Jeanne Frémiot : Différence entre versions

De SiefarWikiFr

[version vérifiée][version vérifiée]
(Notice de Isaabelle Brian]] et Marie-Elisabeth Henneau, 2017)
Ligne 12 : Ligne 12 :
  
  
== Notice de [[Isaabelle Brian]] et Marie-Elisabeth Henneau]], 2017 ==
+
== Notice de [[Isabelle Brian]] et [[Marie-Elisabeth Henneau]], 2017 ==
  
 
Seconde fille du magistrat Bénigne Frémyot et de Marguerite de Berbisey, Jeanne Françoise naît à Dijon le 23 janvier 1572. Elle perd sa mère l’année suivante, à la naissance de son frère André, futur archevêque de Bourges. Dans le contexte troublé des guerres de religions, son père qui demeure fidèle à Henri III et combat la Ligue, l’envoie dans le Poitou avec sa sœur aînée. Elle ne revient en Bourgogne qu’en décembre 1592 pour épouser Christophe de Rabutin, baron de Chantal. En 1596, elle donne naissance à Celse-Bénigne – le père de Mme de Sévigné –, puis à trois filles : Marie-Aimée, Françoise et Charlotte. Son mari réside périodiquement à la cour alors qu'elle gère les affaires du ménage dans leur résidence de Bourbilly (Côte d’Or). Il meurt accidentellement à l’automne 1601. Très affligée, la jeune veuve se place l’année suivante sous la direction spirituelle d’un religieux, qui exige d’elle une totale soumission. En charge de l’éducation de ses enfants, elle est contrainte d’aller résider chez son beau-père, le baron Guy de Chantal, où elle subit quantité de vexations. En 1604, elle rencontre pour la première fois François de Sales, évêque de Genève (en résidence à Annecy), venu prêcher le Carême à Dijon. Après quelques hésitations, elle accepte de se placer sous sa conduite. C’est le début d’une longue amitié spirituelle.<br/>
 
Seconde fille du magistrat Bénigne Frémyot et de Marguerite de Berbisey, Jeanne Françoise naît à Dijon le 23 janvier 1572. Elle perd sa mère l’année suivante, à la naissance de son frère André, futur archevêque de Bourges. Dans le contexte troublé des guerres de religions, son père qui demeure fidèle à Henri III et combat la Ligue, l’envoie dans le Poitou avec sa sœur aînée. Elle ne revient en Bourgogne qu’en décembre 1592 pour épouser Christophe de Rabutin, baron de Chantal. En 1596, elle donne naissance à Celse-Bénigne – le père de Mme de Sévigné –, puis à trois filles : Marie-Aimée, Françoise et Charlotte. Son mari réside périodiquement à la cour alors qu'elle gère les affaires du ménage dans leur résidence de Bourbilly (Côte d’Or). Il meurt accidentellement à l’automne 1601. Très affligée, la jeune veuve se place l’année suivante sous la direction spirituelle d’un religieux, qui exige d’elle une totale soumission. En charge de l’éducation de ses enfants, elle est contrainte d’aller résider chez son beau-père, le baron Guy de Chantal, où elle subit quantité de vexations. En 1604, elle rencontre pour la première fois François de Sales, évêque de Genève (en résidence à Annecy), venu prêcher le Carême à Dijon. Après quelques hésitations, elle accepte de se placer sous sa conduite. C’est le début d’une longue amitié spirituelle.<br/>

Version du 19 mai 2017 à 15:14

Jeanne Frémiot
Jeanne de chantal.jpg
Titre(s) Baronne de Chantal
Conjoint(s) Christophe de Rabutin, baron de Chantal
Dénomination(s) Jeanne Françoise Frémiot, sœur Jeanne Françoise Frémiot de la Visitation
Biographie
Date de naissance 23 janvier 1572
Date de décès 13 décembre 1641
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647)



Notice de Isabelle Brian et Marie-Elisabeth Henneau, 2017

Seconde fille du magistrat Bénigne Frémyot et de Marguerite de Berbisey, Jeanne Françoise naît à Dijon le 23 janvier 1572. Elle perd sa mère l’année suivante, à la naissance de son frère André, futur archevêque de Bourges. Dans le contexte troublé des guerres de religions, son père qui demeure fidèle à Henri III et combat la Ligue, l’envoie dans le Poitou avec sa sœur aînée. Elle ne revient en Bourgogne qu’en décembre 1592 pour épouser Christophe de Rabutin, baron de Chantal. En 1596, elle donne naissance à Celse-Bénigne – le père de Mme de Sévigné –, puis à trois filles : Marie-Aimée, Françoise et Charlotte. Son mari réside périodiquement à la cour alors qu'elle gère les affaires du ménage dans leur résidence de Bourbilly (Côte d’Or). Il meurt accidentellement à l’automne 1601. Très affligée, la jeune veuve se place l’année suivante sous la direction spirituelle d’un religieux, qui exige d’elle une totale soumission. En charge de l’éducation de ses enfants, elle est contrainte d’aller résider chez son beau-père, le baron Guy de Chantal, où elle subit quantité de vexations. En 1604, elle rencontre pour la première fois François de Sales, évêque de Genève (en résidence à Annecy), venu prêcher le Carême à Dijon. Après quelques hésitations, elle accepte de se placer sous sa conduite. C’est le début d’une longue amitié spirituelle.
Refusant de se remarier, elle se rend en Savoie à deux reprises et projette avec François de Sales l’établissement d’une nouvelle congrégation, principalement destinée à accueillir des femmes que la santé ou la vocation ne disposent pas à de grandes austérités. Dans cette perspective et malgré les réticences de sa famille, Jeanne songe à s’installer à Annecy et renforce ses liens avec l’évêque de Genève : en 1609, elle marie sa fille Marie-Aimée avec Bernard de Sales, le frère de François, tandis que celui-ci commence à rédiger pour elle les constitutions provisoires de la future Visitation (1610). Après avoir prononcé des vœux simples, Jeanne et ses deux compagnes consacrent leur temps à visiter les nécessiteux de la ville. Lorsqu’une nouvelle maison est établie à Lyon en 1615, l’archevêque de Marquemont exige de ces femmes des vœux solennels. Elles sont alors soumises à la clôture et la congrégation est érigée en ordre religieux. Il n’est plus question pour elles d’« aller et venir » dans le monde, mais bien de prier derrière les grilles.
En dépit des deuils – la mort de son gendre et de sa fille aînée (1616), de François de Sales (1622), puis de son fils (1627) –, elle poursuit son action en faveur du développement de son ordre. D’une santé chancelante, elle multiplie toutefois les voyages pour veiller à la fondation de monastères en Savoie, en France et en Lorraine (87 établis de son vivant), elle surveille de près la construction des bâtiments et la conformité de leur architecture, et répond aux questions des religieuses par une abondante correspondance (env. 2800 lettres). Elle s’emploie aussi à réunir des témoignages sur la vie de François de Sales en vue de sa canonisation, tout en travaillant au coutumier de l’ordre. Elle favorise encore l’établissement des Pères de la Mission en Savoie et la fondation d’un monastère à Turin. Renonçant au supériorat de la communauté d’Annecy le 11 mai 1641, elle se rend au monastère de Moulins, appelée par Marie-Félicie des Ursins, duchesse de Montmorency, en passe de prendre le voile. Elle y meurt le 13 décembre 1641, après une dernière entrevue à Paris avec Anne d'Autriche. Sa dépouille est ramenée à Annecy et inhumée dans l’église de la Visitation.
Les liens entretenus avec Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal, ou avec Saint-Cyran, favorisant des soupçons de jansénisme, ont retardé sa béatification et sa canonisation, finalement prononcées le 21 août 1751 et le 16 juillet 1767. Elle est surtout considérée comme un modèle de perfection et d’humilité dans les différents états d’épouse, de mère, de veuve et de religieuse. La figure de Jeanne de Chantal a été systématiquement associée à celle de François de Sales, mais les avis divergent aujourd’hui sur l’ascendant exercé par l’un-e ou l’autre. Bremond, qui considérait que l’épanouissement mystique de Jeanne était plus précoce, a vu son ouvrage Sainte Chantal (1912) mis à l’Index car accordant trop d’importance à l’expérience religieuse individuelle. La recherche contemporaine s’efforce de s’intéresser à cette femme pour elle-même : on n’a pas fini de découvrir son intelligence, sa force de caractère, son esprit d’initiative et ses talents de direction et de gouvernance et son influence.

Oeuvres

  • 1632 : Responses de Nostre Très-Honorée et digne Mère Jeanne Françoise Frémiot sur les Règles, Constitutions et coutumier de nostre ordre de la Visitation de Ste Marie, Paris, s.n. -- 2e éd., Paris, s.n., 1665.
  • 1634 : Les Épistres spirituelles du bien-heureux François de Sales,... avec l’oraison funèbre de M. le duc de Mercoeur, recueillies par Messire Louys de Sales... [et par sainte Jeanne-Françoise Frémiot de Chantal], 4e éd., Lyon, V. de Coeursilly.
  • 1637 : Coustumier et directoire pour les soeurs religieuses de la Visitation saincte Marie [précédé de deux lettres de Jeanne-Françoise de Chantal], Paris, S. Huré.
  • 1644: Les Épistres spirituelles de la Mère Jeanne Françoise Frémiot, baronne de Chantal…, Lyon, V. de Coeursillys, 1644 -- 2e éd. Lyon, A. Cellier, 1666.
  • s.d. : Déposition de sainte Chantal pour la canonisation de saint François de Sales, suivie d'une lettre [au R. P. Jean de Saint-François] sur ses vertus..., Tours, Mame et fils, 1873.
  • s.d. : « Préface » au Coustumier et directoire pour les sœurs religieuses de la Visitation Sainte-Marie, Paris, F. Muguet, 1667.
  • Sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal, sa vie et ses œuvres, éd. par les sœurs de la Visitation d’Annecy, Paris, E. Plon, 1874-1879, 7 vol.
  • Sainte Jeanne de Chantal, Correspondance, éd. Sr Marie-Patricia Burns, Paris-Chambéry, Cerf-Centre d’études franco-italien, t. 1 (1605-1621), 1986 ; t. 2 (1622-1625), 1987 ; t. 3 (1626-1630), 1989 ; t. 4 (1630-1634), 1991 ; t. 5 (1635-1640), 1993 ; t. 6 (1640-1641), 1993.
Outils personnels