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(Notice de Alison Klairmont Lingo, 2015)
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Les ''Observations'' sont bien plus qu’un traité d’obstétrique et de gynécologie. Aux traités médicaux s’ajoutent des récits autobiographiques (''Comment j’ai appris l’art de sage-femme''), historique (le ''Récit véritable de la naissance des Enfants de France''), des poèmes encomiastiques, et une œuvre didactique (l’''Instruction à ma fille''). Avant tout, cependant, Bourgeois cherche à améliorer la santé des femmes et des nouveau-nés. Pour ce faire, elle s’appuie surtout sur sa propre expérience, aussi bien que sur la théorie médicale.<br/>  
 
Les ''Observations'' sont bien plus qu’un traité d’obstétrique et de gynécologie. Aux traités médicaux s’ajoutent des récits autobiographiques (''Comment j’ai appris l’art de sage-femme''), historique (le ''Récit véritable de la naissance des Enfants de France''), des poèmes encomiastiques, et une œuvre didactique (l’''Instruction à ma fille''). Avant tout, cependant, Bourgeois cherche à améliorer la santé des femmes et des nouveau-nés. Pour ce faire, elle s’appuie surtout sur sa propre expérience, aussi bien que sur la théorie médicale.<br/>  
 
Les ''Observations'' elles-mêmes comprennent ses protocoles obstétriques, des recettes médicales éprouvées personnellement, et environ quarante-huit études de cas – significatives, car elles témoignent d’un empirisme scientifique croissant à cette époque. Bourgeois est la première à décrire le prolapsus du cordon ombilical et à recommander qu’on coupe le cordon entre deux ligatures lorsqu’il s’enroule autour du cou. L’Instruction à ma fille est une source de conseils moraux et religieux, ainsi qu’une éthique pratique pour sages-femmes, nourrices, et parturientes. Bourgeois supplie les médecins de permettre aux sages-femmes d’assister aux cours d’anatomie, elle critique les praticiens qui ignorent les fondements de la reproduction et du corps féminin, et elle prône la collaboration entre médecins, chirurgiens et sages-femmes, entravée par la rivalité entre ces trois groupes. Avant tout, elle prône le respect pour les rythmes de la nature, selon une philosophie non-interventionniste qu’on retrouvera chez les sages-femmes modernes.<br/>  
 
Les ''Observations'' elles-mêmes comprennent ses protocoles obstétriques, des recettes médicales éprouvées personnellement, et environ quarante-huit études de cas – significatives, car elles témoignent d’un empirisme scientifique croissant à cette époque. Bourgeois est la première à décrire le prolapsus du cordon ombilical et à recommander qu’on coupe le cordon entre deux ligatures lorsqu’il s’enroule autour du cou. L’Instruction à ma fille est une source de conseils moraux et religieux, ainsi qu’une éthique pratique pour sages-femmes, nourrices, et parturientes. Bourgeois supplie les médecins de permettre aux sages-femmes d’assister aux cours d’anatomie, elle critique les praticiens qui ignorent les fondements de la reproduction et du corps féminin, et elle prône la collaboration entre médecins, chirurgiens et sages-femmes, entravée par la rivalité entre ces trois groupes. Avant tout, elle prône le respect pour les rythmes de la nature, selon une philosophie non-interventionniste qu’on retrouvera chez les sages-femmes modernes.<br/>  
Deson temps, les écrits de Bourgeois ont été aussi connus et aussi populaires que ceux de Paré et du chirurgien Jacques Guillemeau. Les ''Observations'' – le premier livre médical d’une femme depuis ''De curis mulierum'' de [[Trotula|Trota de Salerno]] du XIIe siècle – ont été traduites en allemand en 1619, en néerlandais en 1658, et en anglais en 1656 (quoique de façon mutilée). Republiées en entier ou partiellement depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours, elles ont ouvert la voie aux traités des sages-femmes [[Marguerite du Tertre de La Marche]] (1677) et [[Angélique du Coudray]] (1759) et sont aujourd’hui l’objet d’une curiosité grandissante.
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Deson temps, les écrits de Bourgeois ont été aussi connus et aussi populaires que ceux de Paré et du chirurgien Jacques Guillemeau. Les ''Observations'' – le premier livre médical d’une femme depuis ''De curis mulierum'' de [[Trotula|Trota de Salerno]] du XIIe siècle – ont été traduites en allemand en 1619, en néerlandais en 1658, et en anglais en 1656 (quoique de façon mutilée). Republiées en entier ou partiellement depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours, elles ont ouvert la voie aux traités des sages-femmes [[Marguerite du Tertre de La Marche]] (1677) et [[Angélique Le Boursier|Angélique du Coudray]] (1759) et sont aujourd’hui l’objet d’une curiosité grandissante.
  
  

Version du 21 décembre 2015 à 17:30

Louise Bourgeois
Conjoint(s) Martin Boursier
Dénomination(s) Dame Boursier
Dame Bourcier
Biographie
Date de naissance 1563
Date de décès 1636
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)
Dictionnaire Aloïs Delacoux (1833)


Notice de Alison Klairmont Lingo, 2015

Née en 1563 dans une famille aisée du Faubourg Saint-Germain, Louise Bourgeois y apprend à lire et à écrire. Le 30 décembre 1584, elle épouse le chirurgien Martin Boursier, ancien élève du célèbre chirurgien Ambroise Paré. En 1589, les troupes d’Henri IV attaquent Paris, avec des conséquences désastreuses pour les propriétés de la famille Bourgeois. Avec sa mère et ses trois enfants (son mari étant à la guerre), elle se réfugie à Paris. Vivant dans le besoin, elle décide de devenir sage-femme. Sa carrière commence en 1593 ou en 1594 dans son quartier de la Rive Gauche, où elle accouche les femmes des milieux modestes. Sa réputation s’établit vite. Elle affirme avoir présidé à deux mille naissances en quinze ans.
Le 12 novembre 1598, Bourgeois est reçue sage-femme jurée de la ville de Paris malgré l’opposition de Marguerite Dupuis, sage-femme de la reine. Ambitieuse et intelligente, elle accouche bientôt des femmes de toutes les classes sociales. Elle parvient à se faire connaître de la Reine, Marie de Médicis, alors enceinte, et à remplacer Dupuis dans sa charge. Selon Bourgeois, c’est grâce à son habileté lors de la naissance du futur Louis XIII en 1601 que la stabilité de la monarchie est préservée. Par la suite, Bourgeois accouche la reine de cinq autres enfants. La protection de celle-ci rend possible la publication des Observations diverses de Bourgeois, le premier traité médical en France écrit par une femme. Le domaine des imprimés médicaux n’est plus exclusivement masculin. Le premier tome des Observations paraît en 1609, suivi de deux autres en 1617 et en 1626.
Bourgeois jouit de son prestige et de ses relations avec la Cour jusqu’en 1627, lorsqu’elle accouche Marie de Bourbon-Montpensier, belle-sœur du roi Louis XIII. Celle-ci meurt cependant six jours après avoir donné le jour à la future Grande Mademoiselle, et un rapport d’autopsie suggère que Bourgeois en est responsable. Elle publie une Apologie pour se défendre, mais se trouve attaquée dans un pamphlet anonyme, sans doute de Charles Guillemeau, médecin ordinaire du roi. La plupart des médecins et des nobles qui l’avaient soutenue au début de sa carrière étant décédés, personne ne prend sa défense. En 1635, une année avant sa mort, elle publie un Recueil des secrets, livre de recettes médicales.
Les Observations sont bien plus qu’un traité d’obstétrique et de gynécologie. Aux traités médicaux s’ajoutent des récits autobiographiques (Comment j’ai appris l’art de sage-femme), historique (le Récit véritable de la naissance des Enfants de France), des poèmes encomiastiques, et une œuvre didactique (l’Instruction à ma fille). Avant tout, cependant, Bourgeois cherche à améliorer la santé des femmes et des nouveau-nés. Pour ce faire, elle s’appuie surtout sur sa propre expérience, aussi bien que sur la théorie médicale.
Les Observations elles-mêmes comprennent ses protocoles obstétriques, des recettes médicales éprouvées personnellement, et environ quarante-huit études de cas – significatives, car elles témoignent d’un empirisme scientifique croissant à cette époque. Bourgeois est la première à décrire le prolapsus du cordon ombilical et à recommander qu’on coupe le cordon entre deux ligatures lorsqu’il s’enroule autour du cou. L’Instruction à ma fille est une source de conseils moraux et religieux, ainsi qu’une éthique pratique pour sages-femmes, nourrices, et parturientes. Bourgeois supplie les médecins de permettre aux sages-femmes d’assister aux cours d’anatomie, elle critique les praticiens qui ignorent les fondements de la reproduction et du corps féminin, et elle prône la collaboration entre médecins, chirurgiens et sages-femmes, entravée par la rivalité entre ces trois groupes. Avant tout, elle prône le respect pour les rythmes de la nature, selon une philosophie non-interventionniste qu’on retrouvera chez les sages-femmes modernes.
Deson temps, les écrits de Bourgeois ont été aussi connus et aussi populaires que ceux de Paré et du chirurgien Jacques Guillemeau. Les Observations – le premier livre médical d’une femme depuis De curis mulierum de Trota de Salerno du XIIe siècle – ont été traduites en allemand en 1619, en néerlandais en 1658, et en anglais en 1656 (quoique de façon mutilée). Republiées en entier ou partiellement depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours, elles ont ouvert la voie aux traités des sages-femmes Marguerite du Tertre de La Marche (1677) et Angélique du Coudray (1759) et sont aujourd’hui l’objet d’une curiosité grandissante.

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