Anne de Pons : Différence entre versions

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Anne de Pons est la fille aînée d’Antoine de Pons (1510-1586), conseiller d’État, gouverneur de Saintonge, membre de l’ordre du Saint-Esprit et chevalier d’honneur de Renée de France, duchesse de Ferrare. Marié en premières noces à [[Anne de Parthenay-L’Archevêque]] (morte en 1549), helléniste et ardente réformée appartenant au cercle de la duchesse, il avait richement doté leurs deux filles, Anne et Eusèbe. Sa seconde union, en 1555, avec Marie de Montchenu, dame de Guercheville, l’a conduit à abjurer le protestantisme, mais les enfants de ce deuxième lit sont, comme ceux du premier, élevés «dans l’une et l’autre religion». À la mort de son père, dont aucun fils n’a survécu, Anne partage l’héritage avec ses soeurs et reçoit plusieurs châtellenies côtières et notamment celles de Marennes et de l’île d’Oléron avec tous les droits afférents, y compris ceux de patronage d’églises catholiques (Marennes) et de haute justice. Elle épouse François Martel, sieur de Lindeboeuf en Normandie, à une date encore indéterminée. En 1611, elle partage ses biens entre ceux de ses enfants qui ont survécu: Isaac (aussi nommé Charles, semble-t-il) qui devient alors officiellement comte de Marennes; Marie, qui aurait épousé Jean Le Berthon le 12 avril 1598; enfin Anne, mariée pour sa part à Loup de Grenier.
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Ces minces renseignements généalogiques, rapportés par les dictionnaires de la noblesse,  trouvent un complément inattendu dans les ''Oeuvres'' d’André Mage, sieur de Fiefmelin, publiées à Poitiers par Jean de Marnef en 1601. Rattaché à la seigneurie du Château-d’Oléron comme «officier et vassal» d’Anne de Pons, il offre de sa suzeraine une image largement ignorée des historiens. Il lui dédie en effet plusieurs pièces en vers écrites à partir de 1597, date à laquelle on peut supposer qu’Anne de Pons, veuve, a quitté la Normandie pour revenir s’installer en Saintonge. Il s’agit notamment de l’''Accueil poetique et chrestien'', composé à l’occasion de «son entrée es Isles de Sainctonge, le 25 Décembre 1597»; du sonnet «Sur la presentation et faction de son Hommage de Fiefmelin en son faict le 12 Fevrier 1599»; ou encore de la tragi-comédie d’''Aymée'', composée à l’occasion du mariage de sa fille Marie en avril 1598. L’épître liminaire de la section des ''Jeux'' qui ouvre le livre, indique encore que les cinq pièces dialoguées qui la composent «ont este inventez et jouez, les uns en [sa] faveur, les autre par [son] commandement». Mage l’y salue en outre comme un nouvel «Alexandre le Grand» qui condescendrait à s’ébattre, de temps à autre, avec ses sujets pour se distraire. L’hommage est appuyé et cette comparaison virile, en faveur d’une femme, est glorieuse et rare. Plus banalement, dans un des quatrains de l’épilogue de l’''Aymée'', elle est assimilée à deux personnages féminins antithétiques mais tout aussi admirables: celui, mythologique, de Diane et celui, biblique, d’Anne. Deux autres pièces, la tragédie de Jephté et le poème intitulé «Le Saulnier», sont dédiés à «Haut et puissant Charles Martel Sr de Lin(g)debœuf et du Torpt», fils de «Madame la comtesse de Marennes», que Mage convie à participer aux fêtes de bienvenue organisées pour celle-ci.
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Ce rôle tutélaire et ces éloges ne sauraient étonner. D’une part, la «Haute et puissante dame Anne de Pons» saluée par Mage, est restée attachée aux prérogatives de son lignage et à la «sirauté de Pons», dont dépendaient cent cinquante fiefs du vivant de son père, et dont l’importance se disait dans un proverbe: «Si roi de France ne puis, sire de Pons voudrais être». Elle-même semble avoir été une excellente gestionnaire de biens familiaux géographiquement dispersés. D’autre part, elle fait partie de ces femmes de haut lignage, fines lettrées et mécènes généreuses, qui ont marqué la vie protestante du XVIe siècle, au moins dans ses dimensions intellectuelles et spirituelles. Comme Catherine de Clermont, maréchale de Retz, ou comme ses propres mère et cousine (respectivement Anne et Catherine de Parthenay), la suzeraine de Mage a été une femme de haute culture et une croyante convaincue; elle a peut-être aussi été dame d’honneur de la reine mère, Catherine de Médicis.
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Célébrée dans les dictionnaires biographiques, Anne de Pons n’en reste pas moins une figure encore énigmatique du protestantisme saintongeais.
  
  

Version du 18 février 2014 à 17:28

Anne de Pons
Titre(s) comtesse de Marennes
dame de la baronnie d’Oleron
Conjoint(s) François Martel, sieur de Lindebœuf
Biographie
Date de naissance ca. 1540
Date de décès après 1611 ?
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Julien Goeury et Nicole Pellegrin, 2013

Anne de Pons est la fille aînée d’Antoine de Pons (1510-1586), conseiller d’État, gouverneur de Saintonge, membre de l’ordre du Saint-Esprit et chevalier d’honneur de Renée de France, duchesse de Ferrare. Marié en premières noces à Anne de Parthenay-L’Archevêque (morte en 1549), helléniste et ardente réformée appartenant au cercle de la duchesse, il avait richement doté leurs deux filles, Anne et Eusèbe. Sa seconde union, en 1555, avec Marie de Montchenu, dame de Guercheville, l’a conduit à abjurer le protestantisme, mais les enfants de ce deuxième lit sont, comme ceux du premier, élevés «dans l’une et l’autre religion». À la mort de son père, dont aucun fils n’a survécu, Anne partage l’héritage avec ses soeurs et reçoit plusieurs châtellenies côtières et notamment celles de Marennes et de l’île d’Oléron avec tous les droits afférents, y compris ceux de patronage d’églises catholiques (Marennes) et de haute justice. Elle épouse François Martel, sieur de Lindeboeuf en Normandie, à une date encore indéterminée. En 1611, elle partage ses biens entre ceux de ses enfants qui ont survécu: Isaac (aussi nommé Charles, semble-t-il) qui devient alors officiellement comte de Marennes; Marie, qui aurait épousé Jean Le Berthon le 12 avril 1598; enfin Anne, mariée pour sa part à Loup de Grenier. Ces minces renseignements généalogiques, rapportés par les dictionnaires de la noblesse, trouvent un complément inattendu dans les Oeuvres d’André Mage, sieur de Fiefmelin, publiées à Poitiers par Jean de Marnef en 1601. Rattaché à la seigneurie du Château-d’Oléron comme «officier et vassal» d’Anne de Pons, il offre de sa suzeraine une image largement ignorée des historiens. Il lui dédie en effet plusieurs pièces en vers écrites à partir de 1597, date à laquelle on peut supposer qu’Anne de Pons, veuve, a quitté la Normandie pour revenir s’installer en Saintonge. Il s’agit notamment de l’Accueil poetique et chrestien, composé à l’occasion de «son entrée es Isles de Sainctonge, le 25 Décembre 1597»; du sonnet «Sur la presentation et faction de son Hommage de Fiefmelin en son faict le 12 Fevrier 1599»; ou encore de la tragi-comédie d’Aymée, composée à l’occasion du mariage de sa fille Marie en avril 1598. L’épître liminaire de la section des Jeux qui ouvre le livre, indique encore que les cinq pièces dialoguées qui la composent «ont este inventez et jouez, les uns en [sa] faveur, les autre par [son] commandement». Mage l’y salue en outre comme un nouvel «Alexandre le Grand» qui condescendrait à s’ébattre, de temps à autre, avec ses sujets pour se distraire. L’hommage est appuyé et cette comparaison virile, en faveur d’une femme, est glorieuse et rare. Plus banalement, dans un des quatrains de l’épilogue de l’Aymée, elle est assimilée à deux personnages féminins antithétiques mais tout aussi admirables: celui, mythologique, de Diane et celui, biblique, d’Anne. Deux autres pièces, la tragédie de Jephté et le poème intitulé «Le Saulnier», sont dédiés à «Haut et puissant Charles Martel Sr de Lin(g)debœuf et du Torpt», fils de «Madame la comtesse de Marennes», que Mage convie à participer aux fêtes de bienvenue organisées pour celle-ci. Ce rôle tutélaire et ces éloges ne sauraient étonner. D’une part, la «Haute et puissante dame Anne de Pons» saluée par Mage, est restée attachée aux prérogatives de son lignage et à la «sirauté de Pons», dont dépendaient cent cinquante fiefs du vivant de son père, et dont l’importance se disait dans un proverbe: «Si roi de France ne puis, sire de Pons voudrais être». Elle-même semble avoir été une excellente gestionnaire de biens familiaux géographiquement dispersés. D’autre part, elle fait partie de ces femmes de haut lignage, fines lettrées et mécènes généreuses, qui ont marqué la vie protestante du XVIe siècle, au moins dans ses dimensions intellectuelles et spirituelles. Comme Catherine de Clermont, maréchale de Retz, ou comme ses propres mère et cousine (respectivement Anne et Catherine de Parthenay), la suzeraine de Mage a été une femme de haute culture et une croyante convaincue; elle a peut-être aussi été dame d’honneur de la reine mère, Catherine de Médicis. Célébrée dans les dictionnaires biographiques, Anne de Pons n’en reste pas moins une figure encore énigmatique du protestantisme saintongeais.

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