les ridiculisant chez les autres. Conséquente même à son préjudice dans son aversion pour l’égalité, elle est ventre à terre devant tout ce qui s’appelle gens de cour, surtout s’ils sont en crédit; elle est toute surprise de n’éprouver de la part de presque personne aucune marque d’amitié ni de confiance, car sa folie est de croire qu’elle mérite des amis, quoiqu’elle ait précisément tout ce qui les éloigne; inconsidérée, indiscrète, personnelle et jalouse, voilà son caractère en quatre mots. […] Telle est Mme du Deffand; son esprit doit faire désirer de la connaître, il la fait rechercher et c’est à son esprit seul qu’elle doit l'espèce de considération dont elle jouit. La connaissance de son caractère fait qu’on s’en éloigne et doit empêcher qu’on s’y attache. Basse avec ceux qui sont au-dessus d’elle, assez juste avec les inférieurs, insupportable et tyrannique avec ses égaux. Ne pouvant pas se flatter d’avoir un véritable ami parmi le grand nombre de ses connaissances, pleine d’esprit, de préventions, d’humeur et d’injustice; enfin, c’est un méchant enfant qui n’a cependant point été gâté, car son caractère a fait le malheur de sa vie.» (Julie de Lespinasse, «Portrait de Mme du Deffand», tel que cité par Lucien Perey [Luce Herpin], Le président Hénault et Mme du Deffand. La Cour du Régent, la cour de Louis XV et de Marie Leczinska, Paris, Calmann-Lévy, 1893, p.391, 394)
  • «Mme de Lalande, marquise du Deffand, née de Vichy-Chamrond, vient de mourir à Paris, le 24 du mois dernier, âgée de quatre-vingt-quatre ans. Ce fut sans contredit une des femmes de ce siècle les plus célèbres par leur esprit; elle l’avait été longtemps par sa beauté. Ayant perdu la vue encore assez jeune, elle tâcha de s’en consoler en rassemblant autour d’elle la société la plus choisie de la ville et de la cour; mais la malignité de son esprit, dont il lui était impossible de réprimer les saillies, en éloigna souvent les personnes avec qui il lui convenait le moins de se brouiller. […] À quatre-vingts ans passés, elle allait souper encore presque tous les jours en ville, souvent à la campagne, et veillait habituellement jusqu’à trois ou quatre heures du matin. Il nous reste d’elle plusieurs lettres charmantes à M. de Voltaire, un portrait de Mme du Châtelet, quelques poésies fugitives imprimées dans différents recueils, et beaucoup de couplets pleins de sel et de méchanceté.» (Jacques-Henri Meister, [Mort de Marie de Vichy-Chamrond, marquise du Deffand], dans Friedrich Melchior Grimm et al., Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Maurice Tourneux, Nendeln, Kraus reprint, 1968 [Paris, Garnier frères, 1880], vol.XII, p.447)
  • «Il y a deux traditions sur Mme du Deffand: la tradition purement française, qui nous est arrivée à travers ceux qu’elle avait jugés si sévèrement, à travers les gens de Lettres et les Encyclopédistes; il y a autre chose encore, la tradition directe et plus vraie, plus intime, et c’est chez Walpole qu’il faut l’aller puiser comme à sa source. On y trouve avec surprise une femme ardente, passionnée, capable de dévouement et même bonne» (Charles-Augustin Sainte-Beuve, «La marquise du Deffand.» [Causeries du lundi, 11 mars 1850], dans Madame du Deffand et autres portraits, Paris, Payot & Rivages, 2008, p.68)
  • «Toute la vie intérieure de Mme du Deffand se réduit à deux états élémentaires, dont le contrôle lui échappe complètement: ennui, plaisir. Elle ne connaît que ces deux façons d’être présente au monde. […] Dans presque toutes ses lettres, elle proclame une méfiance où il n’est pas très difficile de reconnaître la conjuration magique d’un échec. Cette méfiance joue, en réalité, moins à l’égard des autres qu’envers elle-même. C’est par un acte volontaire que Mme du Deffand se prive d’imagination. Toute sa vie, elle soutient contre ses correspondants une étrange querelle: elle veut démontrer qu’elle est la personne la moins romanesque du monde. […] Une telle vivacité à se défendre paraît suspecte. Le refus acharné de toute vie imaginaire, d’une compensation idéale est, à coup sûr, la vraie raison de l’ennui de Mme du Deffand. Et ce refus lui-même n’est que la forme inversée d’un besoin d’amour et de bonheur proche de l’absolu. […] L’“injure” qu’on lui fait en la croyant romanesque ne consiste-t-elle pas en la découverte de son secret?» (Robert Mauzi, «Les Maladies de l’âme au XVIIIe siècle», Revue des sciences humaines, 100, octobre-décembre 1960, p.464-466)
  • «“Vous avez bien de l'expérience, écrivait la marquise du Deffand à la duchesse de Choiseul, mais il vous en manque une que j'espère vous n'aurez jamais: c'est la privation du sentiment, avec la douleur de ne s'en pouvoir passer.” L'âge, à l'apogée de l'artifice, avait la nostalgie de la naïveté, de l'état qui lui faisait le plus défaut. En même temps, les sentiments naïfs, les sentiments vrais, il les réservait au sauvage, à l'ingénu ou au sot, modèles inaccessibles à des esprits mal équipés pour se rouler dans la “bêtise”, dans la simplicité sans plus. Une fois souveraine, l'intelligence se dresse contre toutes les valeurs étrangères à son exercice et n'offre aucun semblant de réalité à quoi on puisse s'accrocher. Qui s'y attache par culte ou manie en arrive infailliblement à la “privation du sentiment” et au regret de s'être voué à une idole qui ne dispense que le vide, comme en témoignent les lettres de Mme du Deffand, document sans pareil sur le fléau de la lucidité, exaspération de la conscience, débauche d'interrogations et de perplexités où aboutit l'homme coupé de tout, l'homme qui a cessé d'être nature. Le malheur veut qu'une fois lucide, on le devienne toujours davantage: nul moyen de tricher ou de reculer. Et ce progrès s'accomplit au détriment de la vitalité, de l'instinct. “Ni roman ni tempérament”, disait d'elle-même la marquise.» (Emil Cioran, Écartèlement, Paris, Gallimard, 1980 [1979], p. 30-31)
  • «Cette femme qu’on n’imagine plus que vieille, immobilisée dans la prison de la cécité et comme ensevelie toute vive dans son salon rouge et or, avait pourtant été jeune et belle; galante même, si l’on en croit Marmontel. […] Pour s’établir reine d’un grand salon, avec des “jours marqués”, un flot régulier de visiteurs et la considération publique, il lui fallut donc retourner l’opinion: opération malaisée, menée avec une adroite ténacité, et à laquelle la liaison avec l’affable président Hénault fut chargée de contribuer. Opération pleinement réussit: aujourd’hui encore, nous enveloppons la marquise du Deffand dans le manteau de décence et de régularité où elle a souhaité se draper elle-même. La postérité semble avoir tout à fait oublié le premier versant de sa vie, le plus court il est vrai, puisqu’elle est morte à quatre-vingt-quatre ans et qu’à trente ans déjà tous les lampions de la fête galante s’étaient éteints pour elle.» (Mona Ozouf, «Madame du Deffand. Marie ou la fixité», dans Les Mots des femmes. Essai sur la singularité française, Paris, Gallimard, 1999 [Fayard, 1995], p.30-31)
  • «Si l’esprit, l’élégance, la culture, le bon goût faisaient de Mme du Deffand un spécimen parfait de la tradition aristocratique, son style était unique. Comme tous les vrais mondains, la marquise avait un sens inné de la scène qu’elle n’hésitait pas à occuper seule, au mépris de toutes les règles. Elle avait une trop piètre considération de son prochain pour se soucier de le mettre en valeur et trop peu de patience pour savoir l’écouter. Son aptitude à concentrer sur elle l’attention, à imposer son soliloque, ses histoires enlevées et irrésistibles, ses traits fulgurants, ses engouements passagers, ses terribles sarcasmes, ses jugements sans appel la distinguaient de toutes les autres maîtresses de maison de l’époque et valurent à son salon au moins trois décennies de succès. […] C’est surtout dans sa correspondance avec Voltaire que l’intelligence de Mme du Deffand nous émerveille aujourd’hui encore. Leur dialogue épistolaire savait marier la simplicité du ton et la perfection de la langue et du style, car ces virtuoses de la conversation, tous deux habitués à dicter leurs lettres, restaient fidèles sur le papier à la technique de l’improvisation orale.» (Benedetta Craveri, «Sous le signe de l’émulation», dans L’Âge de la conversation [La Civilità della conversazione, 2001], trad. Éliane Deschamps-Pria, Paris, Gallimard, 2002, p.484-485)
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