Marie Poussepin

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Marie Poussepin
Titre(s) directrice de la Fraternité St-Pierre de Dourdan
fondatrice et supérieure de la congrégation des Soeurs de la Présentation de Marie
bienheureuse
Dénomination(s) soeur Catherine du Tiers Ordre de Saint Dominique
Biographie
Date de naissance 14 octobre 1653
Date de décès 24 janvier 1744
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


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Notice de Nicole Pellegrin, 2015

Marie Poussepin, née en Hurepoix à Dourdan (actuel département de l’Essonne) le 14 octobre 1653, est la fille de Julienne Fourrier et de Claude Poussepin, marchand fabricant en bas de soie et propriétaire terrien. Elle est l’aînée d’une fratrie de quatre enfants, dont un frère, Claude (1665-1735) continuera à ses côtés, puis seul, l’entreprise familiale. Née dans une famille prospère et alphabétisée, elle fréquente une « petite école » tenue plus tard par des sœurs de l’Instruction chrétienne et y acquiert des savoirs en lecture, écriture, calcul, travaux manuels et exercices de piété. Elle entre dans la confrérie de Charité de la paroisse Saint-Pierre, à la suite de sa mère (morte en 1675). Comme celle-ci, Marie en sera trésorière avant d’en être la «supérieure» (directrice) de 1683 à 1716 bien que ne résidant plus alors à Dourdan.
Pieuse, dévouée aux œuvres charitables et restée célibataire, elle est par ailleurs tertiaire dominicaine depuis 1667. Dans les registres paroissiaux, on la voit souvent marraine dès 1664 et cela jusqu’en 1697. Elle est aussi très présente dans les actes notariés du lieu où elle figure comme femme d’affaires et maîtresse de très nombreux apprentis, seule ou aux côtés de son frère. Son père, avant sa mort, lui avait en effet confié, avec l’éducation du jeune frère encore en vie, la totalité de ses biens en 1680 et la direction d’une entreprise de tricotage en soie à l’aiguille (bas, gants et bourses) qu’elle développe grâce à l’introduction de métiers mécaniques anglais (vers 1684), l’emploi croissant de la laine et l’embauche d’une vingtaine d’ouvriers.
Désireuse de se vouer aux pauvres de la campagne et non des villes, pris alors en charge par les Filles de la Charité et celles de l’Instruction chrétienne, elle rassemble des femmes destinées à vivre en communauté de leur travail (du tricotage à l’aiguille de bonneteries diverses) pour mieux soigner les déshérités et éduquer les petites paysannes. Après un essai d’implantation, semble-t-il infructueux, à Angerville, et la rencontre vers 1691 du père dominicain, François Mespolié (1657-1727), dit « le missionnaire de la Beauce », qui l’aurait aidée à formuler son projet, elle achète, à ses frais, des bâtiments à Sainville (diocèse de Chartres en Eure-et-Loir) et y fonde en 1696 une congrégation de religieuses non cloîtrées, proches de la spiritualité et des pratiques de l’ordre dominicain dont elles portent les couleurs noir et blanc, tout en se vouant, en costume séculier, aux œuvres de charité, à l’enseignement des filles et au travail des mains. Les lettres patentes qui officialisent la fondation des Sœurs de Charité de la Présentation de Marie ne sont obtenues et enregistrées qu’en 1724 en raison de diverses oppositions locales d’ordre fiscal et de la méfiance des autorités ecclésiastiques à l’égard d’activités temporelles trop prégnantes et d’un lien trop lâche avec l’autorité épiscopale. Quant aux « constitutions », elles sont approuvées en 1738 et imprimées en 1739. Dès avant la mort, en janvier 1744, de leur fondatrice et longtemps supérieure, les « filles » de Marie Poussepin ont déjà essaimé dans les diocèses de Chartres, Blois, Sens, Arras, Meaux, Versailles, et restent aujourd’hui fort actives à travers le monde.
Redécouverte par le grand public quand elle a été béatifiée par le pape Jean-Paul II le 20 novembre 1994, elle est vénérée dans l’ensemble des communautés de l’ordre dominicain auquel la congrégation, jusqu’alors indépendante, s’est agrégée en 1959, renouant avec sa première orientation spirituelle. Son souvenir est bien vivant à la maison-mère de la Grande Bretèche à Tours et à Sainville. Grâce à l’artiste impressionniste et amante galloise de Rodin, Gwen John (1876-1939), convertie au catholicisme, des représentations peintes de Poussepin ou de ses filles ont fait connaître son apostolat jusqu’en terres anglophones. Tout autant que son œuvre spirituelle et charitable de fondatrice d’une congrégation originale, ses compétences industrielles et commerçantes et son esprit d’innovation en plein colbertisme suscitent l’admiration.

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