Marie Gouze, dite Olympe de Gouges : Différence entre versions

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Née le 7 mai 1748 à Montauban (Tarn-et-Garonne) officiellement d’un père maître boucher, Marie Gouze est en fait la fille adultérine du marquis Le Franc de Pompignan, auteur à succès, dont elle revendiquera le talent plutôt que les idées. Veuve avant 1772 de Louis-Yves Aubry, elle rencontre Jacques Biétrix de Rozières, directeur du Bureau des Fonds de la Marine et des colonies à Versailles avec lequel elle entretient une liaison  de 1773 à 1792. Elle se fait une réputation de bel esprit dans les salons parisiens sous le pseudonyme d’Olympe de Gouges et compose des pièces de théâtre représentées sur les théâtres privés ou publics entre 1784 et 1793. Elle noue des relations de qualité avec plusieurs écrivains dont certains sont membres de la Loge [maçonnique] des Neuf Sœurs, tels que Louis Sébastien Mercier ou Michel de Cubières.
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Dès 1783, elle réclame l’abolition de la traite des Noirs dans une pièce de théâtre (''Zamore et Mirza''), publie des ''Réflexions sur les hommes noirs'' en 1788 et compose ''Le Marché des Noirs'' en 1790. Selon Jacques Pierre Brissot, son président, elle adhère en 1790 à la Société des amis des Noirs - l’abbé Grégoire lui rendra hommage pour cet engagement en 1808. Tour à tour, elle dénonce le recours aux lettres de cachet, l’emprisonnement pour dette (''L’Homme généreux'') et la prise de voile forcée des filles (''Le Couvent ou les vœux forcés''), revendique le droit au divorce (''Nécessité du Divorce''), milite pour l’affirmation de la dignité des femmes dans les préfaces à ses pièces, dans un roman philosophique paru en 1792 et dans sa célèbre ''Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne''. Olympe de Gouges signe aussi un très grand nombre de pamphlets et d’affiches politiques dénonçant le despotisme, la corruption, et les injustices sociales. Elle se fait remarquer dès 1788 en proposant un impôt patriotique (''Lettre au Peuple''). Ce faisant, elle donne à la fois une visibilité et une respectabilité inédites à l’engagement politique au féminin, et c’est probablement ce qui est le plus transgressif et remarquable chez elle.<br/>
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Elle se vante de n’appartenir à aucun parti, mais elle penche néanmoins, dès 1792, pour la modération : la « Plaine » et non la « Montagne ». Comme Vergniaud, Mercier, Condorcet ou Brissot, républicains de la première heure, elle est farouchement hostile à la violence, à l’idée de de museler l’opinion au prétexte des circonstances, notamment militaires. Sa hantise de la guerre civile lui fait prendre et afficher des positions courageuses en faveur des droits humains. Dans son ''Pacte national'' (juillet 1792), elle prône la réconciliation entre factions et, lorsqu’elle prétend en décembre se poser en défenseure du roi, elle juge Louis « coupable » mais déclare sa mort impolitique, demandant un sursis et l’appel au peuple. Ses critiques contre Robespierre et Marat la font connaître : elle leur reproche de pervertir « l’esprit de 1789 », de faire l’apologie honteuse des massacres de septembre  et d’en appeler à « l’homme providentiel » (''La Fierté de l’innocence'' et ''Réponse à la justification de Robespierre''). Les Jacobins la dénoncent publiquement en octobre 1792. Les mois suivants, elle s’érige en défenseure du mouvement de la réconciliation avec son ''Avis pressant à la Convention'' (mars 1793) contre les agitateurs qui noyautent la Commune et menacent l’intégrité de la Convention (''Œuvres de la citoyenne de Gouges... à Philippe''). Lorsque survient le coup de force du 31 mai 1793, elle défend les députés proscrits et incarcérés (Testament politique) puis, dans une lettre courageuse, accuse la Convention soi-disant épurée d’avoir « perdu de sa splendeur » (9 juin 1793). Ces attaques frontales et sa nouvelle affiche ''Les Trois urnes ou le salut de la patrie'' dans laquelle elle appelle tous les Français à s’exprimer sur le gouvernement de leur choix, lui valent cette fois d’être arrêtée pour avoir contrevenu à la loi de mars 1793 sur les écrits « contre-révolutionnaires ». Après une détention douloureuse de trois mois et demi et divers écrits (''Olympe de Gouges au Tribunal révolutionnaire'' et ''Une patriote persécutée''), elle est déférée au Tribunal révolutionnaire qui la condamne à la peine de mort. Surprise de ne pouvoir bénéficier d’un avocat, il lui est rétorqué qu’elle a « suffisamment d’esprit » pour se défendre seule (dernière lettre à son fils). Le 3 novembre 1793, elle meurt en s’écriant : « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort ! ».<br/>
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Aujourd’hui traduite dans de nombreux pays, la ''Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne'' n’est pas le seul titre de gloire d’Olympe de Gouges. Son œuvre dramaturgique, ses campagnes d’affiches, ses pétitions et adresses aux assemblées parlementaires, ses interventions dans l’espace public sur tous les sujets épineux du moment révèlent un engagement humaniste et laïc qui frappe par sa modernité.
  
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Version du 26 mars 2021 à 08:35

Marie Gouze, dite Olympe de Gouges
Conjoint(s) Louis-Yves Aubry
Dénomination(s) Olympe de Gouges
Marie-Olympe de Gouges
Biographie
Date de naissance 7 mai 1748
Date de décès 3 novembre 1793
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice d' Olivier Blanc, 2020

Née le 7 mai 1748 à Montauban (Tarn-et-Garonne) officiellement d’un père maître boucher, Marie Gouze est en fait la fille adultérine du marquis Le Franc de Pompignan, auteur à succès, dont elle revendiquera le talent plutôt que les idées. Veuve avant 1772 de Louis-Yves Aubry, elle rencontre Jacques Biétrix de Rozières, directeur du Bureau des Fonds de la Marine et des colonies à Versailles avec lequel elle entretient une liaison de 1773 à 1792. Elle se fait une réputation de bel esprit dans les salons parisiens sous le pseudonyme d’Olympe de Gouges et compose des pièces de théâtre représentées sur les théâtres privés ou publics entre 1784 et 1793. Elle noue des relations de qualité avec plusieurs écrivains dont certains sont membres de la Loge [maçonnique] des Neuf Sœurs, tels que Louis Sébastien Mercier ou Michel de Cubières. Dès 1783, elle réclame l’abolition de la traite des Noirs dans une pièce de théâtre (Zamore et Mirza), publie des Réflexions sur les hommes noirs en 1788 et compose Le Marché des Noirs en 1790. Selon Jacques Pierre Brissot, son président, elle adhère en 1790 à la Société des amis des Noirs - l’abbé Grégoire lui rendra hommage pour cet engagement en 1808. Tour à tour, elle dénonce le recours aux lettres de cachet, l’emprisonnement pour dette (L’Homme généreux) et la prise de voile forcée des filles (Le Couvent ou les vœux forcés), revendique le droit au divorce (Nécessité du Divorce), milite pour l’affirmation de la dignité des femmes dans les préfaces à ses pièces, dans un roman philosophique paru en 1792 et dans sa célèbre Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne. Olympe de Gouges signe aussi un très grand nombre de pamphlets et d’affiches politiques dénonçant le despotisme, la corruption, et les injustices sociales. Elle se fait remarquer dès 1788 en proposant un impôt patriotique (Lettre au Peuple). Ce faisant, elle donne à la fois une visibilité et une respectabilité inédites à l’engagement politique au féminin, et c’est probablement ce qui est le plus transgressif et remarquable chez elle.
Elle se vante de n’appartenir à aucun parti, mais elle penche néanmoins, dès 1792, pour la modération : la « Plaine » et non la « Montagne ». Comme Vergniaud, Mercier, Condorcet ou Brissot, républicains de la première heure, elle est farouchement hostile à la violence, à l’idée de de museler l’opinion au prétexte des circonstances, notamment militaires. Sa hantise de la guerre civile lui fait prendre et afficher des positions courageuses en faveur des droits humains. Dans son Pacte national (juillet 1792), elle prône la réconciliation entre factions et, lorsqu’elle prétend en décembre se poser en défenseure du roi, elle juge Louis « coupable » mais déclare sa mort impolitique, demandant un sursis et l’appel au peuple. Ses critiques contre Robespierre et Marat la font connaître : elle leur reproche de pervertir « l’esprit de 1789 », de faire l’apologie honteuse des massacres de septembre et d’en appeler à « l’homme providentiel » (La Fierté de l’innocence et Réponse à la justification de Robespierre). Les Jacobins la dénoncent publiquement en octobre 1792. Les mois suivants, elle s’érige en défenseure du mouvement de la réconciliation avec son Avis pressant à la Convention (mars 1793) contre les agitateurs qui noyautent la Commune et menacent l’intégrité de la Convention (Œuvres de la citoyenne de Gouges... à Philippe). Lorsque survient le coup de force du 31 mai 1793, elle défend les députés proscrits et incarcérés (Testament politique) puis, dans une lettre courageuse, accuse la Convention soi-disant épurée d’avoir « perdu de sa splendeur » (9 juin 1793). Ces attaques frontales et sa nouvelle affiche Les Trois urnes ou le salut de la patrie dans laquelle elle appelle tous les Français à s’exprimer sur le gouvernement de leur choix, lui valent cette fois d’être arrêtée pour avoir contrevenu à la loi de mars 1793 sur les écrits « contre-révolutionnaires ». Après une détention douloureuse de trois mois et demi et divers écrits (Olympe de Gouges au Tribunal révolutionnaire et Une patriote persécutée), elle est déférée au Tribunal révolutionnaire qui la condamne à la peine de mort. Surprise de ne pouvoir bénéficier d’un avocat, il lui est rétorqué qu’elle a « suffisamment d’esprit » pour se défendre seule (dernière lettre à son fils). Le 3 novembre 1793, elle meurt en s’écriant : « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort ! ».
Aujourd’hui traduite dans de nombreux pays, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne n’est pas le seul titre de gloire d’Olympe de Gouges. Son œuvre dramaturgique, ses campagnes d’affiches, ses pétitions et adresses aux assemblées parlementaires, ses interventions dans l’espace public sur tous les sujets épineux du moment révèlent un engagement humaniste et laïc qui frappe par sa modernité.

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