Madame Ulrich : Différence entre versions

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Les dates de vie et de mort, le prénom et le nom de naissance de Mme Ulrich sont inconnus. Les seules sources biographiques disponibles sont fournies par un récit satirique, Pluton maltôtier, paru en Hollande en 1708. Destiné à décrier les mœurs françaises, il présente néanmoins des informations fiables. Elle serait la fille d’un des vingt-quatre Violons de la Musique du Roi. Malgré sa formation artistique, elle aurait été placée à 14 ans, en raison de la mort précoce de son père, chez un barbier, d’où le Suédois Ulrich, maître d’hôtel du comte d’Auvergne, l’aurait retirée pour la faire éduquer dans un couvent à dessein de l’épouser. Elle y rencontre le poète-comédien Florent Carton, dit Dancourt. Ulrich aurait précipité alors le mariage, mais il échoue à mettre fin à l’indépendance de son épouse.<br/>
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Les dates de vie et de mort, le prénom et le nom de naissance de Mme Ulrich sont inconnus. Les seules sources biographiques disponibles sont fournies par un récit satirique, ''Pluton maltôtier'', paru en Hollande en 1708. Destiné à décrier les mœurs françaises, il présente néanmoins des informations fiables. Elle serait la fille d’un des vingt-quatre Violons de la Musique du Roi. Malgré sa formation artistique, elle aurait été placée à 14 ans, en raison de la mort précoce de son père, chez un barbier, d’où le Suédois Ulrich, maître d’hôtel du comte d’Auvergne, l’aurait retirée pour la faire éduquer dans un couvent à dessein de l’épouser. Elle y rencontre le poète-comédien Florent Carton, dit Dancourt. Ulrich aurait précipité alors le mariage, mais il échoue à mettre fin à l’indépendance de son épouse.<br/>
 
Dans ce contexte, vraisemblablement, Mme Ulrich intègre le milieu théâtral, et compose son unique comédie, ''La Folle Enchère''. Créée le 30 mai 1690 à la Comédie-Française, la pièce est représentée seize fois jusqu’en 1692 sous le nom de Dancourt. Mais Mme Ulrich revendique la maternité de sa comédie en obtenant un privilège d’impression (18 janvier 1691, sous ses initiales « M. U. ») et en la publiant à Paris. Énoncée au féminin, la préface construit un éthos de femme dramaturge et mentionne le succès de sa comédie. Mme Ulrich est ainsi, au XVIIe siècle, la seule femme avec Catherine Bernard et Mlle Longchamps (souffleuse de théâtre), à avoir été jouée par les Comédiens français. Sa brève carrière est interrompue le 10 juillet 1690, quand la troupe lui refuse d’assister aux répétitions au motif qu’il est douteux qu’elle soit l’autrice de « sa pièce » (''La Folle Enchère'' ou une autre ?).<br/>
 
Dans ce contexte, vraisemblablement, Mme Ulrich intègre le milieu théâtral, et compose son unique comédie, ''La Folle Enchère''. Créée le 30 mai 1690 à la Comédie-Française, la pièce est représentée seize fois jusqu’en 1692 sous le nom de Dancourt. Mais Mme Ulrich revendique la maternité de sa comédie en obtenant un privilège d’impression (18 janvier 1691, sous ses initiales « M. U. ») et en la publiant à Paris. Énoncée au féminin, la préface construit un éthos de femme dramaturge et mentionne le succès de sa comédie. Mme Ulrich est ainsi, au XVIIe siècle, la seule femme avec Catherine Bernard et Mlle Longchamps (souffleuse de théâtre), à avoir été jouée par les Comédiens français. Sa brève carrière est interrompue le 10 juillet 1690, quand la troupe lui refuse d’assister aux répétitions au motif qu’il est douteux qu’elle soit l’autrice de « sa pièce » (''La Folle Enchère'' ou une autre ?).<br/>
 
Dans les années qui suivent, l’intérêt de Mme Ulrich pour les Lettres est probablement soutenu par sa fréquentation du cercle du duc et de la duchesse de Bouillon, Marie-Anne Mancini, amatrice de théâtre et dédicataire de plusieurs dramaturges, cercle auquel lui donne accès son mari, maître d’hôtel du frère du duc. En témoigne sa relation amicale avec La Fontaine, ami et protégé de la duchesse. Aussi se trouve-t-elle à la mort du poète (1695) dépositaire de plusieurs manuscrits autographes, qu’elle édite en les préfaçant sous le titre ''Œuvres posthumes de M. de La Fontaine'' (1696).<br/>
 
Dans les années qui suivent, l’intérêt de Mme Ulrich pour les Lettres est probablement soutenu par sa fréquentation du cercle du duc et de la duchesse de Bouillon, Marie-Anne Mancini, amatrice de théâtre et dédicataire de plusieurs dramaturges, cercle auquel lui donne accès son mari, maître d’hôtel du frère du duc. En témoigne sa relation amicale avec La Fontaine, ami et protégé de la duchesse. Aussi se trouve-t-elle à la mort du poète (1695) dépositaire de plusieurs manuscrits autographes, qu’elle édite en les préfaçant sous le titre ''Œuvres posthumes de M. de La Fontaine'' (1696).<br/>

Version actuelle en date du 7 décembre 2023 à 14:10

Madame Ulrich
Titre(s) Madame
Conjoint(s) Ulrich
Dénomination(s) Ulric, Ulrik, Ulrick, De Ulric, De Ulrick, la Ulric, Ulricq
Biographie
Date de naissance ca 1665
Date de décès ca 1707
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice Aurore Evain, Edwige Keller-Rahbé, Michèle Rosellini, 2023

Les dates de vie et de mort, le prénom et le nom de naissance de Mme Ulrich sont inconnus. Les seules sources biographiques disponibles sont fournies par un récit satirique, Pluton maltôtier, paru en Hollande en 1708. Destiné à décrier les mœurs françaises, il présente néanmoins des informations fiables. Elle serait la fille d’un des vingt-quatre Violons de la Musique du Roi. Malgré sa formation artistique, elle aurait été placée à 14 ans, en raison de la mort précoce de son père, chez un barbier, d’où le Suédois Ulrich, maître d’hôtel du comte d’Auvergne, l’aurait retirée pour la faire éduquer dans un couvent à dessein de l’épouser. Elle y rencontre le poète-comédien Florent Carton, dit Dancourt. Ulrich aurait précipité alors le mariage, mais il échoue à mettre fin à l’indépendance de son épouse.
Dans ce contexte, vraisemblablement, Mme Ulrich intègre le milieu théâtral, et compose son unique comédie, La Folle Enchère. Créée le 30 mai 1690 à la Comédie-Française, la pièce est représentée seize fois jusqu’en 1692 sous le nom de Dancourt. Mais Mme Ulrich revendique la maternité de sa comédie en obtenant un privilège d’impression (18 janvier 1691, sous ses initiales « M. U. ») et en la publiant à Paris. Énoncée au féminin, la préface construit un éthos de femme dramaturge et mentionne le succès de sa comédie. Mme Ulrich est ainsi, au XVIIe siècle, la seule femme avec Catherine Bernard et Mlle Longchamps (souffleuse de théâtre), à avoir été jouée par les Comédiens français. Sa brève carrière est interrompue le 10 juillet 1690, quand la troupe lui refuse d’assister aux répétitions au motif qu’il est douteux qu’elle soit l’autrice de « sa pièce » (La Folle Enchère ou une autre ?).
Dans les années qui suivent, l’intérêt de Mme Ulrich pour les Lettres est probablement soutenu par sa fréquentation du cercle du duc et de la duchesse de Bouillon, Marie-Anne Mancini, amatrice de théâtre et dédicataire de plusieurs dramaturges, cercle auquel lui donne accès son mari, maître d’hôtel du frère du duc. En témoigne sa relation amicale avec La Fontaine, ami et protégé de la duchesse. Aussi se trouve-t-elle à la mort du poète (1695) dépositaire de plusieurs manuscrits autographes, qu’elle édite en les préfaçant sous le titre Œuvres posthumes de M. de La Fontaine (1696).
Le récit malveillant du Pluton maltôtier ignore ce pan de la vie de « la Ulric » et dépeint ses dernières années sous les couleurs infamantes d’un comportement déviant, sanctionné par des mesures de surveillance et d’enfermement. Probablement veuve, mère d’une fille (Thérèse ou Françoise), Mme Ulrich est alors dans un état de précarité et de vulnérabilité qui l’expose aux soupçons typiques de la diffamation contre les femmes : prostitution, escroquerie, sorcellerie. Cet aspect est documenté par les archives policières et par la correspondance de Mme de Maintenon. Celle-ci semble avoir contribué à l’entrée au couvent de la fille de Mme Ulrich en lui obtenant une pension du roi, et s’est employée à convertir la mère au fil de ses réclusions dans des maisons religieuses pour femmes de mauvaise vie repentantes. On perd la trace de Mme Ulrich après le mandement royal de « la faire conduire au Refuge où il sera bon de l’oublier pendant plusieurs années » (1er avril 1707).
Il résulte de ce parcours tourmenté, aggravé par l’isolement social, un effacement quasi-total de l’histoire littéraire. Le statut d’autrice de Mme Ulrich a été dénié ou délégitimé : La Folle Enchère a été durablement annexée au théâtre de Dancourt ; quant à sa contribution d’éditrice à l’œuvre de La Fontaine, elle a été ravalée par les biographes et les critiques à l’exploitation opportuniste d’une liaison intéressée avec le poète.
La réhabilitation de Mme Ulrich comme dramaturge originale – La Folle enchère met en scène une femme coupable de déni de maternité par peur de vieillir, mais dont le fils obtient par ruse le consentement à son mariage – a été portée par le mouvement de redécouverte du théâtre de femmes de l’Ancien Régime initié par P. Gethner. On doit à A. Evain les premières recherches biographiques débarrassées de leur gangue fictionnelle, ainsi que la première édition critique de La Folle Enchère, et enfin sa recréation à la scène (Compagnie La Subversive, 2019). Après deux siècles d’invisibilisation de son travail éditorial (retracés par M. Rosellini), Mme Ulrich est en passe d’être reconnue dans les études lafontainiennes pour sa contribution à la conservation des dernières lettres du poète et à l’augmentation du corpus des fables et des contes.

Oeuvres

  • 1691: La Folle Enchère, Paris, Veuve de Louis Gontier -- La Folle Enchère. Comédie (1691), dans Aurore Evain, Perry Gethner et Henriette Goldwyn (éd.), Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, Tome III, XVIIe-XVIIIe siècles, Saint-Étienne, PU de Saint-Étienne, 2011, p.183-232 ; rééd. Paris, Classiques Garnier, 2022, p.181-238.
  • 1696 : « Épître », « Préface », « Portrait de M. de La Fontaine » dans Œuvres posthumes de M. de La Fontaine, Paris, Guillaume de Luyne ; Lyon, Thomas Amaulry et Claude Bachelu.

Principales sources

  • Archives de la Comédie-Française : Registre des recettes journalières : 1690-1691 (R25) ; 1691-1692 (R27). Registre des Assemblées : 14/05/1690 (R_52_0_1690) ; 10/07/1690 (R_52_0_1690).
  • Pluton maltôtier. Nouvelle galante, À Cologne, Chez Adrien l’Enclume ; Gendre de Pierre Marteau, Seconde Partie, 1708, p.130-140.
  • Notes de René d’Argenson, lieutenant général de police, intéressantes pour l’histoire des mœurs et de la police de Paris à la fin du règne de Louis XIV, Paris, F. Henry, 1866 : Tentative d’évasion – 5 septembre 1700, p.32 ; Mme Ulrik – 22/10/1700, p.33-34 ; 01/04/1702, p.70-71.
  • Rapports inédits du lieutenant de police René d'Argenson (1697-1715) : publiés d'après les manuscrits conservés à la Bibliothèque nationale, Paul Cottin éd., Paris, Plon, 1891 : Tentative d’évasion, « Les demoiselles de Boussans » (suite) – 5 septembre 1700, p.28-30 ; 22 octobre 1700, p.34-35.
  • Maison du roi. Copies d’actes émanés des rois Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, recueillis pour servir de modèles (1610-1669). Minutes ou transcriptions authentiques d’actes émanés des rois Louis XIV et Louis XV expédiés par le secrétaire de la Maison du Roi et concernant le royaume ou des particuliers [1669-1786]. Tome XXIII : U-Z ARCHIVES NATIONALES SECRETARIAT DE LA MAISON DU ROI Inventaire des registres O 1 1 à O 1 128 (1610-1786) XXIII U - Z O/1/1-O/1/128 : ULRICH (Françoise) brevet de 300 l. de pension O/1/42, fol. 199 ; ULRIK (mademoiselle) maintenue au couvent de la Magdelaine O/1/43, fol. 304 v° ; ULRICQ (la nommée) (O/1/44, fol. 187 v°) 24 avril 1700 ; ULRIC (dame) affaire la concernant (O/1/44, fol. 301 v°) ; ULRICH (dame) affaire de sa mise en liberté (O/1/44, fol. 342, 343) - [342] 12/08/1700, [343] 12/08/1700 ; ULRIC (madame) du couvent de la Madeleine : élargissement (O/1/44, fol. 378, 379 v°) ; ULRIC (madame) ordre d’observer sa conduite (O/1/44, fol. 499 v°) 6/10/1700 ; ULRIC (madame) ordre d’observer sa conduite (O/1/44, fol. 508 v°) 13/10/1700 ; ULRIK (madame) ordre d’observer sa conduite (O/1/44, fol. 537) 27/10/1700 ; ULRIC (la nommée) ordre de la mettre au refuge (O/1/46, fol. 49 v°) 05/04/1702 à Versailles ; ULRIK (la nommée) ordre de la faire sortir de l’Hôpital (O/1/49, fol. 94 v°) Du 25e juin 1705 à Versailles ; ULRIC (la nommée) ordre de l’enfermer au Refuge (O/1/51, fol. 27 v°) 9/02/1707.
  • Lettres de Madame de Maintenon, volume III, 1698-1706, éd. intégrale et critique par Hans Bots et Eugénie Bots-Estourgie, Paris, H. Champion, 2011.
  • Walckenaer, Charles-Athanase, Histoire de la vie et des ouvrages de J. de La Fontaine, troisième éd., Paris, A. Neveu, 1824, p.467-479.

Choix bibliographique

  • Clarke, Jan, « Women interpreting men: theatrical cross-dressing and the representation of masculinity in Campistron’s Amante amant (1684) and Dancourt’s Folle Enchère (1690) », dans Interpretation in/of the seventeenth century, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing, 2015, p.199-213.
  • Evain, Aurore, « Notices » dans Aurore Evain, Perry Gethner et Henriette Goldwyn (éd.), Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, Tome III, XVIIe-XVIIIe siècles, Saint-Étienne, PU de Saint-Étienne, 2011, p.185-187 et p.191-192 ; rééd. Paris, Classiques Garnier, 2022, p.177-179 et p.183-184.
  • Keller-Rahbé, Edwige, « 95. Madame Ulrich - 18 janvier 1691 », dans Privilèges d’auteurs et d’autrices en France (XVIe-XVIIe siècles). Anthologie critique, Michèle Clément, Edwige Keller-Rahbé (éd.), Paris, Classiques Garnier, 2017, p.453-456.
  • Rosellini, Michèle. « Madame Ulrich, une éditrice de La Fontaine invisibilisée par l’histoire littéraire », Histoire de l’édition. Enjeux et usages des partages disciplinaires (XVIe-XVIIIe siècles), Sophie Abdela, Maxime Cartron et Nicholas Dion (dir.), Paris, Classiques Garnier, 2023, p.347-365.

Jugements

  • « Cette femme ne fut pas plus tôt dans le monde qu’elle se fit distinguer généralement par tous les états de la vie pour la plus lubrique du siècle. Elle ne se contenta pas de Dancourt pour amant, mais tout ce qui se présenta dans la robe, dans l’épée et ailleurs, tout fut reçu à bras ouverts, mais particulièrement les jeunes seigneurs étrangers qui venaient avec de bonnes bourses pour se façonner à la cour. » (Pluton maltôtier. Nouvelle galante, voir supra, p.135).
  • « Comédie souvent revue, & qui mérite de l’être. L’Auteur y multiplie les déguisemens ; mais tous étaient nécessaires ; tous ont pour but de faire consentir Madame Patin [Argante] au mariage de son fils avec Angélique. Les différentes métamorphoses de Champagne & de Merlin servent à égayer la Pièce, & amenent un dénouement aussi neuf qu’ingénieux. Il y a peu de Scènes au Théâtre plus divertissantes, que celle qui donne le titre à cette Comédie. » (Joseph de La Porte, Dictionnaire dramatique, Paris, Lacombe, 1776, p.517, à propos de La Folle Enchère, « par Mademoiselle Ulric, attribuée à Dancourt »).
  • « A typical example of this dogged police feminin work was the case of a Mme Ulrick, who had been singled out for police scrutiny for her debauchery with Parisian notables. » (Philip F. Riley, A Lust for Virtue: Louis XIV’s Attack on Sin in Seventeenth-century France, Westport (Connecticut), Greenwood Press, 2001, p.59-60).
  • « Pendant sa liaison avec le poète, elle s’était fait remettre non seulement le manuscrit des Quiproquos mais aussi plusieurs autres. Cette femme folle de son corps l’était aussi des papiers de La Fontaine. C’est elle qui inaugura, de la façon la plus naturelle, cette longue lignée de veuves et de maîtresses abusives qui surent accaparer les manuscrits de certains hommes illustres que les cajoleries rendaient bonasses sur leur déclin. Voilà notre virago non seulement propriétaire de manuscrits, mais juge. Elle ne s’en tira pas trop mal, elle savait écouter les amis et admirateurs de La Fontaine. Elle les répétait en disant : « Je ». À l’en croire, c’est elle qui aurait découvert, prôné et répandu le génie de La Fontaine […] Que vient-elle traîner son âme dans les alcôves de Boccace ? Elle était plus naturelle quand elle n’y amenait que son corps. » (Jean Orieux, La Fontaine ou la vie est un conte, Paris, Flammarion, 1977, p.578).
  • « Son parcours retrace surtout celui d’une autrice et éditrice intégrée dans le courant libertin de son temps, dont la reconnaissance auctoriale et la création littéraire furent violemment contrariées par les conditions sociales et morales imposées aux femmes. Mme Ulrich est l’une des deux seules autrices à avoir fait jouer une comédie à la Comédie-Française au XVIIe siècle. » (Aurore Evain, « Notice » dans La Folle Enchère. Comédie (1691), Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, voir supra, p.179).
  • « Rester discrètes et, dans le même temps, affirmer un savoir-faire littéraire, tel est bien le dilemme de certaines femmes qui se mêlent d’écrire au XVIIe siècle dont témoigne ce privilège. » (Edwige Keller-Rhabé, Privilèges d’auteurs et d’autrices en France, voir supra, p.453-456).
  • « Son discours liminaire donne consistance et légitimité à une figure singulière d’éditrice, qui joue sur le double registre de l’expertise littéraire et de la sociabilité mondaine. De fait, elle conçoit véritablement la publication des pièces inédites de La Fontaine comme une action, et même une action d’éclat sur le terrain socialement valorisé des belles-lettres. Et d’ailleurs l’examen attentif du contenu et de la composition du recueil révèlerait chez elle une audace qui tient plutôt du courage politique que de l’impudeur ou du cynisme dont l’ont affublée les biographes de La Fontaine. » (Michèle Rosellini, « Madame Ulrich, une éditrice de La Fontaine invisibilisée par l’histoire littéraire », voir supra, p.363).
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