Marie-André Regnard Duplessis

De SiefarWikiFr

Version du 13 février 2011 à 18:09 par Dufournaud (discuter | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)

Marie-André Regnard Duplessis
Dénomination(s) Mère Marie-André de Sainte-Hélène
Biographie
Date de naissance 1687
Date de décès 1760
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Julie Roy, 2005.

Fille de Georges Regnard Duplessis et de Marie Leroy, Marie-André naît à Paris le 28 mars 1687. En 1689, son père ayant été nommé commis au trésorier de la Nouvelle-France, ses parents s'embarquent pour le Canada et la laissent aux soins de sa grand-mère à Chevreuse. Revenue en France au printemps 1702, sa mère l'emmène au Canada à l'automne suivant. Après quelques années passées dans sa famille, Marie-André entre au noviciat de l'Hôtel-Dieu de Québec le 2 juillet 1707. Elle fait profession le 3 janvier 1709. La mère Jeanne-Françoise Juchereau de la Ferté de Saint-Ignace la choisit comme secrétaire pour son projet de rédaction d'une Histoire abrégée de l'établissement de l'Hôtel-Dieu de Québec. Marie-André de Sainte-Hélène reprend le manuscrit, dont elle achève la rédaction en 1721. Il sera publié en 1751 par le père Bertrand de la Tour, ancien supérieur de la communauté. En 1718, elle élabore un traité musical à l'usage des hospitalières, intitulé Musique spirituelle pour le soin de l'âme, premier ouvrage du genre à être composé en Nouvelle-France. Marie-André est également l'auteure des billets mortuaires de ses compagnes, de diverses notes historiques et de l'essentiel des relations destinées aux communautés religieuses françaises; elle a également compilé les sermons du Père Joseph de La Colombière en huit volumes. Ces écrits, restés manuscrits, sont conservés dans les archives de la communauté. Entre 1718 et 1721, Marie-André remplit la fonction de maîtresse des novices, avant de devenir dépositaire des pauvres de sa communauté. Elle est élue supérieure le 12 mars 1732, charge qu'elle occupe jusqu'à sa mort, en alternance avec celle d'assistante. À l'époque de son élection, les apothicairesses étant malades, elle prend le relais de l'administration de la pharmacie avec sa soeur Geneviève de l'Enfant-Jésus, entrée au monastère en 1713 et chargée du dépôt des pauvres. Marie-André et Geneviève engagent à cette occasion une correspondance avec l'apothicaire Jacques Féret de Dieppe, qui échange des médicaments et divers objets de piété contre des curiosités et des produits médicinaux du Canada. Marie-André envoie des descriptions détaillées de ces éléments et contribue ainsi à faire connaître la faune et la flore laurentiennes dans le monde savant européen. Dès 1718, elle correspond aussi régulièrement avec Marie-Catherine Homassel-Hecquet, une amie d'enfance résidant à Abbeville, en Picardie. À sa demande, elle lui envoie des descriptions des moeurs et usages des Amérindiens, dont cette dernière publie un extrait, en annexe de son Histoire de Mlle Le Blanc jeune fille sauvage retrouvée dans les bois de Champagne, parue à Paris en 1755. Marie-André correspond également avec son frère, le missionnaire jésuite François-Xavier Duplessis, né au Canada en 1692, mais installé en France dès 1716. Les dernières années de supériorat de la mère de Sainte-Hélène sont marquées par l'incendie de l'Hôtel-Dieu de Québec en 1755 et par la guerre de Sept Ans, événements qui touchent durement la colonie. Pendant la bataille des Plaines d'Abraham, en septembre 1759, les hospitalières se réfugient à l'Hôpital Général de Québec. À leur retour, quelques semaines plus tard, une grande partie des bâtiments récemment reconstruits est en ruine. C'est dans cette atmosphère difficile que s'éteint Marie-André, le 23 janvier 1760. Elle est la dernière religieuse née en France à devenir membre des communautés canadiennes sous le régime français.

En tant que supérieure de l'Hôtel-Dieu, la mère de Sainte-Hélène était une personne en vue dans la bonne société de Québec. Ses relations avec la France ont assuré la survie de l'hôpital et garanti l'autorité des hospitalières sur leur fondation. Ses contemporains vantent ses qualités de moniale et d'administratrice, mais plus particulièrement ses talents littéraires. Elle a cependant été négligée par les historiens jusqu'à la première moitié du XXe siècle, au cours de laquelle une partie de sa correspondance a été publiée et sa responsabilité dans la rédaction de l'Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec a été reconnue.

Oeuvres

- 1718: Musique spirituelle où l'on peut s'exercer sans voix à lusage des religieuses hospitalières de la Miséricorde de Jésus par une religieuse du même ordre et de Méditations, par Sr M.A.D.S.L.N [Marie-André Regnard Duplessis de Sainte-Hélène], Québec, Au monastère de l'Hôtel Dieu -- Éd. Erich Schwandt, «Musique spirituelle (1718): Canada's First Music Theory Manuel», inMusical Canada: Words and Music honouring Helmut Kallmann, John Beckwith et Frederick A. Hall (dir.), Toronto, University of Toronto Press, 1988, p.50-59. - 1721: Avec Catherine-Françoise Juchereau de la Ferté de St-Ignace, Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, Montauban, Jérôme Legier, 1751 -- Annales de l'Hôtel-Dieu de Québec, Dom Albert Jamet (éd.), Québec, Hôtel-Dieu de Québec, 1939.
- 1718-1759: Correspondance: «Lettres de Marie-Andrée [sic] Regnard Duplessis de Sainte-Hélène, supérieure de l'Hôtel-Dieu de Québec», in A.-Léo Leymarie (éd.), Nova Francia. Société d'histoire du Canada, Paris, 1926-1931 (Vol.II [1926-1927]: no2, p.67-68; no 3, p.33-37. Vol.III [1927-1928]: no1, p.29-56; no 2, p.91-100; no3, p.162-182; no4, p.220-237; no5, p. 279-300; no6, p.355-361. Vol.IV [1929]: no1, p.33-58; no2, p.110-123; no3, p.230-247; no5, p.283-292; no6, p.368-380. Vol.V [1930]: no2, p.93-96; no4, p.248-252; no5, p.311-313; no6, p.358-379. Vol.VI [1931]: no1, p. 41-56; no2, p.109-120).
- 1755: [Lettre sur les moeurs de la nation inuite], in Hecquet, Marie-Catherine. Histoire de Mlle Le Blanc jeune fille sauvage retrouvée dans les bois de Champagne, Paris, 1755, p.59-68.

Oeuvres manuscrites:
- 1718: Musique spirituelle où l'on peut s'exercer sans voix à lusage des religieuses hospitalières de la Miséricorde de Jésus par une religieuse du même ordre et de Méditations, par Sr M.A.D.S.L.N, 1718. Archives de l'Hôtel-Dieu de Québec, Québec.
- 1717-1758: Liste des pâles faites et distribuées à différentes églises par la R. mère Duplessis de Ste Hélène, prières les accompagnant et composées par elle-même, 1717-1758. Archives de l'Hôtel-Dieu de Québec, Québec.
- Notice sur le crucifix outragé, non daté. Archives de l'Hôtel-Dieu de Québec, Québec.
- Notice sur l'association pour la bonne mort, non daté. Archives de l'Hôtel-Dieu de Québec, Québec.
- Abrégé historique de l'image miraculeuse de Notre-Dame de toutes Grâces, honorée dans l'église des religieuses hospitalières de l'Hôtel-Dieu de Québec, non daté. Archives de l'Hôtel-Dieu de Québec, Québec.
- Notice sur la Sainte-Famille, non daté. Archives de l'Hôtel-Dieu de Québec, Québec.
- Sermons de Joseph de la Colombière, 8 volumes, non datés. Archives de l'Hôtel-Dieu de Québec, Québec.

Choix bibliographique

- Gies, Maria Loretto, Mère Duplessis de Sainte-Hélène: annaliste et épistolière, Thèse de doctorat, Université Laval, 1949.
- Melançon, François et Dubois, Paul-André, «Les amitiés féminines et la construction de l'espace savant du 18e siècle», in Brunet Manon (dir.), Érudition et passion dans les écritures intimes, Québec, Nota Bene, 1999, p.97-113.
- Rémillard, Juliette, «Mère Marie-André de Sainte-Hélène», Revue d'histoire de l'Amérique française, no 16, 1962-1963, p.388-408.
- Annales de l'Hôtel-Dieu de Québec, éd. Dom Albert Jamet, Québec, Hôtel-Dieu de Québec, 1939, p.XXXI et XLIV.

Liens électroniques

- Asselin, Jean-Pierre. «Marie-André Regnard Duplessis de Sainte-Hélène». Dictionnaire biographique du Canada en ligne/Canadian Dictionary of Canadian Biography on Line:[1]
- Extrait de l'Histoire d'une jeune fille sauvage de Mme Hecquet: «Fondemens des conjectures qui font juger que Mlle le Blanc étoit de la nation des Esquimaux, Sauvages habitant du terre de Labrador, dans le Nord du Canada » suivi de «Extrait de la lettre de Me. Duplessis de Sainte Helène, a Me. H...t, en date du 30 Octobre 1751, où il est parlé de la nation des Esquimaux». Site FeralChildren.com Isolated, confined, wolf and wild children: [2]
- Lettre de Marie-André Regnard Duplessis, religieuse de l'Hôtel-Dieu de Québec, à une amie. 17 octobre 1723. Site Nouvelle-France. Horizons nouveaux:[3]

Jugements

- «Vous avez prêté votre main et votre plume à l'illustre défunte pour peindre au naturel toutes celles qui l'avaient précédées. Je vous félicite de votre part à cet ouvrage. Il est instructif, consolant, curieux, édifiant, net et sans embarras, comme l'esprit des deux personnes qui l'ont médité et exécuté» (extrait d'une lettre du Père jésuite Gérard à la mère de Sainte-Hélène (s.d.) cité dans Joseph-Edmond Roy,Lettres du P. F.-X. Duplessis de la Compagnie de Jésus: accompagnées d'une notice biographique et d'annotations, Lévis [Québec], Mercier, 1892, Appendice, p. XVIII).
- «Notre Révérende Mère J. F. de St-Ignace, première supérieure canadienne, jugea qu'elle était capable de faire les annales de notre maison depuis sa fondation. Elle le lui proposa, et elle le fit par obéissance et avec tant de succès que cet ouvrage a été l'admiration de toutes les personnes de bon goût, qui ont convenues que sa facilité à composer et sa pénétration la rendaient capable d'écrire l'histoire de l'établissement du Canada. Elle a fait plusieurs petits cahiers de dévotion pour elle-même, qui nous servent à l'envie les unes et les autres pour nous entretenir dans la piété et nous exciter à l'amour de Dieu. Dans les plus grands embarras où la plongeait le rétablissement de notre maison on la trouvait toujours disposée à écouter et d'un facile accès pour toutes les personnes qui avaient affaire à elle. Les Anglais même qui la voyaient et ceux qui s'entretenaient avec elle s'entendaient en louanges sur son air religieux et sur sa prudence en ses discours [...] (extrait de la lettre mortuaire de la Mère Marie-André Regnard Duplessis de Sainte-Hélène rédigée par la mère Ursule Marie des Anges à l'intention des hospitalières de France, 1760. Citée dans Joseph-Edmond Roy, Lettres du P. F.-X. Duplessis de la Compagnie de Jésus: accompagnées d'une notice biographique et d'annotations, Lévis [Québec], Mercier, 1892, Appendice, p.XV-XVI).

Outils personnels