Françoise d'Aguillenqui

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Françoise d'Aguillenqui
Dénomination(s) Mère Agnès d'Aguillenqui
Biographie
Date de naissance 1602
Date de décès 1672
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Régis Bertrand et Marie-Elisabeth Henneau

Fille de Jean, trésorier général du roi et d’Anne de Pontevès, Françoise d’Aguillenqui, née à Aix (Provence) en 1602, montre dès son plus jeune âge les signes d’une grande piété. Elle est une des sept premières religieuses reçues à la vêture le 19 juillet 1626 au couvent des capucines de Marseille, fondé à l’initiative de la noble Marthe d’Oraison. Sa vie a fait l’objet d’une biographie spirituelle par le capucin Marc de Bauduen qui, au lendemain du décès de son héroïne, ne cache pas sa fascination pour une religieuse de son ordre qu’il considère comme un modèle de sainteté. Également biographe de Marthe d’Oraison, il rédige les deux textes sans référence de l’une à l’autre, comme pour distinguer la capucine authentique – Françoise – de la veuve controversée – Marthe. La mère Agnès d’Aguillenqui pratique pourtant d’aussi sévères mortifications que la fondatrice et se voit comme elle moquée par ses consoeurs qui la jugent excessive. Les supérieurs provinciaux de l’ordre lui défendent d’ajouter autant de macérations à un projet de vie déjà austère. Puis ils reviennent sur leur décision et, sans que l’on sache pourquoi, l’autorisent à poursuivre ses mortifications. Son exemple fait école dans un couvent qui a bientôt la réputation d’être peuplé de « saintes filles ». Elle y sera douze ans maîtresse des novices et abbesse à trois reprises (en 1650-1653, 1656-1659, 1662-1665). Sa dévotion à la Passion du Christ la pousse à s’associer aux souffrances du Christ en domptant ses sens et en s’infligeant de multiples châtiments corporels. Le biographe y voit des signes évidents de sainteté mais, prudemment, n’en fait pas un modèle à imiter, tant elle semble excessive dans ses comportements. Ses expériences mystiques se prolongent tout au long de sa vie qui, selon Marc de Bauduen, s’achève le 18 juin 1672 par une vision du Christ avec lequel Agnès engage un ultime dialogue amoureux.
Morte en odeur de sainteté – on lui attribue de son vivant la préscience de certains événements et même des miracles – elle bénéficie d’une réputation de sainteté post mortem, du fait de la vox populi. L’entourage marseillais s’arrache des pièces de ses habits et fait toucher son corps par des chapelets auxquels seront attribués des vertus miraculeuses. Cette vie hors du commun, fondée sur un dolorisme exacerbé, s’inscrit dans un contexte spirituel particulier qui exalte le mépris du corps et l’anéantissement de soi. L’aura de sainteté qu’eut dans la ville cette religieuse étroitement cloîtrée semble révélatrice du prestige que pouvait alors avoir une contemplative prétendant trouver « Jésus crucifié en ses membres ». Agnès d’Aguillenquy fit partie de ces femmes qui, privées d’autres modes d’expression, ont utilisé la voie doloriste et le langage du corps pour exprimer leur relation singulière au divin.

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