Elisabeth Julienne Pommereul

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Elisabeth Julienne Pommereul
Conjoint(s) François-Alexis Fresnel sieur Dugage (1722 -1785)
Dénomination(s) Dugage, Dugage de Pommereul, Dugage de Pommereuil
Biographie
Date de naissance 7 juillet 1733
Date de décès 3 juillet 1782
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice de Sarah Benharrech, 2019

Née en 1733, Élisabeth Julienne est issue de la petite noblesse bretonne. Son père Guy-René Pommereul, sieur Des Longrais, est avocat au parlement de Bretagne et sénéchal de Brie et Janzé. Sa mère, Louise Thérèse Letort, dame de Navinal, est issue du même milieu. Élisabeth Julienne est la cousine de François René-Jean de Pommereul (1745-1823) général de division pendant la période révolutionnaire et préfet sous le Premier Empire. En 1755, elle épouse François-Alexis de Fresnel, sieur Dugage.
Élisabeth s’initie à la botanique dans la région de Rennes. Dans les années 1770, elle vit à Nantes, où elle fréquente la famille de François Bonamy, directeur du Jardin royal des plantes. Quelques années plus tard, entre 1775 et 1777, Mme Dugage de Pommereul vit à Paris et suit avec assiduité les cours de botanique d’Antoine-Laurent de Jussieu. En 1778, André Thouin, jardinier en chef au Jardin du roi, recourt à son aide pour dénombrer et identifier les graminées qui croissent dans les parterres du jardin de l’École de botanique. C’est sans doute à cette époque qu’elle essaie d’élaborer une classification conciliant le système de Tournefort avec celui de Linné. Selon Joseph Dombey, qu’elle a rencontré pendant son séjour au Jardin du roi à Paris avant qu’il ne parte au Pérou, Elisabeth est l’assistante de Jussieu. Durant la même période, elle est pressentie par Thouin et Jussieu, avec l’approbation de Daubenton, de Guettard et de Buffon, pour composer un ouvrage sur les graminées. Thouin la met en relation avec son réseau de correspondants. Mme Dugage écrit ainsi à Carl von Linné le Jeune, Antoine Gouan, Pierre-André Pourret, et Claude-Étienne Savary, alors en Égypte, par l’intermédiaire de son ami René Louiche Desfontaines, futur professeur de botanique. Selon son parent Desgenettes, elle vit seule dans un galetas au Jardin du roi et se consacre à ses projets de recherche. Témoins de son activité en botanique, trois spécimens botaniques qu’elle a récoltés lors de ses herborisations sont encore conservés dans les collections de l’herbier du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.
À l’annonce de la parution prochaine de cet ouvrage, Linné le Jeune la félicite et nomme une plante en son honneur, la Pommereulla cornucopiae l. f. La plante ainsi déterminée selon la nomenclature linnéenne est insérée dans le système de Linné (Supplément de 1781). Le geste est salué par la communauté des botanistes. Dombey lui dédie la Dugagelia margaritifera, mais la plante avait déjà été nommée par les botanistes espagnols Ruiz et Pavón. L’Académie royale de médecine de Madrid, à l’initiative de Casimiro Gómez Ortega, correspondant de l’Académie royale des sciences depuis 1776, lui décerne un diplôme. Il est également prévu que Mme Dugage contribue à des articles d’histoire naturelle pour l’Encyclopédie méthodique, projetée par Panckoucke.
La publication de l’ouvrage sur les graminées est donnée pour imminente en 1779. On peut alors lire dans l’ouvrage De l’éducation physique et morale des femmes de Riballier et Cosson qu’elle « est actuellement occupée à enrichir le Public d’un ouvrage qui sera le fruit de ses profondes connaissances dans une science si intéressante » (Bruxelles, 1779, p. 232-233). L’éducateur Jean Verdier lui rend un hommage appuyé dans l’article « botanique » (Encyclopédie méthodique, t. IV). Fortunée Briquet assure en 1804 que Mme Dugage est bien l’auteur d’un ouvrage de botanique. En revanche, Palisot de Beauvois auteur d’un Essai d’une nouvelle Agrostographie en 1812, et peut-être mieux informé, confirme que l’ouvrage n’a jamais été publié et que « le manuscrit paraît être égaré » (Paris, 1812, p. 91). Il semble en effet que la maladie l’ait empêchée d’achever l’ouvrage projeté. Mme Dugage souffre d’un cancer du sein qu’elle tente vainement de soulager par l’apposition de plaques métalliques aimantées. Elle se prête aux expériences de magnétothérapie de l’abbé Le Noble, puis recherche les bienfaits du climat du sud de la France pendant l’hiver 1781. En compagnie d’un vieil ami, Lohier de La Saudraye, elle se joint à l’entourage de l’académicien Thomas. Élisabeth décède à Forcalquier le 7 juillet 1782.
L’existence de Mme Dugage est longtemps demeurée ignorée. L’absence d’ouvrage publié et sa pratique de la botanique dans l’entourage direct de Jussieu n’ont jusqu’à une date récente suscité qu’indifférence et dédain de la part des historiens de la botanique.

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