Cornélie Wouters

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Cornélie Wouters
Titre(s) Baronne de Wasse
Conjoint(s) Baron de Wasse
Biographie
Date de naissance 1737
Date de décès 1802
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice de Carrie F. Klaus, 2004

Cornélie Pétronille Bénédicte Wouters est baptisée le 14 octobre 1737 à Bruxelles, dans la paroisse de Notre-Dame du Finistère. Aînée d'au moins sept enfants, elle est la fille de Jacques Corneille et de Catherine Marguerite Wouters (née Charlier). Elle est encore jeune lorsqu'elle épouse le baron de Wasse (ou Vasse) et voyage avec lui à travers l'Europe. Rien n'indique qu'ils aient eu des enfants. Après la mort de son mari, dont nous ignorons la date, elle s'installe à Paris et mène une carrière littéraire brève mais prolifique. En 1787, elle habite au 6, rue Sainte-Apolline.

Entre 1782 et 1783, elle publie quatre courtes oeuvres de fiction: Les Aveux d'une femme galante, un roman épistolaire constitué de lettres échangées par une marquise française et une dame anglaise; L'Art de corriger et de rendre les hommes constans, une réponse, sous forme de conversation entre des femmes se confiant leurs histoires personnelles, à L'Art de rendre les femmes fidèles, publié par De Cerfvol en 1713 (puis réédité en 1779 et 1783); Le Nouveau continent, une allégorie de la Révolution américaine écrite comme un conte philosophique; et Le Char volant, un voyage sur la lune comprenant des éléments satiriques et utopiques. Elle publie également des traductions d'anglais en français, adaptant les textes originaux et les augmentant. Parmi ses traductions figurent deux ouvrages majeurs en plusieurs volumes: sa Traduction du théâtre anglois depuis l'origine des spectacles jusqu'à nos jours, dont certaines pièces paraissent aussi séparément et qui fut préparée avec sa soeur Marie Wouters, et laVie des hommes illustres d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande, traduction du British Plutarch de Thomas Mortimer, à laquelle Marie Wouters a peut-être également contribué. À la fin de cette même décennie, Cornélie Wouters publie encore des traductions plus courtes de deux textes d'autrices anglaises: Les Imprudences de la jeunesse (d'après les Juvenile Indiscretions d'Agnes Bennett) et Le Mariage platonique (une «imitation» duPlatonic Marriage de Mrs. H. Cartwright). Elle contribue aussi, semble-t-il, à une Bibliothèque choisie de contes publiée à Paris.

À la Révolution française, Cornélie Wouters perd l'accès à ses biens en Angleterre et en Allemagne, et connaît des difficultés financières. Sa production littéraire se poursuit néanmoins avec des écrits plus politiques, dont un mémoire adressé à l'Assemblée nationale dans lequel elle affirme que les juifs doivent être reconnus citoyens de la nouvelle République. Elle rédige également des manuscrits sur des sujets scientifiques qui resteront inédits. Son dernier ouvrage connu est La Belle Indienne (1798), qui semble être une autre traduction de l'anglais. Cornélie Wouters meurt à Paris le 3 avril 1802, à l'âge de 64 ans.

Nous savons peu de choses sur sa vie, mais il est certain que ses oeuvres ont connu le succès de son vivant. Selon la page de titre de plusieurs de ses ouvrages, ceux-ci ont paru à Londres, mais la plupart étaient disponibles chez les principaux libraires parisiens, et l'on pouvait également s'abonner à ses ouvrages en plusieurs volumes. Trois de ses oeuvres de fiction ont fait l'objet de rééditions de son vivant: Les Aveux d'une femme galante (1783),L'Art de corriger et de rendre les hommes constans (1789) et Le Char volant (1796). Ce dernier ouvrage a également été traduit en allemand. La presse littéraire du temps de Cornélie Wouters s'est intéressée davantage à ses traductions. Le Mercure de France a loué la Traduction du Théâtre anglois en 1786, et des notices, chaque fois plus élogieuses, sur la Traduction du Plutarque anglois ont paru dans le Mercure de France et l'Année littéraire en 1785 et en 1786. Le roi de Suède, à qui Wouters avait dédié le Plutarque anglois, l'a récompensée de deux médailles d'or.

Au XIXe siècle, la production littéraire variée de Wouters a été de plus en plus oubliée, et on l'a considérée surtout comme l'autrice d'ouvrages sentimentaux, voire scandaleux. Les Aveux d'une femme galante a été censuré en 1859, ce qui a poussé Lacroix, conservateur de la Bibliothèque de l'Arsenal, à prendre parti pour le texte et à le déclarer agréable et instructif. Au XXe siècle, la critique a prêté peu d'attention à Wouters: des références à l'autrice et à ses ouvrages n'ont paru que dans des notes et des catalogues épars.

(traduction de l'autrice)

Oeuvres

- 1782 : Les Aveux d'une femme galante, ou Lettres de madame la marquise de***, à myladi Fanny Stapelton, Paris, Veuve Ballard & fils.
- 1783 : L'Art de corriger et de rendre les hommes constans, Paris, Veuve Ballard & fils.
- 1783 : Le Nouveau continent, Paris, Veuve Ballard & fils.
- 1783 : Le Char volant, et Relation d'un voyage dans la lune, Paris, Veuve Ballard & fils.
- 1784-87 : Traduction du théâtre anglois depuis l'origine des spectacles jusqu'à nos jours, divisée en trois époques, Paris, Veuve Ballard & fils (avec Marie Wouters).
- 1785-1787 : Vie des hommes illustres d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande, ou le Plutarque anglois [trad. de The British Plutarch de Thomas Mortimer; peut-être en collaboration avec Marie Wouters], Paris, Couturier.
- 1788 : Les Imprudences de la jeunesse [trad. de Juvenile Indiscretions de Fanny Burney], Paris, Buisson.
- 1789 : Le Mariage platonique [trad. de Platonic Marriage de Mrs. H. Cartwright], Amsterdam, Maradan.
- 1790 : Mémoire à l'Assemblée nationale pour démontrer aux François les raisons qui doivent les déterminer à admettre les juifs indistinctement aux droits de citoyens, Paris, Baudouin.
- 1790? : Les Constitutions des empires, royaumes et républiques de l'Europe, avec un Précis de leurs finances, dettes nationales, ressources, commerce, etc. (ouvrage périodique commencé en 1790 et attribué à Cornélie Wouters par certains dictionnaires; introuvable).
- 1793 : La Famille émigrée, ou le procédé généreux, Comédie en un acte, en prose, Nivelles, Plon.
- 1798 : La Belle Indienne, ou les Aventures de la petite-fille du grand Mogol, Paris, Lepetit.
- entre 1790 et 1802? : La Nature dévoilée, ou Précis d'histoire naturelle, à l'usage des Dames, inédit.
- entre 1790 et 1802? : Essai sur l'oxigène, ou les Progrès de la chimie [trad. d'un texte du Dr Watson, évêque de Landaff], inédit.

Choix bibliographique

  • Bonvalet, Nicole. «Adaptations et traductions de Ben Jonson au XVIIIe siècle». Les Lettres romanes, 35, 3, 1981, p.199-234.
  • Klaus, Carrie F., «‘Une école des moeurs & de la morale’: How the Wouters sisters made English theater French.»,Palimpsestes t. 20, 2007, p. 79-96.
  • Klaus, Carrie F., «The French and The Foreign in Works by Cornélie Wouters, Isabelle de Charrière and Germaine de Staël.» in Germaine de Staël and the Politics of Mediation: Challenges to History and Culture, dir. Karyna Szmurlo, Oxford, Voltaire Foundation, 2011, p. 79-90.
  • Klaus, Carrie F., «Keeping Ahead of the English? A Defence of Jews by Cornélie Wouters, Baroness of Vasse (1790).» in Virtue, Liberty, and Toleration: Political Ideas of European Women, 1400-1800, dir. Jacqueline Broad et Karen Green,Dordrecht,Springer, 2007, p. 171-188.

Jugements

  • (à propos du Char Volant) «Cet Ouvrage est d'un Auteur étranger, d'une femme; c'est un double titre à l'indulgence du Lecteur, & l'on pourroit la réclamer, si l'Ouvrage avoit besoin de cette double recommandation» (Mercure de France, 31 janvier 1784, p.210-211).
  • (à propos de la Traduction du Théâtre anglois) «C'est à Mme la Baronne de Vasse & à Miss Wouters, c'est à deux soeurs unies par les triples noeuds du sang, de l'amitié et des talens, à deux Angloises, que nous sommes redevables de cette idée et de son exécution. M. de La Place, dans un très-bon Ouvrage, dans un Ouvrage devenu classique, nous avoit déjà familisarisés avec une grande partie du Théâtre d'une Nation rivale de la nôtre dans tous les genres de gloire: la traduction de Mme de Vasse & de Miss Wouters achevera ce qu'il a si bien commencé» (Mercure de France, 12 août 1786, p.58).
  • (à propos du Plutarque anglois) «Les témoignages flatteurs d'estime que l'auteur de cette traduction, Madame la Baronne de Vasse, a reçus de Sa Majesté le Roi de Suède, sont une récompense de son travail aussi juste qu'honorable. Ce Prince, ami des lettres, lui a fait remettre par son Ambassadeur à la cour de France, M. le Baron de Stael, deux médailles d'or. Un suffrage aussi glorieux joint à celui du public ne peut qu'encourager l'Auteur à continuer un ouvrage dont le mérite & l'intérêt augmentent à mesure qu'il avance» (Année littéraire, 1786, t.VI, p.278).
  • (à propos du Plutarque anglois) «Les illustres Soeurs qui ont consacré leurs loisirs à enrichir la France d'une excellente production de leur pays nous ont rendu un véritable service, & je les en remercie au nom du public» (Année littéraire, 1787, t.I, p.266).
  • (à propos des Aveux d'une Femme Galante) «Les mots changent, mais les choses restent: à la fin du dernier siècle, une femme galante n'étoit pas une courtisane vivant de galanterie, mais une grande dame quelquefois, ayant plusieurs galants et aimant les intrigues galantes. Ce petit roman représente donc les moeurs de la meilleure société à cette époque. Tout le monde n'a pas d'autre affaire en ce monde-là que de s'occuper de galanterie: hommes et femmes y font l'amour à l'envi. On comprend qu'un pareil roman écrit par une femme d'esprit, qui possédoit bien son sujet, soit très-agréable et très-instructif. Cette femme d'esprit étoit la baronne de Vasse, née Cornélie Wouters, à laquelle nous devons quelques autres ouvrages du même genre. Celui-ci, où l'auteur s'est mis en scène sous le nom de son héroïne, renferme beaucoup d'épisodes intimes, qui, pour être narrés ou plutôt indiqués avec une extrême réserve, n'en sont pas moins fort scabreux, mais tout est si bien dit et si honnêtement, qu'on n'a pas le droit de se scandaliser» (P. Lacroix, «Les Aveux d'une Femme Galante», Bulletin du Bibliophile et du Bibliothécaire, 16e série, Paris, J. Techener, 1863, p.373-374).
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