Louise-Marie-Victoire Chastenay

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Louise-Marie-Victoire Chastenay
Dénomination(s) Victorine de Chastenay
Victorine de Chastenay-Lenti
Victorine de Chastenay de Lanty
Biographie
Date de naissance 1771
Date de décès 1855
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice de Marion Konrad, 2008

Louise-Marie-Victoire de Chastenay, nommée Victorine depuis son plus jeune âge, est née le 12 avril 1771 à Paris et meurt le 9 mai 1855 à Châtillon-sur-Seine. Elle est la fille de Catherine-Louise d’Herbouville et d’Érard-Louis-Guy, comte de Chastenay de Lanty, descendant d’une famille de petite, mais de fort ancienne noblesse. Victorine et son frère Henri-Louis, né en 1772, goûtent très tôt aux avantages de leur naissance. Avec les enfants d’Orléans, ils sont un temps instruits par Mme de Genlis dans les sciences humaines et naturelles et profitent des cours de musique, de danse et de dessin dispensés par les maîtres les plus renommés. A l’âge de quatorze ans, Victorine est élue chanoinesse au chapitre d’Épinal, statut qui fait d’elle une jeune fille indépendante et privilégiée et qui lui permet de porter désormais le titre de «Madame». Sous l’influence des convictions de son père qui, bien que garde du Roi, adhère aux changements politiques déjà prévisibles, Victorine s’intéresse aux idées libérales. Pourchassés parce que nobles, les Chastenay cherchent refuge à Rouen, puis s’installent, en 1794, sur le domaine familial d’Essarois, en Bourgogne. Pourtant, toute la famille est dénoncée et emprisonnée, car le père est, par erreur, inscrit sur la liste des émigrés. C’est pendant ces années troublées que Victorine se préoccupe de politique. Elle réussit à sauver son père de l’échafaud. Résidant de nouveau à Paris, elle fait la connaissance de Bonaparte, de Barras, de Fouché et d’autres hommes influents. Une grande amitié l’unit à Pierre-François Réal, ancien procureur au Châtelet, défenseur de M. de Chastenay au tribunal révolutionnaire et futur conseiller d’Etat. Elle fréquente Mme de Genlis et Mme de Staël et fait partie des cercles littéraires, politiques et scientifiques de la capitale. Après 1830, Victorine se retire à la campagne. Bien qu’une maladie des yeux la rende presque aveugle et l’empêche d’écrire, elle garde toujours la vocation de communiquer ses opinions politiques. Ses dictées, pour la plupart conservées à la Bibliothèque Nationale, révèlent de plus en plus des idées réactionnaires. Elle meurt à l’âge de 84 ans.

Sa première publication littéraire, une traduction du poème sentimental anglais Le village abandonné d’Oliver Goldsmith, voit le jour en 1797. Après avoir publié la même année sa seconde oeuvre, la traduction du roman gothique anglais Les mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe, elle compose un livre de botanique, le Calendrier de Flore, ouvrage né de sa correspondance avec Réal, qui y prend les traits de Fanny, son disciple. En 1808, elle publie Du génie des peuples anciens, fruit des travaux de plusieurs années. Ce livre inspiré par l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain de Condorcet, ne connaît point de succès auprès de la critique. Fidèle à l’idée d’illustrer le développement de l’esprit humain, elle compose Les Chevaliers normands en Italie et en Sicile, publié en 1816, puisDe l’Asie, publié en 1832. La critique n’en fait pas l’éloge. Une autre oeuvre du même genre, De l’Europe, reste inachevée. Ce sont ses Mémoires, témoignage sur les années 1771-1815, qui font d’elle une des femmes les plus remarquables de son époque. Dans son style modéré, elle illustre les principaux personnages politiques et intellectuels ainsi que les moeurs et les usages de son temps: «J’écris pour être lue un jour, je pense que mon récit pourra devenir utile, parce qu’il sera vrai», dit-elle dans sa préface. La plus grande partie de cet ouvrage autobiographique est rédigée vers 1810, mais, suivant la volonté de son auteure, celui-ci n’est publié qu’à titre posthume en 1896 et en 1897.

Bien que toutes les rééditions françaises des Mystères d’Udolphe s’appuient sur sa traduction, Victorine de Chastenay est aujourd’hui réputée pour ses seules Mémoires (en partie rééditées récemment). Malgré la qualité de cette traduction et l’ampleur de ses travaux, Mme de Chastenay a peu intéressé la recherche. Ainsi, nous ne possédons pratiquement pas d’informations sur la deuxième partie de sa vie, les spécialistes la déclarant décédée en 1815, dernière année évoquée dans les Mémoires.

Oeuvres

- 1797 : Le village abandonné, traduction de l’anglais du poème sentimental The deserted village par Oliver Goldsmith, Paris, publication privée de M. Réal.

- 1797 : Les mystères d’Udolphe, traduction de l’anglais du roman gothique The Mysteries of Udolpho par Ann Radcliffe, Paris, Maradan, éd. Maurice Lévy, Paris, Gallimard, 2001.

- 1802 : Calendrier de Flore, ou Études de fleurs d’après nature, t.1, Paris, Maradan.

- 1802 : Calendrier de Flore, ou Études de fleurs d’après nature, t.2, Paris, Maradan.

- 1803 : Calendrier de Flore, ou Études de fleurs d’après nature, t.3, Paris, Maradan.

- 1808 : Du génie des peuples anciens, ou tableau historique et littéraire du développement de l’esprit humain chez les peuples anciens, depuis les premier temps connus jusqu’au commencement de l’ère chrétienne, Paris, Maradan.

- 1816 : Les chevaliers normands en Italie et en Sicile, et considérations générales sur l’histoire de la chevalerie, et particulièrement sur celle de la chevalerie en France, Paris, Maradan.

- 1832 : De l’Asie, ou considérations religieuses, philosophiques et littéraires sur l’Asie, Paris, J. Renouard.

- Mémoires de Madame de Chastenay, 1771-1815, L’Ancien Régime, La Révolution, éd. Alphonse Roserot, Paris, Plon, 1896, éd. Guy Chaussinand-Nogaret, Paris, Perrin, 1987.

- Mémoires de Madame de Chastenay, 1771-1815, L’Empire, La Restauration, Les Cent-Jours, éd. Alphonse Roserot, Paris, Plon, 1897, éd. Guy Chaussinand-Nogaret, voir supra.


Choix bibliographique

- Cordier, Maxime, «La Chanoinesse», Les Cahiers du Châtillonais, Châtillon-sur-Seine, Association des Amis du Châtillonnais, 1995.

- Lagrange, Michel, «Madame de Chastenay, témoin de son temps», Les Cahiers du Châtillonnais, Châtillon-sur-Seine, Association des Amis du Châtillonnais, 1989.

- Trousson, Raymond, Une mémorialiste oubliée: Victorine de Chastenay [en ligne], Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 2007, [1]

Choix iconographique

- 1794 : Henri de Chastenay, Madame Victorine de Chastenay, d’après un dessin fait par son frère dans la prison de Châtillon (dessin). Mémoires..., éd. Guy Chaussinand-Nogaret, voir supra, oeuvres, couverture.

- 18**: Anonyme, Portrait de Victorine de Chastenay (huile sur toile, 75 x 57 cm), Essarois (Côte d’Or), Mairie (Inv gén. IM21002334).

Jugements

- «Chastenay (Madame Victorine de), ci devant chanoinesse, cultive les arts en général et la musique en particulier avec beaucoup de succès. Elle est habile sur le piano et a fait quelques compositions pour cet instrument. On lui doit le Calendrier de Flore, qui est digne de son sexe, et le Génie des Peuples anciens et modernes, qui fait honneur au nôtre.» (Al. Choron et F. Fayolle, Dictionnaire historique des musiciens, artistes et amateurs, morts ou vivans, Paris, Valade, 1810-1811, p. 456)

- «La supériorité de son intelligence, son goût pour les études les plus variées, sa qualité de femme auteur, l’alliance, dans sa personne, d’une origine nobiliaire et de sentiments très modernes, l’ont fait rechercher à la fois par les savants et les littérateurs et par les hommes de gouvernement.» (Alphonse Roserot, introduction, dans Victorine de Chastenay, Mémoires..., voir supra, oeuvres, 1896, t.1, p. III)

«Dieu l’avait douée du coeur le plus tendre et le plus charitable, de l’âme la plus élevée. Elle fut par les agréments de l’esprit, par le charme de ses talents, par l’étendue du savoir, une des femmes illustres de son temps.» (Inscription sur son épitaphe à Essarois, tel que cité par Maxime Cordier, «La Chanoinesse», voir supra, choix bibliographique, p. 24)

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