Marguerite-Françoise-Lucie Messageot

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Marguerite-Françoise-Lucie Messageot
Conjoint(s) Jean-Pierre Franque
Dénomination(s) Lucile Messageot
Mme Franck
Mme Franque
Biographie
Date de naissance 13 septembre 1780
Date de décès 1803
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice de Saskia Hanselaar, 2014

Marguerite-Françoise-Lucie (dite Lucile) Messageot naît en 1780 à Lons-Le-Saunier. Son père, un ancien officier de cavalerie, est maître de poste. Il meurt durant l’enfance de Lucile, qui est l’aînée de trois enfants. Sa mère se remarie avec Claude-Antoine Charve, juge au tribunal de Lons-le-Saunier. Deux enfants naissent de cette nouvelle union. Lucile Messageot part vers 1798 à Paris. Elle est hébergée chez une amie de la famille, Stéphanie Louise de Bourbon-Conti, fille illégitime de Louis de Bourbon-Conti et de la duchesse de Mazarin. Selon les dires familiaux, Lucile Messageot étudie dans l’atelier de David. Elle a pu rencontrer par ce biais Jean-Pierre Franque, son élève dès 1792, comme son frère jumeau Joseph-Boniface. Elle aurait aussi fréquenté l’atelier de Pierre-Narcisse Guérin. Elle se marie le 10 janvier 1802 avec Jean Pierre Franque, alors que leur fille Isis-Mélanie-Chrisotémie-Laodamie est née le 15 septembre 1799.
Elle expose pour la première fois cette année-là au Salon de l’an 7 un portrait politiquement subversif de Stéphanie de Bourbon-Conti, œuvre aujourd’hui non localisée. L’artiste la montre en train d’écrire les premières lignes de ses Mémoires. Le tableau dérange en raison de ses implications royalistes et est envoyé au ministère de l’Intérieur. Nul document n’a permis d’établir avec certitude si Lucile Messageot a effacé la partie dérangeante de l’œuvre ni si elle a finalement été exposée au Salon. Sa seconde participation est celle du Salon de l’an 10 (1802) pour lequel elle fait parvenir tardivement (elle apparaît dans le IVe supplément du livret) un sujet tiré des poésies d’Ossian, Gaul et Evirchoma, œuvre non localisée. De nuit, Evirchoma est allée secourir son époux Gaul, ami d’Ossian, et dans sa barque se trouve leur enfant ; non loin figure un homme blessé. Le choix de ce sujet issu des poèmes d’Ossian s’explique par la position privilégiée de l’artiste au sein de la secte des Méditateurs de l’Antique, dès 1799. Cette œuvre est jugée de manière négative par la critique, pour sa touche jugée barbare ainsi que pour le sujet représenté, qui ne conviendrait pas au sexe de son auteur.
Outre un portrait familial qu’elle exécute vers 1799 la représentant ainsi que sa famille, avec une touche empâtée, Lucile Messageot réalise d’autres portraits dont celui de Jean Marie Gleizes qui, comme elle, fait partie de la secte des Méditateurs de l’Antique. Margaret A. Oppenheimer propose de voir dans le portrait de Maurice Quay, actuellement conservé au musée du Louvre et attribué à Henri-François Riesener, une oeuvre de Lucile Franque. Il est vrai que les deux hommes sont présentés en buste avec un éclairage mettant dans l’ombre une partie du visage et surtout, ils appartiennent au même groupe que la jeune femme. Mené dans l’atelier de David par Maurice Quay et Hilaire Périé, ce groupe prône une étude de la plus grande primitivité au sein de laquelle se trouvent Ossian, La Bible et Homère. Lorsqu’en 1798-99 Quay, Périé et Franque sont exclus de l’atelier de leur maître, ils s’installent en compagnie de Lucile sur la colline de Chaillot. Des personnalités importantes de la République des Lettres, tel Chateaubriand, leur rendent visite et y rencontrent Lucile Franque.
La jeune femme écrit également des poèmes et semble avoir eu un certain talent pour la musique (elle est qualifiée de musicienne dans certains dictionnaires). Charles Nodier, qui épouse quelques années plus tard sa plus jeune soeur, tombe éperdument amoureux de la jeune artiste et la fait apparaître dans ses écrits de jeunesse, dont le Peintre de Salzbourg, la décrivant comme « le Michel-Ange de la Poésie et l’Ossian de la Peinture ». Lucile Franque meurt en 1803 d’une maladie de consomption, mettant fin à une carrière affirmée de peintre d’histoire.

Oeuvres

  • Vers 1799 : La famille Messageot-Charve, huile sur toile, 1,56 x 1,27 m, Lyon, musée des Beaux-arts –Levitine, the Dawn of Bohemianism, repr. pl. 33.
  • 1799 : Portrait de Stéphanie de Bourbon-Conti, huile sur toile, dimensions inconnues -- non localisé depuis 1799.
  • 1802 : Gaul et Evirchoma, huile sur toile, dimensions inconnues, Salon (Paris) -- non localisée depuis 1802.
  • Vers 1800-1802 : Portrait de Jean Marie Gleizes, huile sur toile, dimensions inconnues, collection privée – Levitine, The Dawn of Bohemianism, voir infra Choix bibliographique, repr. pl. 35.
  • 1799-1802 : "Le Tombeau d’Eléonore", manuscrit – non localisé
  • 1799-1802 : "Essai sur les harmonies et la mélancolie des arts", manuscrit – non localisé.

Principales sources

  • Archives Nationales, Ms F7 6457 BP 9691-9740. Manuscrit de Charles Nodier
  • Archives des Musées Nationaux, X Salon de l’an 7, Lettre du 5 fructidor an 7 [22 août 1799] de la République française du ministère de l’Intérieur [Quinette] à l’administration du musée central des arts.
  • Mme Menessier-Nodier, Charles Nodier : épisodes et souvenirs de sa vie 1780-1844, Paris, 1867.
  • Charles Nodier, Correspondance de jeunesse, Droz, Genève, 1995.
  • Charles Nodier, « Deux beaux types de la plus parfaite organisation humaine », dans Essais d’un jeune barde, Paris, Besançon, an XII [1804].

Choix bibliographique

  • Doy, Gen, Women and Visual Culture in Nineteenth Century France, 1800-1850, Leicester University Press, 2007.
  • Hanselaar, Saskia, "Ossian ou l’Esthétique des Ombres : une génération d’artistes français à la veille du Romantisme (1793-1833)", thèse de doctorat soutenue sous la direction de Ségolène Le Men, Université de Paris Ouest Nanterre la Défense, 2008.
  • Levitine, George, The Dawn of Bohemianism. The Barbu Rebellion and Primitivism in Neoclassical France, Pennsylvania State University Press, 1978.
  • Oppenheimer, Margaret A. , Women Artists in Paris 1791-1814, University of Michigan Press, Ann Arbor, MI, 1996.
  • Velter, Simone, "De l'atelier de David au romantisme : le destin des Primitifs", thèse de doctorat soutenue en 2005 sous la direction de Bruno Foucart, Université de Paris IV-Sorbonne, 2005.

Jugements

- « Mme FRANCK - Un sujet d'Ossian - Effet de nuit, naufrage, clair de lune, ombre, combat, tout ce que l'on voudra, nous n'en savons rien, nous y avons distingué du noir et du blanc ; c'est un bien bon tableau, à ce que disent les élèves de David ; mais nous ne sommes pas de cet avis, et nous disons que si Ossian échauffe le génie de Bonaparte, il dérange bien celui de nos peintres... », Revue du Salon de l'an X, ou examen critique de tous les tableaux qui ont été exposés au muséum, Paris, 1802. - « Quelques tableaux pleins d’une touchante mélancolie lui avaient mérité de la part de ses maîtres un témoignage bien flatteur. Ils avaient pensé qu’elle deviendrait un jour l’Ossian de la peinture. C’était leur expression ». Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel historique, critique et bibliographique, Paris, Mame Frères, 1810, tome VII, p. 161.



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