Jeanne de Bourgogne (1295-1348)

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Jeanne de Bourgogne (1295-1348)
Titre(s) Reine de France
Conjoint(s) Philippe VI, roi de France
Biographie
Date de naissance Vers 1295
Date de décès 1348
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Anne-Hélène Allirot, 2005

Jeanne de Bourgogne est la troisième fille de Robert II, duc de Bourgogne, et d'Agnès de France, fille de saint Louis. Née vraisemblablement vers 1295, elle est d'abord fiancée à Philippe de Tarente, fils de Charles II, roi de Sicile, en 1302, mais, finalement, elle épouse Philippe de Valois, fils de Charles, comte de Valois, et de Marguerite d'Anjou, en juillet 1313. Six enfants naissent de cette union: Marie de France, dont la date de naissance est inconnue et qui meurt le 22 septembre 1333, après avoir été mariée le 8 juillet 1332 à Jean de Brabant, duc de Limbourg, fils aîné de Jean III de Brabant; Jean, futur Jean II le Bon, roi de France, né le 26 avril 1319; Louis, né et mort le 17 janvier 1328; Louis, né le 8 juin 1330 et mort quinze jours plus tard; Jean, mort en bas âge le 2 octobre 1333; Philippe de France, futur duc d'Orléans et de Touraine, comte de Valois, né le 1er juillet 1336.

En 1328, le dernier roi capétien, Charles IV le Bel, meurt sans héritier mâle. Philippe, comte de Valois, du Maine et d'Anjou, son cousin germain, lui succède malgré l'existence d'autres prétendants (Philippe d'Evreux, mari de Jeanne, fille de Louis X, et Edouard III d'Angleterre, fils d'Isabelle, fille de Philippe le Bel). Il fonde ainsi la nouvelle dynastie des Valois. Jeanne de Bourgogne est sacrée et couronnée reine à Reims le 19 mai 1328 en même temps que son époux, désormais Philippe VI, roi de France. Reine sage («savante»), bibliophile, elle apprécie les manuscrits luxueux, goût qu'elle transmet à son fils Jean le Bon. Elle commande la traduction en langue vulgaire de plusieurs ouvrages latins à Jean de Vignay, notamment celle du Miroir historialde Vincent de Beauvais (vers 1333) et celle du Jeu d'échecs moralisésde Jacques de Cessoles (vers 1347).

Cette reine est la première épouse d'un roi de France qui ait été chargée de la lieutenance du royaume, et ce, dans un contexte particulièrement troublé. Les premières hostilités de la guerre de Cent Ans sont marquées par plusieurs grandes défaites successives de Philippe VI face au roi d'Angleterre, Édouard III,qui revendique toujours le trône de France. Obligé de se déplacer fréquemment pour raisons militaires, Philippe VI délègue certaines responsabilités à son épouse. Il prend deux ordonnances successives à ce sujet: la première, en août 1338, confie à la reine les pleins pouvoirs en son absence; a seconde, le 17 janvier 1346, lui attribue des pouvoirs en matière d'impôts pour l'année en cours. Jeanne de Bourgogne utilise cette ordonnance afin de trouver des financements pour les armées de son époux et de son fils. Elle meurt à Paris, dans son hôtel de Nesle, le 12 septembre 1348, atteinte vraisemblablement de la peste noire qui sévit alors. Son corps est enterré à Saint-Denis et son coeur, à Cîteaux.

Une légende noire s'est formée à propos de cette reine de France dans le siècle qui a suivi son règne, dont Maurice Druon s'est bien fait l'écho au XXe siècle dans Les Rois maudits. Certains chroniqueurs, comme Jean Froissart ou Pierre Cochon ou l'auteur de la Chronique des quatre premiers Valois, l'ont décrite comme la «male royne boiteuse», une reine si puissante qu'elle était comme roi, et qui faisait mourir tous ceux qui lui déplaisaient. Ils l'ont accusée, à tort, d'être responsable de la fuite de Philippe VI devant Calais et d'avoir tenté d'assassiner plusieurs grands seigneurs normands, alors en rivalité avec le parti bourguignon à la cour du roi.

Choix bibliographique

- Allirot, Anne-Hélène, «La male royne boiteuse Jeanne de Bourgogne», in Royautés imaginaires, Actes du colloque de l'Université Paris-X Nanterre, 26-27 septembre 2003, Turnhout, Brépols (à paraître, juin 2005).
- Cazelles, Raymond, La société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois, Paris, Librairie d'Argences, 1958.
- Vallée-Karcher, Aline, «Jeanne de Bourgogne épouse de Philippe VI de Valois: une reine maudite?», Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 138, 1980, p.94-96.

Choix iconographique

  • Vincent de Beauvais écrivant sous la dictée du roi Saint louis. La reine Jeanne de Bourgogne dictant au traducteur, Jean de Vignay(enluminure in Vincent de Beauvais, Jean de Vignay traducteur, Miroir historial dit du roi Jean le Bon, vers 1333-1350), Paris, Arsénal (ms 5080 Rés, fol.1).
  • Tombeau de Jeanne de Bourgogne dans le choeur de l' église de l' Abbaye de Saint-Denis(dessin), Paris, BnF (ms Clairambault 633, fol.10).
  • Philippe VI, Jeanne de Bourgogne et Jean de France en prière(marbre), vers 1340-1350, New York, Metropolitan Museum of Art (17.190.387,388,392)[1]

Jugements

- «On voit par notre chronique que la funeste influence et les timides conseils de la reine Jeanne de Bourgogne, épouse de Philippe, causèrent en grande partie les lenteurs, les ajournements, l'inconsistance de résolutions et de conduite de ce prince dans tout le cours de cette désastreuse campagne» (Chronique des quatre premiers Valois [vers 1389-1395], éd. Siméon Luce, Paris, Société de l'Histoire de France, 1862, n. p.17).
- «Jeanne la Boiteuse était détestée des serviteurs qu'elle harcelait d'exigences, qu'elle dénonçait pour le moindre manquement et qui l'appelaient entre eux la "male reine"» (Maurice Druon, Les Rois maudits, 6, Le lis et le lion [Del Duca, 1956], Paris, LGF, Le Livre de Poche, 1970, p.182).

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