Françoise d'Aubigné : Différence entre versions

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== Notice d'[[Anne Boiron]], 2019 ==
 
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Née dans les bâtiments de la prison de Niort, elle est la fille de Constant d’Aubigné, converti au catholicisme pour fuir ses dettes, d’Agrippa d’Aubigné, le grand poète et chef de guerre protestant, et de Jeanne de Cardilhac, sa seconde épouse, fille du gouverneur de la prison. Troisième et dernier enfant du couple, après deux frères aînés, elle est confiée à la charité de sa tante paternelle, la protestante Louise-Arthémise de Villette, qui saura choyer sa petite enfance. Mais son père étant sorti de prison, il emmène sa famille en 1644 aux Antilles, croyant faire fortune et rentre en France sans eux : quand son épouse revient à son tour, il est mort et laisse sa famille dans un complet dénuement. Les solidarités familiales permettent à la jeune enfant de trouver refuge chez sa tante Villette, avant qu’une autre parente, Mme de Neuillant, ne l’en arrache pour éviter qu’elle ne devienne protestante. Elle est alors confiée aux Ursulines de Niort puis de Paris. Découvrant les milieux mondains grâce à Mme de Neuillant, elle est remarquée par Paul Scarron, écrivain en vue mais atteint d’une maladie dégénérative très handicapante. Elle accepte ce surprenant mais tout à fait honorable mariage, et épouse Scarron à 16 ans. Elle tient alors salon dans le quartier du Marais (la « chambre jaune »), complète son éducation au contact de son mari et est reconnue comme Précieuse. Scarron s’éteint en 1660, laissant sa veuve sans moyen de maintenir leur train de vie, et Mme Scarron se réfugie comme pensionnaire laïque dans des couvents, manière de maintenir son indépendance et une bonne réputation, tout en lui permettant de continuer à fréquenter le monde.<br/>
 
Née dans les bâtiments de la prison de Niort, elle est la fille de Constant d’Aubigné, converti au catholicisme pour fuir ses dettes, d’Agrippa d’Aubigné, le grand poète et chef de guerre protestant, et de Jeanne de Cardilhac, sa seconde épouse, fille du gouverneur de la prison. Troisième et dernier enfant du couple, après deux frères aînés, elle est confiée à la charité de sa tante paternelle, la protestante Louise-Arthémise de Villette, qui saura choyer sa petite enfance. Mais son père étant sorti de prison, il emmène sa famille en 1644 aux Antilles, croyant faire fortune et rentre en France sans eux : quand son épouse revient à son tour, il est mort et laisse sa famille dans un complet dénuement. Les solidarités familiales permettent à la jeune enfant de trouver refuge chez sa tante Villette, avant qu’une autre parente, Mme de Neuillant, ne l’en arrache pour éviter qu’elle ne devienne protestante. Elle est alors confiée aux Ursulines de Niort puis de Paris. Découvrant les milieux mondains grâce à Mme de Neuillant, elle est remarquée par Paul Scarron, écrivain en vue mais atteint d’une maladie dégénérative très handicapante. Elle accepte ce surprenant mais tout à fait honorable mariage, et épouse Scarron à 16 ans. Elle tient alors salon dans le quartier du Marais (la « chambre jaune »), complète son éducation au contact de son mari et est reconnue comme Précieuse. Scarron s’éteint en 1660, laissant sa veuve sans moyen de maintenir leur train de vie, et Mme Scarron se réfugie comme pensionnaire laïque dans des couvents, manière de maintenir son indépendance et une bonne réputation, tout en lui permettant de continuer à fréquenter le monde.<br/>
C’est sans doute pourquoi, en 1669, Mme de Montespan fait appel à elle pour lui confier le premier enfant qu’elle a du roi. Mme Scarron entre ainsi dans une phase de clandestinité glorieuse, au service des enfants adultérins du roi, phase où elle peut développer son expertise d’éducatrice tout en s’assurant une vie plus confortable. La légitimation des bâtards royaux à partir de 1673 amène les enfants avec leur gouvernante à la cour, et Louis XIV, après avoir craint son « bel esprit » finit par apprécier sa compagnie, sa conversation enjouée et ses manières discrètes, au point de rendre jalouse la favorite en titre. Il faut dire qu’un don important pour ses services rendus comme gouvernante permet à Françoise d’Aubigné d’acheter un domaine, Maintenon, et de s’en faire un nom qui va lui rester. Rien n’atteste cependant que Mme de Maintenon ait été la maîtresse du roi, et sa correspondance assidue avec son directeur de conscience ou son influence pour rapprocher le roi de sa légitime épouse, la reine Marie-Thérèse, plaident même contre cette hypothèse. En tout cas, quelques semaines après son veuvage brutal en 1683, Louis XIV épouse secrètement Françoise d’Aubigné, une mésalliance si inouïe que les historiens ont longtemps douté de la réalité de ce mariage.<br/>
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C’est sans doute pourquoi, en 1669, [Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart|Mme de Montespan] fait appel à elle pour lui confier le premier enfant qu’elle a du roi. Mme Scarron entre ainsi dans une phase de clandestinité glorieuse, au service des enfants adultérins du roi, phase où elle peut développer son expertise d’éducatrice tout en s’assurant une vie plus confortable. La légitimation des bâtards royaux à partir de 1673 amène les enfants avec leur gouvernante à la cour, et Louis XIV, après avoir craint son « bel esprit » finit par apprécier sa compagnie, sa conversation enjouée et ses manières discrètes, au point de rendre jalouse la favorite en titre. Il faut dire qu’un don important pour ses services rendus comme gouvernante permet à Françoise d’Aubigné d’acheter un domaine, Maintenon, et de s’en faire un nom qui va lui rester. Rien n’atteste cependant que Mme de Maintenon ait été la maîtresse du roi, et sa correspondance assidue avec son directeur de conscience ou son influence pour rapprocher le roi de sa légitime épouse, la reine Marie-Thérèse, plaident même contre cette hypothèse. En tout cas, quelques semaines après son veuvage brutal en 1683, Louis XIV épouse secrètement Françoise d’Aubigné, une mésalliance si inouïe que les historiens ont longtemps douté de la réalité de ce mariage.<br/>
 
Sa nouvelle situation permet à Mme de Maintenon de mener à bien le projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : fonder un lieu d’éducation pour les filles pauvres de la noblesse. Ce sera la « Maison royale d’éducation de Saint-Louis », installée à Saint-Cyr, au bout du parc de Versailles, en 1686. Mme de Maintenon consacre tout le temps que le roi lui laisse à s’occuper de ce projet, s’intéressant aux choses les plus importantes (les bâtiments, les finances, les règles, les méthodes et contenus pédagogiques) comme aux plus pratiques (les vêtements, la nourriture…). Elle rend visite quasi quotidiennement aux « Demoiselles », écrit pour elles des Proverbes dramatiques, et va jusqu’à commanditer deux pièces à Racine, ''Esther'' (1689) et ''Athalie'' (1691), pour montrer à la cour la réussite de son entreprise. Cependant, l’ouverture culturelle et l’ambition pédagogique de cette école de filles entraînent aussi des résistances, et Saint-Cyr doit devenir un couvent en 1692. Outre cette activité de fondatrice et de pédagogue, Mme de Maintenon entretient un réseau épistolaire important, dont demeurent aujourd’hui plus de cinq mille lettres qui témoignent de ses réflexions spirituelles et éducatives, mais aussi de la vision du monde d’un esprit plus libre que ne le laisse imaginer son image de dévote qui aurait assombri la fin du règne du Grand Roi. Mme de Maintenon s’éteint le 15 avril 1719 à la Maison royale de Saint-Louis.<br/>
 
Sa nouvelle situation permet à Mme de Maintenon de mener à bien le projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : fonder un lieu d’éducation pour les filles pauvres de la noblesse. Ce sera la « Maison royale d’éducation de Saint-Louis », installée à Saint-Cyr, au bout du parc de Versailles, en 1686. Mme de Maintenon consacre tout le temps que le roi lui laisse à s’occuper de ce projet, s’intéressant aux choses les plus importantes (les bâtiments, les finances, les règles, les méthodes et contenus pédagogiques) comme aux plus pratiques (les vêtements, la nourriture…). Elle rend visite quasi quotidiennement aux « Demoiselles », écrit pour elles des Proverbes dramatiques, et va jusqu’à commanditer deux pièces à Racine, ''Esther'' (1689) et ''Athalie'' (1691), pour montrer à la cour la réussite de son entreprise. Cependant, l’ouverture culturelle et l’ambition pédagogique de cette école de filles entraînent aussi des résistances, et Saint-Cyr doit devenir un couvent en 1692. Outre cette activité de fondatrice et de pédagogue, Mme de Maintenon entretient un réseau épistolaire important, dont demeurent aujourd’hui plus de cinq mille lettres qui témoignent de ses réflexions spirituelles et éducatives, mais aussi de la vision du monde d’un esprit plus libre que ne le laisse imaginer son image de dévote qui aurait assombri la fin du règne du Grand Roi. Mme de Maintenon s’éteint le 15 avril 1719 à la Maison royale de Saint-Louis.<br/>
 
La réhabilitation de ce personnage complexe et presque fascinant est en cours, ce que signalent, dans le sillage de ''L’Allée du roi'' de Françoise Chandernagor (1981), la parution de plusieurs travaux critiques (biographie, études), la publication de ses œuvres, un colloque et une exposition commémorative à Versailles à l’occasion du tricentenaire de sa mort (2019).
 
La réhabilitation de ce personnage complexe et presque fascinant est en cours, ce que signalent, dans le sillage de ''L’Allée du roi'' de Françoise Chandernagor (1981), la parution de plusieurs travaux critiques (biographie, études), la publication de ses œuvres, un colloque et une exposition commémorative à Versailles à l’occasion du tricentenaire de sa mort (2019).

Version du 4 juin 2019 à 14:11

Françoise d'Aubigné
Titre(s) Marquise de Maintenon
Conjoint(s) Paul Scarron (de 1652 à 1660), Louis XIV roi de France (de 1683 à 1715)
Dénomination(s) Françoise d’Aubigny, la « Belle Indienne », Aurélie dans La Prétieuse de l’abbé de Pure, Stratonice dans le Grand Dictionnaire des précieuses de Somaize, Lyriane dans Clélie de Madeleine de Scudéry, la Veuve Scarron, Mme de Maintenon, Mme de Maintenant
Biographie
Date de naissance 24 novembre 1635
Date de décès 15 avril 1719
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)



Notice d'Anne Boiron, 2019

Née dans les bâtiments de la prison de Niort, elle est la fille de Constant d’Aubigné, converti au catholicisme pour fuir ses dettes, d’Agrippa d’Aubigné, le grand poète et chef de guerre protestant, et de Jeanne de Cardilhac, sa seconde épouse, fille du gouverneur de la prison. Troisième et dernier enfant du couple, après deux frères aînés, elle est confiée à la charité de sa tante paternelle, la protestante Louise-Arthémise de Villette, qui saura choyer sa petite enfance. Mais son père étant sorti de prison, il emmène sa famille en 1644 aux Antilles, croyant faire fortune et rentre en France sans eux : quand son épouse revient à son tour, il est mort et laisse sa famille dans un complet dénuement. Les solidarités familiales permettent à la jeune enfant de trouver refuge chez sa tante Villette, avant qu’une autre parente, Mme de Neuillant, ne l’en arrache pour éviter qu’elle ne devienne protestante. Elle est alors confiée aux Ursulines de Niort puis de Paris. Découvrant les milieux mondains grâce à Mme de Neuillant, elle est remarquée par Paul Scarron, écrivain en vue mais atteint d’une maladie dégénérative très handicapante. Elle accepte ce surprenant mais tout à fait honorable mariage, et épouse Scarron à 16 ans. Elle tient alors salon dans le quartier du Marais (la « chambre jaune »), complète son éducation au contact de son mari et est reconnue comme Précieuse. Scarron s’éteint en 1660, laissant sa veuve sans moyen de maintenir leur train de vie, et Mme Scarron se réfugie comme pensionnaire laïque dans des couvents, manière de maintenir son indépendance et une bonne réputation, tout en lui permettant de continuer à fréquenter le monde.
C’est sans doute pourquoi, en 1669, [Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart|Mme de Montespan] fait appel à elle pour lui confier le premier enfant qu’elle a du roi. Mme Scarron entre ainsi dans une phase de clandestinité glorieuse, au service des enfants adultérins du roi, phase où elle peut développer son expertise d’éducatrice tout en s’assurant une vie plus confortable. La légitimation des bâtards royaux à partir de 1673 amène les enfants avec leur gouvernante à la cour, et Louis XIV, après avoir craint son « bel esprit » finit par apprécier sa compagnie, sa conversation enjouée et ses manières discrètes, au point de rendre jalouse la favorite en titre. Il faut dire qu’un don important pour ses services rendus comme gouvernante permet à Françoise d’Aubigné d’acheter un domaine, Maintenon, et de s’en faire un nom qui va lui rester. Rien n’atteste cependant que Mme de Maintenon ait été la maîtresse du roi, et sa correspondance assidue avec son directeur de conscience ou son influence pour rapprocher le roi de sa légitime épouse, la reine Marie-Thérèse, plaident même contre cette hypothèse. En tout cas, quelques semaines après son veuvage brutal en 1683, Louis XIV épouse secrètement Françoise d’Aubigné, une mésalliance si inouïe que les historiens ont longtemps douté de la réalité de ce mariage.
Sa nouvelle situation permet à Mme de Maintenon de mener à bien le projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : fonder un lieu d’éducation pour les filles pauvres de la noblesse. Ce sera la « Maison royale d’éducation de Saint-Louis », installée à Saint-Cyr, au bout du parc de Versailles, en 1686. Mme de Maintenon consacre tout le temps que le roi lui laisse à s’occuper de ce projet, s’intéressant aux choses les plus importantes (les bâtiments, les finances, les règles, les méthodes et contenus pédagogiques) comme aux plus pratiques (les vêtements, la nourriture…). Elle rend visite quasi quotidiennement aux « Demoiselles », écrit pour elles des Proverbes dramatiques, et va jusqu’à commanditer deux pièces à Racine, Esther (1689) et Athalie (1691), pour montrer à la cour la réussite de son entreprise. Cependant, l’ouverture culturelle et l’ambition pédagogique de cette école de filles entraînent aussi des résistances, et Saint-Cyr doit devenir un couvent en 1692. Outre cette activité de fondatrice et de pédagogue, Mme de Maintenon entretient un réseau épistolaire important, dont demeurent aujourd’hui plus de cinq mille lettres qui témoignent de ses réflexions spirituelles et éducatives, mais aussi de la vision du monde d’un esprit plus libre que ne le laisse imaginer son image de dévote qui aurait assombri la fin du règne du Grand Roi. Mme de Maintenon s’éteint le 15 avril 1719 à la Maison royale de Saint-Louis.
La réhabilitation de ce personnage complexe et presque fascinant est en cours, ce que signalent, dans le sillage de L’Allée du roi de Françoise Chandernagor (1981), la parution de plusieurs travaux critiques (biographie, études), la publication de ses œuvres, un colloque et une exposition commémorative à Versailles à l’occasion du tricentenaire de sa mort (2019).

Oeuvres

  • 1696 : Compliments faits à Mme la Princesse de Savoie dans la Maison de St Louis à St Cir (Conversations, théâtre pédagogique, saynètes), Institut de Saint-Louis à Saint-Cyr, 25 novembre 1696, Paris, chez Robert Pepie, rue Saint-Jacques, 1696.
  • 1694-1719 ? : Conversations (théâtre pédagogique, saynètes), Institut de Saint-Louis à Saint-Cyr, 1694-1792, dans Conversations de Mme de la Marquise de Maintenon, éd. Louis de Monmerqué, Paris, J.-J. Blaise, 1828 -- Les Loisirs de Mme de Maintenon, éd. Constant Venesoen, Paris, Classiques Garnier, 2011.
  • 1694-1719 ? : Proverbes dramatiques (théâtre pédagogique, saynètes), Institut de Saint-Louis à Saint-Cyr, 1694-1792, éd. Perry Gethner et Theresa Varney Kennedy, Paris, Garnier Classiques, 2014.
  • 1650-1719 : Lettres de Mme de Maintenon, éd. Laurent Angliviel de La Beaumelle, Amsterdam, 1755-1756, 9 volumes.
  • 1686-1719 : Lettres historiques et édifiantes adressées aux Dames de Saint-Louis par Mme de Maintenon, éd. Théophile Lavallée, Paris, Charpentier, 2 volumes, 1856.
  • 1680-1717 : Lettres et entretiens sur l’éducation des filles par Mme de Maintenon, éd. Th. Lavallée, 2e éd., Paris, Charpentier, 2 volumes, 1861.
  • 1650-1719 : Lettres, éd. Marcel Langlois, Paris, Letouzey et Ané, 5 volumes, 1935-1939.
  • 1650-1719 : Lettres, éd. Hans Bots et Eugénie Bots-Estourgie (dir.), Paris, Honoré Champion, « Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux », volumes I à VII, 2010-2013.
  • 1650-1719 : Lettres choisies, éd. H. Bots et E. Bots-Estourgie, Paris, Champion classiques littératures, 2019.

Principales sources

  • Aumale, Mlle d’, Mémoires et lettres inédites de Mademoiselle d’Aumale, éd. comte d’Haussonville, Paris, Calmann-Lévy, 1902.
  • Caylus, Mme de, Souvenirs, éd. Bernard Noël, Mercure de France, Paris, 1965 et 1986.
  • Dangeau, Philippe de Courcillon de, Journal de la cour de Louis XIV, 1684-1720, éd. E. Soulié et L. Dussieux avec les additions du duc de Saint-Simon, Paris, Firmin Didot frères, 1854-1860, 19 vol.
  • Manseau, Pierre , Mémoires de Manseau, intendant de la Maison royale de Saint-Cyr, éd. Achille Taphanel, Versailles, 1902.

Choix bibliographique

  • Autour de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon, Actes des Journées de Niort (23-25 mai 1996), dir. Alain Niderst, Cahiers d’Aubigné, Albineana, 10-11, Niort/Paris, Honoré Champion, 1999.
  • Da Vinha, Mathieu et Maral, Alexandre (dir.), Madame de Maintenon. Dans les allées du pouvoir, Vanves, Hazan, 2019.
  • Madame de Maintenon. Une femme de lettres, dir. Christine Mongenot et Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012.
  • Maral, Alexandre, Madame de Maintenon. La presque reine, Paris, Belin, 2018.

Choix iconographique

  • 1660 ? : Jean Petitot, Françoise d’Aubigné, épouse Scarron (miniature sur émail, 3.4 x 3 cm), Paris, musée du Louvres (INV. 35667) -- Da Vinha, Mathieu et Maral, Alexandre (dir.), Madame de Maintenon. Dans les allées du pouvoir, Vanves, Hazan, 2019, p. 48.
  • 1670 ? : école française, Françoise d’Aubigné, épouse Scarron (huile sur toile, 66 x 54 cm), Niort, musée Bernard d’Agesci (2016.0.11/G.113) -- Da Vinha, Mathieu et Maral, Alexandre (dir.), Madame de Maintenon. Dans les allées du pouvoir, Vanves, Hazan, 2019, p. 47.
  • 1673-1674 ? : Pierre Mignard (attribué à), Françoise Scarron et les deux premiers enfants du roi et de Mme de Montespan (huile sur toile 128 x 95 cm), Maintenon, Château de Maintenon (P8) -- Da Vinha, Mathieu et Maral, Alexandre (dir.), Madame de Maintenon. Dans les allées du pouvoir, Vanves, Hazan, 2019, p. 50.
  • 1688 : Louis, dit Ferdinand, Elle, Madame de Maintenon et sa nièce (huile sur toile, 219 x 142 cm), Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon (MV 2196) -- collections.chateauversailles.fr [1].
  • 1694 : Pierre Mignard, Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon en sainte Françoise Romaine (huile sur toile, 128 x 97 cm), Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon (MV 3637) -- collections.chateauversailles.fr [2].

Jugements

  • « Pour vous dire vrai, je n’aurais jamais cru que dans les îles de l’Amérique ou chez les religieuses de Niort on apprit à faire de belles lettres et je ne puis bien m’imaginer pour quelle raison vous avez apporté autant de soin à cacher votre esprit que chacun en a de montrer le sien. » (Scarron, Paul, lettre à Françoise d’Aubigné de l’été 1651, dans Lettres, éd. Hans Bots et Eugénie Bots-Estourgie, Paris, Honoré Champion, 2016, vol.VIII, p.47-48).
  • « Le Roi trouva une grande différence dans l’humeur de madame de Maintenon ; il trouva une femme toujours modeste, toujours maîtresse d’elle-même, toujours raisonnable, et qui joignait encore à des qualités si rares les agréments de l’esprit et de la conversation. » (Mme de Caylus, Souvenirs, éd. Bernard Noël, Mercure de France, Paris, 1965 et 1986, p. 51).
  • « C'était une femme de beaucoup d'esprit, que les meilleures compagnies, où elle avait d'abord été soufferte, et dont bientôt elle fit le plaisir, avaient fort polie et ornée de la science du monde, et que la galanterie avait achevé de tourner au plus agréable. Ses divers états l'avaient rendue flatteuse, insinuante, complaisante, cherchant toujours à plaire. Le besoin de l'intrigue, toutes celles qu'elle avait vues, en plus d'un genre, et de beaucoup desquelles elle avait été, tant pour elle-même que pour en servir d'autres, l'y avaient formée, et lui en avaient donné le goût, l'habitude et toutes les adresses. Une grâce incomparable à tout, un air d'aisance, et toutefois de retenue et de respect, qui par sa longue bassesse lui était devenu naturel, aidaient merveilleusement ses talents, avec un langage doux, juste, en bons termes, et naturellement éloquent et court. » (Saint-Simon, Mémoires, Paris, Gallimard, 1985, vol. V, années 1714-1716, p. 548).
  • « Elle n'avait de suite en rien que par contrainte et par force. Son goût était de voltiger en connaissances et en amis comme en amusements, excepté quelques amis fidèles de l'ancien temps dont on a parlé, sur qui elle ne varia point, et quelques nouveaux des derniers temps qui lui étaient devenus nécessaires. À l'égard des amusements, elle ne les put guère varier depuis qu'elle se vit reine. Son inégalité tomba en plein sur le solide, et fit par là de grands maux. Aisément engouée, elle l'était à l'excès ; aussi facilement déprise, elle se dégoûtait de même, et l'un et l'autre très souvent sans cause ni raison. » (Saint-Simon, Mémoires, Paris, Gallimard, 1985, vol. V, années 1714-1716, p. 549).
  • « Regardée à Saint-Cyr comme une sainte, à la cour comme une hypocrite, à Paris comme une personne d’esprit, dans tout le reste de l’Europe comme une personne sans mœurs » (La Beaumelle, Mémoires pour servir à l’histoire de Mme de Maintenon et à celle du siècle passé, Amsterdam, 1755-1756, vol.I, p. XVIII-XIX).
  • « Son style, sa grâce, la pureté de son langage me ravissent […]. Je crois que je préfère les lettres de Mme de Maintenon à celles de Mme de Sévigné : elles disent plus de choses. Mme de Sévigné certainement restera toujours le vrai type ; elle a tant de charme et de grâce ! Mais quand on en a beaucoup lu, il ne reste rien. Ce sont des œufs à la neige, dont on ne peut se rassasier sans charger l’estomac. » (Bonaparte, Napoléon, comte de Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène, Paris, 1823, t.VI, p.107).
  • « Mais quelque étrange et sévère que cette éducation puisse paraître, je crois qu’à ceux qui regardent à la manière dont les femmes sont aujourd’hui élevées, aux résultats de cette éducation de luxe et de plaisirs, non seulement pour le foyer domestique, mais encore pour la société et la vie politique, à l’avenir et aux hommes qu’elle prépare à la France, elle inspirera d’amères réflexions ; qu’elle leur fera préférer cette éducation, pour ainsi dire virile, qui purifiait les mœurs privées et enfantait les vertus publiques ; qu’elle leur fera estimer et regretter cette œuvre de Mme de Maintenon qui a empêché pendant un siècle la corruption de la cour de gagner les provinces, qui a maintenu dans les vieux châteaux, où s’isolait la plus grande partie de la noblesse, de solides vertus, des mœurs simples et antiques, enfin qui a produit ce dévouement, ce courage, cette résignation chrétienne que les femmes ont déployée pendant la révolution. Je prends à témoin de ce que j’avance, les fils des dernières élèves de la maison de Saint-Louis. » (Lavallée, Théophile, « Préface », dans Mme de Maintenon, Lettres sur l’Éducation des filles, Paris, Charpentier, 1854, p. X-XI.)
  • « Plus je regarde cette femme, si peu femme, qui n’eut pas d’enfants, plus je sens que les misères de ses premières années, sa situation serrée, étouffée, eurent en elle les effets d’un arrêt de développement. Elle reste à l’âge où la fille est un peu garçon. Elle n’eut pas de sexe, ou elle en eut deux. » (Michelet, Jules, Histoire de France XV, Paris, A. Lacroix, 1876-1877, p.252).
  • « Entrée dans l'Histoire en quelque sorte par la porte de service, elle y accomplit l'une des plus fabuleuses aventures du XVIIe siècle. Et les secrets qu'elle a jalousement gardés, la réécriture de son histoire par elle-même et son entourage, la partialité des témoignages contemporains, les affabulations des biographes ont finalement donné à sa destinée un air de mystère qui ne laisse pas d'exercer sa fascination. De prime abord, la vie de Françoise d'Aubigné évoque ces contes de fées où les bergères épousent des rois. » (Maral, Alexandre, Madame de Maintenon. À l’ombre du Roi-Soleil, Paris, Belin, 2011, p. 6).
  • « "L’esprit", voilà sans doute ce qui m’a d’abord le plus frappée, et qui frappera tous ceux qu’on a prévenus contre la "vieille bigote" : cette femme, supposée bornée et revêche, a le sens de l’humour. Il y a peu de lettres, en effet, où, même à propos des événements les plus tristes, on ne rencontre chez elle ce mélange singulier d’ironie, de badinage, et d’autodérision. » (Chandernagor, Françoise, « Avant-propos », dans Lettres, éd. Hans Bots et Eugénie Bots-Estourgie, Paris, Honoré Champion, 2016, vol. IV, p.11).
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