Jeanne de Bourbon (1338-1378) : Différence entre versions

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- «Que cette reine était couronnée avec majesté, et parée de joyaux de grand prix! Elle portait des robes royales larges, longues et flottantes, de longs manteaux de cérémonie appelés chapes, ou encore des capes royales taillées dans les plus précieuses étoffes et brochées d'or ou de soie, brodées de riches pierres étincelantes et de perles précieuses, avec des ceintures, des boutons et agrafes merveilleuses! Elle changeait de toilette plusieurs fois par jour, comme le voulaient les usages royaux et son rang. C'était un spectacle magnifique que de la voir ainsi dans ces somptueuses fêtes, accompagnée de deux ou de trois autres reines, ses devancières ou parentes, qui étaient encore de ce monde. [...] Le noble maintien de cette dame digne, si majestueuse dans ses paroles, ses gestes et ses regards, sa parfaite aisance avec toute personne, l'éclat de sa beauté à nulle autre pareille parmi les princesses, étaient pour les yeux une source d'immense plaisir et d'émerveillement» (Christine de Pizan, ''Livre des Faits et Bonnes Moeurs du roi Charles V le Sage'', éd. Eric Hicks et Thérèse Moreau, Paris, Stock, 1997, p.75-77).
 
- «Que cette reine était couronnée avec majesté, et parée de joyaux de grand prix! Elle portait des robes royales larges, longues et flottantes, de longs manteaux de cérémonie appelés chapes, ou encore des capes royales taillées dans les plus précieuses étoffes et brochées d'or ou de soie, brodées de riches pierres étincelantes et de perles précieuses, avec des ceintures, des boutons et agrafes merveilleuses! Elle changeait de toilette plusieurs fois par jour, comme le voulaient les usages royaux et son rang. C'était un spectacle magnifique que de la voir ainsi dans ces somptueuses fêtes, accompagnée de deux ou de trois autres reines, ses devancières ou parentes, qui étaient encore de ce monde. [...] Le noble maintien de cette dame digne, si majestueuse dans ses paroles, ses gestes et ses regards, sa parfaite aisance avec toute personne, l'éclat de sa beauté à nulle autre pareille parmi les princesses, étaient pour les yeux une source d'immense plaisir et d'émerveillement» (Christine de Pizan, ''Livre des Faits et Bonnes Moeurs du roi Charles V le Sage'', éd. Eric Hicks et Thérèse Moreau, Paris, Stock, 1997, p.75-77).
 
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Version du 2 décembre 2010 à 19:56

Jeanne de Bourbon (1338-1378)
Titre(s) Reine de France
Conjoint(s) Charles V, roi de France
Biographie
Date de naissance 1338
Date de décès 1378
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Marguerite Buffet (1668)
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779)


Notice de Élodie Lequain, 2004.

Fille du duc Pierre Ier de Bourbon et d'Isabelle de Valois, Jeanne naît à Vincennes le 3 février 1338. Elle est issue d'une prestigieuse lignée. Son père est l'arrière-petit-fils de saint Louis (Louis IX) et sa mère est la soeur du roi de France Philippe VI. Parti très intéressant, la petite Jeanne est d'abord promise au fils du comte de Savoie, puis, en 1348, au dauphin du Viennois Humbert II, veuf et endetté. C'est à son cousin Charles de Valois qu'elle est finalement fiancée en 1349. Le pape Clément VI accorde la dispense nécessaire à ce mariage entre deux enfants liés par une trop proche parenté. Après plusieurs reports, le mariage est célébré sans solennité le 8 avril 1350 à Tain par l'archevêque de Lyon, Henri de Villars. Jeanne n'a que douze ans. Sa vie suit désormais celle de Charles et les tribulations de la guerre de Cent Ans. En tant que dauphine de France, elle fait partie de la compagnie de la reine. En 1355, elle devient duchesse de Normandie. En 1356, la terrible défaite de Poitiers prive Jeanne et Charles de leurs pères respectifs: le duc de Bourbon décède sur le champ de bataille, tandis que le roi Jean II est fait prisonnier par les Anglais. Le 9 juin 1358, Jeanne, accompagnée de sa famille et de sa suite, est assiégée au «Marché de Meaux», une forteresse sise dans une boucle de la Marne, par des Jacques (des paysans révoltés) et des Parisiens partisans d'Étienne Marcel. L'intervention de Gaston Phébus comte de Foix et du captal de Buch Jean de Grailly met en déroute les assaillants. Devenue reine de France à la mort du roi Jean II, le 8 avril 1364, Jeanne est sacrée à Reims auprès de Charles V en mai 1364 par l'archevêque Jean de Craon. Elle remplit toutes les charges liées à son rang en demeurant discrètement auprès de son époux. Elle est présente lors de l'assemblée solennelle tenue par celui-ci en mai 1369 au sujet des appels gascons. En 1374, le roi lui confie la tutelle des enfants royaux en cas de régence, avec l'assistance des ducs de Bourgogne et de Bourbon. En 1378, elle reçoit l'empereur Charles IV dans son hôtel de Saint-Pol. Elle donne au roi huit enfants, mais beaucoup de filles et peu de survivants. Jeanne et Bonne, nées respectivement en 1357 et 1360, décèdent toutes deux à l'automne 1360. En juin 1366, c'est une autre petite Jeanne qui vient au monde et meurt en décembre. L'absence d'héritier suscite rumeurs et interrogations. Las d'attendre un mâle pour lui succéder, Charles V aurait entrepris des démarches auprès du pape pour faire annuler le mariage. Finalement, en décembre 1368, Jeanne met au monde le futur Charles VI. Quatre grossesses attestées rythment encore la vie de la reine: Marie (1371), Louis (1372), Isabelle (1373), Catherine (1378). Trois jours après son dernier accouchement, la reine décède à quarante ans le 6 février 1378. Très affecté, Charles V lui prépare de fastueuses funérailles. Le 14 février, depuis l'hôtel de Saint-Pol, un cortège conduit la dépouille de la reine vers la cathédrale Notre-Dame de Paris pour l'office. Le lendemain, le corps est transporté vers l'abbaye de Saint-Denis. L'inhumation est faite dans un tombeau double de la chapelle Saint-Jean-Baptiste qui accueillera le roi en 1380; à Paris, le coeur de la reine rejoint l'église des Cordeliers tandis que ses entrailles reposent dans l'église des Célestins. Jeanne, qui possède des livres et voue un culte à sainte Catherine, laisse aux contemporains le souvenir d'une reine sage et pieuse.

L'historiographie n'a évoqué Jeanne de Bourbon qu'assez rarement et au travers de son époux Charles V ou de son fils Charles VI. Elle est présentée comme une reine discrète et aimée. De rares nuances ont parfois assombri ce portrait plutôt flatteur. D'une part, un soupçon d'adultère commis avec Louis d'Harcourt, vicomte de Châtellerault, a pesé temporairement sur elle, avant d'être dissipé par le roi lui-même, qui a admis qu'il ne s'agissait que d'une «folle suspicion». D'autre part, Jeanne de Bourbon semble avoir souffert de troubles mentaux en 1373 au point d'en avoir perdu «son bon sens et son bon mémoire». Elle en a guéri, mais peut-être a-t-elle transmis à son fils Charles VI, le roi fou, sa fragilité psychique? Ses contemporains l'ont pensé. Mais il est vrai, aussi, qu'à cette époque, les reines ont souvent été noircies.

Choix bibliographique

- Autrand, Françoise, Charles V le Sage, Paris, Fayard, 1994.
- Autrand, Françoise, Charles VI. La folie du roi, Paris, Fayard, 1986.
- Barry, Françoise, La Reine de France, Paris, Éditions du Scorpion, 1964.
- Delachenal, Roland, Histoire de Charles V, Paris, A. Picard, 1909-1931.
- Sherman, Claire R., «The Queen in Charles V's "Coronation Book". Jeanne de Bourbon and the ordo ad reginam benedicendam», Viator, 8, 1977, p.255-297.

Choix iconographique

- Anonyme, Jeanne de Bourbon(statue), entre 1365-1380, Paris, Musée du Louvre -- http://www.insecula.com/oeuvre/O0000311.html
- Jean Golein présentant son ouvrage à Charles V et à Jeanne de Bourbon, entourés de leurs enfants(enluminure in Rational des divins officesde Guillaume Durand, traduit par Jean Golein, Paris, 1374), Paris, BnF (ms fr 437, fol.1).
http://images.bnf.fr
- Le roi Charles V et la reine Jeanne de Bourbon, avec leurs enfants, l'abbé Pierre et les moines de Royaumont agenouillés(illustration de charte), 1374, Paris, AN (J.465, no 48).
- Scène de chasse au cerf en forêt avec Jeanne de Bourbon et sa mère suivies d'une suite nombreuse(miniature des Hommages du comté de Clermont). Paris, BnF fr 20082, fol.95.c
- Le couronnement de Jeanne de Bourbon; L'empereur Charles IV rendant visite à la reine Jeanne de Bourbon, femme de Charles V; Funérailles de Jeanne de Bourbon (enluminures in Grandes chroniques de France. Charles V, Paris, vers 1375-1380), Paris, BnF fr 2813, fol. 439, 477, 480v -- C. R. Sherman, The Portraits of Charles V of France (1338-1380), New York, New York University Press, 1969, figs. 3, 24, 36 ; C. Beaune, Le Miroir du pouvoir. Les manuscrits des rois de France au Moyen Âge, Bibliothèque de l'image, rééd. 1997, p.115 et 119
http://images.bnf.fr

Jugements

- «Que cette reine était couronnée avec majesté, et parée de joyaux de grand prix! Elle portait des robes royales larges, longues et flottantes, de longs manteaux de cérémonie appelés chapes, ou encore des capes royales taillées dans les plus précieuses étoffes et brochées d'or ou de soie, brodées de riches pierres étincelantes et de perles précieuses, avec des ceintures, des boutons et agrafes merveilleuses! Elle changeait de toilette plusieurs fois par jour, comme le voulaient les usages royaux et son rang. C'était un spectacle magnifique que de la voir ainsi dans ces somptueuses fêtes, accompagnée de deux ou de trois autres reines, ses devancières ou parentes, qui étaient encore de ce monde. [...] Le noble maintien de cette dame digne, si majestueuse dans ses paroles, ses gestes et ses regards, sa parfaite aisance avec toute personne, l'éclat de sa beauté à nulle autre pareille parmi les princesses, étaient pour les yeux une source d'immense plaisir et d'émerveillement» (Christine de Pizan, Livre des Faits et Bonnes Moeurs du roi Charles V le Sage, éd. Eric Hicks et Thérèse Moreau, Paris, Stock, 1997, p.75-77).

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