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Louise de Coligny, fille de Gaspard de Coligny et de sa première femme Charlotte de Laval, naît le 28 septembre 1555 au château de Châtillon-Coligny. Sa jeunesse est marquée par les premières guerres de religion et par la mort de plusieurs de ses proches parents, dont sa mère en 1568. Éduquée par des humanistes, elle passe son adolescence au sein de grandes familles huguenotes. En 1568, elle est accueillie par Jeanne d'Albret et son fils le futur Henri IV à La Rochelle. Sur les conseils de son père, elle y épouse Charles de Téligny le 26 mai 1571. Un an plus tard, Louise perd l'un et l'autre dans le massacre de la Saint-Barthélemy. Les détails de sa fuite de Paris sont inconnus. On la retrouve en Savoie avec sa belle-mère Jacqueline d'Entremonts, puis en Suisse, à Bâle et à Berne. De retour en France après l'Édit de Beaulieu en 1576, elle demeure à Lierville, propriété qu'elle tient de son mari, ne se montrant à la cour que pour essayer de faire lever l'interdiction qui frappe le nom et les biens de son père. Au printemps 1583, Guillaume «le Taciturne», prince d'Orange et stathouder des Provinces-Unies des Pays-Bas, la demande en mariage. Le 12 avril 1583, elle devient sa quatrième femme, et la belle-mère de ses dix enfants. Appauvri par son engagement à la tête des forces protestantes des Provinces-Unies contre l'Espagne, Guillaume est assassiné par un catholique à la solde des Espagnols le 10 juillet 1584 en présence de sa femme, quinze mois après leur mariage, et six mois après la naissance de leur fils Frédéric-Henri.
 
Louise de Coligny, fille de Gaspard de Coligny et de sa première femme Charlotte de Laval, naît le 28 septembre 1555 au château de Châtillon-Coligny. Sa jeunesse est marquée par les premières guerres de religion et par la mort de plusieurs de ses proches parents, dont sa mère en 1568. Éduquée par des humanistes, elle passe son adolescence au sein de grandes familles huguenotes. En 1568, elle est accueillie par Jeanne d'Albret et son fils le futur Henri IV à La Rochelle. Sur les conseils de son père, elle y épouse Charles de Téligny le 26 mai 1571. Un an plus tard, Louise perd l'un et l'autre dans le massacre de la Saint-Barthélemy. Les détails de sa fuite de Paris sont inconnus. On la retrouve en Savoie avec sa belle-mère Jacqueline d'Entremonts, puis en Suisse, à Bâle et à Berne. De retour en France après l'Édit de Beaulieu en 1576, elle demeure à Lierville, propriété qu'elle tient de son mari, ne se montrant à la cour que pour essayer de faire lever l'interdiction qui frappe le nom et les biens de son père. Au printemps 1583, Guillaume «le Taciturne», prince d'Orange et stathouder des Provinces-Unies des Pays-Bas, la demande en mariage. Le 12 avril 1583, elle devient sa quatrième femme, et la belle-mère de ses dix enfants. Appauvri par son engagement à la tête des forces protestantes des Provinces-Unies contre l'Espagne, Guillaume est assassiné par un catholique à la solde des Espagnols le 10 juillet 1584 en présence de sa femme, quinze mois après leur mariage, et six mois après la naissance de leur fils Frédéric-Henri.
  
Pendant son deuxième veuvage, la princesse douairière d'Orange pourvoit à la survie et au bien-être des enfants du Taciturne. Elle assure une solide éducation à son fils et à ses six plus jeunes belles-filles (nées de Charlotte de Bourbon), à qui elle trouve des partis avantageux: l'Électeur Palatin pour Louise-Julienne, le duc de Bouillon pour Élisabeth, le duc de La Trémoille pour Charlotte-Brabantine. Devenue grand-mère, Louise s'occupe notamment de l'éducation de la petite Charlotte de La Trémoille, future comtesse de Derby.
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Pendant son deuxième veuvage, la princesse douairière d'Orange pourvoit à la survie et au bien-être des enfants du Taciturne. Elle assure une solide éducation à son fils et à ses six plus jeunes belles-filles (nées de Charlotte de Bourbon), à qui elle trouve des partis avantageux: l'Électeur Palatin pour Louise-Julienne, le duc de Bouillon pour Élisabeth, le duc de La Trémoille pour [[Charlotte-Brabantine d'Orange-Nassau|Charlotte-Brabantine]]. Devenue grand-mère, Louise s'occupe notamment de l'éducation de la petite Charlotte de La Trémoille, future comtesse de Derby.
  
 
Grâce aux liens de parenté et d'amitié qu'elle entretient avec Henri IV, elle participe activement à la vie politique de la France et des Provinces-Unies, ainsi qu'aux relations de ces deux pays avec l'Angleterre. Ses talents de négociatrice avec les chefs huguenots sont particulièrement reconnus lors de la conversion d'Henri IV et de la promulgation de l'Édit de Nantes. Louise tente également d'assurer à son fils Frédéric-Henri une place à la cour de France. Si elle n'y parvient pas tout à fait, c'est parce que le nouveau prince d'Orange, Maurice, considère son demi-frère comme son héritier et veut le garder près de lui. Frédéric-Henri devient d'ailleurs stathouder des Provinces-Unies et prince d'Orange en 1625. Louise de Coligny meurt le 9 novembre 1620 au château de Fontainebleau où elle a été accueillie par Marie de Médicis. Elle est enterrée à côté de Guillaume d'Orange, dans la Nieuwe Kerk à Delft.
 
Grâce aux liens de parenté et d'amitié qu'elle entretient avec Henri IV, elle participe activement à la vie politique de la France et des Provinces-Unies, ainsi qu'aux relations de ces deux pays avec l'Angleterre. Ses talents de négociatrice avec les chefs huguenots sont particulièrement reconnus lors de la conversion d'Henri IV et de la promulgation de l'Édit de Nantes. Louise tente également d'assurer à son fils Frédéric-Henri une place à la cour de France. Si elle n'y parvient pas tout à fait, c'est parce que le nouveau prince d'Orange, Maurice, considère son demi-frère comme son héritier et veut le garder près de lui. Frédéric-Henri devient d'ailleurs stathouder des Provinces-Unies et prince d'Orange en 1625. Louise de Coligny meurt le 9 novembre 1620 au château de Fontainebleau où elle a été accueillie par Marie de Médicis. Elle est enterrée à côté de Guillaume d'Orange, dans la Nieuwe Kerk à Delft.
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- «C'étoit une âme sincère, indigne des souplesses ou plutôt des fourberies de ce temps»; «la digne fille de l'amiral» (Philippe Du Plessis Mornay, Mémoires et correspondance, lettres à Du Maurier et à Madame de Rohan, 23 et 30 nov. 1620, t.VI, pp.474, 478).
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- «Monsieur l'amiral son père l'estimoit fort à cause de sa prudence et de sa modestie. Elle gagnoit d'abord l'amour et le coeur d'un chacun par une parole douce et charmante, et l'estime générale par un raisonnement fort et une bonté angélique. Elle étoit bien faite de sa personne, quoique sa taille fut petite. Ses yeux étaient beaux et son teint extraordinairement vif» (Louis Aubéry du Maurier, Mémoires pour servir à l'histoire de Hollande, 1680, p.178).
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- «Elle était étonnamment la fille de l'Amiral. Elle en avait la sagesse et l'extraordinaire beauté de coeur [...]. [P]ersonne admirable en qui une vertu accomplie apparaît dans la tragique auréole des martyrs» (Jules Michelet, Histoire de France, Paris, J. Hetzel, [1869], t.3, chap.IX, p.526).
  
 
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Version actuelle en date du 27 mai 2013 à 17:33

Louise de Coligny
Titre(s) Princesse d'Orange
Conjoint(s) Charles de Téligny
Guillaume d'Orange, stathouder des Provinces-Unies
Biographie
Date de naissance 1555
Date de décès 1620
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Jane Couchman, 2004

Louise de Coligny, fille de Gaspard de Coligny et de sa première femme Charlotte de Laval, naît le 28 septembre 1555 au château de Châtillon-Coligny. Sa jeunesse est marquée par les premières guerres de religion et par la mort de plusieurs de ses proches parents, dont sa mère en 1568. Éduquée par des humanistes, elle passe son adolescence au sein de grandes familles huguenotes. En 1568, elle est accueillie par Jeanne d'Albret et son fils le futur Henri IV à La Rochelle. Sur les conseils de son père, elle y épouse Charles de Téligny le 26 mai 1571. Un an plus tard, Louise perd l'un et l'autre dans le massacre de la Saint-Barthélemy. Les détails de sa fuite de Paris sont inconnus. On la retrouve en Savoie avec sa belle-mère Jacqueline d'Entremonts, puis en Suisse, à Bâle et à Berne. De retour en France après l'Édit de Beaulieu en 1576, elle demeure à Lierville, propriété qu'elle tient de son mari, ne se montrant à la cour que pour essayer de faire lever l'interdiction qui frappe le nom et les biens de son père. Au printemps 1583, Guillaume «le Taciturne», prince d'Orange et stathouder des Provinces-Unies des Pays-Bas, la demande en mariage. Le 12 avril 1583, elle devient sa quatrième femme, et la belle-mère de ses dix enfants. Appauvri par son engagement à la tête des forces protestantes des Provinces-Unies contre l'Espagne, Guillaume est assassiné par un catholique à la solde des Espagnols le 10 juillet 1584 en présence de sa femme, quinze mois après leur mariage, et six mois après la naissance de leur fils Frédéric-Henri.

Pendant son deuxième veuvage, la princesse douairière d'Orange pourvoit à la survie et au bien-être des enfants du Taciturne. Elle assure une solide éducation à son fils et à ses six plus jeunes belles-filles (nées de Charlotte de Bourbon), à qui elle trouve des partis avantageux: l'Électeur Palatin pour Louise-Julienne, le duc de Bouillon pour Élisabeth, le duc de La Trémoille pour Charlotte-Brabantine. Devenue grand-mère, Louise s'occupe notamment de l'éducation de la petite Charlotte de La Trémoille, future comtesse de Derby.

Grâce aux liens de parenté et d'amitié qu'elle entretient avec Henri IV, elle participe activement à la vie politique de la France et des Provinces-Unies, ainsi qu'aux relations de ces deux pays avec l'Angleterre. Ses talents de négociatrice avec les chefs huguenots sont particulièrement reconnus lors de la conversion d'Henri IV et de la promulgation de l'Édit de Nantes. Louise tente également d'assurer à son fils Frédéric-Henri une place à la cour de France. Si elle n'y parvient pas tout à fait, c'est parce que le nouveau prince d'Orange, Maurice, considère son demi-frère comme son héritier et veut le garder près de lui. Frédéric-Henri devient d'ailleurs stathouder des Provinces-Unies et prince d'Orange en 1625. Louise de Coligny meurt le 9 novembre 1620 au château de Fontainebleau où elle a été accueillie par Marie de Médicis. Elle est enterrée à côté de Guillaume d'Orange, dans la Nieuwe Kerk à Delft.

Seules quelque 192 lettres de sa volumineuse correspondance nous sont parvenues, dont la plupart se trouvent dans les archives de la famille d'Orange-Nassau à La Haye et dans celles de la famille de La Trémoille aux Archives Nationales à Paris. Elles montrent que Louise connaissait bien les ressources du genre épistolaire, qu'elle a exploitées pour entretenir les liens familiaux et politiques qui assuraient son influence, aussi bien que pour intervenir dans des situations politiques délicates comme les conflits qui opposaient son gendre et cousin le duc de Bouillon au roi Henri IV. Sa correspondance témoigne également de l'affection mutuelle qui l'unissait à ses proches et de son intérêt pour les détails plus intimes de la vie familiale: mariages, grossesses, enfants, maladies, deuils.

Louise de Coligny s'est créé auprès de ses contemporains une réputation de sagesse, de vertu et d'efficacité dans les négociations au plus haut niveau des affaires des deux pays auxquels elle appartenait. Toutefois, même de son vivant, son influence, qui s'exerçait de manière informelle, n'était pas toujours reconnue. Dans les histoires du règne d'Henri IV, elle est rarement mentionnée. Ce sont les historiens du protestantisme qui se sont souvenus d'elle, surtout J. Delaborde et P. Marchegay, qui nous ont légué sa biographie et l'édition de ses lettres. On la redécouvre dans le contexte de l'étude systématique de l'histoire des écrits des femmes.

Oeuvres

- Correspondance de Louise de Coligny, princesse d'Orange. Éd. Paul Marchegay et Léon Marlet (1887), Genève, Slatkine Reprints, 1970. Réunit 191 de ses lettres. Une lettre inédite se trouve à la Bibliothèque royale des Pays-Bas, à La Haye.

Choix bibliographique

- Bainton, Roland H. «Louise de Coligny», in Women of the Reformation in France and England. Boston, Beacon Press, 1983.

- Berriot-Salvadore, Evelyne. «Louise de Coligny», in Les Femmes dans la société française de la Renaissance. Genève, Droz, 1990, p.134-139.

- Couchman, Jane. «La lecture et le lectorat dans la correspondance de Louise de Coligny», in Isabelle Brouard-Arends (dir.), Lectrices d'Ancien Régime. Rennes, PUR, 2003, p.399-408.

- Couchman, Jane. «Lettres de Louise de Coligny aux membres de sa famille», in Colette Winn et Elizabeth Goldsmith (dir.), Lettres de femmes XVIe-XVIIe siècle. Paris, Champion, à paraître 2004.

- Delaborde, Jules. Louise de Coligny, princesse d'Orange (1890). Genève, Slatkine Reprints, 1970.

Choix iconographique

- Anonyme. Portrait carré de Louise de Coligny d'après le portrait de Mierevelt, gravure, avec les mots «VENIAT REGNUM TUUM» au-dessus de l'image -- C. Brandt. Historie der Reformatie. Amsterdam, 1674, opp. p.646, reproduit dans R. H. Bainton. Women of the Reformation... voir supra «choix bibliographique», p.112.

- Anonyme. Portrait ovale sans étiquette de Louise de Coligny d'après le portrait de Mierevelt -- J. Delaborde. Louise de Coligny... voir supra «choix bibliographique», 1970, face à la page de titre.

- Mierevelt, Michiel Janszen van. Portrait ovale de Louise de Coligny, huile sur cuivre, 28 cm x 23 cm, Mauritshuis, La Haye, avant 1620 -- mentionné par Henry Harvard, L'Art et les artistes hollandais (4 vol.). Paris, A. Quantin, vol.1, 1879, p.51, 60.

- Delff, Willem Jacobszen (gendre de Mierevelt). Portrait ovale de Louise de Coligny d'après Mierevelt, gravure, avec les mots "VENIAT REGNUM TUUM" dans le cadre circulaire autour du portrait, et sous l'image la liste des titres de Louise de Coligny et de son fils, 1627 -- Correspondance de Louise de Coligny... voir supra «oeuvres», face à la page de titre.

Jugements

- «C'étoit une âme sincère, indigne des souplesses ou plutôt des fourberies de ce temps»; «la digne fille de l'amiral» (Philippe Du Plessis Mornay, Mémoires et correspondance, lettres à Du Maurier et à Madame de Rohan, 23 et 30 nov. 1620, t.VI, pp.474, 478).

- «Monsieur l'amiral son père l'estimoit fort à cause de sa prudence et de sa modestie. Elle gagnoit d'abord l'amour et le coeur d'un chacun par une parole douce et charmante, et l'estime générale par un raisonnement fort et une bonté angélique. Elle étoit bien faite de sa personne, quoique sa taille fut petite. Ses yeux étaient beaux et son teint extraordinairement vif» (Louis Aubéry du Maurier, Mémoires pour servir à l'histoire de Hollande, 1680, p.178).

- «Elle était étonnamment la fille de l'Amiral. Elle en avait la sagesse et l'extraordinaire beauté de coeur [...]. [P]ersonne admirable en qui une vertu accomplie apparaît dans la tragique auréole des martyrs» (Jules Michelet, Histoire de France, Paris, J. Hetzel, [1869], t.3, chap.IX, p.526).

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