Marie-Anne-Catherine d'Amoressan de Pressigny : Différence entre versions

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(Notice de Thierry Ferrier, 2021)
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Issue d’une famille de la noblesse de robe, fille de Théméléon d'Amoressan de Pressigny, conseiller au parlement de Paris, et d'Élisabeth Alègre, Marie Anne Catherine épouse, en 1712, Jean Moreau, seigneur de Séchelles (1690-1760), maître des requêtes (1719), intendant du Hainaut (1727), intendant de Flandres (1743), contrôleur général des finances (1754 à 1756), ministre d'État (1755). Le couple donne naissance à deux filles qui font de beaux mariages : Marie-Hélène (1715-1798) épouse René Hérault, lieutenant général de police, et Marie Jeanne Catherine (?-1791) convole avec François Peyrenc, marquis de Moras.  
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Issue d’une famille de la noblesse de robe, fille de Théméléon d'Amoressan de Pressigny, conseiller au parlement de Paris, et d'Élisabeth Alègre, Marie Anne Catherine épouse, en 1712, Jean Moreau, seigneur de Séchelles (1690-1760), maître des requêtes (1719), intendant du Hainaut (1727), intendant de Flandres (1743), contrôleur général des finances (1754 à 1756), ministre d'État (1755). Le couple donne naissance à deux filles qui font de beaux mariages : Marie-Hélène (1715-1798) épouse René Hérault, lieutenant général de police, et Marie Jeanne Catherine (?-1791) convole avec François Peyrenc, marquis de Moras. <br/>
 
Madame de Séchelles passe sa vie entre Neuilly, Paris et Versailles où elle participe aux activités de la reine, Marie Leczinska (1703-1768) qui, selon le duc de Luynes, éprouve beaucoup de bonté pour elle.
 
Madame de Séchelles passe sa vie entre Neuilly, Paris et Versailles où elle participe aux activités de la reine, Marie Leczinska (1703-1768) qui, selon le duc de Luynes, éprouve beaucoup de bonté pour elle.
Elle entretient une riche correspondance (297 lettres recensées) avec Marc-Pierre de Voyer de Paulmy comte d'Argenson (1696-1764), lieutenant général de police, chancelier du duc d'Orléans (1723-1740), ministre d'État (1742), secrétaire d'État de la Guerre de Louis XV (1743-1757) avec qui elle noue une relation amicale et amoureuse d’une durée estimée de 25 ans. À ce jour, cette correspondance signée « Desechelle », datée du jour et du mois sans l’année, constitue la principale source d’informations sur une personnalité singulière et son entourage. La profonde affection qu’elle éprouve pour le comte, dont la réciprocité est inconnue par manque de sources, se traduit tantôt par des mots enflammés : « Je vous adore mon cher ami, je ne vis que pour toi et pour t’aimer », tantôt par une tendresse toute maternelle lorsqu’elle s’inquiète pour lui : « votre santé m’est chère mon bon ami» ou lorsqu’elle lui confectionne des éléments de parure, elle écrit : « Ce sont vos dentelles, j’espère que vous en serez content ».
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Elle entretient une riche correspondance (297 lettres recensées) avec Marc-Pierre de Voyer de Paulmy comte d'Argenson (1696-1764), lieutenant général de police, chancelier du duc d'Orléans (1723-1740), ministre d'État (1742), secrétaire d'État de la Guerre de Louis XV (1743-1757) avec qui elle noue une relation amicale et amoureuse d’une durée estimée de 25 ans. À ce jour, cette correspondance signée « Desechelle », datée du jour et du mois sans l’année, constitue la principale source d’informations sur une personnalité singulière et son entourage. La profonde affection qu’elle éprouve pour le comte, dont la réciprocité est inconnue par manque de sources, se traduit tantôt par des mots enflammés : « Je vous adore mon cher ami, je ne vis que pour toi et pour t’aimer », tantôt par une tendresse toute maternelle lorsqu’elle s’inquiète pour lui : « votre santé m’est chère mon bon ami» ou lorsqu’elle lui confectionne des éléments de parure, elle écrit : « Ce sont vos dentelles, j’espère que vous en serez content ».<br/>
L’épistolière n’hésite pas à décrire les évènements personnels et mondains qui rythment son quotidien ainsi que les missions dont elle se sent investie. De manière récurrente, elle y évoque sa santé ainsi que celle de sa mère et de ses filles.
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L’épistolière n’hésite pas à décrire les évènements personnels et mondains qui rythment son quotidien ainsi que les missions dont elle se sent investie. De manière récurrente, elle y évoque sa santé ainsi que celle de sa mère et de ses filles.<br/>
 
Fuyant la solitude, elle aime être entourée. Outre son cercle familial, il y a le cercle mondain constitué de celles et ceux qu'elle fréquente par amitié ou par nécessité sociale. Ainsi, elle mentionne souvent la maréchale de Maillebois, le duc de Crillon et Jean-François Hénault (1685-1770), président de la première chambre des enquêtes, surintendant de la maison de la reine, qu’elle considère comme « la boussole des sentiments des grands, s’il ne vient pas cela fera mauvais effet, les autres ne viendront pas non plus ». Elle décrit leurs occupations communes (bals, spectacles, promenades, dîners), les nouvelles qui sont échangées, les rumeurs qui circulent. Les relations sociales au sein de ce réseau sont des accélérateurs de carrière et permettent l’obtention de recommandations elles-mêmes suivies de l'envoi d’un billet ou d’une lettre. Maîtresse et amie d’un ministre qui côtoie le roi, elle est souvent sollicitée pour l'attribution de places, de grades, de décorations, de pensions, d’aides financières : « la marquise de Ximenes me prie de vous demander une compagnie de cavalerie pour son neveu ». Plus de 50 demandes ont été ainsi recensées dans l’ensemble des courriers étudiés.
 
Fuyant la solitude, elle aime être entourée. Outre son cercle familial, il y a le cercle mondain constitué de celles et ceux qu'elle fréquente par amitié ou par nécessité sociale. Ainsi, elle mentionne souvent la maréchale de Maillebois, le duc de Crillon et Jean-François Hénault (1685-1770), président de la première chambre des enquêtes, surintendant de la maison de la reine, qu’elle considère comme « la boussole des sentiments des grands, s’il ne vient pas cela fera mauvais effet, les autres ne viendront pas non plus ». Elle décrit leurs occupations communes (bals, spectacles, promenades, dîners), les nouvelles qui sont échangées, les rumeurs qui circulent. Les relations sociales au sein de ce réseau sont des accélérateurs de carrière et permettent l’obtention de recommandations elles-mêmes suivies de l'envoi d’un billet ou d’une lettre. Maîtresse et amie d’un ministre qui côtoie le roi, elle est souvent sollicitée pour l'attribution de places, de grades, de décorations, de pensions, d’aides financières : « la marquise de Ximenes me prie de vous demander une compagnie de cavalerie pour son neveu ». Plus de 50 demandes ont été ainsi recensées dans l’ensemble des courriers étudiés.
Par ailleurs, elle n’hésite pas à donner son avis au comte d’Argenson sur des événements majeurs d’ordre militaire et à lui rapporter des accidents, affaires, maladies, décès qui affectent les gens de cour. Elle se complaît à être les yeux et les oreilles de son amant afin d’orienter ses actions politiques et personnelles et le protéger de toutes sortes d’intrigues.
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Par ailleurs, elle n’hésite pas à donner son avis au comte d’Argenson sur des événements majeurs d’ordre militaire et à lui rapporter des accidents, affaires, maladies, décès qui affectent les gens de cour. Elle se complaît à être les yeux et les oreilles de son amant afin d’orienter ses actions politiques et personnelles et le protéger de toutes sortes d’intrigues.<br/>
Madame de Séchelles connaît bien le fonctionnement de la société de cour et les moyens d’en tirer parti et de s’en méfier. Elle sait que pour mieux tenir son rang, il faut se rendre indispensable aux gens de pouvoir. Elle apprécie ce rôle d’intermédiaire auprès du comte d’Argenson : en cherchant à satisfaire ceux qui s'adressent à elle, elle livre, en retour, à son ami des renseignements fort utiles. Ainsi, le « jeudy 12 décembre » (sans année), elle l’informe que « le maréchal a des conversations avec le duc d’Aquin ; le chevalier de Grille incite le roi à aller à la guerre ».
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Madame de Séchelles connaît bien le fonctionnement de la société de cour et les moyens d’en tirer parti et de s’en méfier. Elle sait que pour mieux tenir son rang, il faut se rendre indispensable aux gens de pouvoir. Elle apprécie ce rôle d’intermédiaire auprès du comte d’Argenson : en cherchant à satisfaire ceux qui s'adressent à elle, elle livre, en retour, à son ami des renseignements fort utiles. Ainsi, le « jeudy 12 décembre » (sans année), elle l’informe que « le maréchal a des conversations avec le duc d’Aquin ; le chevalier de Grille incite le roi à aller à la guerre ».<br/>
 
Malgré la bonne conservation de son abondante correspondance, Madame de Séchelles reste aujourd’hui peu connue contrairement au grand serviteur de l’État que fut son époux, ce mari complaisant et amical, qui partage avec elle une certaine idée du service du roi.
 
Malgré la bonne conservation de son abondante correspondance, Madame de Séchelles reste aujourd’hui peu connue contrairement au grand serviteur de l’État que fut son époux, ce mari complaisant et amical, qui partage avec elle une certaine idée du service du roi.
  

Version du 19 septembre 2021 à 13:27

Marie-Anne-Catherine d'Amoressan de Pressigny
Conjoint(s) Jean Moreau de Séchelles (1690-1760)
Dénomination(s) Madame de Séchelles
Biographie
Date de naissance 1690
Date de décès 1764
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Thierry Ferrier, 2021

Issue d’une famille de la noblesse de robe, fille de Théméléon d'Amoressan de Pressigny, conseiller au parlement de Paris, et d'Élisabeth Alègre, Marie Anne Catherine épouse, en 1712, Jean Moreau, seigneur de Séchelles (1690-1760), maître des requêtes (1719), intendant du Hainaut (1727), intendant de Flandres (1743), contrôleur général des finances (1754 à 1756), ministre d'État (1755). Le couple donne naissance à deux filles qui font de beaux mariages : Marie-Hélène (1715-1798) épouse René Hérault, lieutenant général de police, et Marie Jeanne Catherine (?-1791) convole avec François Peyrenc, marquis de Moras.
Madame de Séchelles passe sa vie entre Neuilly, Paris et Versailles où elle participe aux activités de la reine, Marie Leczinska (1703-1768) qui, selon le duc de Luynes, éprouve beaucoup de bonté pour elle. Elle entretient une riche correspondance (297 lettres recensées) avec Marc-Pierre de Voyer de Paulmy comte d'Argenson (1696-1764), lieutenant général de police, chancelier du duc d'Orléans (1723-1740), ministre d'État (1742), secrétaire d'État de la Guerre de Louis XV (1743-1757) avec qui elle noue une relation amicale et amoureuse d’une durée estimée de 25 ans. À ce jour, cette correspondance signée « Desechelle », datée du jour et du mois sans l’année, constitue la principale source d’informations sur une personnalité singulière et son entourage. La profonde affection qu’elle éprouve pour le comte, dont la réciprocité est inconnue par manque de sources, se traduit tantôt par des mots enflammés : « Je vous adore mon cher ami, je ne vis que pour toi et pour t’aimer », tantôt par une tendresse toute maternelle lorsqu’elle s’inquiète pour lui : « votre santé m’est chère mon bon ami» ou lorsqu’elle lui confectionne des éléments de parure, elle écrit : « Ce sont vos dentelles, j’espère que vous en serez content ».
L’épistolière n’hésite pas à décrire les évènements personnels et mondains qui rythment son quotidien ainsi que les missions dont elle se sent investie. De manière récurrente, elle y évoque sa santé ainsi que celle de sa mère et de ses filles.
Fuyant la solitude, elle aime être entourée. Outre son cercle familial, il y a le cercle mondain constitué de celles et ceux qu'elle fréquente par amitié ou par nécessité sociale. Ainsi, elle mentionne souvent la maréchale de Maillebois, le duc de Crillon et Jean-François Hénault (1685-1770), président de la première chambre des enquêtes, surintendant de la maison de la reine, qu’elle considère comme « la boussole des sentiments des grands, s’il ne vient pas cela fera mauvais effet, les autres ne viendront pas non plus ». Elle décrit leurs occupations communes (bals, spectacles, promenades, dîners), les nouvelles qui sont échangées, les rumeurs qui circulent. Les relations sociales au sein de ce réseau sont des accélérateurs de carrière et permettent l’obtention de recommandations elles-mêmes suivies de l'envoi d’un billet ou d’une lettre. Maîtresse et amie d’un ministre qui côtoie le roi, elle est souvent sollicitée pour l'attribution de places, de grades, de décorations, de pensions, d’aides financières : « la marquise de Ximenes me prie de vous demander une compagnie de cavalerie pour son neveu ». Plus de 50 demandes ont été ainsi recensées dans l’ensemble des courriers étudiés. Par ailleurs, elle n’hésite pas à donner son avis au comte d’Argenson sur des événements majeurs d’ordre militaire et à lui rapporter des accidents, affaires, maladies, décès qui affectent les gens de cour. Elle se complaît à être les yeux et les oreilles de son amant afin d’orienter ses actions politiques et personnelles et le protéger de toutes sortes d’intrigues.
Madame de Séchelles connaît bien le fonctionnement de la société de cour et les moyens d’en tirer parti et de s’en méfier. Elle sait que pour mieux tenir son rang, il faut se rendre indispensable aux gens de pouvoir. Elle apprécie ce rôle d’intermédiaire auprès du comte d’Argenson : en cherchant à satisfaire ceux qui s'adressent à elle, elle livre, en retour, à son ami des renseignements fort utiles. Ainsi, le « jeudy 12 décembre » (sans année), elle l’informe que « le maréchal a des conversations avec le duc d’Aquin ; le chevalier de Grille incite le roi à aller à la guerre ».
Malgré la bonne conservation de son abondante correspondance, Madame de Séchelles reste aujourd’hui peu connue contrairement au grand serviteur de l’État que fut son époux, ce mari complaisant et amical, qui partage avec elle une certaine idée du service du roi.

Oeuvres

  • Bibliothèques universitaires de Poitiers (France) : Archives d’Argenson, carton P 88 : soit 297 lettres manuscrites que Madame de Séchelles a adressées à son ami, le comte d’Argenson, lettres non datées mais sans doute écrites entre 1736 et 1751 selon l’estimation que permettent des mentions à divers événements et aux fonctions différentes du destinataire.

Principales sources

  • Bibliothèques universitaires de Poitiers (France) : Archives d’Argenson, carton P 88.
  • Fouchy, Jean-Paul Grandjean de, « Éloge de M. de Séchelles », Histoire de l'Académie royale des sciences. Année 1760, Paris, Imprimerie royale, 1765, p. 195-212.
  • Luynes, Charles-Philippe d’Albert de, Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV, publiés sous le patronage de M. le duc de Luynes par Louis Dussieux et Eudore Soulié, Paris, Firmin Didot, 1860-1865, 17 vol.

Choix bibliographique

  • Argenson, Françoise d’, Caron, Philippe, Proux, Claude et Nicole, Rochaud, Jeanne, Traineau-Durozoy, Anne-Sophie, « Le comte d'Argenson et les dames. La place des femmes dans les réseaux du secrétaire d’État de la guerre à travers les archives d'Argenson », Revue historique du Centre-Ouest, Société des antiquaires de l’Ouest, t. XVIII, 2019, p. 5-86.
  • Caron, Philippe, Traineau-Durozoy, Anne-Sophie, Pellegrin, Nicole, et autres, «  Des femmes à leur écritoire au XVIIIe siècle : les épouses d’Argenson », Revue historique du Centre-Ouest, 2016, t. XV, p. 7-87.
  • Combeau Yves, Le comte d'Argenson, 1696-1764 : Ministre de Louis XV, Paris, Ecole des Chartes, 1999.

Jugements

  • Le 7 octobre 1751, la Reine est allée voir « donner le voile blanc » à Mme de Rupelmonde au couvent des Carmélites de la rue de Grenelle : « Ce prodigieux nombre d’hommes et de femmes joint à plusieurs autres à qui la reine avoit permis de se trouver à son arrivée, comme […] Mme la duchesse de Gramont, belle-sœur de la novice, et Mme de Séchelles (Pressigny), pour qui la reine a beaucoup de bonté… » (Luynes, Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV, éd. L. Dussieux et E.Soulié, Paris, F. Didot, 1860-1865, Tome 11, p. 255)
  • Lettre non datée d’Anne-Josèphe Bonnier de la Mosson (1702-1782), duchesse de Chaulnes, maîtresse du Comte d'Argenson, où elle s'indigne de la négligence de son amant à l'égard de Madame de Séchelles : « Vous avés couché deux nuits à Neuilli sans venir voir un moment Mme deSéchelles ; il y a quatre mois qu’elle ne vous a aperçu […] il y a vingt-cinq ans qu elle vous adore […] elle vous a toute ∫avie tout sacrifié cést de votre aveû ceque vous aimés et avés aimé le mieux apres vous et la gloire » (Bibliothèques universitaires de Poitiers (France), archives d’Argenson, carton P 69 lettre 9).
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