Madeleine Chaussé

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Madeleine Chaussé
Dénomination(s) Mère Marie-Hiéronime de l'Annonciade
Biographie
Date de naissance Après 1630
Date de décès Après 1703
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice de Marie-Elisabeth Henneau, 2021

Fille de Jérôme Chaussé (ca 1590-1662), conseiller du Roi et président en l’élection du Lyonnais, et de Bonne Bonnet († 1656), Madeleine Chaussé nait à Lyon dans les années 1630, au sein d’une fratrie qui compte au moins deux autres filles et un garçon. Elle prend l’habit le 27 janvier 1652 chez les annonciades célestes de Lyon, installées à la Croix-Rousse depuis 1625. La novice, désormais appelée Marie Catherine Hiéronime, y retrouve une parente, la mère Marie Ursule Chaussé († 1684), dont elle publiera plus tard l’abrégé de vie. Dans les archives du monastère, rares sont les mentions des activités de la mère Marie Hiéronime. Le livre du chapitre garde mémoire de son admission à la profession à la date du 1er janvier 1653. Entre 1697 et 1703, sa signature de secrétaire du chapitre figure au bas des procès-verbaux rédigés de sa main. Son écriture cursive – entre la ronde et la bâtarde – s’agrandit au fil des années et présente une similitude avec celle de son père. Chargée par ses sœurs de la rédaction d’une histoire de sa communauté, à laquelle font suite les abrégés de vertus de 69 défuntes, l’autrice y insère quelques passages autobiographiques, à commencer par la mention de son entrée au monastère le 3 janvier 1652. À cette occasion, elle se présente comme l’une des dernières à avoir connu les mères fondatrices du couvent lyonnais. Son père, plusieurs fois cité, fait partie des notables qui ont favorisé le monastère de leurs dons et de leur protection. Elle ne dit rien de sa formation intra muros. Intéressée par l’histoire de sa communauté, elle doit avoir acquis une bonne maitrise des documents archivés et récolté bon nombre de témoignages des anciennes. La reconnaissance par ses sœurs de son talent de conteuse l’incitera à en proposer plus tard la synthèse. Avant cela, en février 1674, elle est envoyée chez les annonciades de Vienne (Dauphiné) pour aider sa compagne Marie Gabrielle de Gadagne à y restaurer l’observance. Ses frais de séjour sont pris en charge par son frère Jérôme, devenu avocat. Elle y demeure jusqu’en avril 1676, puis rentre à Lyon. Élue discrète – membre du conseil de la supérieure – entre 1686 et 1701, elle est encore mentionnée comme maîtresse des novices en 1697 et procureuse entre 1701 et 1703. En l’absence du livre des décès, aujourd’hui disparu, on ignore quand elle meurt.
Chez les annonciades, le fait de publier l’histoire d’un établissement n’est pas commun. Certes, l’intérêt pour la préservation de la mémoire est partagé par un grand nombre et les textes rédigés par leurs soins sont nombreux. Mais, destinés à un usage interne, ils demeurent le plus souvent manuscrits. Ici, les moniales de Lyon n’ont pas hésité à franchir le pas, avec l’intention explicite de manifester publiquement leur déférence envers leur supérieur, Claude de Saint-Georges, archevêque de Lyon depuis 1693, à qui l’autrice dédie l’ouvrage et auquel elle rend hommage à la fin de sa première partie. L’ouvrage, publié peu après le décès de la mère Marie Gabrielle de Gadagne († 1697), célèbre également les liens qui ont uni les annonciades à sa famille. L’autrice dresse ainsi le portrait de la comtesse de Chevrières, née Gabrielle de Gadagne († 1635), leur généreuse fondatrice temporelle, soulignant l’investissement de cette dévote fortunée en faveur de la communauté naissante. Ses propos élogieux tranchent nettement avec ceux d’un premier récit (1630), où l’ingérence de cette exigeante donatrice dans les affaires du couvent est décrite avec moins de complaisance. La comparaison des deux textes permet de prendre la mesure du travail de réécriture d’une autrice qui connaît ses archives mais les accommode en fonction des intérêts présents. Il s’agit de promouvoir l’image de sa communauté dans le paysage socio-religieux lyonnais. Se défendant de produire une œuvre d’érudition – elle prétend que les citations bibliques et patristiques ont été ajoutées par un ecclésiastique –, elle s’adresse aussi personnellement à ses sœurs – emplois récurrents du « je » – pour les stimuler à prendre exemple sur les figures du passé, pour assurer un avenir prometteur au groupe.
Bien connue des historiens locaux, qui ont souvent pris pour argent comptant sa relation des événements, et réutilisée aujourd’hui par ceux du fait religieux, l’œuvre de la mère Chaussé mérite d’être lue comme le témoignage d’un travail de réécriture apologétique d’une histoire par une moniale à la plume alerte.

Oeuvre

  • 1699: Histoire de l’établissement et du progrès du premier monastère des religieuses Annonciades célestes de la ville de Lyon […] contenant un abrégé de la vie des religieuses qui y sont mortes […] sçavoir depuis l’an MDCXXIV [1624] jusques à MDCXCVIII [1698], […] divisé en deux parties, et composé par la R. M. Marie Hiéronyme Chaussé, religieuse du même monastère, Lyon, Vve Cl. Chavance et M. Chavance, 1699, épitre dédicatoire np, avant-propos np, 86 p. (partie 1) et 220 p. (partie 2,) tables np. [1]

Pricipales sources manuscrites

  • Lyon (F), Archives départementales du Rhône, 40H6, Annonciades célestes, Livre du chapitre, p. 5, 6, 84-94, 99-100.
  • San Cipriano (I), Archives des Annonciades célestes de Gênes, Fondations 31, « De la fondation du monastère de l’Annonciade de Lion qui arivat le premier de novembre de l’an de nostre Seigneur 1624 », [vers 1630], 31 p.

Choix bibliographique

  • COLLOMBET, François-Zénon, "Le monastère des annonciades, dites Bleu-célestes", dans Revue du Lyonnais, t. 18, Lyon, 1843, p. 268-272.
  • HENNEAU, Marie-Élisabeth, « Vivre et écrire son histoire en clôture : de la relecture du passé à l’édification du présent », Histoire d’Historiennes, dir. N. Pellegrin, Pub. U. de St-Etienne, Coll. L’école du genre, 2006, p. 47-66.
  • PIRONT, Julie, « Empreintes architecturales de femmes sur les routes de l’Europe : étude des couvents des annonciades célestes fondés avant 1800 », vol. 2, thèse de doctorat en Histoire de l’art, Université Catholique de Louvain, 2013, p. 607-636.
  • TRANIÉ, Ghislain, « 'Pour servir d’éclaircissement à ceux qui pourroient estre abusez par les artifices, cabales et colligations ' : négocier l’autorité au sein des communautés de religieuses à l’époque moderne », Chrétiens et sociétés, t. 27, 2020, p. 61-86.
  • VACHET, A., Les anciens couvents de Lyon, Lyon, 1895, p. 45-56.
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