Antoinette de Bourbon-Vendôme : Différence entre versions

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Antoinette de Bourbon est l’avant-dernière enfant de François de Bourbon (1470-1495), comte de Vendôme, et de Marie de Luxembourg (1472-1547), comtesse de Saint-Pol et de Soissons, châtelaine de Lille et, surtout, héritière d’une prestigieuse lignée possessionnée à cheval entre la France et les Pays-Bas bourguignons. Elle naît au château de Ham (Somme), domaine de sa mère. Mais le 30 octobre 1495, son père, qui a suivi Charles VIII en Italie, meurt à Verceil (Piémont). Princesse du sang, mais d’un rang secondaire, Antoinette est élevée à la cour au sein de la maison de la reine Anne de Bretagne. En 1513, son mariage avec Claude de Lorraine (1496-1550), comte puis duc de Guise, s’inscrit dans une série d’alliances dynastiques conclues à la cour de France entre les maisons de Lorraine, de Bourbon et d’Alençon. De ce mariage naissent douze enfants, dont dix atteindront l’âge adulte.<br//>
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Désormais liée aux Lorrains, Antoinette de Bourbon rejoint sa belle-mère Philippe de Gueldre au château de Bar (Meuse). Après l’entrée de celle-ci au couvent des clarisses colettines de Pont-à-Mousson en 1520, Antoinette s’établit au château de Joinville, siège du sénéchalat de Champagne. Elle devient l’administratrice des biens, de la clientèle et de la domesticité des Guises car Claude de Lorraine, devenu duc de Guise en 1527, est chargé de nombreuses missions pour le compte de François Ier. Présente à la cour où son rang l’appelle, elle contribue surtout à façonner Joinville comme un territoire identitaire pour les Guises. De concert avec son époux, elle fait bâtir le Château du Grand Jardin (1533-1546) et ordonne la reconstruction de la ville après le sac opéré par les troupes impériales en juillet 1544. Son rôle politique et le soin accordé à l’éducation de ses enfants et de ses petits-enfants est repérable dans sa correspondance. Il se vérifie aussi en 1548 lorsqu’elle est chargée d’accompagner les premiers pas en France de sa petite-fille Marie Stuart.<br//>
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À la mort de Claude de Lorraine, le 12 avril 1550, elle organise des funérailles inspirées du faste lorrain et commande un tombeau auquel travaille Le Primatice. Veuve, elle ne quitte plus guère Joinville, sauf pour demander justice au roi et à la reine-mère de l’assassinat de son fils François de Lorraine en 1562, ou pour assister à des cérémonies royales (tel le mariage de Charles IX en 1570) lors desquelles elle paraît en tant que princesse du sang et surtout douairière de Guise. Elle soutient en effet pleinement ses enfants dans leur défense de la catholicité. Lors de la deuxième guerre de Religion, elle vient ainsi au secours de Verdun avec ses fils les cardinaux (décembre 1567).<br//>
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Le veuvage ne l’empêche pas non plus de continuer à doter Joinville de nouvelles infrastructures : elle y fonde un prieuré de bénédictines (1553), un auditoire (1561), un hôpital (1567) et installe des cordeliers au prieuré Sainte-Ame qu’elle dote d’une mise au tombeau monumentale du Christ (1567). Peut-être a-t-elle aussi contribué à la fin de sa vie à l’édification du portail Renaissance de l’église Notre-Dame. Jusqu’en 1583, elle supervise l’éducation de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants et entretient une correspondance régulière avec les membres du lignage.<br//>
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Antoinette de Bourbon occupe sa vie durant une fonction majeure au sein du lignage. Elle entretient des réseaux qu’elle mobilise selon les intérêts de la maison de Guise. Elle fait office de conseillère politique pour son fils le cardinal de Lorraine et sa fille Marie, reine puis régente d’Écosse. Sur le plan spirituel, elle suit les conseils du dominicain Pierre Doré, prédicateur d’Henri II et ennemi virulent de la Réforme, qui encourage sa piété mariale. Elle affiche aussi sa proximité avec sa sœur Louise de Bourbon, abbesse de Fontevraud. Elle contribue enfin à inscrire dans les terres des Guise les signes visibles de la confession catholique. Tout ceci lui vaut en retour une réelle piété filiale, transcrite sur une plaque d’émail, ''Le Triomphe de l’Eucharistie et de la Foi catholique'' de Léonard Limosin (1561-1562), et dans une pastorale de Rémy Belleau, ''La Bergerie'' (1565).<br//>
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Matriarche, patronne et mécène, fondatrice d’établissements religieux, gestionnaire, dame de premier ordre à la cour et dans les réseaux politiques, Antoinette de Bourbon incarne les possibles pour une dame de la plus haute noblesse. Oubliée jusqu’au XIXe siècle, elle est réhabilitée par Gabriel de Pimodan, auteur d’une biographie érudite mais surtout élogieuse (1889). À nouveau délaissée durant un XXe siècle peu enclin à considérer les femmes, elle est à nouveau étudiée depuis le début du XXIe siècle. La recherche n’ignore plus désormais la première duchesse de Guise, même si les travaux à son sujet restent liés à l’intérêt suscité par la maison de Guise.
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Version du 12 décembre 2022 à 14:54

Antoinette de Bourbon-Vendôme
Titre(s) Duchesse de Guise et d'Aumale
Conjoint(s) Claude de Lorraine, comte puis duc de Guise
Dénomination(s) Duchesse de Guise et d’Aumale, sénéchale de Champagne, dame de Boves, Elbeuf, Joinville, Lambesc et Mayenne
Biographie
Date de naissance 25 décembre 1494
Date de décès 22 janvier 1582
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647)


Notice de Ghislain Tranié, 2022

Antoinette de Bourbon est l’avant-dernière enfant de François de Bourbon (1470-1495), comte de Vendôme, et de Marie de Luxembourg (1472-1547), comtesse de Saint-Pol et de Soissons, châtelaine de Lille et, surtout, héritière d’une prestigieuse lignée possessionnée à cheval entre la France et les Pays-Bas bourguignons. Elle naît au château de Ham (Somme), domaine de sa mère. Mais le 30 octobre 1495, son père, qui a suivi Charles VIII en Italie, meurt à Verceil (Piémont). Princesse du sang, mais d’un rang secondaire, Antoinette est élevée à la cour au sein de la maison de la reine Anne de Bretagne. En 1513, son mariage avec Claude de Lorraine (1496-1550), comte puis duc de Guise, s’inscrit dans une série d’alliances dynastiques conclues à la cour de France entre les maisons de Lorraine, de Bourbon et d’Alençon. De ce mariage naissent douze enfants, dont dix atteindront l’âge adulte.
Désormais liée aux Lorrains, Antoinette de Bourbon rejoint sa belle-mère Philippe de Gueldre au château de Bar (Meuse). Après l’entrée de celle-ci au couvent des clarisses colettines de Pont-à-Mousson en 1520, Antoinette s’établit au château de Joinville, siège du sénéchalat de Champagne. Elle devient l’administratrice des biens, de la clientèle et de la domesticité des Guises car Claude de Lorraine, devenu duc de Guise en 1527, est chargé de nombreuses missions pour le compte de François Ier. Présente à la cour où son rang l’appelle, elle contribue surtout à façonner Joinville comme un territoire identitaire pour les Guises. De concert avec son époux, elle fait bâtir le Château du Grand Jardin (1533-1546) et ordonne la reconstruction de la ville après le sac opéré par les troupes impériales en juillet 1544. Son rôle politique et le soin accordé à l’éducation de ses enfants et de ses petits-enfants est repérable dans sa correspondance. Il se vérifie aussi en 1548 lorsqu’elle est chargée d’accompagner les premiers pas en France de sa petite-fille Marie Stuart.
À la mort de Claude de Lorraine, le 12 avril 1550, elle organise des funérailles inspirées du faste lorrain et commande un tombeau auquel travaille Le Primatice. Veuve, elle ne quitte plus guère Joinville, sauf pour demander justice au roi et à la reine-mère de l’assassinat de son fils François de Lorraine en 1562, ou pour assister à des cérémonies royales (tel le mariage de Charles IX en 1570) lors desquelles elle paraît en tant que princesse du sang et surtout douairière de Guise. Elle soutient en effet pleinement ses enfants dans leur défense de la catholicité. Lors de la deuxième guerre de Religion, elle vient ainsi au secours de Verdun avec ses fils les cardinaux (décembre 1567).
Le veuvage ne l’empêche pas non plus de continuer à doter Joinville de nouvelles infrastructures : elle y fonde un prieuré de bénédictines (1553), un auditoire (1561), un hôpital (1567) et installe des cordeliers au prieuré Sainte-Ame qu’elle dote d’une mise au tombeau monumentale du Christ (1567). Peut-être a-t-elle aussi contribué à la fin de sa vie à l’édification du portail Renaissance de l’église Notre-Dame. Jusqu’en 1583, elle supervise l’éducation de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants et entretient une correspondance régulière avec les membres du lignage.
Antoinette de Bourbon occupe sa vie durant une fonction majeure au sein du lignage. Elle entretient des réseaux qu’elle mobilise selon les intérêts de la maison de Guise. Elle fait office de conseillère politique pour son fils le cardinal de Lorraine et sa fille Marie, reine puis régente d’Écosse. Sur le plan spirituel, elle suit les conseils du dominicain Pierre Doré, prédicateur d’Henri II et ennemi virulent de la Réforme, qui encourage sa piété mariale. Elle affiche aussi sa proximité avec sa sœur Louise de Bourbon, abbesse de Fontevraud. Elle contribue enfin à inscrire dans les terres des Guise les signes visibles de la confession catholique. Tout ceci lui vaut en retour une réelle piété filiale, transcrite sur une plaque d’émail, Le Triomphe de l’Eucharistie et de la Foi catholique de Léonard Limosin (1561-1562), et dans une pastorale de Rémy Belleau, La Bergerie (1565).
Matriarche, patronne et mécène, fondatrice d’établissements religieux, gestionnaire, dame de premier ordre à la cour et dans les réseaux politiques, Antoinette de Bourbon incarne les possibles pour une dame de la plus haute noblesse. Oubliée jusqu’au XIXe siècle, elle est réhabilitée par Gabriel de Pimodan, auteur d’une biographie érudite mais surtout élogieuse (1889). À nouveau délaissée durant un XXe siècle peu enclin à considérer les femmes, elle est à nouveau étudiée depuis le début du XXIe siècle. La recherche n’ignore plus désormais la première duchesse de Guise, même si les travaux à son sujet restent liés à l’intérêt suscité par la maison de Guise.

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