Marguerite de Flandre (1350-1405) : Différence entre versions

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Marguerite de Flandre-Hainaut [Constantinople], comtesse de Frandre-Hainaut, est la fille de Baudouin IX. En 1212, elle épouse Bouchard d'Avesnes dont elle aura deux fils, puis en 1223 Guillaume II de Dampierre.
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Marguerite de Male, née en 1350 et décédée à Arras le 16 mars 1405, est la fille unique de Louis II comte de Flandre et de Marguerite de Brabant. Marguerite est promise à Philippe de Rouvre, duc de Bourgogne, comte de Bourgogne et d’Artois, qui meurt en 1361, et c’est à Marguerite de France, la grand-mère paternelle de Marguerite, que reviennent la Franche-Comté et l’Artois, tandis que le roi Jean le Bon s’empare du duché de Bourgogne. Marguerite devient l’héritière présomptive des comtés de Flandre, de Nevers et de Rethel, de la baronnie de Donzy, des seigneuries d’Anvers et de Malines, de l’Artois, de la Franche-Comté et de la seigneurie de Salins, ainsi que du duché de Brabant, au cas où sa tante Jeanne décéderait sans enfants. Elle fait l’objet de nombreuses convoitises matrimoniales, avant d’épouser Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, frère cadet du roi de France Charles V, le 19 juin 1369, à Gand. En vingt ans (de 1371 à 1391), ils ont dix enfants, dont sept (trois garçons et quatre filles) atteindront l’âge adulte. L’aîné, Jean Sans Peur, succédera à ses parents en Bourgogne, Flandre et Artois, Antoine aura le Brabant et Philippe, les comtés de Nevers et de Rethel. Louis de Male meurt le 30 janvier 1384; sa fille et son gendre lui succèdent. Ce n’est toutefois que le 14 janvier 1386 que Marguerite et Philippe peuvent faire leur Joyeuse Entrée à Gand, la dernière ville pacifiée après une longue rébellion en Flandre (1379-1385). La paix revenue, Philippe envisage d’accompagner le roi Charles VI en Angleterre (octobre 1386) et nomme lieutenants son épouse et son fils Jean. Marguerite est associée de multiples façons au gouvernement de son mari, elle est à l’écoute de ses volontés et de ses ordres dans les affaires de famille et d’État et elle lui sert d’intermédiaire auprès des sujets. Elle réside surtout en Bourgogne, tandis que le duc s’affaire au service du roi, en campagne ou à Paris, ou vaque à ses occupations en Artois et en Flandre. Ce n’est qu’à partir de 1397 que Marguerite s’installe en Artois. Après le décès de Philippe le Hardi (27 avril 1404) et l’avènement de Jean Sans Peur, Marguerite conserve le contrôle sur le gouvernement de la Flandre dont elle apprécie toute l’importance économique. Ainsi, quelque temps avant sa mort, elle prend des mesures pour pallier la destruction des digues par les inondations catastrophiques du 19 novembre 1404. Elle réussit aussi à assurer l’héritage brabançon à ses descendants (7 mai 1404). Marguerite choisit pour sépulture Notre-Dame de la Treille à Lille et la chapelle funéraire de ses parents, ultime preuve de son attachement à ses origines et à une ville que son mariage a permis de réintégrer dans le patrimoine de sa famille.
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Courageuse et intelligente, Marguerite était autoritaire et respectée aussi bien par les serviteurs de l’État que par ses sujets. Elle était également la dame capable d’un geste courtois, tel celui d’offrir un bijou ôté de son corsage au vainqueur d’une joute ou celui de s’agenouiller devant son époux pour implorer son pardon à l’intention de ses sujets flamands. Sa collection de livres témoigne de son intérêt pour la pédagogie et pour l’éducation religieuse, morale et civique de ses enfants. Outre ses livres précieux, les riches décorations intérieures et ameublements de ses nombreuses résidences, ses tapisseries, ses horloges, ses vêtements somptueux et ses bijoux témoignent de son penchant pour le confort luxueux. En politique, le duc utilisait ses relations privilégiées avec les villes de Flandre pour les faire céder aux pressions fiscales. Un exemple étonnant du rôle de la duchesse est la négociation qui eut lieu à Lille pour l’obtention d’une aide à la croisade que son fils Jean allait entreprendre (1394). Cet épisode, particulièrement révélateur des opportunités laissées à Marguerite d’exercer ses talents de diplomatie et de persuasion, permet aussi de se rendre compte des limites de son pouvoir et de la façon dont Philippe se servait de sa femme pour arriver à ses fins quand il s’agissait de négociations difficiles avec les Flamands. Marguerite, bien que longtemps éloignée de ses sujets par ses devoirs de représentation en Bourgogne, demeurait leur princesse naturelle, celle avec qui ils pouvaient négocier, peut-être même dans leur propre langue. Si les historiens de la Belgique du XIXe siècle avaient eu moins de préventions, Marguerite de Male aurait pu être leur ''conditrix patriae''.
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== Choix bibliographique ==
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- * Claeys, Agnès, «Margareta van Male, vorstin», dans ''Nationaal biografisch Woordenboek'', 3, Bruxelles, 1968, col.540-547.
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- de Hemptinne, Thérèse, «Marguerite de Male et les villes de Flandre. Une princesse naturelle aux prises avec le pouvoir des autres (1384-1405)», dans Alain Marchandisse''et al''. (dir.), ''Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Age et au cours de la première Renaissance'' (à paraître).
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- Quicke, Fritz, ''Les Pays-Bas à la veille de l’unification bourguignonne (1356-1384)'', Bruxelles, 1947.
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- Rey, Fabrice, «Piété, bibliophilie et désir d’ostentation: les ouvrages à caractère religieux dans les librairies de Marguerite de Flandre et de Marguerite de Bavière, duchesses de Bourgogne (1369-1424)», dans ''Lecture et lecteurs en Bourgogne du moyen-âge à l’époque contemporaine'', éd. V. Tabbagh, ''Annales de Bourgogne,'' t. 77/1-2, 2005, p.125-142.
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- Vaughan, Richard, ''Philip the Bold. The Formation of the Burgundian State'', Woodbridge, 2001.
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== Choix iconographique ==
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- fin XVe siècle : Anonyme, ''Portrait de Marguerite de Male'' (enluminure dans la «Chronike van den Lande van Vlaendre»), Douai, Bibliothèque Municipale, ms. 1110, fo148v -- Jocelyne Haufricht, «Les ducs de Bourgogne, comtes de Flandre, selon les enluminures de la ‘Chronike van den lande van Vlaendre’ (fin XVe siècle)», ''Publication du Centre Européen d’Etudes Bourguignonnes (XIVe-XVIe s.)'', no37, 1997, p.87-114, p.99, sans reproduction.
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- début XVIIe siècle : Antoine de Succa, ''Portrait de Marguerite de Male d’après son tombeau et celui de ses parents à Lille'' (achevé en 1455), aujourd’hui disparu (dessin à la plume dans les «Mémoriaux»), Bruxelles, Bibliothèque royale, ms.II 1862, fo54v et 55r -- Micheline Comblen-Sonkes et Christiane Van den Bergen-Pantens, ''Les mémoriaux d’Antoine de Succa'', Bruxelles, 1977, II, transcriptions et planches.
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Version actuelle en date du 5 juillet 2011 à 14:07

Marguerite de Flandre (1350-1405)
Titre(s) Comtesse de Flandre
Duchesse de Bourgogne
Conjoint(s) Philippe le Hardi, duc de Bourgogne
Dénomination(s) Marguerite de Male
Biographie
Date de naissance 1350
Date de décès 1405
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Thérèse de Hemptinne, 2008

Marguerite de Male, née en 1350 et décédée à Arras le 16 mars 1405, est la fille unique de Louis II comte de Flandre et de Marguerite de Brabant. Marguerite est promise à Philippe de Rouvre, duc de Bourgogne, comte de Bourgogne et d’Artois, qui meurt en 1361, et c’est à Marguerite de France, la grand-mère paternelle de Marguerite, que reviennent la Franche-Comté et l’Artois, tandis que le roi Jean le Bon s’empare du duché de Bourgogne. Marguerite devient l’héritière présomptive des comtés de Flandre, de Nevers et de Rethel, de la baronnie de Donzy, des seigneuries d’Anvers et de Malines, de l’Artois, de la Franche-Comté et de la seigneurie de Salins, ainsi que du duché de Brabant, au cas où sa tante Jeanne décéderait sans enfants. Elle fait l’objet de nombreuses convoitises matrimoniales, avant d’épouser Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, frère cadet du roi de France Charles V, le 19 juin 1369, à Gand. En vingt ans (de 1371 à 1391), ils ont dix enfants, dont sept (trois garçons et quatre filles) atteindront l’âge adulte. L’aîné, Jean Sans Peur, succédera à ses parents en Bourgogne, Flandre et Artois, Antoine aura le Brabant et Philippe, les comtés de Nevers et de Rethel. Louis de Male meurt le 30 janvier 1384; sa fille et son gendre lui succèdent. Ce n’est toutefois que le 14 janvier 1386 que Marguerite et Philippe peuvent faire leur Joyeuse Entrée à Gand, la dernière ville pacifiée après une longue rébellion en Flandre (1379-1385). La paix revenue, Philippe envisage d’accompagner le roi Charles VI en Angleterre (octobre 1386) et nomme lieutenants son épouse et son fils Jean. Marguerite est associée de multiples façons au gouvernement de son mari, elle est à l’écoute de ses volontés et de ses ordres dans les affaires de famille et d’État et elle lui sert d’intermédiaire auprès des sujets. Elle réside surtout en Bourgogne, tandis que le duc s’affaire au service du roi, en campagne ou à Paris, ou vaque à ses occupations en Artois et en Flandre. Ce n’est qu’à partir de 1397 que Marguerite s’installe en Artois. Après le décès de Philippe le Hardi (27 avril 1404) et l’avènement de Jean Sans Peur, Marguerite conserve le contrôle sur le gouvernement de la Flandre dont elle apprécie toute l’importance économique. Ainsi, quelque temps avant sa mort, elle prend des mesures pour pallier la destruction des digues par les inondations catastrophiques du 19 novembre 1404. Elle réussit aussi à assurer l’héritage brabançon à ses descendants (7 mai 1404). Marguerite choisit pour sépulture Notre-Dame de la Treille à Lille et la chapelle funéraire de ses parents, ultime preuve de son attachement à ses origines et à une ville que son mariage a permis de réintégrer dans le patrimoine de sa famille.

Courageuse et intelligente, Marguerite était autoritaire et respectée aussi bien par les serviteurs de l’État que par ses sujets. Elle était également la dame capable d’un geste courtois, tel celui d’offrir un bijou ôté de son corsage au vainqueur d’une joute ou celui de s’agenouiller devant son époux pour implorer son pardon à l’intention de ses sujets flamands. Sa collection de livres témoigne de son intérêt pour la pédagogie et pour l’éducation religieuse, morale et civique de ses enfants. Outre ses livres précieux, les riches décorations intérieures et ameublements de ses nombreuses résidences, ses tapisseries, ses horloges, ses vêtements somptueux et ses bijoux témoignent de son penchant pour le confort luxueux. En politique, le duc utilisait ses relations privilégiées avec les villes de Flandre pour les faire céder aux pressions fiscales. Un exemple étonnant du rôle de la duchesse est la négociation qui eut lieu à Lille pour l’obtention d’une aide à la croisade que son fils Jean allait entreprendre (1394). Cet épisode, particulièrement révélateur des opportunités laissées à Marguerite d’exercer ses talents de diplomatie et de persuasion, permet aussi de se rendre compte des limites de son pouvoir et de la façon dont Philippe se servait de sa femme pour arriver à ses fins quand il s’agissait de négociations difficiles avec les Flamands. Marguerite, bien que longtemps éloignée de ses sujets par ses devoirs de représentation en Bourgogne, demeurait leur princesse naturelle, celle avec qui ils pouvaient négocier, peut-être même dans leur propre langue. Si les historiens de la Belgique du XIXe siècle avaient eu moins de préventions, Marguerite de Male aurait pu être leur conditrix patriae.

Choix bibliographique

- * Claeys, Agnès, «Margareta van Male, vorstin», dans Nationaal biografisch Woordenboek, 3, Bruxelles, 1968, col.540-547.

- de Hemptinne, Thérèse, «Marguerite de Male et les villes de Flandre. Une princesse naturelle aux prises avec le pouvoir des autres (1384-1405)», dans Alain Marchandisseet al. (dir.), Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Age et au cours de la première Renaissance (à paraître).

- Quicke, Fritz, Les Pays-Bas à la veille de l’unification bourguignonne (1356-1384), Bruxelles, 1947.

- Rey, Fabrice, «Piété, bibliophilie et désir d’ostentation: les ouvrages à caractère religieux dans les librairies de Marguerite de Flandre et de Marguerite de Bavière, duchesses de Bourgogne (1369-1424)», dans Lecture et lecteurs en Bourgogne du moyen-âge à l’époque contemporaine, éd. V. Tabbagh, Annales de Bourgogne, t. 77/1-2, 2005, p.125-142.

- Vaughan, Richard, Philip the Bold. The Formation of the Burgundian State, Woodbridge, 2001.

Choix iconographique

- fin XVe siècle : Anonyme, Portrait de Marguerite de Male (enluminure dans la «Chronike van den Lande van Vlaendre»), Douai, Bibliothèque Municipale, ms. 1110, fo148v -- Jocelyne Haufricht, «Les ducs de Bourgogne, comtes de Flandre, selon les enluminures de la ‘Chronike van den lande van Vlaendre’ (fin XVe siècle)», Publication du Centre Européen d’Etudes Bourguignonnes (XIVe-XVIe s.), no37, 1997, p.87-114, p.99, sans reproduction.

- début XVIIe siècle : Antoine de Succa, Portrait de Marguerite de Male d’après son tombeau et celui de ses parents à Lille (achevé en 1455), aujourd’hui disparu (dessin à la plume dans les «Mémoriaux»), Bruxelles, Bibliothèque royale, ms.II 1862, fo54v et 55r -- Micheline Comblen-Sonkes et Christiane Van den Bergen-Pantens, Les mémoriaux d’Antoine de Succa, Bruxelles, 1977, II, transcriptions et planches.

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