Louise Liard-Fleury

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Louise Liard-Fleury
Conjoint(s) Fusil
Dénomination(s) Louise Fusil
Louise Fleury
Biographie
Date de naissance Vers 1771
Date de décès 1848
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Valérie van Crugten-André, 2004.

Née vraisemblablement à Stuttgart en 1771, Louise Fusil est issue d'une famille d'acteurs dont le plus connu est son grand-père François Liard-Fleury, un temps comédien du Théâtre-Français. Sa prétendue parenté avec son homonyme, Abraham-Joseph Bénard, dit Fleury, le fameux acteur de la Comédie-Française, est douteuse. François Liard a épousé une demoiselle Clavel, tante de la célèbre cantatrice Antoinette Clavel, mieux connue sous le nom de Mme Saint-Huberti. Cette dernière initie Louise à l'art du chant et la fait venir à Paris où elle devient l'élève de Piccini. Le père de Louise, Henri Liard-Fleury, et sa mère, Catherine Durussose, sont également acteurs. Peu de temps avant que n'éclate la Révolution, Louise épouse, à Toulouse, le comédien Fusil. Ami de Talma, il participe aux spectacles du Théâtre de la République où Louise fait aussi quelques apparitions. Le couple, dont naîtra une fille prénommée Henriette, actrice à son tour, ne tarde pas à se séparer: Fusil est engagé à Marseille tandis que la jeune femme mène une carrière en solo à Bruxelles, Gand, Anvers, Tournai et Lille où elle accompagne en tournée le Chevalier de Saint-Georges, célèbre compositeur et interprète originaire de la Guadeloupe. En 1806, elle quitte la France pour la Russie (Pétersbourg et Moscou) où elle exerce ses talents sur les scènes des théâtres impériaux et dans une petite troupe de comédiens français dirigée par Aurore Bursay, jusqu'en 1812. Forcée de fuir Moscou en flammes, elle revient en France avec, dans ses bagages, une jeune «orpheline», la petite Nadèje, recueillie pendant la retraite de Russie. L'histoire est émouvante mais elle est peu crédible, et l'on s'accorde à penser que «l'orpheline de Wilna», comme on l'appelle alors, est en réalité la fille naturelle de Louise. De retour en France, elle l'adopte, la forme au chant, à la danse et à la comédie, et la montre sur les scènes européennes où elle recueille un assez joli succès. Bouleversée par la disparition prématurée de Nadèje, survenue en 1832, Louise Fusil séjourne un temps en Angleterre avant de rentrer définitivement en France où, poussée par le besoin, elle publie en 1841 ses Souvenirs d'une actrice. De 1844 à 1848, elle dirige une «revue de modes et de littérature» qui, malheureusement pour elle, ne connaît pas le succès de ses Mémoires. Oubliée de tous, elle meurt en 1848, dans le plus complet dénuement.

On possède peu de témoignages sur ses qualités de chanteuse et de comédienne, et seuls les deux gros volumes des Souvenirslui valurent une réelle notoriété. Ils se révèlent fort agréables à lire et d'un réel intérêt, en dépit de lourdes erreurs factuelles et chronologiques. On rencontre dans le quotidien de cette artiste de second plan les noms qui noircissent les colonnes des manuels d'histoire: Saint-Georges, Talma, Lekain, Louvet, Chénier, Dauberval, Boïeldieu, Rostopchin, Gluck, Grétry, le prince de Ligne ou le célèbre comte du Barry. La deuxième partie, essentiellement consacrée à la vie en Russie, associe les charmes de la peinture naïve aux détails documentaires et au reportage. La mémorialiste ne se borne pas aux observations de salon. Outre les qualités littéraires indéniables de l'oeuvre, qui mêle habilement la technique du portrait aux procédés romanesques, les descriptions pittoresques aux réflexions abstraites, on reconnaîtra sans peine son intérêt historico-sociologique, voire ethnologique. L'ouvrage constitue un document de choix pour l'étude des conditions de vie des comédiens à la fin du XVIIIe siècle, un témoignage privilégié de l'évolution des modes, de l'art de la scène dramatique et lyrique. Louise Fusil écrit en femme qui a longuement réfléchi sur son métier et sur son art. Elle commente la réorganisation des théâtres, leur libéralisation, la rémunération des comédiens, etc. Lectrice cultivée, elle note avec pertinence l'influence de la Révolution sur les nouveaux courants littéraires, le retour à l'antique et l'idéalisation des héros de la république romaine. Fine observatrice des moeurs de son temps, elle n'était cependant ni une moraliste, ni une progressiste et l'on ne trouve sous sa plume aucune réelle critique de l'Ancien Régime. Si Louise Fusil est peu citée dans les histoires du théâtre, les historiens de la France mentionnent souvent ses anecdotes relatives à la Révolution au titre de «sources», malgré le peu de fiabilité de ses informations. Une édition critique de ces Souvenirs paraîtra prochainement aux éditions H. Champion.

Oeuvres

- 1817 : L'incendie de Moscou, la petite orpheline de Wilna, passage de la Bérésina et Retraite de Napoléon jusqu'à Wilna. Par madame Fusil, témoin oculaire. Ces mémoires sont suivis d'un Voyage aux confins de l'Asie russe, sur les bords de la Wolga, de Notes sur la Russie, le Kremlin, Petrosky, et les principaux édifices qui ont été la proie de flammes,Londres, impr. de Schulze et Dean.
- 1841 : Souvenirs d'une actrice, par Mme Louise Fusil, Paris, Dumont -- Éd. Valérie van Crugten-André, Paris, H. Champion, (à paraître, printemps 2005).
- 1843 : «L'Oranger de la superstition», Magasin de récréations des dames, juillet 1843, Paris, au bureau de la gazette des femmes, p.80-84 (récit d'une anecdote survenue à Moscou en 1809).
- 1844 : Proserpine à Paris. Revue anecdotique de Modes, de Nouveautés, de littérature, d'industrie, etc., rédigée par plusieurs dames, Paris, Brière, Bureaux, à la Tente, au Palais-Royal, 1844 (devient en 1846, Revue des dames. Journal littéraire. Anecdotes et nouvelles inédites,Bureaux, à la Tente, au Palais-Royal, Galerie Montensier, 6 au premier; devient en 1848: Revue des arts, de la littérature, depuis 1790 jusqu'en 1848 par Mme Louise Fusil, Auteur des Souvenirs d'une actrice, de l'incendie de Moscou, du passage de la Bérésina, de l'île des vieilles[sic], du prince et la chanteuse[sic], de la famille ste.-Amaranthe[sic], Bureaux, Salon littéraire de la Tente).
- 1847 : Notice historique sur mademoiselle Mars, par Mme L. Fusil, auteur des Souvenirs d'une actrice, d'une relation de l'incendie de Moscou, de nombreuses notices anecdotiques sur les théâtres, les artistes éminents, et sur l'art dramatique, du temps de la république, de l'Empire et de la Restauration. Avec un autographe de l'illustre comédienne adressé à l'auteur, Paris, à la Tente, au Palais-Royal et chez les marchands de nouveautés.
- 1848 : Notice historique sur son altesse royale Mme la princesse Adélaïde, par Mme L. Fusil, Paris, imprimerie de Madame Lacombe.

Choix bibliographique

- Barbé, J.-J. Dictionnaire des musiciens de la Moselle. Metz, Imprimerie du Messin, 1929.
- Id. «Un chapitre de l'histoire du théâtre de Metz au XVIIIe, Les Fleury, comédiens et chanteurs». Le Pays Lorrain, 1925, p.320-326.
- Roman d'Amat et al. (dir.).Dictionnaire de Biographie française. Paris, Letouzey et Ané, 1976, t.XIV, p.1459-1463.
- Lyonnet, Henri. Dictionnaire des comédiens français (ceux d'hier). Biographie, Bibliographie, Iconographie[...]. Paris, E. Jorel, 2 vol., librairie de l'art du théâtre, s.d. [1904].

Jugements

- (à propos du Théâtre des Beaujolais) «Le divorce inutile. Comédie en prose et en un acte par M. Gabiot. Très jolie pièce, écrite avec pureté, pleine de sentiments relevés, et d'idées fines et spirituelles; il y règne d'un bout à l'autre un excellent ton; et l'on ne peut trop engager les acteurs de ce théâtre à entremêler souvent leurs opéras de comédies du même genre. Mesdames Sara et Fusil s'y font applaudir, parce que les bons rôles siéent toujours aux talents» (Almanach général de tous les spectacles de Paris et des Provinces pour l'année 1791, p.86-87).
- «Une femme aimable et spirituelle, dont la longue carrière n'a pas été sans éclat, et qui a obtenu dans les arts des succès brillants, vient de finir ses jours dans un hospice [...]. Telle est souvent la destinée des artistes qui manquent de prévoyance, et qui ne songent pas qu'une vogue éphémère ne les préservera pas des chances hasardeuses de l'avenir. Mme Fusil, née Louise Fleury, qui aurait pu être inconnue de la génération actuelle, ne l'était cependant pas, puisque sa plume septuagénaire, qui avait conservé l'esprit, le grâce et la fraîcheur de la jeunesse, a tracé récemment des Mémoires qui, au charme du style, joignent un grand intérêt de curiosité pour les amateurs de théâtre et pour les curieux d'anecdotes littéraires» (extrait d'un article de nécrologie sur Louise Fusil, La semaine, 1849).

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