Marguerite d'York : Différence entre versions

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Marguerite d’York naît le 3 mai 1446 au château de Fotheringhay. Son enfance est marquée par la guerre des Deux-Roses : son père Richard, 3e duc d’York, y est tué en décembre 1460 mais son frère reprend la main, devenant le roi Édouard IV en mars 1461. Son éducation est dirigée par sa mère, Cécile Neville, qui fait d’elle une princesse cultivée, parlant le français et, de façon plus malaisée, l’anglais. D’abord promise au connétable de Coimbra en 1465, elle fait l’objet de négociations avec la France et le Grand principat bourguignon en 1467-1468. La cour est déchirée entre le comte de Warwick, partisan de Louis XI, et Lord Scales, beau-frère du roi, favorable à un traité commercial avec le duc de Bourgogne Charles le Téméraire.<br/>
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Ces paramètres décident le roi : Marguerite d’York épouse Charles le Téméraire à Damme le 3 juillet 1468. Processions, joutes, tournois et banquets suivent à Bruges, célébrant dix jours durant la puissance du Grand principat bourguignon. <br/>
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Marguerite d’York satisfait dès lors aux fonctions de sa dignité ducale : elle commande des manuscrits, protège des clercs, visite les églises et les couvents, effectue des pèlerinages, reçoit des ambassades et veille sur Marie de Bourgogne, l’héritière du Grand Principat. Ses voyages entre Flandre, Brabant et Hainaut rendent visible le pouvoir ducal : ses « joyeuses entrées » réaffirment le lien entre le pouvoir ducal et les villes. Mais elle réside le plus souvent au Prinsenhof (Gand), au palais du Coudenberg (Bruxelles) et au château d’Hesdin.<br/>
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La succession des revers de fortune de Charles le Téméraire fait de Marguerite d’York une actrice politique majeure, bien qu’elle demeure sans enfants. Elle négocie ainsi avec les Quatre Membres des Flandres une aide exceptionnelle (septembre 1475), plaide la cause du duc aux États généraux (printemps 1476) et voyage en Hollande (automne 1476) pour raffermir le pouvoir ducal. Mais la mort du duc à Nancy le 5 janvier 1477 change la donne. Marguerite d’York aide Marie de Bourgogne, la nouvelle duchesse, à gérer une situation de crise : Louis XI envahit la Bourgogne et l’Artois, et les Flamands veulent régenter la duchesse. Marguerite d’York, jugée trop pressante, est chassée par les Gantois. Marie de Bourgogne conquiert néanmoins le pouvoir avec son époux Maximilien d’Autriche. Marguerite d’York l’assiste par une mission diplomatique en Angleterre en 1480. Elle s’occupe surtout de son douaire, dont les revenus lui permettent de tenir son rang de duchesse douairière.<br/>
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Le décès de Marie de Bourgogne le 27 mars 1482 la remet au centre du jeu politique. Associée à Maximilien d’Autriche, elle entre en conflit avec les États généraux de Flandre pour la tutelle du jeune comte de Flandre. L’affaire s’achève à son avantage en 1486. Outre l’éducation de Philippe le Beau, elle relève les fonctions curiales et religieuses dévolues à une duchesse de Bourgogne. Elle développe aussi une politique plus personnelle vis-à-vis de l’Angleterre : elle s’oppose en effet au nouveau roi, Henri VII Tudor en finançant tous les prétendants qui se présentent à elle. En retour, Henri VII la dénigre et se plaint du mauvais traitement qu’elle infligerait à l’épouse de Philippe le Beau, Jeanne de Castille. Car elle demeure bien jusqu’à sa mort, le 23 novembre 1503, une actrice importante de la cour, malgré son retrait dans un béguinage situé en face de son palais malinois. Elle est ainsi encore présente lors du baptême de Charles de Gand, le 9 mars 1500, dont elle est l’une des marraines.<br/>
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Marguerite d’York incarne dans le dernier quart du XVe siècle une forme de continuité dans l’exercice du pouvoir et la vie curiale du Grand principat bourguignon. Non sans difficultés, elle préserve le pouvoir ducal. Princesse de son temps, elle patronne les clercs réformateurs, les copistes, les enlumineurs et les imprimeurs, ainsi que les étudiants prometteurs (tel Érasme). Sa spiritualité exigeante est également typique de son temps, entre influence anglaise et rhéno-flamande. Elle est enfin une actrice politique attachée à une conception lignagère du pouvoir et qui maîtrise les pratiques du gouvernement. Cette situation est exploitée par Louis XI et Henri VII qui diffusent une légende noire la duchesse, faisant d’elle tantôt une femme adonnée à ses passions, tantôt une incarnation diabolique.<br/>
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Mais les études historiques ont montré depuis la fin du XXe siècle qu’à l’instar d’autres dames Marguerite d’York a eu un rôle politique, religieux et culturel de premier plan.
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Version du 25 mars 2021 à 13:28

Marguerite d'York
Titre(s) Duchesse de Bourgogne, duchesse douairière de Bourgogne
Conjoint(s) Charles de Valois-Bourgogne
Dénomination(s) Marguerite d’Angleterre, « Madame la Grande », la « duchesse diabolique »
Biographie
Date de naissance 3 mai 1446
Date de décès 23 novembre 1503
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Ghislain Tranié, 2020

Marguerite d’York naît le 3 mai 1446 au château de Fotheringhay. Son enfance est marquée par la guerre des Deux-Roses : son père Richard, 3e duc d’York, y est tué en décembre 1460 mais son frère reprend la main, devenant le roi Édouard IV en mars 1461. Son éducation est dirigée par sa mère, Cécile Neville, qui fait d’elle une princesse cultivée, parlant le français et, de façon plus malaisée, l’anglais. D’abord promise au connétable de Coimbra en 1465, elle fait l’objet de négociations avec la France et le Grand principat bourguignon en 1467-1468. La cour est déchirée entre le comte de Warwick, partisan de Louis XI, et Lord Scales, beau-frère du roi, favorable à un traité commercial avec le duc de Bourgogne Charles le Téméraire.
Ces paramètres décident le roi : Marguerite d’York épouse Charles le Téméraire à Damme le 3 juillet 1468. Processions, joutes, tournois et banquets suivent à Bruges, célébrant dix jours durant la puissance du Grand principat bourguignon.
Marguerite d’York satisfait dès lors aux fonctions de sa dignité ducale : elle commande des manuscrits, protège des clercs, visite les églises et les couvents, effectue des pèlerinages, reçoit des ambassades et veille sur Marie de Bourgogne, l’héritière du Grand Principat. Ses voyages entre Flandre, Brabant et Hainaut rendent visible le pouvoir ducal : ses « joyeuses entrées » réaffirment le lien entre le pouvoir ducal et les villes. Mais elle réside le plus souvent au Prinsenhof (Gand), au palais du Coudenberg (Bruxelles) et au château d’Hesdin.
La succession des revers de fortune de Charles le Téméraire fait de Marguerite d’York une actrice politique majeure, bien qu’elle demeure sans enfants. Elle négocie ainsi avec les Quatre Membres des Flandres une aide exceptionnelle (septembre 1475), plaide la cause du duc aux États généraux (printemps 1476) et voyage en Hollande (automne 1476) pour raffermir le pouvoir ducal. Mais la mort du duc à Nancy le 5 janvier 1477 change la donne. Marguerite d’York aide Marie de Bourgogne, la nouvelle duchesse, à gérer une situation de crise : Louis XI envahit la Bourgogne et l’Artois, et les Flamands veulent régenter la duchesse. Marguerite d’York, jugée trop pressante, est chassée par les Gantois. Marie de Bourgogne conquiert néanmoins le pouvoir avec son époux Maximilien d’Autriche. Marguerite d’York l’assiste par une mission diplomatique en Angleterre en 1480. Elle s’occupe surtout de son douaire, dont les revenus lui permettent de tenir son rang de duchesse douairière.
Le décès de Marie de Bourgogne le 27 mars 1482 la remet au centre du jeu politique. Associée à Maximilien d’Autriche, elle entre en conflit avec les États généraux de Flandre pour la tutelle du jeune comte de Flandre. L’affaire s’achève à son avantage en 1486. Outre l’éducation de Philippe le Beau, elle relève les fonctions curiales et religieuses dévolues à une duchesse de Bourgogne. Elle développe aussi une politique plus personnelle vis-à-vis de l’Angleterre : elle s’oppose en effet au nouveau roi, Henri VII Tudor en finançant tous les prétendants qui se présentent à elle. En retour, Henri VII la dénigre et se plaint du mauvais traitement qu’elle infligerait à l’épouse de Philippe le Beau, Jeanne de Castille. Car elle demeure bien jusqu’à sa mort, le 23 novembre 1503, une actrice importante de la cour, malgré son retrait dans un béguinage situé en face de son palais malinois. Elle est ainsi encore présente lors du baptême de Charles de Gand, le 9 mars 1500, dont elle est l’une des marraines.
Marguerite d’York incarne dans le dernier quart du XVe siècle une forme de continuité dans l’exercice du pouvoir et la vie curiale du Grand principat bourguignon. Non sans difficultés, elle préserve le pouvoir ducal. Princesse de son temps, elle patronne les clercs réformateurs, les copistes, les enlumineurs et les imprimeurs, ainsi que les étudiants prometteurs (tel Érasme). Sa spiritualité exigeante est également typique de son temps, entre influence anglaise et rhéno-flamande. Elle est enfin une actrice politique attachée à une conception lignagère du pouvoir et qui maîtrise les pratiques du gouvernement. Cette situation est exploitée par Louis XI et Henri VII qui diffusent une légende noire la duchesse, faisant d’elle tantôt une femme adonnée à ses passions, tantôt une incarnation diabolique.
Mais les études historiques ont montré depuis la fin du XXe siècle qu’à l’instar d’autres dames Marguerite d’York a eu un rôle politique, religieux et culturel de premier plan.

Cette notice est en cours de rédaction.

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