Madeleine de Franc : Différence entre versions

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Fille de Jean-Baptiste Le Franc, trésorier général de France et d’Isabeau de Lionne, Madeleine de Franc naît à Grenoble dans la maison familiale sise rue de Bonne, le 31 août 1606. Ses parents lui choisissent pour parrain François de Bonne, duc de Lesdiguières, et pour marraine, Marguerite du Fay, femme de noble Jean-Claude Audeyer, conseiller du roi. Dotée dès l’enfance d’une forte inclination pour la piété et la dévotion, elle se rend avec sa tante maternelle dans diverses maisons religieuses et s’adonne à la charité envers les « pauvres honteux ». Sa première communion effectuée à l’âge de douze ans la marque durablement et reste associée, dans ses souvenirs, à la visite de François de Sales au domicile familial, où, plus tard, s’installeront les jésuites. Cadette de sept enfants, elle s’unit tardivement à Louis de Briançon, seigneur de Varces, héritier d’une des plus illustres familles de la province de Dauphiné, afin de satisfaire les désirs d’ascension sociale de sa famille. Moins d’un an plus tard, en 1633, elle met au monde Jean-Baptiste, son fils unique, avec qui elle entretient des relations distendues en raison de la séparation de corps et de biens intervenue entre elle et son mari deux mois après sa naissance. Demandée par son père pour préserver sa dot, cette procédure dure des décennies et l’amène progressivement à se détacher d’un époux qu’elle n’a que très peu connu. En février 1636 a lieu son entrée dans la Congrégation de la Purification où elle fait profession six semaines plus tard, rejoignant ainsi un groupe de laïques dévotes vouées à la prière et aux œuvres de charité. Cet événement est le plus marquant de sa vie : elle va en effet pouvoir laisser s’exprimer son autorité naturelle et s’adonner à l’oraison mentale. Elle y occupe diverses charges dont celles, très accaparantes, de supérieure et de secrétaire, parfois simultanément. Elle tient les livres de raison de l’Institut, écrit les abrégés de vie et de vertus des sœurs décédées et les comptes rendus annuels des charges exercées par les congréganistes. Visitant également les hôpitaux et les prisons, elle n’omet pas d’effectuer plusieurs retraites au couvent de la Visitation de Grenoble avec sa chère cousine, Marie de Valernod, dame d’Herculais, morte en odeur de sainteté le 31 mai 1654. Là, elle est initiée à la mystique telle que l’envisage le P. Barthélemy Alvarez par la supérieure, Marie-Constance de Bressand.<br/>
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Fille de Jean-Baptiste Le Franc, trésorier général de France et d’Isabeau de Lionne, Madeleine de Franc naît à Grenoble dans la maison familiale sise rue de Bonne, le 31 août 1606. Ses parents lui choisissent pour parrain François de Bonne, duc de Lesdiguières, et pour marraine, Marguerite du Fay, femme de noble Jean-Claude Audeyer, conseiller du roi. Dotée dès l’enfance d’une forte inclination pour la piété et la dévotion, elle se rend avec sa tante maternelle dans diverses maisons religieuses et s’adonne à la charité envers les « pauvres honteux ». Sa première communion effectuée à l’âge de douze ans la marque durablement et reste associée, dans ses souvenirs, à la visite de François de Sales au domicile familial, où, plus tard, s’installeront les jésuites. Cadette de sept enfants, elle s’unit tardivement à Louis de Briançon, seigneur de Varces, héritier d’une des plus illustres familles de la province de Dauphiné, afin de satisfaire les désirs d’ascension sociale de sa famille. Moins d’un an plus tard, en 1633, elle met au monde Jean-Baptiste, son fils unique, avec qui elle entretient des relations distendues en raison de la séparation de corps et de biens intervenue entre elle et son mari deux mois après sa naissance. Demandée par son père pour préserver sa dot, cette procédure dure des décennies et l’amène progressivement à se détacher d’un époux qu’elle n’a que très peu connu. En février 1636 a lieu son entrée dans la Congrégation de la Purification où elle fait profession six semaines plus tard, rejoignant ainsi un groupe de laïques dévotes vouées à la prière et aux œuvres de charité. Cet événement est le plus marquant de sa vie : elle va en effet pouvoir laisser s’exprimer son autorité naturelle et s’adonner à l’oraison mentale. Elle y occupe diverses charges dont celles, très accaparantes, de supérieure et de secrétaire, parfois simultanément. Elle tient les livres de raison de l’Institut, écrit les abrégés de vie et de vertus des sœurs décédées et les comptes rendus annuels des charges exercées par les congréganistes. Visitant également les hôpitaux et les prisons, elle n’omet pas d’effectuer plusieurs retraites au couvent de la Visitation de Grenoble avec sa chère cousine, Marie de Valernod, dame d’Herculais, morte en odeur de sainteté le 31 mai 1654. Là, elle est initiée à la mystique telle que l’envisage le P. Balthazar Alvarez par la supérieure, Marie-Constance de Bressand.<br/>
 
En mai 1662, intervient le décès de son époux. Elle décide alors, par souci de bienséance et par piété, de se retirer sur ses terres, dans le donjon du château de Varces, situé sur la colline escarpée de Saint-Giraud (Dauphiné). Elle y reste plusieurs années, régentant ses domestiques, s’adonnant à la prière et à la lecture d’ouvrages dévots. Vers 1675, elle revient à Grenoble et reprend activement son rôle de congréganiste de la Purification en occupant les charges de conseillère, de zélatrice, de portière, etc. Doyenne de l’Institut, elle laisse à son fils la gestion du domaine pour se consacrer entièrement à ses pratiques de dévotion. Le premier janvier 1687, à près de 81 ans, elle entreprend l’écriture d’un journal spirituel où elle note avec grande régularité le fruit qu’elle retire de ses oraisons, mais aussi des extraits d’ouvrages dévots et des indications autobiographiques. Ses journées sont alors consacrées à approfondir sa vie spirituelle, à éduquer religieusement sa domesticité et à s’occuper de ses petits-enfants. Elle est très attentive à leur éducation, soucieuse de montrer l’exemple et d’accomplir ses devoirs d’aïeule. Souffrant parfois d’une solitude un peu trop pesante, elle s’en remet à Dieu, via son journal, qu’elle dote d’une humanité. Les élans mystiques de cette âme dévote laissent entrevoir une femme profondément marquée par l’orthopraxie familiale, douée d’une forte sensibilité, mais aussi blessée par son passé de femme dont le mariage a échoué. <br/>
 
En mai 1662, intervient le décès de son époux. Elle décide alors, par souci de bienséance et par piété, de se retirer sur ses terres, dans le donjon du château de Varces, situé sur la colline escarpée de Saint-Giraud (Dauphiné). Elle y reste plusieurs années, régentant ses domestiques, s’adonnant à la prière et à la lecture d’ouvrages dévots. Vers 1675, elle revient à Grenoble et reprend activement son rôle de congréganiste de la Purification en occupant les charges de conseillère, de zélatrice, de portière, etc. Doyenne de l’Institut, elle laisse à son fils la gestion du domaine pour se consacrer entièrement à ses pratiques de dévotion. Le premier janvier 1687, à près de 81 ans, elle entreprend l’écriture d’un journal spirituel où elle note avec grande régularité le fruit qu’elle retire de ses oraisons, mais aussi des extraits d’ouvrages dévots et des indications autobiographiques. Ses journées sont alors consacrées à approfondir sa vie spirituelle, à éduquer religieusement sa domesticité et à s’occuper de ses petits-enfants. Elle est très attentive à leur éducation, soucieuse de montrer l’exemple et d’accomplir ses devoirs d’aïeule. Souffrant parfois d’une solitude un peu trop pesante, elle s’en remet à Dieu, via son journal, qu’elle dote d’une humanité. Les élans mystiques de cette âme dévote laissent entrevoir une femme profondément marquée par l’orthopraxie familiale, douée d’une forte sensibilité, mais aussi blessée par son passé de femme dont le mariage a échoué. <br/>
 
Le 10 avril 1694, à 88 ans, après plusieurs jours volontairement passés dans la solitude, sans chauffage et sans nourriture, Madeleine de Franc s’éteint dans sa chambre sobrement meublée.  
 
Le 10 avril 1694, à 88 ans, après plusieurs jours volontairement passés dans la solitude, sans chauffage et sans nourriture, Madeleine de Franc s’éteint dans sa chambre sobrement meublée.  

Version actuelle en date du 12 juin 2017 à 07:34

Madeleine de Franc
Conjoint(s) Louis de Briançon, seigneur de Varces
Dénomination(s) soeur de Varces, La Franc
Biographie
Date de naissance 31 août 1606
Date de décès 16 avril 1694
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Marjorie Dennequin, 2017

Fille de Jean-Baptiste Le Franc, trésorier général de France et d’Isabeau de Lionne, Madeleine de Franc naît à Grenoble dans la maison familiale sise rue de Bonne, le 31 août 1606. Ses parents lui choisissent pour parrain François de Bonne, duc de Lesdiguières, et pour marraine, Marguerite du Fay, femme de noble Jean-Claude Audeyer, conseiller du roi. Dotée dès l’enfance d’une forte inclination pour la piété et la dévotion, elle se rend avec sa tante maternelle dans diverses maisons religieuses et s’adonne à la charité envers les « pauvres honteux ». Sa première communion effectuée à l’âge de douze ans la marque durablement et reste associée, dans ses souvenirs, à la visite de François de Sales au domicile familial, où, plus tard, s’installeront les jésuites. Cadette de sept enfants, elle s’unit tardivement à Louis de Briançon, seigneur de Varces, héritier d’une des plus illustres familles de la province de Dauphiné, afin de satisfaire les désirs d’ascension sociale de sa famille. Moins d’un an plus tard, en 1633, elle met au monde Jean-Baptiste, son fils unique, avec qui elle entretient des relations distendues en raison de la séparation de corps et de biens intervenue entre elle et son mari deux mois après sa naissance. Demandée par son père pour préserver sa dot, cette procédure dure des décennies et l’amène progressivement à se détacher d’un époux qu’elle n’a que très peu connu. En février 1636 a lieu son entrée dans la Congrégation de la Purification où elle fait profession six semaines plus tard, rejoignant ainsi un groupe de laïques dévotes vouées à la prière et aux œuvres de charité. Cet événement est le plus marquant de sa vie : elle va en effet pouvoir laisser s’exprimer son autorité naturelle et s’adonner à l’oraison mentale. Elle y occupe diverses charges dont celles, très accaparantes, de supérieure et de secrétaire, parfois simultanément. Elle tient les livres de raison de l’Institut, écrit les abrégés de vie et de vertus des sœurs décédées et les comptes rendus annuels des charges exercées par les congréganistes. Visitant également les hôpitaux et les prisons, elle n’omet pas d’effectuer plusieurs retraites au couvent de la Visitation de Grenoble avec sa chère cousine, Marie de Valernod, dame d’Herculais, morte en odeur de sainteté le 31 mai 1654. Là, elle est initiée à la mystique telle que l’envisage le P. Balthazar Alvarez par la supérieure, Marie-Constance de Bressand.
En mai 1662, intervient le décès de son époux. Elle décide alors, par souci de bienséance et par piété, de se retirer sur ses terres, dans le donjon du château de Varces, situé sur la colline escarpée de Saint-Giraud (Dauphiné). Elle y reste plusieurs années, régentant ses domestiques, s’adonnant à la prière et à la lecture d’ouvrages dévots. Vers 1675, elle revient à Grenoble et reprend activement son rôle de congréganiste de la Purification en occupant les charges de conseillère, de zélatrice, de portière, etc. Doyenne de l’Institut, elle laisse à son fils la gestion du domaine pour se consacrer entièrement à ses pratiques de dévotion. Le premier janvier 1687, à près de 81 ans, elle entreprend l’écriture d’un journal spirituel où elle note avec grande régularité le fruit qu’elle retire de ses oraisons, mais aussi des extraits d’ouvrages dévots et des indications autobiographiques. Ses journées sont alors consacrées à approfondir sa vie spirituelle, à éduquer religieusement sa domesticité et à s’occuper de ses petits-enfants. Elle est très attentive à leur éducation, soucieuse de montrer l’exemple et d’accomplir ses devoirs d’aïeule. Souffrant parfois d’une solitude un peu trop pesante, elle s’en remet à Dieu, via son journal, qu’elle dote d’une humanité. Les élans mystiques de cette âme dévote laissent entrevoir une femme profondément marquée par l’orthopraxie familiale, douée d’une forte sensibilité, mais aussi blessée par son passé de femme dont le mariage a échoué.
Le 10 avril 1694, à 88 ans, après plusieurs jours volontairement passés dans la solitude, sans chauffage et sans nourriture, Madeleine de Franc s’éteint dans sa chambre sobrement meublée. Madeleine de Franc attise l’intérêt des chercheur(e)s par sa décision personnelle de tenir un journal spirituel, mais aussi par son implication dans les oeuvres féminines de la Réforme catholique.

Oeuvres

  • 1687-1691 : Bibliothèque municipale de Grenoble (France, Grenoble), Fonds ancien, Livre de raison de Mme de Briançon de Varces (1687-1691), ms. R.8686, 186 fol.

Principales sources

  • Bibliothèque municipale de Grenoble (France, Grenoble), Fonds ancien, Livre de raison de Mme de Briançon de Varces (1687-1691), ms. R.8686, 186 folios.
  • Archives départementales de l’Isère (France, Grenoble), Orphelines de Grenoble, 26 H 221 à 226, XVIIe s. e s.
  • Archives départementales de l’Isère (France, Grenoble), Registre du notaire Gilbert Guigues, 3 E 1011/13, 1632, fo49-56.
  • Archives départementales de l’Isère (France, Grenoble), Registre du notaire Dufour, 3 E 1251/13.
  • Archives départementales de l’Isère (France, Grenoble), Registre du notaire Darnaud, 3 E 30741.
  • Archives départementales de l’Isère (France, Grenoble), Visites pastorales du cardinal Étienne Le Camus, 2 Mi 285, 1673, fo1083.
  • Archives départementales de l’Isère (France, Grenoble), Papiers de la famille de Briançon de Varces, 2 E 926 à 931.
  • Archives départementales de l’Isère (France, Grenoble), Registres paroissiaux des paroisses Saint-Hugues et Saint-Jean, 5 Mi 142 fo22.
  • Archives départementales de l’Isère (France, Grenoble), Registres paroissiaux de Varces et de Saint-Giraud (1694).

Choix bibliographique

  • Dennequin, Marjorie, «Journal de dévotion de Madeleine de Franc (1687-1691). Cheminements spirituels d’une noble grenobloise au XVIIe siècle», Université Pierre Mendès-France, Grenoble 2, 2006-2007, vol. I, 330 p. ; vol. II (transcription modernisée), 169 p.
  • Dennequin, Marjorie, « “Je ne suis qu’un fantôme et fausse monnaie”. Quand le livre de raison devient journal spirituel. Le manuscrit de Madeleine de Franc au crépuscule du Grand Siècle (1687-1691) », La Pierre et l’Écrit, 21, 2010, p. 95-112.
  • Dennequin, Marjorie, « “Entre Vous et moi, disons […] mon secret est à moi !” » : prendre la plume pour s’éplucher et dialoguer avec Dieu. Le cas de Madeleine de Franc (1606-1694) », dans Écriture de soi/écriture de l’autre dans les milieux conventuels féminins du Nord de l’Italie aux Pays-Bas méridionaux (XVe-XVIIIe s.), à paraître.
  • Dennequin, Marjorie, Les « Dévotieuses »: dévotion et préciosité à Grenoble au XVIIe siècle : la Congrégation de la Purification, à paraître.
  • Lejeune, Philippe, « Madeleine de Franc, diariste dévote », dans Aux origines du journal personnel (France, 1750-1815), Paris, Honoré Champion, 2016, p. 163-173.

Choix de liens électroniques

  • « Madeleine de Franc, diariste dévote » [1] Ce site bilingue héberge des contributions de Philippe Lejeune relatives aux écritures du moi, en particulier les journaux, et des écrits du for privé en général. Une bibliographie très complète s’y trouve associée. L’auteur reprend ici, en les résumant, quelques passages issus du mémoire consacré à Madeleine de Franc que l’on retrouve également dans l’ouvrage Aux origines du journal personnel, voir supra, Choix bibliographique.

Jugements

  • « La pauvre la Franc, elle n’est plus belle », Lettre de Marguerite de Morges à son oncle Louis de Grolée, marquis de Bressieu, (1638-1639), dans Humbert de Terrebasse, Poésies dauphinoises du XVIIe siècle, Lyon, L. Brun, 1896, p. 121-123, Lettre XVII.
  • « C’est une chose moins jusqu’à présent qu’une femme peu de temps après son mariage sans aucun sujet légitime ait sorti son mari et son sieur fils unique de sa maison, de sa chambre de son lit, et de tous ses biens comme a fait damoiselle Madeleine de Franc laquelle sous le nom de son père et de son frère avec nombre et par procédure criminelle […] a chassé son enfant et ignominieusement ledit sieur de Varces son mari de sa terre et seigneurie de Varces de son château dudit lieu et de tous ses biens sans lui donner le moyen de sortir ses meubles, pour l’exposer à la campagne avec son dit fils, et sans lui laisser la jouissance de la moindre partie de ses dits bien pour son entretienement et de son dit fils sous prétexte de justice de laquelle elle a abusé jusqu’à présent, car elle a fait vendre à fort vil prix une terre située aux portes de la ville de Grenoble et [mot illisible] de la province pour le paiement de sa dot» (Anonyme, feuille volante contenue dans la liasse des papiers de la famille de Briançon et de la famille de Franc, Arch. dép. Isère, 2 E 926, vers 1640, n.f.).
  • « Se matin revoyant cette lettre Jey este confusse de moy mesme par le mauvez usage que Jey faict de tant de graces don J’ey faict est fais encore si peu de profit. Ma Confusion et dans la pancee qu’Il let temps que Je sois morte a toutte choses. J’avois pris cette lettre barboulliee pour la rompre, J’en ey estez empesche d’unne maniere qui m’a obligee a abbandonner le tout a mon Dieu » (Autocritique de Madeleine de Franc présente dans l’entrée de son journal spirituel, au sujet d’une lettre qu’elle vient d’envoyer aux soeurs de la Congrégation de la Purification. Madeleine de Franc, Livre de raison de Mme de Briançon de Varces, R 8686, 07/10/1689).
  • « Laquelle se treuva aussi preparée a cette grace par lextreme affliction quelle avoit souffert destre obligée de se separer de son mary a cause du peu de conduitte quil avoit dans ses affaires mais elle navoit fait cette separaon que par labsolu commandement quelle en avoit receu de sa mere et de touz ses parens qui craignoient que sa dot ne se perdit dans ce desordre, et elle vesquit si exemplairement ainsy separée de luy quoy quelle fut encore jeune quelle montra bien quil ni avoit que la necessité et lobeissance qui les luy eussent faict faire puisquelle obsserva toute la retraitte, laplication a loraison, et toute la pratique des mortiffications que scauroit faire Une austere Religieuse » (Arch.dép.Isère, 26 H 222, fo9vo, 1664).
  • « Cette bonne conduitte luy avoit acquis lextime et la compassion de tous ceux qui la cognoissoient, sy Bien que ce fut Un subject fort propre a donner du credit a nostre congregation naissante, comme elle la esté aussi pour a la bien soustenir danz son progrés en ayant esté la seconde superieure et sestant fort bien acquitée de sa charge dans le tempz fort mesme de la plus grande percecution » (Arch.dép.Isère, 26 H 222, fo9vo-10ro, 1664).
  • « Madelaine de franc dame de varse naquit le dernier daoust 1606 feut des son bas age toute apliqué a dieu coy quéleves par une mesre qui la voules dans le monde esle a advoües a ses directeurs que la conduiste de dieu sur esle estois toute extraordinesre puisque esle ne prenes auceun gout au milieu des pleysirs ou esle estes exposée au contraire esle an avoit horreur et souvan a fin des indisposition pour se dipanser dalers dans les assemblées ou esle feres tout lanpresemant par sa bonté et son bel espreit esle se déroboit souvant le matin pour aler a conpagner une de ses tantes qui a les touiours faire des actions de piesté en segret come visiters les pauvres honteus et les prisons » (Arch.dép.Isère, 26 H 221, fo120vo, 1694).
  • « Esle ne se metes iames a table quelle ne feit un plat de se quil y a ves de melieurs pour an voeyans pauvres malade souvans esle se prives de son diners pour eus esle se mortifies continueslemant dans son boire et dans son manger esle y metes continueslemant des chose a mesre ou des fandue san quon san a perseut pour an nosters le gout bien que esle eut 88 anné esle ne se dispanses poin des rigeur que esle setois prescripte, on ne luy leses poin de feu livers dans la chanbre disan que esle ne voules pas se chofé pandans que il y a ves tant de pauvres qui a ves froit esle ne voules pas que persone coucha dans sa chanbre ni luy esda a sabiliers et désabiliers souvans les domestique antades la nuit que esle se dones la disipline on luy trouva can esle feut morte une sinture garnie de petites molestes de cotons qui ceignoit et qui antran dans sa cher an feses sortir le sang an a bondanse » (Arch.dép.Isère, 26 H 221, fo120vo, 1694).
  • « Que sait-on de Madeleine de Franc ? Honnêtement, pas grand chose. Suffisamment, certes, pour tracer son profil social, mais étonnamment peu pour quelqu’un dont nous venons de lire plus de trois cents pages très intimes » (Philippe Lejeune, Aux origines du journal personnel…, voir supra, Choix bibliographique, p.163).
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