Marie-Madeleine Pioche de La Vergne/Fortunée Briquet

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LAFAYETTE, (Marie-Magdeleine Pioche de Lavergne, Comtesse de) née en 1633, épousa, en 1655, François, comte de Lafayette. Ménage et le P. Rapin lui enseignèrent la langue latine. Après trois mois de leçons, elle concilia ses maîtres sur un passage difficile. On connaît quelques-unes de ses maximes, qui seraient dignes de Larochefoucault, son ami; celle-ci, par exemple: «Celui qui se met au-dessus des autres, quelqu'esprit qu'il ait, se met au-dessous de son esprit». Elle comparaît les mauvais traducteurs avec un valent sans esprit, qui, porteur d'un message intéressant, répète de travers ce que son maître l'a chargé de dire. Son hôtel était le rendez-vous des personnes les plus célèbres de son tems, entr'autres, Huet, Ménage, Lafontaine et Segrais. Ce dernier, en quittant la maison de Mademoiselle de Montpensier, trouva chez Madame Lafayette une retraite honorable. Cette illustre bienfaitrice des gens de lettres, mourut au mois de mai 1693.


On lui doit: Zaïde, histoire espagnole; Paris, Claude Barbin, 1670, 2 vol. in-12. On trouve à la tête de cette édition une lettre de Huet sur l'origine des romans. Cette production a été réimprimée plusieurs fois. Elle a fourni à Bret le sujet, le caractère et plusieurs scènes de sa comédie du Jaloux. L'Amour maître de langues, par Fuzelier, est également emprunté de Zaïde. -- La Princesse de Clèves, 2 vol. in-12. Cet ouvrage a eu plusieurs éditions. Boursault donna, en 1678, la Princesse de Clèves, tragédie aussi médiocre que le roman est agréable. On lit, dans le Siècle de Louis XIV: «La Princesse de Clèves et Zaïde furent les premiers romans où l'on vit les moeurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles, décrites avec grâce. Avant elle, on écrivait d'un style empoulé des choses peu vraisemblables». Voltaire a dit encore, dans son Temple du Goût: «Segrais voulut un jour entrer dans le sanctuaire en récitant ce vers de Despréaux,

Que Segrais dans l'Églogue en charme les forêts.

Mais la critique ayant lu, par malheur pour lui, quelques pages de son Enéïde en vers français, le renvoya assez durement, se laissa venir à sa place Madame Lafayette, qui avait mis sous le nom de Segrais le roman aimable de Zaïde et celui de la Princesse de Clèves». -- La Princesse de Montpensier, in-12. Cet ouvrage est digne des précédens. -- Histoire d'Henriette d'Angleterre, Amsterdam, 1720, 1 vol. in-12. On y voit les portraits des principaux personnages de la cour de Louis XIV. -- Mémoires de la Cour de France, pour les années 1688 et 1689, Amsterdam, 1731, 1 vol. in-12; réimprimés avec l'Histoire d'Henriette d'Angleterre, sous ce titre: OEuvres diverses de Madame Lafayette, Berne, 1779, 2vol. in-12. Les Mémoires de la Cour de France ne sont, pour ainsi dire, que des fragmens de ceux qu'elle composa. Ils s'égarèrent, par la facilité avec laquelle l'abbé Lafayette communiquait les manuscrits de son illustre mère. Ce qui reste de cette production est semé de portraits bien frappés et d'anecdotes curieuses. Ses OEuvres ont été rassemblées en 8vol. in-12; Paris, 1786. Les observations de Delandine, sur sa vie et ses ouvrages, sont à la tête de ce recueil. Le génie de l'invention et la délicatesse des pensées caractérisent les écrits de Madame Lafayette. Le style en est naturel, élégant et correct. Sa belle ame s'est peinte dans ses ouvrages; tout y respire la morale la plus mure et la vertu la plus aimable.

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