Julie d' Angennes de Rambouillet/Fortunée Briquet

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MONTAUSIER, (Julie-Lucine d'Angennes de Rambouillet, Duchesse de) fille de la marquise de Rambouillet, naquit en 1607. Sa beauté, son mérite, et la protection qu'elle accorda aux gens de lettres, lui donnèrent une grande célébrité. Dès sa plus tendre jeunesse, elle pénétrait les défauts les plus cachés des ouvrages d'esprit, et elle en discernait les traits les plus délicats. Elle fut l'un des principaux ornemens de l'illustre hôtel de Rambouillet. C'est là qu'elle reçut les hommages des personnes les plus renommées par leur esprit et par leur politesse. Le marquis de Salles, depuis duc de Montausier, fut l'un de ses plus fidèles adorateurs: c'est à lui qu'elle dut la Guirlande de Julie. Jamais l'amour n'inventa de galanterie plus ingénieuse ni plus nouvelle que ce bouquet poëtique. Le duc de Montausier fit peindre, sur vélin, les plus belles fleurs par Robert, célèbre artiste d'alors; au bas de chaque figure, on laissa assez d'espace pour y mettre un madrigal, qui aurait pour sujet la fleur peinte et qui serait à la louange de Julie; le duc de Montausier engagea les poëtes à se charger de la composition des pièces, et il en fit lui-même quelques-unes; elles furent écrites au bas de chaque fleur par Nicolas Jarry, homme inimitable en ce genre. Cet ouvrage fut relié magnifiquement, par Gascon, qui n'avait point d'égal en son art, et orné en dehors et en dedans du chiffre entrelacé de J.L. (Julie-Lucine). Le duc de Montausier en fit faire deux exemplaires pareils. Chacun fut enfermé dans un sac de peau d'Espagne. A son réveil, Julie trouva ce présent sur sa toilette, le Ier. jour de l'an 1633 ou 1634. Les madrigaux qui composent ce recueil furent publiés à Paris, en 1729, à la suite de la vie du duc de Montausier. Quelque tems après, on les réimprima encore avec la vie du duc de Montausier, et en 1784, Didot fit une édition des madrigaux seulement. On y trouve le joli sonnet de Ménage sur la Guirlande de Julie.


Elle conserva long-tems de l'éloignement pour le mariage, et ce ne fut que le 13 juillet 1645, qu'elle donna sa main au duc de Montausier: cette union fut très-heureuse. Les titres et les honneurs vinrent accueillir la duchesse de Montausier: elle fut gouvernante du Dauphin, et on la nomma dame d'honneur de la reine. Fléchier dans l'oraison funèbre dont elle est l'objet, célèbre sa sagesse dans une condition privée, sa modération dans les plus grandes dignités de la cour, et sa patience dans une longue et ennuyeuse maladie. Mademoiselle de Scudéry l'a peinte dans ses romans sous le nom d'Arténice. Ce portrait eut tant de célébrité, que Fléchier lui a conservé ce nom dans l'oraison funèbre consacrée à sa mémoire. Voici un trait qui honore la duchesse de Montausier: l'un de ses frères fut frappé par la peste; rien ne put l'empêcher de se renfermer dans la chambre du malade et de lui donner ses soins; elle l'assista avec une présence d'esprit et une tranquillité toujours égales jusqu'au moment où il succomba à la violence du mal.
La duchesse de Montausier fut enlevée à la société, le 15 novembre 1671.

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