Marie-Anne-Françoise Mouchard de Chaban/Fortunée Briquet

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BEAUHARNAIS, (Fanny Mouchard, Dame) est née à Paris vers le milieu du 18e. siècle. Elle annonça de bonne heure un goût décidé pour la poésie. A dix ans, elle fit un poëme. Les religieuses du couvent où elle était le lui enlevèrent. Le feu dévora sa production; mais le talent lui resta. Quelques années après, elle se fit connaître par des vers agréables, ingénieux et faciles. La société patriotique bretonne, les académies de Lyon, des Arcades de Rome, et de Villefranche, s'empressèrent de l'admettre dans leur sein. En l'an 8, le Lycée de Toulouse la reçut au nombre de ses associées; l'Athénée de Lyon lui envoya, en l'an 9, un diplôme d'associée-littéraire. Elle a publié: OEuvres de madame la comtesse de Beauharnais, 1772, 2 vol. in-8; Amsterdam, 1776. Cette dernière édition a paru sous le titre de Mélange de poésies fugitives et de prose sans conséquence. On y trouve deux féeries en prose, dont l'une est intitulée: la Haine par amour; et l'autre, le Rosier parlant. Ces comédies sont fort agréables. -- A tous les penseurs, salut, 1773, in-8. Cette production est écrite avec toute la gaîté et toute la légèreté dont le sujet est susceptible. Elle y fait une critique fine et délicate de quelques travers des hommes, et de leur injustice envers les femmes. Cet ouvrage n'est pas le seul de sa composition où elle défende les personnes de son sexe. Cependant elle ne s'est point bornée à peindre les ridicules des hommes; ceux des femmes n'ont point échappé à son pinceau. -- Lettres de Stéphanie, roman historique, 1778, 3 vol. in-12. Ce roman offre une intrigue naturelle et toujours vraisemblable, des caractères bien soutenus et bien contrastés, un style plein de chaleur. -- L'Abailard supposé, ou le Sentiment à l'épreuve, Amsterdam, 1780, in-8; Paris, 1781, in 8.; Lyon, 1791, in-12. Un style vif, animé et rapide caractérise ce roman. -- L'Aveugle par amour, 1781, in-8. Cet ouvrage est précédé d'une épître en vers, à Madame la Fayette. Il est écrit avec pureté, élégance et même énergie. -- Volsidor et Zulménie, vrai conte de fées, d'une très-jeune personne. -- Les lettres de femmes, qui sont dans deux romans de Dorat, l'un intitulé: les Malheurs de l'inconstance; et l'autre, les Sacrifices de l'amour. -- Mélanges de poésies, ou les Amans d'autrefois, 1787, 3 vol. in-12. -- La Fausse Inconstance, ou le Triomphe de l'honnêteté, comédie en 5 actes, en prose, 1787, in-8., traduite en anglais par M.Robinson. Madame de Beauharnais ne se laissa point rebuter par le mauvais succès que cette pièce eut au théâtre; elle la fit imprimer, et l'approbation qu'elle obtint lui prouva que le bon goût n'avait eu qu'une fausse inconstance. Cette comédie rappelle celle de la Soeur, par Miss Lennox. La pièce de cette Anglaise n'eut qu'une représentation, et le succès n'en fut pas heureux. Elle retira son oeuvre, et la confia à l'art typographique. Les applaudissements du public lecteur la dédommagèrent du froid accueil d'une cohue spectatrice. -- L'Isle de la Félicité, ou Anaxis et Théone, poëme philosophique en trois chants, précédé d'une épître aux femmes, suivi de quelques poésies fugitives, Paris, Masson, an 9, in-8. Un épisode d'Hippolyte, comte de Duglas, roman de Madame d'Aunoy, a fourni le sujet de l'Isle de la Félicité. Ce poëme ajoute encore à la réputation de son auteur. -- A la mémoire de madame Duboccage, Paris, an 11, in-8. Cet ouvrage est une nouvelle preuve de la sensibilité de Madame de Beauharnais. On trouve de ses poésies dans un grand nombre de recueils périodiques. Plusieurs poëtes distingués l'ont célébrée dans leurs vers. Le distique placé sous son portrait est de Madame Toustain. Le voici:

Muses, grâces, vertus, en mélangeant vos traits,

A mes regards charmés vous peignez Beauharnais.

Georgelin, secrétaire de la société patriotique bretonne, a traduit ce distique de la manière suivante:

Ingenio, illecebris, ecce Minerva, Venus.

Le portrait de Madame de Beauharnais a été dessiné à Paris, en 1785, par Thornton, Anglo-Américain; gravé à Londres la même année par Bartolozzi, et gravé de nouveau, à Paris, en l'an 10, par Gaucher. Cette dernière gravure est celle qui se trouve à la tête du premier volume du nouvel Almanach des Muses.
La chronique attribue à Dorat et à Cubières-Palmézeau, les vers de Madame de Beauharnais:

Ces vers pleins de délicatesse,

Que les Grâces et les Amours
Lisent et relisent sans cesse.

Serait-il vrai de dire, avec Madame Saint-Chamond: «Les hommes accordent assez légèrement de l'esprit aux femmes qui leur plaisent; elles qui écrivent, sont jugées plus sévèrement; ils supposent toujours qu'un d'eux a dicté l'ouvrage?»

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