Marguerite Ménard

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Marguerite Ménard
Biographie
Date de naissance 1701
Date de décès 1777
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Christiane Escanecrabe et Nicole Pellegrin, 2009

Marguerite Ménard, baptisée le 1er avril 1701, dans la paroisse Saint-Georges de La Haye, en Touraine, est la fille de Claude Ménard, marchand, et d’Elisabeth Bellemont. Elle a pour parrain son frère Joseph, âgé de 18 ans. Son père a déjà six enfants d’un premier mariage et Marguerite est la troisième fille et la dernière enfant de son second mariage. Hors de ces renseignements que fournissent les registres paroissiaux, les traces documentaires sont rares, sans doute parce qu’elle est une «fille», née dans la roture et restée célibataire. Un testament notarié permet néanmoins de découvrir la demoiselle Marguerite Ménard. Elle le rédige le 26 décembre 1746, à l’âge de 45 ans, et pour cela elle s’est déplacée jusqu’à Dangé, en Poitou, en l’étude de Pierre Amblard, notaire royal et apostolique. Le notaire la déclare «demoiselle» (un signe de respectabilité), mais elle se dit «couturière». Son testament fait la preuve, et de ses gains, et de sa piété. En effet, elle y fait porter de coûteuses dispositions pour son enterrement: 400 livres pour dire 800 messes pour le repos de son âme, un luminaire abondant (cierges et torche de cire blanche) et des dons aux pauvres et à la fabrique. Les femmes font l’objet d’une attention particulière: elle donne 10 sols à chaque «pauvre fille» qui aidera à porter son corps à sa sépulture et elle offre en plus un jupon à la fille du maître d’école. Enfin, elle lègue à sa paroisse tous ses autres vêtements, jupons, robe, tablier, «coeffures» et mouchoirs en dentelle, en indiquant l’emploi qui doit être fait de chacun d’entre eux: des ornements liturgiques, un devant d’autel, une robe pour la statue de sainte Marguerite sa patronne, etc. Lors de l’acte, elle prend pour témoin Léonard Roche, curé de Dangé, et pour exécuteur testamentaire, Maurice Pelard, desservant de la paroisse de Chaumussé. Elle sait signer maladroitement, en écriture bâtons.

Marguerite Ménard a vécu encore plus de trente ans après la rédaction de son testament, car elle ne meurt que le 8 avril 1777 à Buxeuil, à l’âge de 78 ans. Après l’office dans cette paroisse, son corps est transporté au cimetière de Saint-Georges de La Haye où elle est enterrée en présence de ses neveux et nièces: Joseph Ménard, maître chirurgien, Claude Ménard, vicaire de Coussay les Bois (encore un prêtre), et une autre demoiselle Ménard. Cette «demoiselle» qui se déplace, comme sa famille, d’une rive à l’autre de la Creuse et de la Touraine au Poitou, a donc vécu et bien vécu de son travail, celui d’une couturière à façon. Les vêtements qu’elle peut léguer, même s’ils sont de son industrie, montrent une aisance certaine. Sans doute se sont-ils usés avec le temps, à moins qu’ils n’aient été renouvelés en partie. Ils révèlent, outre la piété de la testatrice, une pratique courante: le réemploi de textiles déjà façonnés et portés, ainsi que leur transformation, au moins dans les milieux privilégiés, en ornements du culte.

C’est à l’occasion d’études sur le Poitou du XVIIIe siècle que les érudits d’aujourd’hui ont commencé à mentionner le rôle de Marguerite Ménard. Elle n’a pas fait l’objet de recherches particulières depuis lors, mais les travaux actuels soulignent l’importance de la place de ces femmes dans ce type de catégorie socio-professionnelle.

Sources

  • Archives départementales de la Vienne, 4 E 10 92, liasse 1757-1762.

Choix bibliographique

  • ARIBAUD, Christine (dir.), Destins d’étoffes. Usages, ravaudages et réemplois des textiles sacrés (XIVe-XXe siècle), Toulouse, Framespa, 2006.
  • PELLEGRIN, Nicole, «Les vertus de “l’ouvrage”. Recherches sur la féminisation des travaux d’aiguille (XVIe-XVIIIe s.)», Revue d’histoire moderne et contemporaine, 46, 4, octobre-décembre 1999, p.747-769.



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