Marie Jeanne Constance de Mailly d’Haucourt : Différence entre versions

De SiefarWikiFr

[version vérifiée][version vérifiée]
(Page créée avec « {{Infobox Siefar | image = | titres = comtesse de Voyer d’Argenson, dite marquise de Voyer | conjoints = Marc-René de Voyer d’Argenson (1722-1782) | dénominations = |… »)
 
Ligne 10 : Ligne 10 :
 
== Notice de [[Sophie Delhaume]], 2011  ==
 
== Notice de [[Sophie Delhaume]], 2011  ==
  
Ce personnage n'a pas encore de notice moderne
+
Née de Mailly d’Haucourt, le 12 décembre 1734, Marie Jeanne Constance est l’unique enfant à survivre du premier mariage du comte Joseph-Augustin de Mailly d’Haucourt (1708-1794) avec Constance Colbert de Torcy (1710-1734), nièce du grand Colbert par son père, Jean-Baptiste Colbert de Torcy (secrétaire d'État aux Affaires étrangères) et petite fille du ministre Simon Arnauld de Pomponne par sa mère, Catherine Félicité Arnauld de Pomponne. Forte de son ascendance, mademoiselle de Mailly intègre l’illustre famille d’Argenson en 1747 grâce à son mariage avec Marc-René de Voyer d’Argenson (1722-1782), fils du comte d’Argenson, ministre de la Guerre de Louis XV. Elle adopte alors le titre de courtoisie de son époux, dit le marquis de Voyer. C’est sous ce titre de marquise qu’elle est connue de la société parisienne de la fin du XVIIIe siècle.
 +
Son abondante correspondance conjugale est encore manuscrite et concerne la période 1760-1782. Elle nous éclaire sur l’histoire des idées, des mœurs et des représentations de l’aristocratie pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Elle décrit le quotidien très rempli d’une femme du monde et souligne le rôle actif tenu par certaines femmes dans les plans de carrière de leurs maris. Ces lettres évoquent de façon savoureuse les réticences de la noblesse envers Mesdames de Pompadour et du Barry, ainsi que l’agonie de Louis XV et l’avènement d’un couple royal qui suscite l’espérance. L’épistolière aborde la question des progrès scientifiques et médicaux, ainsi que l’actualité littéraire, théâtrale et artistique. Les essais avortés de réformes institutionnelles durant la période prérévolutionnaire sont également analysés avec perspicacité et toujours avec style. En effet, les moments de verve qui ponctuent ses lettres font de celles-ci des pièces esthétiques de grande valeur, illustrations vivantes de l’esprit et du raffinement linguistique caractéristiques d’une époque où l’Europe parlait français. À noter que, sans pouvoir être qualifiée de « femme de lettres », la marquise appartient à l’Académie des Arcades ou d’Arcadie (société de lettrés fondée en Italie à la fin du XVIIe siècle et active en France au XVIIIe).
 +
A Paris, la marquise de Voyer fait partie de la société du prince de Conti, tandis que les fonctions militaires de son époux, lieutenant général des armées du Roi, la rapprochent inévitablement du ministre Choiseul et de madame de Gramont (sa sœur). Les Voyer sont également liés à la maison d’Orléans et entretiennent des liens avec l’Angleterre. Leur cercle plus intime se compose, quant à lui, d’hommes de science, de philosophes et de gentilshommes cultivés qu’ils réunissent dans leur hôtel particulier richement décoré du Palais-Royal et dans leur résidence du Poitou. Une « brillante compagnie » (lettres des 23 juillet et 28 décembre 1773) qu’ils accueillent notamment au château des Ormes, dans l’actuel département de la Vienne, vaut à leur cénacle le titre de « faculté des ormes » selon les termes du marquis de Voyer (lettre du 22 novembre 1772). On y retrouve, entre autres, le philosophe Dom Deschamps, l’abbé encyclopédiste Yvon, Sénac de Meilhan, mais aussi le comte du Luc, le marquis de La Vaupalière, le comte de Colmont, le marquis de Montazet, le comte de Valogny, le baron d’Arcy, les comtes de Valbelle et d’Hautefort, Montalembert, milord Shelbourne, etc. Le couple Voyer est à l’écoute de tous les progrès, dans le domaine des idées comme dans celui de la médecine. Leur inoculation, une des premières en France, est même saluée par Voltaire en 1764. La marquise de Voyer meurt le 15 septembre 1783 à Paris, un an presque jour pour jour après son mari, décédé le 16 septembre 1782 et ses funérailles sont célébrées dans sa paroisse de Saint-Eustache à Paris. Elle laisse quatre enfants. Deux survivront à la Révolution : l’aînée (1764-1812), mariée à Paul comte de Murat, et le cadet, Marc-René (1771-1842), qui deviendra préfet d’Empire. <br/>
 +
Le brio stylistique et le ton familier des lettres de la marquise, jusqu’à ce jour inédites, font de l’épistolière-salonnière un des témoins les plus brillants de la vie aristocratique d’Ancien Régime.
  
 
<!--
 
<!--
Ligne 17 : Ligne 20 :
 
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]
 
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]
 
[[Catégorie:Correspondance]]
 
[[Catégorie:Correspondance]]
 +
[[Catégorie:Salon, cour, cercle]]
 
-->
 
-->

Version du 5 mars 2013 à 09:10

Marie Jeanne Constance de Mailly d’Haucourt
Titre(s) comtesse de Voyer d’Argenson, dite marquise de Voyer
Conjoint(s) Marc-René de Voyer d’Argenson (1722-1782)
Biographie
Date de naissance 12 décembre 1734
Date de décès 15 septembre 1783 à Paris
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Sophie Delhaume, 2011

Née de Mailly d’Haucourt, le 12 décembre 1734, Marie Jeanne Constance est l’unique enfant à survivre du premier mariage du comte Joseph-Augustin de Mailly d’Haucourt (1708-1794) avec Constance Colbert de Torcy (1710-1734), nièce du grand Colbert par son père, Jean-Baptiste Colbert de Torcy (secrétaire d'État aux Affaires étrangères) et petite fille du ministre Simon Arnauld de Pomponne par sa mère, Catherine Félicité Arnauld de Pomponne. Forte de son ascendance, mademoiselle de Mailly intègre l’illustre famille d’Argenson en 1747 grâce à son mariage avec Marc-René de Voyer d’Argenson (1722-1782), fils du comte d’Argenson, ministre de la Guerre de Louis XV. Elle adopte alors le titre de courtoisie de son époux, dit le marquis de Voyer. C’est sous ce titre de marquise qu’elle est connue de la société parisienne de la fin du XVIIIe siècle. Son abondante correspondance conjugale est encore manuscrite et concerne la période 1760-1782. Elle nous éclaire sur l’histoire des idées, des mœurs et des représentations de l’aristocratie pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Elle décrit le quotidien très rempli d’une femme du monde et souligne le rôle actif tenu par certaines femmes dans les plans de carrière de leurs maris. Ces lettres évoquent de façon savoureuse les réticences de la noblesse envers Mesdames de Pompadour et du Barry, ainsi que l’agonie de Louis XV et l’avènement d’un couple royal qui suscite l’espérance. L’épistolière aborde la question des progrès scientifiques et médicaux, ainsi que l’actualité littéraire, théâtrale et artistique. Les essais avortés de réformes institutionnelles durant la période prérévolutionnaire sont également analysés avec perspicacité et toujours avec style. En effet, les moments de verve qui ponctuent ses lettres font de celles-ci des pièces esthétiques de grande valeur, illustrations vivantes de l’esprit et du raffinement linguistique caractéristiques d’une époque où l’Europe parlait français. À noter que, sans pouvoir être qualifiée de « femme de lettres », la marquise appartient à l’Académie des Arcades ou d’Arcadie (société de lettrés fondée en Italie à la fin du XVIIe siècle et active en France au XVIIIe). A Paris, la marquise de Voyer fait partie de la société du prince de Conti, tandis que les fonctions militaires de son époux, lieutenant général des armées du Roi, la rapprochent inévitablement du ministre Choiseul et de madame de Gramont (sa sœur). Les Voyer sont également liés à la maison d’Orléans et entretiennent des liens avec l’Angleterre. Leur cercle plus intime se compose, quant à lui, d’hommes de science, de philosophes et de gentilshommes cultivés qu’ils réunissent dans leur hôtel particulier richement décoré du Palais-Royal et dans leur résidence du Poitou. Une « brillante compagnie » (lettres des 23 juillet et 28 décembre 1773) qu’ils accueillent notamment au château des Ormes, dans l’actuel département de la Vienne, vaut à leur cénacle le titre de « faculté des ormes » selon les termes du marquis de Voyer (lettre du 22 novembre 1772). On y retrouve, entre autres, le philosophe Dom Deschamps, l’abbé encyclopédiste Yvon, Sénac de Meilhan, mais aussi le comte du Luc, le marquis de La Vaupalière, le comte de Colmont, le marquis de Montazet, le comte de Valogny, le baron d’Arcy, les comtes de Valbelle et d’Hautefort, Montalembert, milord Shelbourne, etc. Le couple Voyer est à l’écoute de tous les progrès, dans le domaine des idées comme dans celui de la médecine. Leur inoculation, une des premières en France, est même saluée par Voltaire en 1764. La marquise de Voyer meurt le 15 septembre 1783 à Paris, un an presque jour pour jour après son mari, décédé le 16 septembre 1782 et ses funérailles sont célébrées dans sa paroisse de Saint-Eustache à Paris. Elle laisse quatre enfants. Deux survivront à la Révolution : l’aînée (1764-1812), mariée à Paul comte de Murat, et le cadet, Marc-René (1771-1842), qui deviendra préfet d’Empire.
Le brio stylistique et le ton familier des lettres de la marquise, jusqu’à ce jour inédites, font de l’épistolière-salonnière un des témoins les plus brillants de la vie aristocratique d’Ancien Régime.


Outils personnels