Clémence Richard

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Clémence Richard
Conjoint(s) Jean-Pierre Lortet
Dénomination(s) Madame Lortet, Clémence Lortet
Biographie
Date de naissance 1772
Date de décès 1835
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice de Marc Philippe, 2019

Fille unique d’un maître ouvrier spécialisé en chinage des soies, Clémence Richard naît à Lyon le 16 septembre 1772. Sa mère, Jeanne Gondret (1750-1826), est issue d’une famille de teinturiers de la bourgeoisie savoyarde. Son père Pierre Richard (1741-1815), petit-fils d’un laboureur venu à Lyon pour être tisserand, a acquis à l’armée un bon niveau en mathématiques, ce qui lui permet de prendre en charge l’éducation de Clémence et de lui enseigner les sciences et les mathématiques. En 1791, elle épouse Jean-Pierre Lortet (1756-1823), trésorier général du Rhône. Fils d’un aubergiste franc-maçon – membre de La Pilata, une société dédiée au progrès des sciences qu’il héberge chez lui –, Jean-Pierre lui-même est franc-maçon. S’il n’est pas prouvé que Clémence ait été membre d’une loge adoptive, la franc-maçonnerie joue un rôle important dans sa vie et celle de leur fils. Ce seul enfant, Pierre (1792-1868), est allaité par sa mère, comme le préconise Rousseau. Les idées du philosophe ont eu une grande influence sur Clémence, ce dont témoignent ses écrits. Clémence est une républicaine convaincue, mais quand Lyon est assiégé par les troupes de la République en 1793 et subit des purges drastiques, elle se mobilise avec son mari pour sauver le plus de personnes possible, quelles que soient leurs affinités politiques.
La répression qui suit le siège de Lyon est sans doute la cause de l’état dépressif de Clémence. Vers 1803, elle consulte le Dr. Gilibert, ancien membre de La Pilata et frère de loge de son mari. Il lui prescrit d’exercer ses jambes et d’occuper son esprit, lui recommande de jardiner et de venir à ses cours de botanique. Bientôt, il lui propose de collecter du matériel pour ses leçons et, petit à petit, l’envoie herboriser de plus en plus loin. Un an plus tard, Clémence est capable de parcourir trente kilomètres en une seule journée, tout en collectant des plantes avec son fils. Clémence devient ainsi botaniste, cataloguant la flore locale. Gilibert l’invite alors à faire une étude phénologique. En 1808, Clémence répertorie avec enthousiasme les dates de floraison autour de Lyon. Ces données, avec d’autres collectées auparavant par Gilibert en Biélorussie, sont publiées en 1809 dans un Calendrier de Flore, sous le seul nom de Gilibert. La préface, toutefois, reconnaît clairement la contribution de Clémence.
A la même époque, Clémence suit des cours d’astronomie, de chimie, de physique, et s’intéresse aussi à la géologie. Avec son fils, elle apprend le latin, ce qui lui permet de consulter plusieurs ouvrages de botanique. Pierre étudie au lycée, mais Clémence parachève sa formation dans le domaine des sciences. En 1811, Pierre Lortet va à Paris suivre des études de médecine. Clémence l’accompagne et rencontre plusieurs éminents botanistes, avec qui elle demeure en relation, entre autres Jussieu, Bonpland et Thouin.
De retour à Lyon, Clémence guide sur le terrain plusieurs botanistes importants comme Dumarché, Reynier et Richard. Pendant la même période, elle réalise des expériences agronomiques avec le chanvre et des oléagineuses. Elle reçoit un prix de la Société royale d’agriculture de Lyon en 1820. Cette reconnaissance et son mémoire Le calendrier de Flore lui permettent d’être reçue membre de la Société Linnéenne de Paris. Avec Balbis et d’autres naturalistes, Clémence fonde, fin 1822, la branche lyonnaise de la Société Linnéenne. Celle-ci devient rapidement le lien qui manquait aux naturalistes lyonnais. Sous l’impulsion de Clémence, les membres travaillent à un catalogue de la flore lyonnaise, publié sous les auspices de Balbis (1827-1828). Clémence poursuit ses expériences agronomiques et ses voyages botaniques dans les Alpes (1810, 1826, 1830), dans le Jura (1817), en Auvergne (1818, 1824, 1828), etc. et ce, jusqu’à sa mort, le 15 avril 1835 à Oullins (Rhône).
En 1835, Georges Roffavier l’a décrite comme aimable et simple. C’est probablement vrai, mais c’est aussi un raccourci du rôle important qu’elle a joué dans le domaine de la botanique. C’est elle qui a obtenu de Seringe qu’il vienne diriger le Jardin botanique de Lyon ; c’est elle aussi qui a formé les Chirat, auteurs d’un important ouvrage de botanique, et qui a ouvert la voie aux études cryptogamiques d’Aunier, sans oublier qu’elle a suscité la vocation naturaliste de son petit-fils Louis Lortet. Sans braver les bienséances et fuyant toute publicité, elle a transmis l’héritage scientifique de Gilibert et établi durablement à Lyon une botanique de qualité.

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