Burgundofara

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Burgundofara
Titre(s) Abbesse
Dénomination(s) Fara
Sainte Fare
Biographie
Date de naissance Vers 603
Date de décès Entre 641 et 655
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Hélène Noizet, 2006.

La principale source d’information sur sainte Fare est la Vie de S. Colomban écrite en deux livres vers 639-642 par un moine italien, Jonas de Suse ou de Bobbio. Moine à Bobbio puis à Luxeuil, deux fondations monastiques colombaniennes, Jonas séjourna deux fois dans l’abbaye de Faremoutiers dirigée par sainte Fare, qu’il connut donc personnellement.

Fille de Chagnéric et de Leudegonde, elle compte parmi ses frères Chagnoald, compagnon de S. Colomban et moine de Luxeuil, et Burgundofaro (saint Faron), évêque de Meaux. Sa famille, sans être elle-même forcément burgonde, a peut-être contracté des liens étroits avec des familles burgondes, comme celle des Agilolfinges, et pu être considérée comme agrégée à la noblesse burgonde, ce qui explique le choix des noms de Burgundofara et de Burgundofaro. Originaire du Portois (région de Port-sur-Saône, Haute-Saône), Chagnéric migre en Austrasie et occupe une haute situation à la cour de Théodebert II, roi d’Austrasie, dont il est le commensal. De passage en Austrasie, Colomban, moine irlandais très célèbre, est reçu par Chagnéric, afin de dispenser son enseignement à la famille de son hôte. Fare, encore enfant, est durablement impressionnée par l’ascète irlandais. Par la suite, désirant devenir religieuse, elle fuit la maison paternelle car Chagnéric s’oppose à sa vocation et souhaite lui donner un époux. Grâce à l’intervention de l’abbé Eustaise, successeur de Colomban à la tête de Luxeuil, Fare est finalement consacrée par l’évêque de Meaux, Gunduoaldus, entre 614 et 627, date à laquelle elle est attestée comme abbesse d’un monastère érigé sur le domaine d’Eboriacus (Faremoutiers, en Seine-et-Marne), donné par Chagnéric. Dès la fondation, Eustaise fait élever les bâtiments, sans doute par des moines de Luxeuil, et confie à Chagnoald, frère de Fare, l’enseignement de la règle de saint Colomban aux religieuses. Le monastère est double, abritant deux communautés distinctes, l’une de moniales, l’autre de religieux, chargés des travaux matériels. Fare, dotée d’une forte personnalité d’après Jonas de Bobbio, assume de manière énergique la direction de tout le monastère de Faremoutiers et exerce un pouvoir fort sur les membres de la communauté. Non seulement elle reçoit les confessions des religieuses trois fois par jour, mais encore elle les excommunie et les réconcilie, droit qui est normalement réservé aux seuls prêtres. De plus, elle assiste avec ses compagnes à l’agonie de chaque religieuse, elle exhorte et corrige les membres défaillants. La renommée de Fare et les relations de sa famille favorisent le recrutement de la communauté, qui attire plusieurs Anglo-Saxonnes, notamment Saethryd (Sédride), Aedilberg (Aubierge) et Earcongote (Artongate). Membres des familles royales de Kent et d’East Anglie, celles-ci succéderont à Fare à la tête du monastère.

En dépit de la discrétion de Jonas sur les questions politiques, la participation de Fare aux conflits de son temps ne fait aucun doute. Le monastère est en butte à l’hostilité du maire du palais de Neustrie, Ega (mort en 641), qui saisit toute occasion de violer les terres du monastère et de maltraiter ses paysans. Surtout, en 641, le gendre d’Ega assassine Chagnulfus, comte de Meaux et frère de Fare, acte qui témoigne de l’âpreté des luttes de clans et des interférences entre le politique et le religieux. Avant la persécution d’Ega, Fare manque mourir de maladie: c’est sans doute à cette occasion qu’elle rédige son testament, peut-être vers 633 ou 634. Elle ne meurt que plus tard, un 7 décembre, après 641 et au plus tard vers 655. Quarante ans après sa mort, soit vers la fin du VIIe siècle, elle reçoit les honneurs de l’élévation un 6 ou 7 septembre: son corps est alors déposé dans une châsse, peut-être en forme de tombeau apparent, placée au-dessus de la sépulture primitive. Ses reliques et la châsse ont été détruites pendant la Révolution. Au temps de la Contre-Réforme, à la suite de divers miracles, le culte de sainte Fare a connu une expansion remarquable, jusqu’en Italie et Sicile, où il reste très vivant. Au XVIIIe siècle, son culte liturgique à Faremoutiers comportait quatre fêtes principales, le 7 décembre (date de sa mort), le 10 mai (fête créée au XIIe siècle), le 3 août (depuis un miracle arrivé ce jour-là en 1622) et le 26 octobre (commémoration de sa consécration depuis le XIIe siècle).

Oeuvres

- 633 ou 634, 26 octobre: Testament [Acte original disparu, dont le texte est connu par des copies postérieures, la plus ancienne se trouvant dans le cartulaire de Faremoutiers rédigé au XIIIe s., BnF, ms. NAL 928, p.59-63]. -- Éd. Jean Guerout, «Le testament de Ste Fare: matériaux pour l’étude et l’édition critique de ce document», Revue d’histoire ecclésiastique, LX, 1965, p.761-821.

Choix bibliographique

- Barbier, Josiane, «Testaments et pratique testamentaire dans le royaume franc (VIe-VIIIe siècle)», dans Sauver son âme et se perpétuer. Transmission du patrimoine et mémoire au haut Moyen Âge, dir. François Bougard, Cristina La Rocca et Régine le Jan, École Française de Rome, Rome, 2005, p.7-79.

- Delsart, H.-M., Une Fondatrice d’abbaye au VIIesiècle: Sainte Fare, sa vie et son culte, Paris, J. Gabalda, 1911.

- Dierkens, Alain, «La diffusion du monachisme dit colombanien ou iro-franc dans quelques monastères de la région parisienne au VIIe siècle et la politique religieuse de la reine Bathilde», dans La Neustrie de 650 à 850, dir. Hartmut Atsma, Sigmaringen, Thorbecke, 1989, vol.2, p.371-394.

- Guerout, Jean, «Fare (Sainte)», dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, dir. Roger Aubert et Étienne Van Cauwenbergh, t.16, Paris, 1967, p.505-531.

- Sainte Fare et Faremoutiers. Treize siècles de vie monastique, Actes d’une journée d’études et de liturgie à Faremoutiers, Faremoutiers, Abbaye de Faremoutiers, 1956.

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