Isabel Stuart : Différence entre versions

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== Notice de Elizabeth L?Estrange, 2006. ==
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Deuxième fille de Jacques Ier d’Écosse et de Lady Joan Beaufort, Isabel Stuart naît en 1427. En 1442, elle se marie en France au Château d’Auray à François Ier, duc de Bretagne (1414-1450). Elle donne naissance à deux filles. En 1455, l’aînée, Marguerite de Bretagne (1442-1469), se marie à son cousin François (1435-1488), le futur François II de Bretagne. La cadette, Marie de Bretagne (1444-1506) se marie à Jean II, Vicomte de Rohan. En 1450, à la mort de François, Isabelle demeure en Bretagne, ferme dans sa décision de s’opposer aux efforts de son frère Jacques II d’Écosse, qui veut la ramener en Écosse. Lors d’une enquête à Rennes en 1453, elle déclare qu’elle ne désire pas quitter le pays où elle a été tant chérie et si bien accueillie, et demande au Roi de France de lui assigner son douaire. Son testament est conservé à la bibliothèque de Nantes. Bien que daté du 13 octobre 1485, elle est toujours en vie neuf ans après, comme en témoigne la signature d’un acte en octobre 1494.<br />
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Bien qu’Isabelle soit moins connue que d’autres duchesses de Bretagne, comme l’épouse de Pierre II, Françoise d’Amboise, ou encore Anne de Bretagne, elle partage leur piété et leur passion pour les manuscrits et textes religieux. De même, ses manuscrits montrent qu’elle a recours à l’art du portrait religieux afin de s’édifier en tant qu’épouse, mère et duchesse douairière de Bretagne. Conçu dans l’atelier de Rohan aux alentours de 1430, le manuscrit le plus célèbre lié à Isabelle porte le titre ''Les Heures d’Isabelle Stuart'' (Cambridge, Fitzwilliam Museum, MS 62). En fait, ce Livre d’Heures a probablement été exécuté pour la première épouse de François Ier, Yolande d’Anjou: une fois qu’il est en sa possession, Isabelle fait changer le blason afin qu’y figurent les armoiries de l’Écosse et celles de la Bretagne. Elle donne ensuite le manuscrit à sa fille Marguerite qui y ajoute son propre portrait. Les deux ''Livres d’Heures'' (Paris, Bibliothèque nationale, fonds latin 1369 et nouvelle acquisition latine 588), qu’Isabelle commande à la mort de son époux, témoignent de la pieuse ardeur avec laquelle elle se dévoue à son époux et à son saint patron, saint François. Dans le ms lat. 1369, elle a inclus un portrait posthume de François et y est elle-même représentée guidée par saint François. Elle porte les armoiries de la Bretagne et de l’Écosse ainsi que le collier de ''L’Ordre de l’Épi'', que son époux a fondé en 1448. De plus, le manuscrit contient une élégie sur la mort de sa soeur Marguerite d’Écosse (1424-1445), épouse du dauphin Louis XI. Il a été suggéré qu’Isabelle l’a soit écrite elle-même, soit fait écrire. Une inscription ajoutée plus tard dans le manuscrit indique que cet ouvrage a probablement été légué à sa fille Marie. En outre, Isabelle fait faire une copie de la ''Somme le roi''(BnF, ms f. fr. 958, daté de 1464) qui a été composée par le Dominicain Lorens d’Orléans. Une inscription à la fin du livre indique que «Ysabeau […] fist faire ce livre». De plus la miniature de l’imposant frontispice montre Isabelle, encore une fois guidée par saint François, et ses deux filles en train de prier une Piété. Isabelle porte une corde avec trois noeuds autour de la taille, ce qui suggère qu’elle était membre des ordres franciscains.<br />
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Bien que l’on sache peu de choses quant aux rôles qu’a joués Isabelle à la cour bretonne, ses manuscrits témoignent non seulement de l’intérêt qu’elle a porté pour les Franciscains mais aussi de son pouvoir de mécène durant son veuvage. Non seulement en tant que mécène de manuscrits mais aussi en tant que femme ayant tenu un rôle actif dans la transmission de son héritage et dans l’échange de manuscrits, elle offre un exemple de diffusion du savoir dans une optique matrilinéaire, qui ne peut que continuer à susciter l’attention des chercheurs et chercheuses.
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(traduction Séverine Genieys-Kirk)
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== Choix bibliographique ==
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- Bawcutt, Priscilla et Bridget Henisch, «Scots Abroad in the Fifteenth Century: The Princesses Margaret, Isabella and Eleanor», dans ''Women in Scotland, c.1100-1750'', Elizabeth Ewan et Maureen M. Meikle éd., East Linton, Tuckwell, 1999, p.45-55.
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- L’Estrange, Elizabeth, «Anna Peperit Mariam, Elizabeth Johannem, Maria Christum: Images of Childbirth in Late-Medieval Manuscripts», dans ''Manuscripts in Transition: Recycling Manuscripts, Texts and Images'', Brigitte Dekeyzer et Jan Van der Stock éd., Leuven, Peeters, 2005, p.335-46.
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- Toynbee, Margaret R., «The Portraiture of Isabella Stuart, Duchess of Brittany (c.1427-1494)», ''Burlington Magazine'', 88, 1946, p.300-306.
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== Choix iconographique ==
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- v.1430 : Maître de Rohan, ''Isabel Stuart présentée par Ste Catherine à la Vierge et enfant ''(miniature), remaniée v.1442. ''Les Heures d’Isabel Stuart'', Cambridge, Fitzwilliam Museum (MS 62, f.20) -- Naughton, Joan, «A Minimally Intrusive Presence: Portraits in Illustrations for Prayers to the Virgin», dans ''Medieval Texts and Images: Studies of Manuscripts from the Middle Ages'', Margaret Manion et Bernard J. Muir éd., Chur, Harwood, 1991, pl.3.
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- après 1455: Anonyme, ''Isabel Stuart présentée par St François'' (miniature), dans ''Les Heures d’Isabel Stuart'', Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 1369, f.56 -- Toynbee, Margaret R., voir''supra'', pl.A.
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- après 1461: Anonyme, ''Isabel Stuart présentée avec une croix par St François'' (miniature), dans ''Les Heures d’Isabel Stuart'', Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. n.a.l. 588, f.33v -- Toynbee, Margaret,voir ''supra'', pl.B.
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-1464: Anonyme, ''Isabel Stuart et ses filles présentées à une Pietà par St Francis, St Pierre Martyr et Ste Marie Madeleine'' (miniature), dans ''Le Livre des Vices et Vertus ou Somme le roi'', Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. f. fr. 958, f.1 -- François Avril et Nicole Reynaud, ''Les Manuscrits à peinture en France 1440-1520'', Paris, Flammarion, 1995, p.178.
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- v.1455: Anonyme, ''Isabel Stuart avec François Ier de Bretagne, sa première femme Yolande d’Anjou, et leurs enfants'' (miniature), dans'' Missel des Carmelites de Nantes'', New Jersey, Princeton University Library, Garrett Collection, MS 40, f.131b -- Plummer, John, ''The Last Flowering: French Painting in Manuscripts, 1420-1530: From American Collections'', New York, Pierpont Morgan Library et Oxford University Press, 1982, pl.34a.
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== Jugements ==
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«Elle est assez belle, [a] le corps droit et bien formé… mais au reste elle n’a pas grand discours en ses propos et semble assez simple.» (Les ambassadeurs français en Écosse, 1441, dans Bertrand D’Argentré, ''Histoire de Bretagne'', ''des rois, ducs, comtes, et princes d'icelle, depuis l'an 383 jusques au temps de madame Anne Reyne de France dernière Duchesse'', Paris, Nicolas Buon, 1618 [3e édition], p.798)
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- «Elle […] ne voudroit point laisser ce pays de Bretaigne où elle a eu ou [«au»] temps passé, et encore a tant de biens et honneurs; car oncques gens ne aimerent tant Dame comme ils l’ont aimée et aiment encore.» (Dom. P. H. Morice, ''Mémoires pour servir de preuves à l’Histoire Ecclésiastique et Civile de Bretagne'', Paris, Osmont, 3 vol., II, 1968 [1742-1746], col.1744.
 
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Version du 13 août 2010 à 20:59

Isabel Stuart
Titre(s) Duchesse de Bretagne
Conjoint(s) François Ier, duc de Bretagne
Biographie
Date de naissance 1427
Date de décès Après 1494
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Elizabeth L?Estrange, 2006.

Deuxième fille de Jacques Ier d’Écosse et de Lady Joan Beaufort, Isabel Stuart naît en 1427. En 1442, elle se marie en France au Château d’Auray à François Ier, duc de Bretagne (1414-1450). Elle donne naissance à deux filles. En 1455, l’aînée, Marguerite de Bretagne (1442-1469), se marie à son cousin François (1435-1488), le futur François II de Bretagne. La cadette, Marie de Bretagne (1444-1506) se marie à Jean II, Vicomte de Rohan. En 1450, à la mort de François, Isabelle demeure en Bretagne, ferme dans sa décision de s’opposer aux efforts de son frère Jacques II d’Écosse, qui veut la ramener en Écosse. Lors d’une enquête à Rennes en 1453, elle déclare qu’elle ne désire pas quitter le pays où elle a été tant chérie et si bien accueillie, et demande au Roi de France de lui assigner son douaire. Son testament est conservé à la bibliothèque de Nantes. Bien que daté du 13 octobre 1485, elle est toujours en vie neuf ans après, comme en témoigne la signature d’un acte en octobre 1494.
Bien qu’Isabelle soit moins connue que d’autres duchesses de Bretagne, comme l’épouse de Pierre II, Françoise d’Amboise, ou encore Anne de Bretagne, elle partage leur piété et leur passion pour les manuscrits et textes religieux. De même, ses manuscrits montrent qu’elle a recours à l’art du portrait religieux afin de s’édifier en tant qu’épouse, mère et duchesse douairière de Bretagne. Conçu dans l’atelier de Rohan aux alentours de 1430, le manuscrit le plus célèbre lié à Isabelle porte le titre Les Heures d’Isabelle Stuart (Cambridge, Fitzwilliam Museum, MS 62). En fait, ce Livre d’Heures a probablement été exécuté pour la première épouse de François Ier, Yolande d’Anjou: une fois qu’il est en sa possession, Isabelle fait changer le blason afin qu’y figurent les armoiries de l’Écosse et celles de la Bretagne. Elle donne ensuite le manuscrit à sa fille Marguerite qui y ajoute son propre portrait. Les deux Livres d’Heures (Paris, Bibliothèque nationale, fonds latin 1369 et nouvelle acquisition latine 588), qu’Isabelle commande à la mort de son époux, témoignent de la pieuse ardeur avec laquelle elle se dévoue à son époux et à son saint patron, saint François. Dans le ms lat. 1369, elle a inclus un portrait posthume de François et y est elle-même représentée guidée par saint François. Elle porte les armoiries de la Bretagne et de l’Écosse ainsi que le collier de L’Ordre de l’Épi, que son époux a fondé en 1448. De plus, le manuscrit contient une élégie sur la mort de sa soeur Marguerite d’Écosse (1424-1445), épouse du dauphin Louis XI. Il a été suggéré qu’Isabelle l’a soit écrite elle-même, soit fait écrire. Une inscription ajoutée plus tard dans le manuscrit indique que cet ouvrage a probablement été légué à sa fille Marie. En outre, Isabelle fait faire une copie de la Somme le roi(BnF, ms f. fr. 958, daté de 1464) qui a été composée par le Dominicain Lorens d’Orléans. Une inscription à la fin du livre indique que «Ysabeau […] fist faire ce livre». De plus la miniature de l’imposant frontispice montre Isabelle, encore une fois guidée par saint François, et ses deux filles en train de prier une Piété. Isabelle porte une corde avec trois noeuds autour de la taille, ce qui suggère qu’elle était membre des ordres franciscains.
Bien que l’on sache peu de choses quant aux rôles qu’a joués Isabelle à la cour bretonne, ses manuscrits témoignent non seulement de l’intérêt qu’elle a porté pour les Franciscains mais aussi de son pouvoir de mécène durant son veuvage. Non seulement en tant que mécène de manuscrits mais aussi en tant que femme ayant tenu un rôle actif dans la transmission de son héritage et dans l’échange de manuscrits, elle offre un exemple de diffusion du savoir dans une optique matrilinéaire, qui ne peut que continuer à susciter l’attention des chercheurs et chercheuses.

(traduction Séverine Genieys-Kirk)

Choix bibliographique

- Bawcutt, Priscilla et Bridget Henisch, «Scots Abroad in the Fifteenth Century: The Princesses Margaret, Isabella and Eleanor», dans Women in Scotland, c.1100-1750, Elizabeth Ewan et Maureen M. Meikle éd., East Linton, Tuckwell, 1999, p.45-55.

- L’Estrange, Elizabeth, «Anna Peperit Mariam, Elizabeth Johannem, Maria Christum: Images of Childbirth in Late-Medieval Manuscripts», dans Manuscripts in Transition: Recycling Manuscripts, Texts and Images, Brigitte Dekeyzer et Jan Van der Stock éd., Leuven, Peeters, 2005, p.335-46.

- Toynbee, Margaret R., «The Portraiture of Isabella Stuart, Duchess of Brittany (c.1427-1494)», Burlington Magazine, 88, 1946, p.300-306.

Choix iconographique

- v.1430 : Maître de Rohan, Isabel Stuart présentée par Ste Catherine à la Vierge et enfant (miniature), remaniée v.1442. Les Heures d’Isabel Stuart, Cambridge, Fitzwilliam Museum (MS 62, f.20) -- Naughton, Joan, «A Minimally Intrusive Presence: Portraits in Illustrations for Prayers to the Virgin», dans Medieval Texts and Images: Studies of Manuscripts from the Middle Ages, Margaret Manion et Bernard J. Muir éd., Chur, Harwood, 1991, pl.3.

- après 1455: Anonyme, Isabel Stuart présentée par St François (miniature), dans Les Heures d’Isabel Stuart, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 1369, f.56 -- Toynbee, Margaret R., voirsupra, pl.A.

- après 1461: Anonyme, Isabel Stuart présentée avec une croix par St François (miniature), dans Les Heures d’Isabel Stuart, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. n.a.l. 588, f.33v -- Toynbee, Margaret,voir supra, pl.B.

-1464: Anonyme, Isabel Stuart et ses filles présentées à une Pietà par St Francis, St Pierre Martyr et Ste Marie Madeleine (miniature), dans Le Livre des Vices et Vertus ou Somme le roi, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. f. fr. 958, f.1 -- François Avril et Nicole Reynaud, Les Manuscrits à peinture en France 1440-1520, Paris, Flammarion, 1995, p.178.

- v.1455: Anonyme, Isabel Stuart avec François Ier de Bretagne, sa première femme Yolande d’Anjou, et leurs enfants (miniature), dans Missel des Carmelites de Nantes, New Jersey, Princeton University Library, Garrett Collection, MS 40, f.131b -- Plummer, John, The Last Flowering: French Painting in Manuscripts, 1420-1530: From American Collections, New York, Pierpont Morgan Library et Oxford University Press, 1982, pl.34a.

Jugements

«Elle est assez belle, [a] le corps droit et bien formé… mais au reste elle n’a pas grand discours en ses propos et semble assez simple.» (Les ambassadeurs français en Écosse, 1441, dans Bertrand D’Argentré, Histoire de Bretagne, des rois, ducs, comtes, et princes d'icelle, depuis l'an 383 jusques au temps de madame Anne Reyne de France dernière Duchesse, Paris, Nicolas Buon, 1618 [3e édition], p.798)

- «Elle […] ne voudroit point laisser ce pays de Bretaigne où elle a eu ou [«au»] temps passé, et encore a tant de biens et honneurs; car oncques gens ne aimerent tant Dame comme ils l’ont aimée et aiment encore.» (Dom. P. H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’Histoire Ecclésiastique et Civile de Bretagne, Paris, Osmont, 3 vol., II, 1968 [1742-1746], col.1744.

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