Marie-Amable Petiteau : Différence entre versions

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== Notice de [[Martine Bobin]], 2013 ==
Cette notice est en cours de rédaction.
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Marie-Amable Petiteau, née à Tours en 1736 dans une famille de robe, a vingt ans quand elle épouse Louis-Antoine Rousseau, écuyer, seigneur de La Ferandière, capitaine au régiment de Champagne. Ils ont une fille, Jeanne-Amable, qui épousera en 1779 Arnaud Hercule de Caumont. Installée en Poitou, dans le domaine des Touches (commune de Mignaloux), Marie-Amable de La Ferandière fréquente, dès 1760, le château des Ormes où le marquis de Voyer d’Argenson réunit ses amis. Elle y rencontre une noblesse toute imprégnée des idées des philosophes et notamment le président du Parlement de Paris, Charles-Jean-François Hénault (1685-1770), académicien, dramaturge et historien, qui a fréquenté le salon de Mme de Lambert et a pu encourager les penchants littéraires de Mme de la Ferandière.
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Partageant son temps entre le château des Touches, près de Poitiers, et cette capitale provinciale, elle gère ses biens, s’emploie à la lecture et à l’écriture et fréquente salons, lieux de promenade et salles de spectacles. Elle entretient une correspondance régulière avec Angélique de Médel (1742-1799), Henriette de Monbielle d’Hus, marquise de Ferrières (1748-1837) et un monsieur de Kérivalant (1750-1815), poète breton, fréquemment imprimé dans l’Almanach des Muses auquel elle adresse un poème. Ses amis la décrivent comme ayant «la plus jolie figure» et «une élégance parfaite» (Henriette de Ferrières). Angélique de Médel évoque cependant un changement de sa situation durant les années 1783 à 1786 et note les longues absences de son mari (que sanctionnent une séparation de biens en 1783 et le départ de son mari pour Ajaccio en novembre 1786) et les problèmes qu’elle doit alors surmonter: «elle n’a plus qu’un laquais», mais elle «sort tous les jours, s’occupe à lire». Le départ de certains de ses amis qui émigrent en 1791-1792 ne semble pas avoir modifié son style de vie.
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Mme de La Férandière possède un «cabinet d’antiquités» et une importante bibliothèque. Hasard des confiscations révolutionnaires ou des dons de la poétesse, un certain nombre d’ouvrages lui ayant appartenu sont devenus la propriété de la bibliothèque publique de Poitiers (désormais médiathèque François-Mitterrand). Sur les 161 documents (livres ou brochures) à ce jour repérés qui portent l’ex-libris de Mme de La Férandière (travail en cours de traitement), 80% sont des pièces de théâtre, pour la plupart des comédies (18% seulement de tragédies), ces pièces étant à 90% l’œuvre d’auteurs contemporains. On trouve aussi 7 ouvrages de poésies, 5 livres de fiction, 9 de philosophie et 5 autres de pièces musicales (ballet, opéra comique).
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Tous les textes imprimés de Mme de la Férandière sont des poésies. Le premier de ses poèmes, écrit pour sa fille âgée de dix ans, a été publié à son insu dans le Mercure. Félicitée par le directeur du périodique, elle lui envoie régulièrement des pièces poétiques de diverses natures et des fables qui paraissent dans ce journal mais aussi dans le Journal des Dames et dans l’Almanach des Muses. Elle tire son inspiration d’un goût éclectique pour les romans, les pièces de théâtre et le débat d’idées, «glanant» (selon son mot) de Virgile au Roman de la Rose, de Voltaire ou Marivaux à Addison, de La Fontaine à Florian. Servie par la finesse de son observation, elle sait donner sa peinture personnelle de sujets qui la touchent. Sa poésie, au style limpide et délicat malgré ses visées morales, se veut «moderne», distanciée et sensible. Elle y clame son amour et son admiration pour sa fille («Ma folie»); elle dénonce la situation des femmes («Le Mari inconséquent») et elle raille certains travers sociaux («Epître à un ami, habitant de la cour»). Si ses poésies ont contribué à son renom, ce sont ses fables –genre réputé masculin – qui ont particulièrement été remarquées. Elle est la seule femme de lettres contemporaine qui trouve ainsi grâce aux yeux de Charles de Ferrières, pourtant féru de littérature.
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A l’heure où Olympe de Gouges plaide haut et fort pour la participation des femmes à la res publica, Mme de la Férandière prend part à l’entrée massive des femmes dans le champ littéraire aux côtés d’épistolières, de romancières et de poétesses comme Fanny de Beauharnais, Adine Joliveau, Stéphanie de Genlis, etc. Demeurée dans tous les dictionnaires biographiques du premier XIXe siècle, elle a été récemment redécouverte par les spécialistes de la fable et des écrits féminins.
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Version du 29 janvier 2014 à 19:37

Marie-Amable Petiteau
Titre(s) Marquise de La Férandière
Conjoint(s) Louis-Antoine Rousseau de La Férandière
Dénomination(s) Madame de La Ferrandière
Biographie
Date de naissance 1736
Date de décès 1817
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice de Martine Bobin, 2013

Marie-Amable Petiteau, née à Tours en 1736 dans une famille de robe, a vingt ans quand elle épouse Louis-Antoine Rousseau, écuyer, seigneur de La Ferandière, capitaine au régiment de Champagne. Ils ont une fille, Jeanne-Amable, qui épousera en 1779 Arnaud Hercule de Caumont. Installée en Poitou, dans le domaine des Touches (commune de Mignaloux), Marie-Amable de La Ferandière fréquente, dès 1760, le château des Ormes où le marquis de Voyer d’Argenson réunit ses amis. Elle y rencontre une noblesse toute imprégnée des idées des philosophes et notamment le président du Parlement de Paris, Charles-Jean-François Hénault (1685-1770), académicien, dramaturge et historien, qui a fréquenté le salon de Mme de Lambert et a pu encourager les penchants littéraires de Mme de la Ferandière.

Partageant son temps entre le château des Touches, près de Poitiers, et cette capitale provinciale, elle gère ses biens, s’emploie à la lecture et à l’écriture et fréquente salons, lieux de promenade et salles de spectacles. Elle entretient une correspondance régulière avec Angélique de Médel (1742-1799), Henriette de Monbielle d’Hus, marquise de Ferrières (1748-1837) et un monsieur de Kérivalant (1750-1815), poète breton, fréquemment imprimé dans l’Almanach des Muses auquel elle adresse un poème. Ses amis la décrivent comme ayant «la plus jolie figure» et «une élégance parfaite» (Henriette de Ferrières). Angélique de Médel évoque cependant un changement de sa situation durant les années 1783 à 1786 et note les longues absences de son mari (que sanctionnent une séparation de biens en 1783 et le départ de son mari pour Ajaccio en novembre 1786) et les problèmes qu’elle doit alors surmonter: «elle n’a plus qu’un laquais», mais elle «sort tous les jours, s’occupe à lire». Le départ de certains de ses amis qui émigrent en 1791-1792 ne semble pas avoir modifié son style de vie.

Mme de La Férandière possède un «cabinet d’antiquités» et une importante bibliothèque. Hasard des confiscations révolutionnaires ou des dons de la poétesse, un certain nombre d’ouvrages lui ayant appartenu sont devenus la propriété de la bibliothèque publique de Poitiers (désormais médiathèque François-Mitterrand). Sur les 161 documents (livres ou brochures) à ce jour repérés qui portent l’ex-libris de Mme de La Férandière (travail en cours de traitement), 80% sont des pièces de théâtre, pour la plupart des comédies (18% seulement de tragédies), ces pièces étant à 90% l’œuvre d’auteurs contemporains. On trouve aussi 7 ouvrages de poésies, 5 livres de fiction, 9 de philosophie et 5 autres de pièces musicales (ballet, opéra comique).

Tous les textes imprimés de Mme de la Férandière sont des poésies. Le premier de ses poèmes, écrit pour sa fille âgée de dix ans, a été publié à son insu dans le Mercure. Félicitée par le directeur du périodique, elle lui envoie régulièrement des pièces poétiques de diverses natures et des fables qui paraissent dans ce journal mais aussi dans le Journal des Dames et dans l’Almanach des Muses. Elle tire son inspiration d’un goût éclectique pour les romans, les pièces de théâtre et le débat d’idées, «glanant» (selon son mot) de Virgile au Roman de la Rose, de Voltaire ou Marivaux à Addison, de La Fontaine à Florian. Servie par la finesse de son observation, elle sait donner sa peinture personnelle de sujets qui la touchent. Sa poésie, au style limpide et délicat malgré ses visées morales, se veut «moderne», distanciée et sensible. Elle y clame son amour et son admiration pour sa fille («Ma folie»); elle dénonce la situation des femmes («Le Mari inconséquent») et elle raille certains travers sociaux («Epître à un ami, habitant de la cour»). Si ses poésies ont contribué à son renom, ce sont ses fables –genre réputé masculin – qui ont particulièrement été remarquées. Elle est la seule femme de lettres contemporaine qui trouve ainsi grâce aux yeux de Charles de Ferrières, pourtant féru de littérature.

A l’heure où Olympe de Gouges plaide haut et fort pour la participation des femmes à la res publica, Mme de la Férandière prend part à l’entrée massive des femmes dans le champ littéraire aux côtés d’épistolières, de romancières et de poétesses comme Fanny de Beauharnais, Adine Joliveau, Stéphanie de Genlis, etc. Demeurée dans tous les dictionnaires biographiques du premier XIXe siècle, elle a été récemment redécouverte par les spécialistes de la fable et des écrits féminins.

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