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Jeanne Auzoult
Conjoint(s) André Boyron (dit Baron)
Dénomination(s) Jeanne Ausou, Jeanne Ausoult, Jeanne Auzoult, Mlle Baron, la Baronne
Biographie
Date de naissance vers 1625
Date de décès 6 septembre 1662
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Anne-Sophie Rodilla Fuentes et Camille Zabalda-Pillon, 2024

Jeanne Auzoult, née vers 1625, est la fille de Jean Auzoult, comédien ordinaire du Roi dans la troupe de l’Hôtel de Bourgogne, et de Jeanne de Crenet, actrice également, dans la même troupe. Le 22 avril 1641, alors âgée de 16 ans, elle épouse André Boyron dit Baron, âgé de 40 ans, acteur au théâtre du Marais. Jeanne, dite désormais Mlle Baron, joue alors à ses côtés jusqu’au 11 janvier 1642, date importante où les deux époux rejoignent la troupe de l’Hôtel de Bourgogne. Elle s’illustre dans des pièces telles que L’Amaryllis (1652) de Tristan L’Hermite, Stratonice (1657) de Quinault, Œdipe (1659) de Corneille.
Mlle Baron a cinq enfants dont le plus célèbre restera Michel Baron, futur membre de la troupe de Molière, puis de la Comédie française. La jeune femme est connue pour sa beauté mais également pour la finesse de son jeu, lui permettant d’allier comédies et tragédies avec habileté. Proche de la régente Anne d’Autriche et présente à ses levers, Mlle Baron fait fuir l’entourage de la reine lorsqu’elle entre dans une pièce : en effet, d’une grande beauté selon les multiples lettres échangées à cette époque la concernant, elle impressionne les jeunes femmes de la Cour au point que ces dernières lui portent peu de sympathie.
En 1655, André Boyron meurt tragiquement à la suite d’une scène de combat lors de la représentation du Cid de Corneille. Mlle Baron se retrouve veuve à 32 ans, et se remarie en 1658, sans quitter le théâtre. En ce qui concerne sa mort, on trouve ceci dans les Anecdotes dramatiques (voir infra), sans qu’un document du XVIIe siècle vienne confirmer ce récit : « Cette Actrice était dans le foyer de la Comédie, lorsqu’un Amant, qui l’avait quittée, vint se réconcilier avec elle. La paix se fit ; et l’Amant demanda à l’Actrice la clef de son appartement, pour aller, disait-il, se reposer, et attendre la fin de la Pièce ; mais le misérable abusant de la confiance qu’on avait en lui, prit l’argent avec tous les meubles de prix et se sauva. Mademoiselle Baron était dans une situation critique : cette nouvelle, causant chez elle une révolution subite, lui donna la mort ».
La France ainsi que le monde du théâtre furent émus en apprenant sa mort et de nombreuses gazettes écrivirent ses louanges. À sa mort, Michel fut confié à un tuteur qui dissipa ses biens et se débarrassa de lui en le faisant entrer dans la troupe des petits comédiens du Dauphin, où il commença sa très longue et importante carrière.
Jeanne Auzoult représente bien l’endogamie et la transmission familiale propres au milieu des comédien⸱nes.

Principales sources

  • Archives nationales, Minutier Central, étude XV/116 (11 janvier 1642) : « Association entre Pierre Le Messier, sieur de Bellerose, Nicole Gassot, sa femme, Claude Deschamps, sieur de Villiers [ou Auvilliers], Marguerite Béguin, sa femme, Zacharie Jacob, dit Montfleury, Jeanne de La Chappe [dite Montfleury], sa femme, André Boyron, dit Le Baron, et Jeanne Auzoult, sa femme, François Chastelet, dit Beauchasteau, Madeleine Du Pouget, sa femme, et Bertrand [Hardouyn] de Saint-Jacques [dit Guillot-Gorju], comédiens du roi, lesquels s’associent par le commandement de Sa Majesté pour jouer la comédie pendant cinq années à partir du jour de Pâques, sous peine de 1000 livres d’amende pour qui s’en désistera ».

[1]

Choix bibliographique

  • Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, 2e édition, Paris, Plon, 1872, p.111.
  • Madeleine Jurgens et Marie-Antoinette Fleury, Documents du minutier central concernant l’histoire littéraire (1650-1700), Paris, PUF, 1960,p.89-91, p.104.
  • Pierre-David Lemazurier, Galerie historique des acteurs du Théâtre français, t.2, Paris, Chaumerot, 1910, p.15-17.
  • Wilma Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, vol.2, Paris, Nizet, 1958.

Choix de liens électroniques

  • Naissance de la critique dramatique [2]


Jugements

  • « Ensuite la troupe Royale // Représenta la pastorale // Que l’on nomme l’Amarillis, // Dont les intrigues sont jolis // Et dans laquelle la Baronne, // Une assez aimable personne // Au cinq ou sixième feuillet, // Joue un assez plaisant rollet » (Jean Loret, La Muse historique (1650-1665), Paris, Jannet, 1857, vol.I, Lettre du 5 juillet 1653, p.382).

- « Cette Actrice de grand renom // Dont la Baronne était le nom, // Cette Merveille de Théâtre, // Dont Paris était idolâtre, // Qui par ses récits enchanteurs // Ravissait tous ses Auditeurs, // De la belle et tendre manière, // Est depuis deux jours dans la bière, // Et la mort n’a point respecté // Cette singulière beauté. [...] // Soit qu’elle fût Reine, ou Bergère, // Déesse, ou Nymphe bocagère, // Elle plaisait. [...] // Épitaphe de Mademoiselle Baron, Comédienne illustre de la Troupe Royale // Ici gît, qui fut Indienne, // Bohémienne, Égyptienne, // Athénienne, Arménienne, // Qui fut Turque, qui fut Païenne, // Le tout comme comédienne, // Et, puis, mourut bonne Chrétienne » (Jean Loret, La Muse historique, t. III, 9 septembre 1662, p.547).

  • « Sur tous le fils de la Baronne, // Actrice si belle et si bonne // Dont la Parque a fait son butin, // A, comme elle, le beau destin // De charmer chacun sur la scène » (Charles Robinet, Lettres en vers, 12 septembre 1666, Paris, Muguet, 1666).



  • Les Frères Parfaict, Histoire du théâtre français, Paris, Le Mercier, 1745-1747, t.X, p.155.
  • Lettre de Thomas Corneille à l’abbé de Pure (dans F. Bouquet, La Troupe de Molière et les deux Corneille à Rouen, Paris, Claudin, 1880, p.16-17).
  • Gédéon Tallemant des Réaux, « Mondory ou l’histoire des principaux comédiens français », Historiettes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, t.II, p.776-777.
  • Jean Marie Bernard Clément et Joseph de Laporte, Anecdotes dramatiques, t. III, Paris, Vve Duchesne, 1775, p. 29-30.
  • Henry Lyonnet, Dictionnaire des Comédiens Français (ceux d’hier) : biographie, bibliographie, iconographie, 2 vol., Genève, Bibliothèque de la Revue Universelle Internationale Illustrée, 1911.
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