Jacqueline Arnauld : Différence entre versions

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Jacqueline Arnauld, fille de l’avocat Antoine Arnauld et de Catherine Marion, naît à Paris le 8 septembre 1591. Elle a de nombreux frères et sœurs, dont [[Jeanne-Catherine-Agnès Arnauld|Agnès Arnauld]] (également abbesse de Port-Royal) et le théologien Antoine Arnauld. Elle entre à l’abbaye de Port-Royal le 5 juillet 1602, âgée d’un peu plus de dix ans, et elle en est nommée abbesse suite aux tractations de son grand-père maternel. L’enfant éprouve alors une véritable aversion de la vie religieuse dans un Port-Royal où les sœurs sont désœuvrées et laissées sans enseignement. La vocation, qui lui vient à l’âge de seize ans, s’accompagne du désir de réformer le monastère et de mettre fin à cette situation, ce qu’elle fait en 1609, contre l’avis de ses parents et de ses directeurs. L’abbesse-adolescente rétablit la clôture et ramène le monastère à la règle cistercienne dont il s’était éloigné. Elle raconte plus tard dans sa ''Relation'' combien cette décision qui lui attire les foudres des siens a été difficile. Son père surtout se montre rude quand sa fille refuse de lui ouvrir la porte  : « il fut si en colère qu’il s’en voulait retourner à l’heure même, m’assurant qu’il ne me verrait de sa vie […] J’eus une telle douleur que je pensais étouffer, ce qui le toucha tant qu’il s’apaisa ». Sa nièce, [[Angélique Arnauld d'Andilly|Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly]], elle-même religieuse à Port-Royal, relate l'épisode dit la « journée du guichet » comme un véritable drame, mettant en avant la dimension héroïque du personnage, seule contre tous, accusée de « parricide » par son frère, mais soutenue par la plupart de ses consoeurs. La réformatrice devient dès lors la première grande figure de résistance féminine (et la première « martyre ») dans l’histoire d’une communauté plus tard persécutée. Promue figure tutélaire, elle devient un modèle moral dont les religieuses de Port-Royal qui refusent de signer le Formulaire en 1664 se revendiquent. Le principe d’action en conscience de la mère Angélique face aux siens est, dès lors, devenu un principe fondateur de l’identité de Port-Royal. <br/>
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La mère Angélique joue un rôle capital dans la spiritualité et l’histoire du monastère. Formée à la vie religieuse par François de Sales, puis par Saint-Cyran, elle cherche à faire revivre l’esprit du christianisme primitif. Les ''Mémoires de Port-Royal'', composés en bonne partie par les religieuses, la décrivent comme une abbesse pieuse, dynamique, aimante, une personnalité à l’image de sa conception de la vie religieuse, qui rejette le dolorisme, au profit de la joie de servir Dieu. La mère innove aussi en matière de conduite des sœurs. Elle refuse l’autoritarisme pur au profit d’une explication des règles qui autorise leur libre acceptation, c’est-à-dire une obéissance consentie. Son amour de la pauvreté et son histoire personnelle expliquent l’autre grand point de sa réforme : un recrutement fondé sur une vocation libre et sincère, quand la plupart des couvents privilégient la dote des parents, d’où le nombre important de filles pauvres qui entrent à Port-Royal sous ses abbatiats. <br/>
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Un vaste travail de mémoire s’organise autour de sa personne dans la communauté dès 1646 ; il est dirigé par son neveu, puis, à partir de 1652, par [[Angélique Arnauld d'Andilly|Angélique de Saint-Jean]]. Il est composé notamment à partir des récits, forcément hagiographiques des sœurs. La mère elle-même est requise, contre son gré et malgré son désir d’humilité, d’écrire sa relation. Elle y présente sa réforme comme l’œuvre de Dieu dont elle aurait été l’exécutante, mais les intentions personnelles qui animent le texte (expier sa jeunesse de « pécheresse », témoigner de ses compagnes et de ses directeurs) rapprochent le texte d’une autobiographie avant l’heure.
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La mère Angélique meurt en 1661, au début des persécutions infligées par le roi à Port-Royal. La réformatrice invite à une résistance silencieuse qui contraste avec la résistance combative des sœurs de la seconde génération, notamment [[Angélique Arnauld d'Andilly|Angélique de Saint-Jean]]. Considéré de son vivant comme « une sainte » par sa communauté, elle tombe dans un oubli relatif. Il faut attendre Sainte-Beuve (1840-1859) et Montherlant (1954) pour la retrouver en sainte et martyre. Le renouveau des études port-royalistes confirme son importance dans l’histoire de la spiritualité. Elle tend même à devenir une figure d’émancipation féminine du fait de son courage et de ses actions en matière d’éducation et de formation des sœurs.
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Version actuelle en date du 26 mai 2018 à 06:41

Jacqueline Arnauld
Dénomination(s) Mère Angélique de Sainte-Madeleine, Mère Angélique
Biographie
Date de naissance 8 septembre 1591
Date de décès 6 août 1661
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)



Notice d' Agnès Cousson, 2018

Jacqueline Arnauld, fille de l’avocat Antoine Arnauld et de Catherine Marion, naît à Paris le 8 septembre 1591. Elle a de nombreux frères et sœurs, dont Agnès Arnauld (également abbesse de Port-Royal) et le théologien Antoine Arnauld. Elle entre à l’abbaye de Port-Royal le 5 juillet 1602, âgée d’un peu plus de dix ans, et elle en est nommée abbesse suite aux tractations de son grand-père maternel. L’enfant éprouve alors une véritable aversion de la vie religieuse dans un Port-Royal où les sœurs sont désœuvrées et laissées sans enseignement. La vocation, qui lui vient à l’âge de seize ans, s’accompagne du désir de réformer le monastère et de mettre fin à cette situation, ce qu’elle fait en 1609, contre l’avis de ses parents et de ses directeurs. L’abbesse-adolescente rétablit la clôture et ramène le monastère à la règle cistercienne dont il s’était éloigné. Elle raconte plus tard dans sa Relation combien cette décision qui lui attire les foudres des siens a été difficile. Son père surtout se montre rude quand sa fille refuse de lui ouvrir la porte  : « il fut si en colère qu’il s’en voulait retourner à l’heure même, m’assurant qu’il ne me verrait de sa vie […] J’eus une telle douleur que je pensais étouffer, ce qui le toucha tant qu’il s’apaisa ». Sa nièce, Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly, elle-même religieuse à Port-Royal, relate l'épisode dit la « journée du guichet » comme un véritable drame, mettant en avant la dimension héroïque du personnage, seule contre tous, accusée de « parricide » par son frère, mais soutenue par la plupart de ses consoeurs. La réformatrice devient dès lors la première grande figure de résistance féminine (et la première « martyre ») dans l’histoire d’une communauté plus tard persécutée. Promue figure tutélaire, elle devient un modèle moral dont les religieuses de Port-Royal qui refusent de signer le Formulaire en 1664 se revendiquent. Le principe d’action en conscience de la mère Angélique face aux siens est, dès lors, devenu un principe fondateur de l’identité de Port-Royal.
La mère Angélique joue un rôle capital dans la spiritualité et l’histoire du monastère. Formée à la vie religieuse par François de Sales, puis par Saint-Cyran, elle cherche à faire revivre l’esprit du christianisme primitif. Les Mémoires de Port-Royal, composés en bonne partie par les religieuses, la décrivent comme une abbesse pieuse, dynamique, aimante, une personnalité à l’image de sa conception de la vie religieuse, qui rejette le dolorisme, au profit de la joie de servir Dieu. La mère innove aussi en matière de conduite des sœurs. Elle refuse l’autoritarisme pur au profit d’une explication des règles qui autorise leur libre acceptation, c’est-à-dire une obéissance consentie. Son amour de la pauvreté et son histoire personnelle expliquent l’autre grand point de sa réforme : un recrutement fondé sur une vocation libre et sincère, quand la plupart des couvents privilégient la dote des parents, d’où le nombre important de filles pauvres qui entrent à Port-Royal sous ses abbatiats.
Un vaste travail de mémoire s’organise autour de sa personne dans la communauté dès 1646 ; il est dirigé par son neveu, puis, à partir de 1652, par Angélique de Saint-Jean. Il est composé notamment à partir des récits, forcément hagiographiques des sœurs. La mère elle-même est requise, contre son gré et malgré son désir d’humilité, d’écrire sa relation. Elle y présente sa réforme comme l’œuvre de Dieu dont elle aurait été l’exécutante, mais les intentions personnelles qui animent le texte (expier sa jeunesse de « pécheresse », témoigner de ses compagnes et de ses directeurs) rapprochent le texte d’une autobiographie avant l’heure. La mère Angélique meurt en 1661, au début des persécutions infligées par le roi à Port-Royal. La réformatrice invite à une résistance silencieuse qui contraste avec la résistance combative des sœurs de la seconde génération, notamment Angélique de Saint-Jean. Considéré de son vivant comme « une sainte » par sa communauté, elle tombe dans un oubli relatif. Il faut attendre Sainte-Beuve (1840-1859) et Montherlant (1954) pour la retrouver en sainte et martyre. Le renouveau des études port-royalistes confirme son importance dans l’histoire de la spiritualité. Elle tend même à devenir une figure d’émancipation féminine du fait de son courage et de ses actions en matière d’éducation et de formation des sœurs.

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