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Version du 15 avril 2011 à 13:46

Diane de France
Titre(s) Duchesse de Castro
Duchesse de Châtellerault
de Montmorency et d'Angoulême
Conjoint(s) Horace Farnèse, duc de Castres
François de Montmorency, duc, pair et maréchal de France
Dénomination(s) Diane de Valois
Biographie
Date de naissance 1538
Date de décès 1619
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647)


Notice de Claude Troquet et Claude Lhôte, 2010

Diane de France est née à Fossan le 25 juillet 1538 des amours de Filippa Duci et du futur Henri II, dix-huit ans, alors en campagne dans le Piémont. Le prince ayant prouvé sa fécondité, on envisage de répudier Catherine de Médicis, son épouse depuis quatre ans, mais le roi François Ier s’y oppose, ainsi que la maîtresse et mentor du prince, Diane de Poitiers. Diane et sa mère arrivent en France en 1541. Contrairement à la légende, Filippa ne finit pas ses jours au couvent: naturalisée sous le nom de Philippe Desducs, elle se mariera en Touraine.

Durant six ans, Diane est l’unique enfant du roi. Son titre officiel est «Mademoiselle la Bâtarde». Deux précepteurs lui donnent une éducation soignée. Elle parle l’italien aussi bien que le français, écrit avec une excellente orthographe, étudie le latin, apprend à chanter, danser, jouer du luth. C’est aussi une passionnée de chasse et une cavalière exceptionnelle. Après sept ans de marchandages financiers et politiques avec le St-Siège, elle est unie à quinze ans avec Horace Farnèse, duc de Castro, petit-fils du pape, tué à la guerre six mois plus tard. En 1557, elle est contrainte d’épouser François, fils aîné du connétable Anne de Montmorency. Un seul fils, né et mort en 1560, naît de leur union.

Catherine de Médicis tient Diane en haute estime. Au pouvoir après la mort d’Henri II, elle l’associe à des négociations politiques, notamment avec le prince de Condé et avec Ludovic, frère de Guillaume d’Orange. En 1563, Diane reçoit le duché de Châtellerault, remplacé en 1582 par celui d’Angoulême, plus rémunérateur, car le capital de sa dot ne lui a jamais été versé. Sur sa demande, Charles IX la légitime en 1572. Désormais, elle signe «Diane l. [légitimée] de France».

Devenue veuve en 1579, elle fait bâtir dès 1585 l’hôtel dit Lamoignon (aujourd’hui siège de la Bibliothèque historique de la ville de Paris), décoré d’emblèmes de chasse et d’images de la déesse Diane. L’occupation de Paris par la Ligue, entre 1588 et 1593, interrompra cette construction, terminée en 1611. Diane elle-même se replie en Touraine avec son amie Louise de Charansonnet, qui vivra avec elle jusqu’à sa mort (1591), et avec laquelle elle demandera, dans son testament, à être enterrée. Des libelles, en 1581 et 1585, avaient épinglé ses amours féminines et, dans son oraison funèbre, Mathieu de Morgues y fait une discrète allusion: «Elle a grandement chéri quelques dames et demoiselles qui ont été auprès d’elle.»

En janvier 1589, elle va à Blois, où se tiennent les Etats généraux, faire don de cinquante mille écus d’or à Henri III pour l’entretien de son armée. Puis elle est chargée par le roi de négocier son rapprochement avec leur beau-frère Henri de Navarre, futur Henri IV. Après l’assassinat d’Henri III, en août, elle appuie le nouveau monarque. En récompense, il lui confie en 1594 le gouvernement du Limousin, remplacé par celui du Bourbonnais en 1605, charges exceptionnelles pour une femme. Elle n’hésite pourtant pas, avec la reine Louise, veuve d’Henri III, à protester devant le Parlement de Paris, lorsque Henri IV amnistie le duc de Mayenne, qu’elles soupçonnent d’avoir trempé dans le meurtre de leur frère et mari.

Son beau-frère Henri de Montmorency lui confie l’éducation de sa fille, Charlotte Marguerite. Source de tracas, car Henri IV s’éprend d’elle. Quand le mari de la jeune femme, le prince de Condé, s’enfuit avec elle aux Pays-Bas, le roi fait pression sur Diane pour que la fugitive revienne en France. Son assassinat, en 1610, met fin à cet épisode tragi-comique. Sous la régence de sa veuve, Diane fait rapatrier à Saint-Denis la dépouille de Catherine de Médicis, restée à Blois. Dernière survivante de tous les enfants d’Henri II, elle s’éteint en 1619 et est enterrée dans l’église des Minimes à Paris, aujourd’hui disparue. Elle laisse derrière elle un gros capital immobilier et dix coffres remplis de pièces d’or.

Femme d’affaire et femme politique de premier ordre, Diane de France a été saluée par ses contemporains pour sa loyauté, pour son rôle dans la pacification des troubles, pour «son bon jugement et sa fidélité si ferme» (Henri IV). Pourtant, si les dictionnaires de femmes illustres de l’Ancien Régime la mentionnent, elle n’a jamais eu de biographe et les travaux à son sujet se comptent sur les doigts d’une main. Cette femme indépendante, douée d’une intelligence et d’un caractère exceptionnels est encore presque oubliée.

Oeuvres

Lettres manuscrites:

  • Archives de Parme: Casa e corte farnesiane, b.18, fasc.15.
  • Archives nationales: Z1B 641; 1 AP 29; K 108 / 104 2.
  • Bibliothèque historique de la ville de Paris: Ms 1244, res 44, f.5.
  • Bibliothèque nationale de France: Manuscrits français, 3185 f.65, 104; 3194 f.120; 3210 f.83; 3237 f.5, 3260 f.65, 79, 103; 3314 f.4; 3367 f.43; 3387 f.34; 3392 f.19; 3551 f.1, 3, 5, 7, 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25, 27, 29, 31, 33, 35, 37, 41, 44, 46, 68; 3608 f.28, 31, 34, 38, 40, 46, 48, 50, 77, 98; 3645 f.51; 4533 f.38; 4673 f.30; 10239 f.66, 68, 70; 15905 f.326, 342; 15911 f.399; 20508 f.165, 167, 168; 20539 f.61, 66, 75.
  • Cabinet des lettres, Chantilly: L, t.XVIII f.125, 166; t.XXX f.183; t.XXXI f.206; t.XXXIX f.7; t.LXXIV f.189;t.LXXVII f.133; t.XCIII f.70; t.C f.5; t.CIX f.134.

Lettres éditées:

  • Bulletin historique et littéraire de la société du protestantisme français, série 1852-1901, t.XLV, p.142.
  • Delaborde, Jules, Charlotte de Bourbon, princesse d’Orange, Paris, Fischbacher, 1888.
  • Pebay, Isabelle et Claude Troquet, Diane de France et l’hôtel d’Angoulême…, voir infra, Choix bibliographique, p.34, 73-74 (lettres de 1577 et 1610 présentant ses signatures d’avant et après sa légitimation).
  • Le Registre des Délibérations de la Ville de Paris, t.XI, p.322-323.

Choix bibliographique

  • Brantôme, Pierre de Bourdeilles, abbé commendataire et seigneur de, «Discours sur Mesdames, filles de la noble maison de France», dans Recueil des dames, Poésies et Tombeaux, éd. E. Vaucheret, Paris, Gallimard, 1991, p.192-195.
  • Pébay, Isabelle et Claude Troquet, «Diane de France et la construction des hôtels d’Angoulême», Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 1991, p.35-69.
  • Pébay, Isabelle et Claude Troquet, Diane de France et l’hôtel d’Angoulême en 1619, Paris, Paris musées, 1995.
  • Pébay, Isabelle et Claude Troquet, «Philippe Desducs, mère de Diane de France», Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t.148, 1990, p.151-160. URL: http://cour-de-France.fr.
  • Troquet, Claude, «Le siècle des Montmorency à Vincennes», Vincennes Histoire, 6, 1991-1992, [pages].

Choix iconographique

  • 1559-1575? : Taddeo Zuccaro, mariage d’Horace Farnèse et de Diane (fresque), villa Farnèse à Caprarola -- blog consacré aux portraits des «Derniers Valois», URL: [1].
  • av. 1579 : François Clouet (attribué à), portrait, Paris, Musée Carnavalet -- Danielle Chadych, Le Marais. Evolution d'un paysage urbain: promenades d'architecture et d'histoire, Paris, Parigramme, 2005, p.454 (cet ouvrage indique par erreur que le portrait se trouve au musée du Louvre).
  • av. 1579  : François Clouet (attribué à), portrait en habits de veuve, Paris, musée du Louvre -- Isabelle Pebay et Claude Troquet, Diane de France et l’hôtel d’Angoulême…, voir supra, Choix bibliographique, couverture.
  • 1619 : Thomas Boudin, statue mortuaire, pavillon dit «chapelle» de la cour de l’Hôtel Lamoignon, Bibliothèque historique de la Ville de Paris -- Isabelle Pebay et Claude Troquet, Diane de France et l’hôtel d’Angoulême…, voir supra, Choix bibliographique, p.230.
  • 1619? : Anonyme, Tombeau de Diane de France (dessin), Paris, Bibliothèque nationale de France, coll. de Gaignières, Estampes, Pe 11a Rés, f.260 -- Kathleen Wilson-Chevalier avec la coll. d’Eugénie Pascal, Patronnes et mécènes en France à la Renaissance, Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2007, fig.6.

Jugements

  • «J’ai tant confiance en votre affection au bien de mon service et en votre bon jugement, avec la connaissance que vous avez des affaires du royaume, qu’ayant à pourvoir au gouvernement du Limousin [...] je vous ai choisie sur tous autres, pour en avoir la charge, et vous en ai fait dépêcher le pouvoir, m’assurant que toutes choses y seront contenues en si bon état, par votre bonne conduite, que j’aurai l’occasion d’en demeurer content.» (Recueil des lettres missives de Henri IV, août 1594, éd. Berger de Xivrey, Paris, Imprimerie royale, 1843, vol.2, [page])
  • «Aussy avoit-elle beaucoup de la ressemblance du roy Henri son père, tant pour les traicts du visage que pour les moeurs et actions, et tous autres exercices qu’il aymoit, fust-ce des armes, de la chasse et des chevaux; car je pense qu’il n’est pas possible que jamais dame ait mieux été à cheval qu’elle, ny de meilleure grace. [...] Aussy sçavoit-elle se commander, car elle est fort spirituelle et de bon entendement. Les roys ses frères, et Monsieur, l’ont fort aymée, et les reines et duchesses ses soeurs, car elle ne faisait honte nullement pour estre parfaicte en tout.» (Brantôme, Discours sur Mesdames, filles de la noble maison de France... [fin 16e siècle], voir supra, Choix bibliographique, p.194)
  • «Ses paroles ont toujours été fort véritables, elle haïssait par-dessus toute chose la menterie et son âme sincère ne pouvait supporter ceux qui ont un double coeur. [...] Elle a apporté la main sur le timon, s’étant offerte pour s’entremettre dans la paix entre les deux rois de France et de Navarre, réunion de laquelle le salut de l’Etat dépendait tellement, qu’on peut dire que sans cette alliance les affaires du royaume étaient en pitoyable désarois. Elle seule moyenna l’accord entre ces deux princes, elle seule pratiqua cette conjonction d’armes et d’âmes. [...] Notre princesse a sauvé la France par la force de ses raisons et par le crédit que sa probité lui avait acquis auprès d’un grand roi.» (Mathieu de Morgues, Harangue Funèbre de Diane Légitimée de France, imprimé in-16, sl, sn, 1619, 67 p., Bibliothèque nationale de France, Ms. Clairambaud 633 [Maison Royale de 1328 à 1590], f.197-221)
  • «Elle allait vivre [...] avec la réputation d’une princesse accomplie, non seulement vertueuse, mais encore intelligente et cultivée. [...] Elle devait tenir plusieurs fois au sein de la famille royale, dans des circonstances difficiles, un rôle de conseillère et de médiatrice.» (Henri de Surirey de Saint-Rémy, Bulletin des Bibliothèques de France, La bibliothèque historique de la ville de Paris, t.14, 2, 1969)
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