Marie-Anne Nonancourt

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Marie-Anne Nonancourt
Dénomination(s) Mme Du Bouchet
Mme Fontaine
«Mlle Le Prévost»
Biographie
Date de naissance 1741
Date de décès 1819
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Jean-Philippe Van Aelbrouck, 2004.

Née en 1741 (probablement en France), morte à la Nouvelle-Orléans en 1819, Mlle Nonancourt est seconde soubrette à Bruxelles dès 1757. Maîtresse du directeur Gourville, elle a de lui des jumeaux nés en 1758 et un troisième fils né en 1760. La «féconde Nonancour à laquelle il paroit que le Sieur Gourville ne tient plus que maritalement», écrit Chevrier en avril 1762, est bientôt éclipsée de la scène au profit de Françoise Charrin, dite Mlle Lucile. Dans une lettre au comte Durazzo, datée du 16 avril 1763, Favart écrit: «La demoiselle Nonancourt, que je voulois envoyer à Vienne, est retenue pour la Comédie Italienne». Elle est cependant toujours à Bruxelles fin 1763 où, le 14 octobre, à l'âge de 22 ans, elle signe un contrat de mariage par-devant notaire, avec le chevalier Joseph Du Bouchet de Préville, âgé de 23 ans, qu'elle épouse le 17 octobre.

Elle débute ensuite à la Comédie-Italienne le 24 mai 1766, mais n'y joue qu'une seule fois et se rend à Gand l'année suivante, où elle joue les soubrettes et les duègnes sous le nom de Mme Du Bouchet. Elle joue ensuite à Vienne en 1768 et à Copenhague en 1771. Elle est à Paris en 1773, d'où elle écrit, le 14 août, au directeur du Théâtre de la Monnaie Louis Compain: «Mon cher Compain, j'ai appris de votre ancien camarade M. Belville que vous refondiez presque toute votre troupe pour l'année prochaine. MM. Broquin [et] Chevalier s'en vont, et Mmes Verteuil, Drouin, etc. Si je puis vous être utile pour remplacer cette dernière et partager avec Mme Gontier, qui reste, vous pouvez disposer de moi. Je m'amuse beaucoup ici parce que je suis fort liée avec les comédiens françois et italiens, j'ai mes entrées aux deux spectacles. J'ai su le tour que Mme de Foix [Suzanne Artus, épouse Defoye] vous a joué, Julien voudrait faire ici le même vide, mais d'une manière plus décente, pour aller dans le même lieu, où on lui offre 24 000 livres pour lui et sa femme, que vous avez fort bien connue sous le nom de la petite Ribou; de même que Mme Billioni sous celui de la petite Placide, et qui fait actuellement le plus grand plaisir dans le rôle d'Acajou, ancien opéra comique avec accompagnement de vaudevilles. Les Italiens, qui sont furieusement tombés, avaient besoin de cette nouveauté pour leur faire faire un peu d'argent. Les Français ont entièrement pris le dessus grâce à leurs tragédies, et font de très bonnes parts. On donne aujourd'hui la sixième représentation de Régulus, tragédie de M. Dorat, et de la Feinte par amour, comédie du même: il a dit qu'il voulait tomber sous les deux espèces, mais il a réussi de même [...]. Je connais tous les comédiens sans place à Paris, il y en a beaucoup, et plusieurs ont beaucoup de talent; si je puis leur rendre service, et à vous aussi, en vous donnant des renseignements sur ceux dont vous aurez besoin, ne m'épargnez pas, ou dans telle autre chose que ce soit; je suis assez entendue et vous n'aurez jamais à vous plaindre des acquisitions que je vous ferai faire à aucun égard. Les Parisiens n'étant pas contents de M. Ponteuil, le bruit court, comme certain, que l'on fera revenir à Pâques M. Larive pour le remplacer. On dit que ce sera M. Soligni, présentement à Lyon et que j'ai connu à Copenhague, qui remplacera Mr Fargès chez vous».

Mme «Dubouchet» quitte ensuite l'Europe en 1775 et arrive à Saint-Domingue, où elle épouse, sous le nom de scène de Mlle Le Prévost - peut-être afin de brouiller les pistes et pour qu'on la croie célibataire - l'acteur et directeur Jean-Baptiste Le Sueur, dit Fontaine. Ils se séparent peu après et Mlle Le Prévost quitte Saint-Domingue en 1785 pour retourner à Paris. Quelques années plus tard, on la retrouve à la Nouvelle-Orléans, sous son précédent nom de «Mme Bouchet». Elle y meurt le 5 septembre 1819.

Hormis quelques témoignages de contemporains, nous savons très peu de choses sur cette comédienne. La lettre manuscrite de Mlle Nonancourt, retrouvée à Bruxelles, aux Archives générales du Royaume (fonds des Manuscrits divers no 3846), est donc un témoignage précieux et l'un des rares documents, à ce jour, nous permettant de cerner sa personnalité ainsi que son intégration dans le milieu théâtral professionnel de son temps.

Choix bibliographique

- Chevrier, F.-A. L'Observateur des spectacles. La Haye, 1762, t.I-II, passim.
- Favart, C.-S. Mémoires et correspondance littéraires, dramatiques et anecdotiques. Paris, Collin, 1808, t.II, p.74 et 101.
- Fouchard, J. Le Théâtre à Saint-Domingue. Port-au-Prince, 1955, p.22-23, p.156.
- Le Gardeur Jr., R. J. The First New Orleans Theatre. New Orleans, Leeward, 1963.

Jugements

- «On vient de remettre [au Théâtre de la Monnaie] Cithére assiegée opera-comique dans lequel Mademoiselle Nonancour a joué & chanté à son ordinaire, c'est-à-dire superieurement mal; mais toute detestable que soit cette actrice, c'est un sujet utile au Directeur dont elle augmente tous les neuf mois la posterité du coté gauche» (Chevrier, L'Observateur..., voir supra, [janvier 1762], t.I, p.121-122).
- «Nonnancour, Veuve du Directeur, [joue] les secondes soubrettes. Le public continue à la détester, elle entretient modestement et avec tempérance un Chevalier François à qui elle vient de donner une de ses robes pour servir de doublure à un habit d'été» (Chevrier, L'Observateur..., voir supra, [juillet 1762], t.II, p.250).
- «On attend ici [à Paris] mademoiselle Nonancourt, dont on m'a beaucoup vanté le talent; cette actrice étoit de la troupe du sieur Gourville, directeur de la comédie de Bruxelles; M. Godard, qui la connoît, peut en rendre un sûr témoignage; si elle est telle que l'on m'assure, je mettrai tout en oeuvre pour vous la procurer» (Favart, Mémoires et correspondance littéraires..., voir supra, t.II, p.74, lettre au comte Durazzo du 29 février 1763).

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