Marie-Anne Collot : Différence entre versions

De SiefarWikiFr

[version vérifiée][version vérifiée]
(Jugements)
 
Ligne 93 : Ligne 93 :
 
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]
 
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]
 
[[en:Marie-Anne Collot]]
 
[[en:Marie-Anne Collot]]
 +
[[Catégorie:Sculpture]]

Version actuelle en date du 27 mai 2013 à 17:36

Marie-Anne Collot
Conjoint(s) Pierre-Etienne Falconet
Biographie
Date de naissance 1748
Date de décès 1821
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Mary Sheriff, 2005

Marie-Anne Collot est l'une des rares femmes à avoir pratiqué la sculpture de façon professionnelle avant 1800. Née à Paris en 1748, Collot aurait travaillé d'abord avec Jean-Baptiste Lemoyne, sculpteur célèbre et professeur réputé. Elle entre dans l'atelier d'Étienne-Maurice Falconet en 1763, à l'âge de quinze ans. Avant 1766, Collot a déjà réalisé six bustes, parmi lesquels ceux de l'acteur Préville, du ministre russe Galitzine et de Denis Diderot. En 1766, elle accompagne Falconet à Saint-Pétersbourg. De façon prévisible, le voyage et le travail de Collot avec son maître suscitent des commérages, mais en 1777 elle épouse son fils, Pierre-Étienne.

En Russie, Falconet aide son élève à gagner l'appui de Catherine II; pendant ce séjour de douze ans, Collot réalise des portraits en buste et en médaillon de l'Impératrice, mais aussi des portraits en médaillon du fils de Catherine, Paul Petrovitch et de sa première épouse, Natalia Alexéevna (1775), ainsi qu'un médaillon du comte Orloff commémorant sa bienfaisance pendant la peste de Moscou. En 1767, elle est la première femme élue à l'Académie d'art de Russie. Sa collaboration avec Falconet au monument de Pierre Ier reste son travail le plus en vue. Bien qu l'on considère généralement qu'elle n'a réalisé que la tête, Collot a été impliquée dans de nombreux aspects du monument, comme le suggèrent des lettres de Falconet à Catherine II. Elle modèle la tête d'après le masque du tsar fait par Rastrelli, idéalisant ses traits et accentuant l'intensité du regard et les plis du front. Ainsi, elle insuffle une détermination énergique qui contribue à l'effet d'ensemble. Pour réaliser cette tête, Collot suit un procédé qu'elle a utilisé pour d'autres portraits «rétrospectifs» commandés par Catherine, notamment les bustes d'Henri IV et de Sully. Décrivant la genèse de ces oeuvres, Falconet dit que Collot les a «rêvées». Mais, si elle les tire de son imagination, elle dépend aussi de masques envoyés de Paris. Si Collot rêve les images des dirigeants du passé, c'est d'après nature qu'elle exécute celle de son maître. Son buste représente Falconet sans perruque et vêtu de façon détendue. Le front haut, les yeux levés et les pupilles profondément creusées offrent la figure conventionnelle de l'artiste. Malgré ces traits conventionnels, Collot crée une expression vivante et subtile, qui semble être susceptible de changer: les sourcils sont légèrement levés et le sourire est sur le point de se déployer. Pendant ce séjour en Russie, Collot travaille aussi à des commandes privées. Dans le buste de Mary Cathcart, fille de l'ambassadeur britannique, elle représente l'idéal contemporain de féminité fragile et vulnérable par les traits parfaits et peu individualisés et par les yeux baissés. Pour la même famille, Collot exécute aussi, de mémoire, un médaillon posthume, en marbre et grandeur nature, de Jane Hamilton, lady Cathcart.

On connaît peu d'oeuvres de Collot après son retour à Paris en 1778. Parmi celles qui sont conservées ou documentées par les sources écrites, on trouve un buste de son mari, un autre du chevalier d'Éon, qu'elle avait connu en Russie, et un troisième de Charles-Godefroy de Villetaneuse.

En 1779, Collot rejoint son beau-père à La Haye, ayant quitté Paris à la suite de la conduite violente et irraisonnée de son mari, qui l'avait poussée à déposer une plainte officielle. Pendant son séjour en Hollande, elle réalise des bustes en marbre du Stadhouder Guillaume V et de son épouse, et un autre en bronze du médecin Camper (1781), qu'elle lui offre en remerciement d'avoir sauvé sa fille.

Nous ne savons pas exactement quand ni pour quelle raison Collot a cessé de produire, mais entre 1783 et 1791 elle soigne à Paris son beau-père, partiellement paralysé à la suite d'une attaque. Son mari et son beau-père meurent tous deux en 1791; Collot se retire alors en Lorraine, où elle ne travaille plus. Ses gains propres, ajoutés au legs considérable de Falconet, assurent sa sécurité financière. Elle marie sa fille Marie-Lucie au baron de Jankowitz, noble polonais installé en Lorraine.

C'est Marie-Lucie qui a maintenu en France le souvenir de l'art de Collot, en donnant ses oeuvres et ses papiers à l'État dans l'espoir que sa mère trouverait une place au sein du patrimoine national. Cependant, en dépit des efforts de sa fille, l'oeuvre de Collot est restée relativement inconnue. Dans le passé, les écrits sur Falconet lui ont accordé une place, mais les recherches suivies sur sa vie et son oeuvre commencent à peine, avec la publication en 2005 de la première monographie consacrée à Collot.

(traduction Sandrine Lely)

Oeuvres

- 1765 : Portrait présumé d'Étienne Noël Damilaville (1723-1768), commis des Vingtièmes et écrivain (terre-cuite, 40 cm., signé Marie Collot), Paris, Musée du Louvre (R.F. 1399) -- http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde.
- 1765 : Buste d'homme inconnu (signé Marie Collot), ancienne collection Léon Reinach, non localisé.
- 1765 : Autoportrait? (terre cuite; 46,5 cm, signé et daté), coll. part. -- Becker, Marie-Louise, «Marie-Anne Collot, l'art de la terre cuite au féminin», L'Objet d'art, no 325, juin 1998, fig. 2 p. 74.
- 1766 : Buste de l'acteur Préville dans le rôle de Sganarelle du Médecin malgré lui (terre-cuite; 50 cm), non localisé depuis 1928 -- Becker (voir supra), fig. 4 p.76.
- 1766 : Premier buste de Diderot (terre cuite), non localisé.
- 1766 : Buste du prince Galitzine ministre de Russie à Paris (terre cuite), non localisé. Il s'agit peut-être du buste d'homme (terre cuite; 38 cm), autrefois conservé dans la collection David-Weill, loc. inc. depuis 1975 -- Becker (voir supra), fig. 5 p. 76.
- 1766-1778, inauguré 1782 (en collaboration avec Étienne-Maurice Falconet) : Monument à Pierre Ier de Russie (bronze), Saint-Pétersbourg, Place du Sénat -- Etoeva (voir infra «choix bibliog.»), fig. 20, p. 76.
- 1767 : Buste d'Anastasia Sokolova, fille naturelle du général Betski (marbre), non localisé.
- 1767 : Buste de Catherine II, impératrice de Russie (marbre) (? liste Dellac, voir infra «choix bibliogr.»).
- 1767 : Buste du comte Grégoire Orlov, non localisé.
- vers 1767-73 : Buste d'Etienne-Maurice Falconet (marbre, 45 cm., signé et daté STEPH...FALCONET/ F bat PETROPOLI/ MARIA ANNA/COLLOT.ANNO/ 1773), Saint-Petersbourg, L'Ermitage (N.sk. 6) -- http://www.hermitagemuseum.org.
- 1768: Portrait du sculpteur Etienne-Maurice Falconet (plâtre, 65 cm.), Nancy, Musée des Beaux-Arts -- Etoeva (voir infra «choix bibliog.»), fig. 21.
- 1768 : Médaillons de Catherine II, Impératrice de Russie (marbre, bronze), Saint-Pétersbourg, Musée de l'Hermitage; Arkhangelskur, collection Miatlev -- pour commémorer la victoire remportée sur les Turcs à Khstine.
- 1768 : Portrait de Mary Cathcart, fille du baron Charles Cathcart (1721-1776) ambassadeur de Grande Bretagne à Saint-Petersbourg de 1768 à 1771 (plâtre, teinté orange, 47 cm., signé et daté), Paris, Musée du Louvre (R.F. 2557) -- http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde.
- vers 1768 : Buste d'Henri IV (marbre exécuté d'après un portrait de Pourbus, 55 cm.), Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage (N.sk. 4) -- http://www.hermitagemuseum.org.
- vers 1768 : Buste de Sully (marbre exécuté d'après un portrait de Pourbus, 49 cm.), Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage -- http://www.hermitagemuseum.org.
- 1769 : Portrait de Catherine II (marbre, 61 cm., signé et daté Maria Anna Collot f bat anno 1769), Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage (N.sk. 1391) -- Etoeva (voir infra «choix bibliog.»), fig. p.201.
- 1769 : Portrait de Catherine II en bas relief (marbre, 57 cm.), Saint-Pétersbourg, Musée du Palais Gatchina -- Etoeva (voir infra «choix bibliog.»), p.200.
- 1769 : Portrait d'une petite fille russe (marbre; signé et daté), Tsarskoié Selo -- Becker (voir supra), fig. 8 p. 78.
- les années 1770 : Modèle de la tête de la statue de Pierre le Grand (plâtre; 93 cm), Saint-Pétersbourg, Musée Russe -- Becker (voir supra), fig. 12 p. 80.
- les années 1770 : Buste de Voltaire (marbre, 49 cm.), Saint-Pétersbourg, L'Ermitage -- acheté par Catherine II.
- 1772 : Médaillon du comte Grégoire Orlov (marbre) -- exécuté pour commémorer la peste de Moscou (? liste Dellac, voir infra «choix bibliogr.»).
- 1772 : Buste de femme (plâtre), collection du prince Vladimir Nikolaïevitch Orlov.
- 1772 : Buste de Denis Diderot (marbre, 57 cm.), Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage -- http://www.hermitagemuseum.org.
- 1772 : Portrait de Mary Cathcart, fille du baron Charles Cathcart (1721-1776) ambassadeur de Grande Bretagne à Saint-Petersbourg de 1768 à 1771 (marbre, 60,5 cm., signé et daté «par Maria Anna Collot 1772»), Saint-Pétersbourg, Musée de l'Érmitage (N.sk. 1372) -- Etoeva (voir infra «choix bibliog.»), p.202.
- 1774 : Buste de Catherine II, impératrice de Russie (? liste Dellac, voir infra «choix bibliogr.»).
- 1775 : Bustes du grand-duc Paul Petrovitch et de sa femme Natalia Alexéïvna (marbre, signés M.-A. Collot), non localisés.
- 1776 : Petit modèle de la statue de Pierre le Grand, non localisé.
- 1779 : Buste de Godefroy de Villetaneuse, non localisé.
- 1780 : Buste du Chevalier d'Eon, non localisé -- Becker (voir supra), fig. 13 p. 81.
- 1781 : Buste du Dr Camper, qui avait vacciné sa fille à La Haye (bronze, signé et daté Maria Anna Falconet nata Collot fecit anno MDCCLXXXI), Musée de Groningue. Le plâtre original est conservé au Musée des Beaux-Arts de Nancy.
- 1782 : Bustes du stadhouder Guillaume V et de Frédérique-Sophie-Wilhelmine de Prusse, sa femme (marbre, signé et daté M.A. Falconet née Collot, 1782-1), Musée de La Haye (? liste Dellac, voir infra «choix bibliogr.»).
- s.d. : Tête d'homme, parfois identifié avec Pierre Ier de Russie (terre cuite, 39 cm.), Paris, Musée du Louvre (R.F. 1319) -- http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde. - s.d. : Autoportrait (marbre), Nancy, Musée -- serait, d'après le comte de Warren, le portrait de Catherine II jeune.
- s.d. : Buste de Charles-Godefroy de Villetaneuse.
- s.d. : Buste de Pierre-Etienne Falconet, mari de Marie-Anne Collot (plâtre; 63 cm), Nancy, Musée des Beaux-Arts -- Becker (voir supra), fig. 14 p. 81.
- s.d. : Médaillons du grand-duc Paul et de la grande-duchesse Natalia Alexeïvna (marbre, signés M.-A. Collot), non localisés.
- s.d. : Médaillon de Jane Hamilton, Lady Cathcart, non localisé.
- s.d. : Tête de jeune homme.
- s.d. : Tête de jeune fille (marbre), Nancy, Musée des Beaux-Arts.

Choix bibliographique

- Dellac, Christine, Marie-Anne Collot. Une sculptrice française à la cour de Catherine II 1748-1821, L'Harmattan, 2005.
- Etoeva, Irina G., "'Brilliant Proof of the Creative Abilities of Women': Marie-Anne Collot in Russia", in An Imperial Collection. Women Artists from the State Hermitage Museum (cat. d'expo), National Museum of Women in the Arts et Frye Art Museum, Seattle, 2003, p.76-85; cat. p.198-211.
- La France et la Russie au Siècle des Lumières: Relations culturelles et artistiques, Paris, 1986.
- Reau, Louis, «Une femme sculpteur française au XVIIIe siècle, Marie-Anne Collot», Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, 1924, p.219-29.
- Schenker, Alexander, The Bronze Horseman. Falconet's Monument to Peter the Great, New Haven, Yale University Press, 2004.

Choix iconographique

- Falconet, Pierre-Étienne, Portrait de Marie-Anne Collot (crayon sur parchemin, 18,8 x 14 cm.), 1773, Saint-Pétersbourg, Musée Russe -- Etoeva (voir supra, «choix bibliogr.»), p.198.

- Falconet, Pierre-Étienne, Portrait de Marie-Anne Collot (huile sur toile; ovale, 71 x 59 cm), 1773, Nancy, Musée des Beaux-Arts -- Becker (voir supra «oeuvres»), fig.1 p.73.

Jugements

- «J'oubliois parmi les bons portraits de moi le buste de Mlle Collot, surtout le dernier qui appartient à Mr Grimm mon ami. Il est bien, il est très bien; il a pris chez lui la place d'un autre que son maître M. Falconnet avoit fait, et qui n'étoit pas bien. Lorsque Falconnet eût vu le Buste de son élève il prit un marteau et cassa la sien devant elle. Cela est franc et courageux» (Denis Diderot, Salon de 1767; Salons. III 1767, Jean Seznec et Jean Adhémar (éd.), Oxford, 1963, p.68.)
- «Sans vouloir ici vanter son talent, Votre Majesté sait qu'il est singulier et qu'elle est la seule de son sexe qui se soit consacrée au pénible métier de travailler le marbre et de le travailler avec succès» (Falconet à Catherine II, le 26 avril 1771, in Correspondance de Falconet avec Catherine II, Louis Reau (éd.), Paris, Édouard Champion, 1921, p.146).
- «Votre Majesté Impériale sait qu'il est d'usage de conserver un petit modèle d'une statue équestre pour en faire de petits bronzes. Le modèle que j'avais fait pour commencer mon ouvrage a été brisé: il était d'ailleurs d'une trop grande proposition. Mlle Collot s'est occupée depuis longtemps à faire des études relatives à cet objet, qu'elle va commencer incessamment. J'aurais voulu faire moi-même ce modèle, si ma vue me permettait de modeler encore en petit; mais Mlle Collot qui connaît parfaitement mon ouvrage, qui en a suivi toutes les opérations, qui travaillera sous mes yeux, s'en acquittera, ou je serais fort trompé avec succès» (Falconet à Catherine II, le 4 octobre, 1776, Correspondance [voir supra], p.258).
- "Mademoiselle Collot acquired such great reputation by composing the head of the hero, that she was employed to make a bust of the empress in marble, and engaged by many of the nobility in works of like nature for them. The medallion of the late Lady Cathcart, for her monument in Scotland, is the work of her chisel. this female artist, during her stay in Russia, by her indefatigable industry, gained a competency of about fifty thousand rubles" (William Tooke, The Life of Catherine II, Empress of Russia, 3 vols., London, 1800, v.3, p.16).
- «Enfin le dernier ouvrage que j'ai vu dans l'atelier de Mlle Collot est le buste de Miss Cathcart fille de M. l'ambassadeur d'Angleterre. La tête d'une personne est une des plus jolies qu'on puisse imagine. [...] l'artiste a rendu avec toute l'exactitude et tout le talent la finesse des traits de son modèle» (Anonyme, Éloge de Mademoiselle Colot [v.1821?], BNF ms N.a.fr 24983, p.8).

Outils personnels
Autres langues