Antoinette de Salvan : Différence entre versions

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Antoinette de Salvan naît en 1639 dans une famille de robe bien connue à Albi, où son père, Etienne de Salvan, était juge, tandis que sa mère, Anne de Teissier, était fille d’un écuyer. Fille aînée d’une fratrie qui compte encore deux sœurs et un frère, elle semble avoir bénéficié d’une éducation au-dessus de la moyenne. Bien dotée, elle épouse en septembre 1661 Antoine de Fontvieille, seigneur de Saliez, nommé depuis peu viguier d’Albi, qui est issu d’une famille de récente noblesse. Il meurt en 1672, lui laissant trois garçons et une situation financière mal assurée ; en effet, la fortune des Saliez est entachée par les procès que son époux menait contre le tout-puissant évêque d’Albi. Mme de Saliez ne se remarie pourtant pas et fera face à des difficultés financières durant son long veuvage – elle meurt en 1730. Dans sa correspondance, elle explique que ce veuvage a favorisé sa vocation littéraire en lui donnant « la liberté et l’indépendance » d’écrire.
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Connue pour avoir tenu à Albi un salon « de gens d’esprit et de savants » (''Dictionnaire'' de Moreri) dans l’esprit des académies de province, elle a aussi composé une œuvre diversifiée. Son unique roman, ''La Comtesse d’Isembourg'', paraît en 1678 à Paris chez Claude Barbin, un éditeur mondain bien connu. Cette nouvelle historique raconte comment une belle et jeune princesse allemande, en butte à la jalousie tyrannique et menaçante d’un vieux mari, finit par s’enfuir, d’abord à Paris, puis à Albi, pour lui échapper et trouver le repos. La lecture féministe qui peut être faite de cette fiction, appuyée sur un témoignage recueilli auprès d’une religieuse de la Visitation d’Albi, est confirmée par les positions ouvertement militantes de l’autrice : elle adresse en juillet 1681 au ''Mercure galant'' un « Projet d'une nouvelle secte de philosophes en faveur des dames » où elle développe une ambition, dont l’esprit rappelle la préciosité, qui consiste à proposer « de vivre commodément et de déterminer toutes les personnes raisonnables à secouer le joug des contraintes que l’erreur et la coutume ont établies dans le monde ». Excluant les messieurs trop galants pour être honnêtes, les pédants comme les matamores, elle refuse également les coquettes aussi bien que les dévotes, et, conformément à « l’Amitié Tendre » prônée par Madeleine de Scudéry, entend bannir « l’amour [...] de peur qu’il ne trouble le repos [recherché et] substituer à sa place l’amitié galante et enjouée ». Elle récidive dans cette recherche d’un modèle social mixte et apaisé en publiant dans la même gazette en mars 1704  les statuts d’une « Société des chevaliers et chevalières de bonne foi », projet mené en commun avec son ami, M. de Vertron, lui-même féministe militant et auteur de la première histoire littéraire exclusivement consacrée aux femmes du XVIIe siècle, ''La Nouvelle Pandore ou les femmes illustres de ce siècle'' (1698). Antoinette de Salvan se consacre aussi à la poésie : son premier poème est publié par ''Le Mercure galant'' en juin 1679, et le dernier en mai 1707. Elle laisse également des paraphrases des psaumes, témoignant de sa maîtrise du latin, la traduction de deux odes du poète grec Anacréon, et une élégie en occitan, qui attestent qu’elle était une authentique femme savante.<br/>
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Le ''Mercure galant'', en publiant régulièrement ses textes, prouve l’intérêt du public mondain pour les utopies sociales et les poésies de la viguière d’Albi, au-delà du cercle local auquel elle appartenait et dont elle ne s’éloigna jamais. Le féminisme de Mme de Saliez a d’ailleurs été salué favorablement, puisque elle devient membre de l’Académie des Ricovrati de Padoue en 1689 ; il n’a pas non plus empêché ses talents littéraires d’être reconnus dans les cercles les plus légitimes, comme en témoignent les relations officielles qu’elle publie à l’occasion de tel ou tel événement de la vie albigeoise (réception d’un nouvel évêque, fête religieuse), ou un ouvrage de piété, ''Réflexions chrétiennes'' (1689), publié « avec approbation » par les imprimeurs officiels «du clergé, du diocèse, de la ville et du collège», et dédié à Mgr de La Berchère, l’archevêque d’Albi. Riballier et Cosson  en 1779, tout comme Fortunée Briquet en 1804, lui ont consacré une notice dans leurs ''Dictionnaires'', tandis que sa correspondance a été éditée en 1806 et son roman réédité en 1851, preuve d’une postérité dépassant sa gloire locale (Albi possède une école primaire qui porte son nom). La récente édition de ses œuvres complètes par Gérard Gouvernet témoigne du renouveau de l’intérêt pour cette autrice, dont l’œuvre mérite de nouveaux travaux.
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Version du 18 décembre 2014 à 10:21

Antoinette de Salvan
Titre(s) Dame de Saliez
Conjoint(s) Antoine de Fontvieille, seigneur de Saliez
Dénomination(s) Mme de Saliez
Mme de Saliès
Mme de Salvan de Saliès
la viguière d’Alby
Biographie
Date de naissance 1638
Date de décès 14 juin 1730
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779)



Notice de Nathalie Grande, 2014

Antoinette de Salvan naît en 1639 dans une famille de robe bien connue à Albi, où son père, Etienne de Salvan, était juge, tandis que sa mère, Anne de Teissier, était fille d’un écuyer. Fille aînée d’une fratrie qui compte encore deux sœurs et un frère, elle semble avoir bénéficié d’une éducation au-dessus de la moyenne. Bien dotée, elle épouse en septembre 1661 Antoine de Fontvieille, seigneur de Saliez, nommé depuis peu viguier d’Albi, qui est issu d’une famille de récente noblesse. Il meurt en 1672, lui laissant trois garçons et une situation financière mal assurée ; en effet, la fortune des Saliez est entachée par les procès que son époux menait contre le tout-puissant évêque d’Albi. Mme de Saliez ne se remarie pourtant pas et fera face à des difficultés financières durant son long veuvage – elle meurt en 1730. Dans sa correspondance, elle explique que ce veuvage a favorisé sa vocation littéraire en lui donnant « la liberté et l’indépendance » d’écrire. Connue pour avoir tenu à Albi un salon « de gens d’esprit et de savants » (Dictionnaire de Moreri) dans l’esprit des académies de province, elle a aussi composé une œuvre diversifiée. Son unique roman, La Comtesse d’Isembourg, paraît en 1678 à Paris chez Claude Barbin, un éditeur mondain bien connu. Cette nouvelle historique raconte comment une belle et jeune princesse allemande, en butte à la jalousie tyrannique et menaçante d’un vieux mari, finit par s’enfuir, d’abord à Paris, puis à Albi, pour lui échapper et trouver le repos. La lecture féministe qui peut être faite de cette fiction, appuyée sur un témoignage recueilli auprès d’une religieuse de la Visitation d’Albi, est confirmée par les positions ouvertement militantes de l’autrice : elle adresse en juillet 1681 au Mercure galant un « Projet d'une nouvelle secte de philosophes en faveur des dames » où elle développe une ambition, dont l’esprit rappelle la préciosité, qui consiste à proposer « de vivre commodément et de déterminer toutes les personnes raisonnables à secouer le joug des contraintes que l’erreur et la coutume ont établies dans le monde ». Excluant les messieurs trop galants pour être honnêtes, les pédants comme les matamores, elle refuse également les coquettes aussi bien que les dévotes, et, conformément à « l’Amitié Tendre » prônée par Madeleine de Scudéry, entend bannir « l’amour [...] de peur qu’il ne trouble le repos [recherché et] substituer à sa place l’amitié galante et enjouée ». Elle récidive dans cette recherche d’un modèle social mixte et apaisé en publiant dans la même gazette en mars 1704 les statuts d’une « Société des chevaliers et chevalières de bonne foi », projet mené en commun avec son ami, M. de Vertron, lui-même féministe militant et auteur de la première histoire littéraire exclusivement consacrée aux femmes du XVIIe siècle, La Nouvelle Pandore ou les femmes illustres de ce siècle (1698). Antoinette de Salvan se consacre aussi à la poésie : son premier poème est publié par Le Mercure galant en juin 1679, et le dernier en mai 1707. Elle laisse également des paraphrases des psaumes, témoignant de sa maîtrise du latin, la traduction de deux odes du poète grec Anacréon, et une élégie en occitan, qui attestent qu’elle était une authentique femme savante.
Le Mercure galant, en publiant régulièrement ses textes, prouve l’intérêt du public mondain pour les utopies sociales et les poésies de la viguière d’Albi, au-delà du cercle local auquel elle appartenait et dont elle ne s’éloigna jamais. Le féminisme de Mme de Saliez a d’ailleurs été salué favorablement, puisque elle devient membre de l’Académie des Ricovrati de Padoue en 1689 ; il n’a pas non plus empêché ses talents littéraires d’être reconnus dans les cercles les plus légitimes, comme en témoignent les relations officielles qu’elle publie à l’occasion de tel ou tel événement de la vie albigeoise (réception d’un nouvel évêque, fête religieuse), ou un ouvrage de piété, Réflexions chrétiennes (1689), publié « avec approbation » par les imprimeurs officiels «du clergé, du diocèse, de la ville et du collège», et dédié à Mgr de La Berchère, l’archevêque d’Albi. Riballier et Cosson en 1779, tout comme Fortunée Briquet en 1804, lui ont consacré une notice dans leurs Dictionnaires, tandis que sa correspondance a été éditée en 1806 et son roman réédité en 1851, preuve d’une postérité dépassant sa gloire locale (Albi possède une école primaire qui porte son nom). La récente édition de ses œuvres complètes par Gérard Gouvernet témoigne du renouveau de l’intérêt pour cette autrice, dont l’œuvre mérite de nouveaux travaux.


Cette notice est en cours de rédaction.

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