Marie-Jeanne-Angélique Levol

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Marie-Jeanne-Angélique Levol
Conjoint(s) Antoine Mongez
Biographie
Date de naissance 1775
Date de décès 1855
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice par Margaret Denton, 2003

Angélique Mongez, née Marie-Jeanne-Angélique Levol à Conflans-l'Archevêque, près de Paris, le 1er mai 1775, est la fille de Marcel-Sulpice Levol et de Marie-Louise Papillon. Elle est morte à Paris le 20 février 1855. En 1793, elle se marie avec Antoine Mongez (1747-1835), un archéologue et numismate qui deviendra directeur de la Monnaie en 1804. Leur fils, Irénée-Alexandre, naît en 1803 mais meurt en 1808. Antoine Mongez, ancien prêtre, soutient la Révolution. Il est l'ami et l'allié politique du peintre Jacques-Louis David et de Jean-Paul Marat. Pendant les années 1790, Angélique Mongez est l'élève de Jean-Baptiste Regnault, puis de David, reconnus comme les chefs de l'école française. Angélique expose au Salon pour la première fois en 1802, et cela jusqu'en 1827. Au Salon de 1804, elle reçoit l'unique médaille d'or de première classe, ainsi qu'une autre en 1827.

Angélique Mongez est la première femme à exposer un tableau d'Histoire de grandes dimensions au Salon. Dans la hiérarchie des genres, la peinture d'Histoire est la plus importante, car capable d'instruire et d'élever l'esprit à travers des représentations d'actions humaines. L'étude du nu, en théorie inaccessible aux femmes, est la base même des tableaux d'histoire, qui de fait sont réservés aux hommes. Angélique Mongez tire profit de l'instruction de David, en particulier, et de l'ouverture des Salons pendant la Révolution. Astyanax arraché à sa mère, tableau qu'elle expose au Salon de 1802, provoque beaucoup de débats parmi les critiques. Le Journal des Arts affirme que le tableau fait partie des plus belles oeuvres de l'école moderne. Néanmoins, d'autres critiques en attribuent les parties les plus belles à David. Ainsi, dans le Journal des débats, Jean-Baptiste Boutard écrit-il: «On est assés d'accord que ce tableau est, dans plus d'une partie, oeuvre de main de maître». Au Salon suivant (1804), elle expose un autre très grand tableau d'Histoire, Alexandre pleurant la mort de la femme de Darius, pour lequel elle reçoit la médaille d'or. À nouveau, certains critiques pensent que l'oeuvre mérite des éloges, alors que d'autres rejettent de plus en plus l'idée même qu'une femme puisse être peintre d'Histoire. Thésée et Pirithoüs, tableau de grandes dimensions exposé au Salon de 1806, est acheté par le prince Youssoupoff, grand collectionneur russe de tableaux français dit «néo-classiques». Cette fois, le tableau est critiqué parce que l'artiste y représente les personnages de Thésée et de Pirithoüs nus. «Femme» et «peinture d'Histoire» sont perçues comme incompatibles, parce que la pudeur des femmes est compromise. Plusieurs pensent que Mme Mongez devrait s'arrêter de peindre des tableaux d'Histoire et se consacrer exclusivement à des sujets plus convenables à son sexe. Elle refuse. Angélique Mongez continue jusqu'en 1827 d'exposer des tableaux d'histoire aux Salons, et continuera d'en peindre jusqu'à la fin de sa vie -notamment Le Christ en croix (1854) commandé pour l'église de Saint-Pierre à Charenton et exécuté un an avant sa mort.

Mentionnée en passant dans des textes publiés à la fin du dix-neuvième et au cours du vingtième siècle comme élève de David, Angélique Mongez a droit à beaucoup plus d'égards depuis la fin des années 1990. Elle figure dans plusieurs articles et livres se penchant sur l'activité des femmes peintres en France après la Révolution. En particulier, plusieurs auteurs ont examiné les conditions qui ont permis à Angélique Mongez de devenir peintre d'Histoire en dépit des conservatismes de son époque.

(traduction de l'auteure)

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