Catherine Bussa

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Catherine Bussa
Conjoint(s) Michel Billion, dit Billioni
Dénomination(s) Mademoiselle Placide
Madame Billioni
Biographie
Date de naissance Vers 1751
Date de décès 1783
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Autre(s) dictionnaire(s) en ligne
CESAR, Calendrier Electronique des Spectacles sous l'Ancien Régime


Notice de Jean-Philippe Van Aelbrouck, 2005

Née à Nancy en 1751, d'après les Mémoires secretsde Bachaumont, fille des danseurs de corde Placide Bussa et Carmina Spinacuta, Catherine Bussa évolue très tôt dans l'univers forain. Danseuse douée dont l'éducation a été confiée au comédien Carlo Véronèse, dit Pantalon, elle entre au Théâtre-Italien de Paris à l'âge de huit ans et y reste plusieurs années. Le succès qu'elle y remporte la fait même appeler à la cour de Louis XV, où elle danse un pas de deux avec Mlle Guimard.

En 1763 et 1764, sous le nom de Mlle Placide, elle est première danseuse au Théâtre-Italien de Paris, où Michel Billion, dit Billioni, est maître de ballet. Elle suit ce dernier à Bruxelles et débute au Théâtre de la Monnaie en 1764 comme chanteuse: elle joue et danse également dans les vaudevilles et ballets qui y sont représentés. Le 29 novembre 1765, par-devant notaire, elle signe un contrat de mariage avec Billioni, qui souhaite faire célébrer le mariage religieux «incessamment». La célébration a en effet lieu le lendemain, en présence des parents de l'épouse et du comédien Antoine de Marinville, et c'est dorénavant sous le nom de Mme Billioni que Catherine se fera connaître.

Le 8 mai 1766, elle fait sa rentrée parisienne à la Comédie-Italienne, dans le rôle de l'amoureuse d'Arlequin valet étourdi; elle y est reçue l'année suivante et renonce définitivement à la danse. Elle joue et chante les grands rôles du répertoire italien, se distinguant dans les oeuvres de Duni, Grétry et Philidor. Ses prestations au Concert spirituel de 1771 sont fort remarquées. Éprise du comédien Clairval, elle attend des soirées entières que celui-ci sorte des tripots où il a coutume de passer ses nuits; ces attentes incessantes auront, dit-on, raison de sa santé, et Mme Billioni meurt à Paris d'une affection de poitrine à l'âge de trente-deux ans, le 19 juin 1783.

Malgré la grande fantaisie des biographes quant aux dates et à l'âge de Mlle Billioni, on ne peut douter de la précocité de ses talents. Dotée d'une excellente mémoire, d'une voix juste et précise, d'un jeu subtil et naturel, Mlle Billioni n'a suscité de ses contemporains que des éloges. Peu de biographes s'étant penchés sur la vie de Mlle Billioni, son nom ne figure aujourd'hui que dans quelques Histoires du théâtre consacrées aux comédiens et comédiennes du Théâtre-Italien.

Oeuvres

- Campardon, Émile, Les Comédiens du roi de la troupe italienne, Paris, Berger-Levrault, 1880, t.I, p.73-81.

Jugements

- «Le Jeudi, 8 Mai [1766], une nouvelle Actrice Italienne débuta sur ce théâtre par le rôle d'amoureuse dans Arlequin, valet étourdi. Elle a continué ce début dans plusieurs autres rôles du même genre, de diverses autres Pièces Italiennes. Le public l'a reçue favorablement & paroît la voir avec d'autant plus de plaisir, qu'elle joint à ce talent celui de la danse, dans lequel elle paroît avec succès» (Mercure de France, juin 1766).
- «Mad. Billioni qui, en 1764, avoit quitté ce Théâtre, où elle s'étoit distinguée dans la danse, pour aller à Bruxelles, débuta le 8 Mai, par le rôle d'Amoureuse dans Arlequin Valet étourdi, & fut admise à l'essai» (D'Origny, Annales du Théâtre italien, Paris, Veuve Duchesne, 1788, t.II, p.41).
- «BILLIONI (la Signora), débuta le 8 mai 1766, par le rôle d'Amoureuse, dans Arlequin Valet étourdi, & ne fut point reçue alors; mais elle a été reçue au mois de mai 1767, à pension pour les rôles d'Amoureuse dans l'Italien; elle avait déjà dansé sur ce Théâtre qu'elle avait quitté en 1764, pour aller à Bruxelles, où elle a épousé le sieur Billioni ancien Maître de Ballets» (Desboulmiers, Histoire anecdotique et raisonnée du Théâtre italien, t.VII, p.285).
- «La Dlle Billioni, qui a fait le rôle d'Acajou dans la piece du même nom, s'y est distinguée tant par un jeu charmant, que par une voix naturelle, agréable, flûtée, onctueuse & pleine de sentiment» (Bachaumont, Mémoires secrets, Londres, Adamson, t.XXIV, Additions, 16 août 1773).
- «Mad. Billioni de la comédie italienne vient de mourir. C'est une grande perte pour ce théâtre où elle auroit pu briller encore longtems n'étant âgée que de trente-deux ans» (Bachaumont, Mémoires secrets, t.XXIII, 23 juin 1783).
- «Mad. Billioni, dont on a annoncé la perte, mérite une notice plus détaillée. [...] Elle étoit excellente musicienne; elle unissoit à la justesse & à la finesse dans la voix beaucoup de précisions & d'adresse dans le chant, & dans le jeu de ses différens rôles une grande intelligence de la scene. Elle avoit pu d'autant mieux développer toutes ces qualités, qu'elle étoit très-bien servie par sa mémoire excellente. Elle s'étoit attachée au Sieur Clairval, & cette passion l'a précipitée au tombeau: son extrême sensibilité la faisoit veiller avec le plus grand soin, avec l'inquiétude la plus vive sur cet amant très-dérangé & très-infidele. Il étoit joueur; il passoit souvent la nuit dans les tripots, & l'on la voyoit à la porte quetter dans une voiture le moment où il sortiroit. Sa foible santé n'a pu résister à des épreuves aussi multipliées & aussi propres à la déranger» (Bachaumont, Mémoires secrets..., voir supra, t.XXIII, 22 juillet 1783).
- «C'était un enfant de la balle, fille du sieur Bussa Placide et de la demoiselle Spinacuta, soeur du sieur Placide, le plus fameux de nos danseurs de corde. Elle avait débuté fort jeune sur ce théâtre en 1769 dans les rôles de Rosaura. Son talent et son goût pour la musique lui firent bientôt donner un emploi où elle put se rendre plus utile à ce spectacle. Elle avait de la physionomie, de très-beaux yeux, mais le nez infiniment trop long pour les rôles de soubrette, ce qui n'a pas empêché que le beau Clairval ne lui ait fait beaucoup d'enfants et qu'elle n'ait payé quelquefois ses dettes. On lui a vu jouer avec succès plusieurs rôles intéressants dans les opéras de MM. D'Hèle et Grétry» (Grimm, Correspondance littéraire, philosophique et critique [décembre 1783], Paris, Garnier frères, 1880, t.XIII, p.421).
- «Éloge historique de Madame Billioni. [...] Comme Musicienne, le Public a toujours admiré & applaudi dans la Dame Billioni de la justesse & de la finesse dans sa voix, beaucoup de précision & d'adresse dans le Chant. Comme Actrice, elle a toujours montré dans les différens Rôles, une grande intelligence de la Scène. La nature l'avoit favorisé [sic] d'une si excellente mèmoire, qu'elle apprenoit ses Rôles avec une étonnante facilité. Née avec une ame sensible & une constitution délicate, pénétrée de douleur par la perte subite d'une partie de sa famille, affoiblie d'ailleurs par un excès de zèle & de travail, il étoit impossible que sa foible santé put résister au dépérissement inévitable que tant de révolutions devoient lui faire éprouver.» (Les Spectacles de Paris [...] pour l'année 1784, p.17-19).

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