Louise de Bossigny, comtesse d'Auneuil

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Louise de Bossigny, comtesse d'Auneuil
Titre(s) comtesse d'Auneuil
Conjoint(s) Louis Claude Barjot, comte d'Auneuil
Dénomination(s) Madame d'Auneuil, Madame la comtesse D.L.
Biographie
Date de naissance vers 1670
Date de décès vers 1730
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Nathalie Grande, 2020

On ne connaît pas les parents ni la date de naissance exacte de Louise de Bossigny. On sait seulement qu’elle est de noble extraction, par le Mercure galant (février 1703), qui signale le « rang [de] sa naissance ». Elle épouse, on ne sait pas en quelle année, Louis Claude Barjot, comte (ou marquis, selon les sources) d’Auneuil, fils aîné d’une famille de parlementaires.
Veuve en 1700, elle se met alors à publier différents recueils de contes. La Tyrannie des fées détruite (1702), son premier recueil et le plus célèbre, commence par une dédicace en vers à Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, épouse du futur dauphin ; la narration-cadre brode sur l’origine merveilleuse de la machine de Marly, chargée de monter les eaux de la Seine jusqu’aux jardins de Versailles : ce court texte aussi convenu que dithyrambique montre l’aisance littéraire et sociale d’une écrivaine visiblement soucieuse de plaire à un public mondain. Certains de ses contes paraissent dans un périodique mensuel lancé par le libraire Pierre Ribou en 1702-1703, les Nouvelles du temps : l’actualité de la mode ou du monde y est traitée à travers un filtre galant plein d’allusions et de dérision. Sa dernière publication, en 1709, Le Génie familier, mêle avec brio au conte de fées différentes tonalités rappelant le roman héroïque et pastoral, le roman hispano-mauresque (Les Chevaliers errants) ou le merveilleux oriental à la mode depuis Les 1001 Nuits. On ne connaît pas la date de sa mort, que le Cabinet des fées a fixée par erreur (confusion avec le décès de son époux ?) à janvier 1700, ce qui ferait que toute son œuvre serait posthume.
Ses œuvres ont souvent été rééditées au XVIIIe siècle, de manière séparée ou dans le cadre du «Cabinet des fées». Elle disparaît en revanche des mémoires au XIXe siècle, avant que le regain d’intérêt suscité à la fin du XXe siècle par les premières conteuses ne relance l’intérêt pour son œuvre.

Oeuvre

  • 1702 : La Tyrannie des fées détruite, nouveaux contes dédiés à Madame la duchesse de Bourgogne par Madame la comtesse D. L., Paris, Vve R. Chevillon, 1702 (consultable sur Gallica dans une édition parue chez J. Fournil de 1703 [1])
  • 1702 : L’Inconstance punie, nouvelles du temps, par Mad. la comtesse D. L., Paris, P. Ribou
  • 1702 : Nouvelles diverses du temps. La Princesse des Pretintailles, par Mme la Ctesse D. L., Paris, P. Ribou
  • 1703 : Les Colinettes, nouvelles du temps, par Mme la Csse D. L., Paris, P. Ribou
  • 1703 : L’Origine du lansquenet, nouvelles du temps, par Madame la comtesse D***, Paris, P. Ribou
  • 1709 : Les chevaliers errants, et le génie familier, par Madame la comtesse D.L., Paris, P. Ribou (consultable sur Gallica [2])
  • 2005 : Contes dans Mademoiselle Lhéritier, Mademoiselle Bernard, Mademoiselle de La Force, Madame Durand, Madame d’Auneuil, Contes, Paris, Honoré Champion, « Bibliothèque des génies et des fées ».

Choix bibliographique

  • Defrance, Anne, « Le conte de fées au risque de l’éloge politique - "La Tyrannie des fées détruite" de Madame d’Auneuil et autres contes de la première génération » dans Le Conte merveilleux au XVIIIe siècle. Une poétique expérimentale, éd. Régine Jomand-Baudry et Jean-François Perrin, Paris, Kimé, 2002, p. 55-73.
  • Defrance, Anne, « 1700-1703 : l’éclipse du conte de fées » dans L’année 1700, dir. A. Gaillard, Tübingen, Gunter Narr Verlag, 2004.
  • Defrance, Anne, « Les premiers recueils de contes de fées », Féeries, 1, 2004 (mis en ligne le 29 mars 2007, consulté le 10 septembre 2020. [3]
  • Raynard, Sophie, La seconde Préciosité. La Floraison des conteuses de 1690 à 1756, Tübingen, Gunter Narr Verlag, coll. « Biblio 17 » n° 130, 2002.
  • Robert, Raymonde, « Notice » dans Mademoiselle Lhéritier, Mademoiselle Bernard, Mademoiselle de La Force, Madame Durand, Madame d’Auneuil, Contes, Paris, Honoré Champion, « Bibliothèque des génies et des fées », 2005, p. 499-509.

Jugements

  • « On trouve chez la veuve Chevillon sur le Quay des Augustins, à l’Image de S. Jean de Dieu, un livre nouveau intitulé la Tyrannie des Fées détruite, par Madame la Comtesse d’Auneuïil. Le rang qu’elle tient dans le monde par sa naissance, & par le nom qu’elle porte, les agréemens de sa personne & l’étenduë de son esprit, la rendent une des plus accomplies personnes de ce temps, & font desirer son commerce à ceux qui en cherchent de doux & d’agreables.

Ce Livre est une fiction ingenieuse écrite dans le goût qui regne si fort depuis quelque tems parmy les Dames, quoique ce dessein toutefois ne réponde pas à celuy des autres contes des Fées ; puisque dans cet ouvrage l’on y détruit le pouvoir tyrannique de ces Déesses imaginaires. L’Epître à Madame la Duchesse de Bourgogne est en vers, & a esté receüe avec de grands agréemens de cette Princesse. Ce Livre est écrit avec toute la delicatesse & toute la finesse dont ces sortes d’ouvrages sont susceptibles. Les passions y sont peintes avec beaucoup d’art, & les effets qu’elles produisent y sont décrits tres-ingenieusement : on y trouve d’excellens portraits tirez d’aprés la pure nature, de belles & touchantes descriptions : on y parle enfin de l’amour, cette passion tyrannique, dans des termes si propres & si naturels qu’il y a lieu de croire que l’on ne parle point des effets bizarres de cette passion sans en avoir souvent inspiré de pareils. Les ouvrages que cette Comtesse donne tous les jours au public font connoitre que lorsqu’elle voudra essayer sa plume sur des sujets plus serieux, il n’y a pas à douter qu’elle ne le fasse avec beaucoup de succés, & qu’elle ne puisse un jour voir placer son nom parmi ceux des Scudery, des Houlieres, des Schurman, des Cornaro, & autres personnes illustres de ce sexe. » (Mercure galant, février 1703, t. II, p. 386-389).

  • « La comtesse d’Auneuil se nommait Louise de Bossigny ; elle avait épousé le comte d’Auneuil de l’illustre maison de Barjot, alliée à celle de La Force […]. La comtesse d’Auneuil, par sa naissance, par sa fortune, par son crédit et par les grâces de son esprit, tenait à Paris et à la cour un rang considérable. Sa maison était ouverte à tous les beaux esprits et à toutes les femmes qui écrivaient. » (Charles-Joseph Mayer, article « Auneuil » dans Le Cabinet des fées, Genève, Barde, Manget et compagnie, Paris, Cuchet, 1786, tome 37, p. 50-51).
  • « Véritable précieuse, elle avait un salon ouvert à tous les beaux esprits. […] Ses contes, galants et romanesques, manquent d’invention, sauf dans les passages où elle parle de modes et de robes. » (Dictionnaire des Lettres françaises, Le XVIIe siècle [1951, révision 1996], Paris, Fayard, coll. « La Pochothèque », 1996, p .88).
  • « Il y avait eu en effet trop de Nouveaux Contes des fées et Mme d’Auneuil voulut donc tenter quelque chose de nouveau. Elle résolut de « détruire la tyrannie des fées », c’est à dire le pouvoir excessif que celles-ci avaient gagné sur le genre à la mode, mais plus par souci stratégique que par conviction semble-t-il. C’est en effet de façon un peu forcée que nous voyons son principe mis en œuvre dans ce recueil. Il faut dire aussi que vers 1700 déjà, le public revenait un peu de l’enthousiasme des premières années de la vogue des contes de fées. Certes ce ne sont pas les contes de Mme d’Auneuil qui ont pu le soulever à nouveau, et elle est bien la dernière conteuse de la décennie 1690. Il faudra en effet attendre 1722 pour connaître une nouvelle vogue de conteuses, avec Mme L’Évêque, puis un peu plus tard Mme de Lintot (1740). » (Sophie Raynard, La seconde Préciosité. La Floraison des conteuses de 1690 à 1756, Gunter Narr Verlag, coll. « Biblio 17 » n° 130, Tübingen, 2002, p. 76).
  • À propos du recueil des Nouvelles diverses du temps (1702) : « Moyennant un fil ténu de narration, qui se colore de galanterie (car le destinateur de la lettre en profite ici ou là pour courtiser sa destinataire, l’invitant à méditer sur ces histoires et à imiter, par exemple, les héros qui savent si bien tirer profit de l’occasion), le recueil est devenu fourre-tout, bric-à-brac hétéroclite. Anecdotes, essais, fausses traductions, contes de genres divers, lettres, prose et vers s’y succèdent. La formule épistolaire, jamais encore utilisée en récit-cadre d’un conte de fées, s’avère une recette bien commode pour assurer un lien minimal.» (Anne Defrance, « Les premiers recueils de contes de fées », Féeries, 1, 2004, [4])
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