Catherine Duchemin

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Catherine Duchemin
Conjoint(s) François Girardon
Dénomination(s) Madame Girardon
Biographie
Date de naissance 1630
Date de décès 1698
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Louis-Abel Abbé de Fontenai (1776)
Dictionnaire André Félibien (1688)
Dictionnaire Nicolas Guérin (1715)
Dictionnaire Florent Le Comte


Notice de Sandrine Lely, 2004.

Née à Paris le 12 novembre 1630, Catherine Duchemin est la fille de Jacques Duchemin, maître sculpteur, et d'Élisabeth Hubault, qui habitent à cette date rue Saint-Martin, paroisse Saint-Jacques de la Boucherie. Elle reçoit sans aucun doute ses premières leçons de dessin dans l'atelier de son père, mais nous ignorons qui lui apprend à peindre. L'hypothèse d'Auguste Jal (1867), selon laquelle elle aurait étudié dans l'atelier de Nicolas Baudesson, n'est corroborée par aucune source. Il semble que Jal cherchait surtout à établir un lien entre Catherine Duchemin et son futur mari, le sculpteur François Girardon (1628-1715), qui fut un temps apprenti chez Antoine Baudesson, le frère de Nicolas. C'est plus probablement la communauté de métier et le voisinage qui ont rapproché les Duchemin et les Girardon. En effet, à l'époque du mariage (23 octobre 1657), les deux familles habitent rue de Cléry, paroisse Saint-Eustache. Girardon, tout nouvel académicien, est à l'aube d'un brillant parcours, qui débute dès 1658 avec la décoration du château de Vaux-le-Vicomte, et se poursuit à Versailles. Quant à Catherine Girardon, elle entame ou poursuit une carrière de peintre de fleurs, qui trouve son couronnement le 14 avril 1663, lorsqu'elle est admise, après examen de ses oeuvres, à l'Académie royale de peinture et de sculpture «en suivant l'intention du Roi qui est d'épandre sa grâce sur tous ceux qui excellent dans les arts de Peinture et de Sculpture, d'en faire part à ceux qui seront jugés dignes sans avoir égard à la différence du sexe». Son morceau de réception est un grand tableau de fleurs, de 4 pieds sur 3, soit environ 1,30 m. sur 0,97 m. Elle est la première femme à recevoir en France cet honneur, ce qui laisse penser que son talent devait être exceptionnel, même si d'autres considérations ont pu jouer, comme l'obligation faite, depuis février 1663, à «tous ceux qui peuvent être capables de rendre service à Sa Majesté» de se présenter à l'Académie. Quoi qu'il en soit, cette première réception d'une femme à l'Académie (et dans une académie officielle en France) revêt une importance extrême, au-delà de la personne même de Catherine Duchemin, parce qu'elle a créé un précédent qui a rendu plus difficile tout retour en arrière.

En dépit de cette reconnaissance par ses pairs, on ne trouve plus aucune mention d'elle par la suite, jusqu'à sa mort, survenue le 21 septembre 1698, dans son logement aux galeries du Louvre. Selon Florent Le Comte (1700), elle aurait arrêté de peindre pour s'occuper de son ménage et de l'éducation de ses enfants. Cette hypothèse paraît d'autant plus vraisemblable que Catherine Duchemin a mis au monde, de 1658 à 1673, pas moins de dix enfants. De plus, l'importance prise par François Girardon dans les chantiers royaux et à l'Académie, dont il devient recteur en 1674, a sans doute amené le couple à adopter un mode de vie conforme à sa nouvelle position sociale, et qui se traduit pour l'épouse par l'abandon de toute activité salariée.

Malgré la brièveté de sa carrière, Catherine Duchemin est l'une des rares femmes peintres du XVIIe siècle à être mentionnée, toujours avec éloges, autant dans les ouvrages sur les femmes célèbres que dans les dictionnaires de peinture du XVIIIe siècle, probablement parce qu'elle a été la première académicienne. Autre indice de sa notoriété, il existe deux portraits d'elle réalisés de son vivant, l'un en miniature, l'autre grandeur nature. Ce dernier, autrefois attribué à Sébastien Bourdon, la représente assise devant son chevalet, palette et pinceaux en main, en train de peindre des pavots placés dans un vase auprès d'elle. Une tradition invérifiable, mais pas invraisemblable, rapporte qu'elle a peint elle-même le vase et les fleurs. Ce serait alors le seul vestige de son oeuvre. A partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, elle est citée par les historiens de l'art, en particulier dans les ouvrages consacrés à la nature morte.

Oeuvres

- v. 1663 : Un panier de fleurs posé sur un piédestal. 4 pieds sur 3 (1,30 x 0,97 m.). Disparu entre 1775 et la Révolution.

Choix bibliographique

- Faré, Michel. Le Grand siècle de la nature morte en France: le XVIIe siècle. Fribourg, Office du Livre, 1974, p.192-196
- Jal, Auguste. Dictionnaire critique de biographie et d'histoire. Paris, 1867, p.641-643.
- Le Brun-Dalbanne, Eugène. Le Portrait de Catherine Duchemin femme de François Girardon. Troyes, Dufour-Bouquot, 1876.
- Montaiglon, Anatole de. Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture... Paris, Baur, 1875, t.1, p.222-223, 230.
- Nouvelles Archives de l'Art français. 1892, p.162.

Choix iconographique

- Anonyme. Catherine Duchemin en buste (miniature sur vélin, 57 x 49 mm). Troyes, Musée des Beaux-Arts -- Le Brun-Dalbanne (voir supra).
- Anonyme (autrefois attribué à Sébastien Bourdon). Catherine Duchemin devant son chevalet (huile sur toile, 1,30 x 0,96 m). Coll. part. -- Beaux-Arts, 1er juillet 1926, p.197.

Jugements

- «Mesdemoiselles Boulogne & Madame Girardon y tiendront un rang considérable, & on ne distinguera point à l'avenir le sexe de leurs Tableaux, quand ils se rencontreront auprés de ceux des plus habiles Maîtres qui ont exercé les mêmes talens» (Jean Fermel'huis, Éloge funèbre de Madame Le Hay, connue sous le nom de Mademoiselle Chéron, Paris, François Fournier, 1712, p.40).
- «Catherine Du Chemin, à la suite de son mariage, a bien fait voir qu'elle n'avait plus rien à désirer, car elle a tenu un temps encore ses pinceaux; puis, après avoir été reçue académicienne, c'est-à-dire lorsqu'elle fut arrivée au plus grand honneur auquel une femme pût prétendre, elle s'est consacrée sans partage à son mari et à ses enfants, plus soucieux de leur bien-être et de leur sage direction que de ses succès d'artiste» (E. Le Brun-Dalbanne, Le Portrait de Catherine Duchemin... voir supra «choix bibliographique», p.11).
- «Aucune oeuvre de cette artiste ne nous est parvenue; il semble toutefois que Le Brun n'eût pas compromis l'Académie en y introduisant une femme qui n'eût pas justifié par un talent exceptionnel un hommage si éclatant; et le procès-verbal de la séance du 14 avril 1663 n'eût pas, sans de bonnes raisons, associé "toute la compagnie, touchée de l'estime du dit ouvrage et cognoissant le mérite de cette damoiselle", à cette initiative singulière» (Guillaume Janneau, La peinture française au XVIIe siècle, Genève, Pierre Cailler, 1965, p.168).

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